Les containers

 

Alors que Ksénia nous parle des poubelles nacelles de Palavas les flots et que Fille Bavarde compose à sa manière une mélodie à quatre mains, me viens l’idée de trabouler avec mes amies, en parlant d’un autre concept de récupération, les containeurs studios d’étudiants

 C’est la ville du Havre qui s’est lancée dans l’aventure, s’inspirant du concept qui a vu le jour aux Pays bas, puis en Australie ….

Bien sûr les boites métalliques sont équipées de baies vitrées, aménagées pour les étudiants, et solidement reliées entre elles, imaginez un grand coup de vent sur le port, un vrai jeu de cube qui s’effondre !

on recycle , ça fait branché , pauvre , écolo , bon je n'ai pas d'avis sur le sujet , l'essentiel est de trouver un toit pour les étudiants

Si je vous parle de cela, c’est aussi parce que ça me ramène des années en arrière

Septembre 1984, je commence les études au Havre, mon centre de formation est près de la plage sans sable, et mon logement en Cité universitaire dans la Ville Haute

Je me souviens que ma mère avait fait un trajet pour m’aider à emporter quelques affaires, avec Louis qui exceptionnellement avait obtenu un visa pour conduire  la  visa rouge de mon père

En arrivant là bas, nous avions découvert le bâtiment, 6 étages, une couleur par étage

Marron, vert printemps, bleu salle de bain, ocre, violet et rose Barbie

Quelle idée d’avoir peinturé les murs de cette façon, c’était moche, froid, et petit, tout petit

Mon logement  était minuscule, mais moi elle me plaisait, j’avais une chambre pour moi toute seule, pour la première fois de ma vie

Je me souviens encore des paroles rassurantes de ma mère lors de cet aménagement

«  Y’a de quoi déprimer.. »

«  Qu’est ce que c’est haut ! « 

«  Y’a personne la dedans,

 Tu vas étouffer … »

J’aime bien quand ma mère déverse ses propres angoisses sur les autres, je lui répondais gentiment, « t’inquiète pas, ça va aller « 

Evidemment, les premiers jours ne furent pas joyeux, il y avait des étudiants africains qui faisaient des fiestas jusqu’à pas d’heure, et squattaient les cuisines de boute de couloir

Les sanitaires n’avaient pas de verrou, la femme de ménage qui m’aimait bien m’avait promis une chambre de bout, plus spacieuse pour l’année prochaine

 

Au bout d’un mois, je faisais la fête tous les soirs avec des étudiants de l’IUT

Alors, si j’avais été logée dans un container, aurais profité autant de cette vie ?

Bien sur que oui, les temps changent mais la vie étudiante reste la même ….