J’ai quitté la maison à 7 h 30 direction le grand nord
Un message très matinal réconfortant qui me donne la force de prendre la route seule, le lever du soleil, une belle lumière d’automne m’accompagne, je décide de rouler doucement
Vers 9 h 20 je retrouve Pierrot Bâton sur le parking d’un supermarché à quelques kilomètres du Mont St Michel , je monte dans sa porsche Kangoo , direction la côte bretonne plein ouest
Les cloches sonnent, le véhicule funéraire est sur la place, la famille autour, les proches
Dans l’église, nous voilà face au cercueil d’un homme de 34 ans, fauché à vélo un soir, trois jeunes enfants , c’est terminé ….
Nous avons fait le route pour Louisa , sa maman , une choriste que j’avais aussi eu en formation
Les chants sont lourds de peine, la célébration assez classique
L’encens, les pleurs, les gerbes , les piliers , les chaises de bois ,les livrets de cantiques , tout cela m’est familier et étrange
Le soleil brille sur la place, Louisa s’effondre dans mes bras , et je me demande comment je pourrais tenir debout face au cercueil de mon fils , mes parents ne pourraient jamais se remettre , évacuer vite fait tout ça … vite chasser les mauvaises idées qui fusent
Nous sommes là pour elle, Pierrot et moi , c’est l’essentiel du moment
A midi , en chemin vers Cancale , déjeuner en terrasse , c’est bon de s’offrir ce moment là , digérer , parler de tout ce qui fait nos vies , sans se poser de questions ..
Nous déambulons sur le port, j’aime cet endroit , un peu trop envahi mais bon , on est pas seules au monde , tout ce qui est beau se partage
Un peu plus tard , nous faisons une halte sur une plage de coquillages , la mer est loin, loin , pas une vague en vue , le Mont St Michel majestueux , je pense à Gilsoub . des méduses échouées et cette étrange installation de détritus qui pourrait trouver sa place à la fondation Vuitton ou au musée Guggenheim de Bilbao
Je reprends seule le chemin du retour , je ne rentrerai pas trop tard
Théodore m’envoie des photos, il est en plein enregistrement d’une émission qui sera diffusée en décembre , y’a des stars du show biz , des projecteurs , et des choristes
Un autre monde …
Les journées des uns des autres, rythmées par des obligations professionnelles, des escapades joyeuses ou tristes , la vie , la mort , tout ce qui fait notre quotidien , tout ce qui donne du lien , pour nous les humains
Commentaires
C'est ça être là, la vie la mort les rires une plage et de détritus des choristes et des drames des kilomètres seul vers le Nord grand ou petit et puis décider de rouler doucement... une tranche de vie.
Bleck
je n'avais pas envie de me presser , de prendre de risques ..
rouler doucement , tant pis pour les pressés , les nerveux du matin
je me sentais vulnérable
:-( quel drame. Que de drames cette semaine :(
On est parfois plus exposés , plus sensibles à ça ...
Il y'a des moment difficile dans la vie. heureusement que le monde sais aussi nous rappeler qu'il est beau... cela me fait bizarre, et en même temps ce n'est pas désagréable de savoir qu'en voyant le mont des gens pense à moi ;-)
Je serais à Jullouville à la fin du mois pour fermer la maison, si tes pas t'amène dans le coin ;-)
j'irai dans la Manche à la fin du mois
je te fais signe , on sait jamais
, je t'aiderai à fermer les volets
Vivre et partager des moments dramatiques sans se lamenter pour ne pas aggraver le malheur. Et savoir continuer d'apprécier la vie et ses cadeaux. C'est ce que je lis dans ce billet.
Il y a des gens qui se complaisent dans le morbide , alimentent les lamentations , arrosent de leurs larmes les âmes blessées
il faut continuer à voir le beau , offrir du réconfort qui fait du bien ...quand on peut le faire
voilà ...tu as bien saisi le sens de ce billet
On a toujours ce genre de pensée, pendant les enterrements..et moi, comment je réagirais si...
la mort fauche au hasard on le sait et pourtant on continue à faire comme si "on était partis pour rester"...comme dit Francis.
Heureusement tu as pu te balader sur la plage, voir la mer et les bateaux, tout ce qui nous tient vivantes et amoureuses.
¸¸.•*¨*• ☆
forcément , on se projette , inévitablement le malheur des autres nous renvoie à nos peurs
oui , prolonger au soleil ...à quoi bon se renfermer dans ces moments là
l'odeur de l'encens me perturbe ,c'est lié à des événements pas très joyeux , je préfère l'odeur du varech
bises
C'est toujours un sentiment étrange de passer "d'un monde à un autre". Tu partages la compassion d'un deuil douloureux et Théodore est en plein enregistrement...
C'est un peu comme passer d'une pièce à l'autre d'une même maison mais aux décors si différents...
Mon ressenti était le même dimanche matin après l'orage ...
je comprends ça
Nous avons appris ce décès le matin , le soir même nous étions sur scène
sauf que toi , tu vas voir encore longtemps les cicatrices de ce déluge , et là , tu ne seras pas extérieur au décor