Dans la brume

 

 

La journée s’annonçait difficile

Non pas que  j’’apréhendais le déroulement puisque j’étais parfaitement rôdée et organisée, mais je savais que les neuf heures d’affilées de face à face à mes stagiaires évaluées me demanderaient énormément de concentration et d’énergie

A cela se rajoutait la colère, la déception , la remise en cause , l’absence de soutien

Je suis rentrée vidée, épuisée, affamée

Et j’ai échangé un moment avec Ellen sur FB ,  trouvant encore les mots pour ma fille

Il aurait été sans doute plus judicieux de m’étendre et de fermer les yeux … mais c’est tellement dur de se relever après, que je préfère ne pas commencer

Un peu requinquée, j’ai emmené Mark à sa répétition , j’ai cuisiné , dévoré le contenu de mon assiette , avec toujours dans le ventre , un vide à combler , ruminant la façon que j’allais choisir pour montrer ma révolte : mail , face à face , bouderie , confrontation directe ?

Puis je suis partie chanter

La lumière de la salle me donnait la nausée, j’aurais certainement été mieux dans le fond de mon lit , mais par principe , je ne rate aucune répétition , et celle là avait son importance pour l’association

A la fin , un pot partagé  , j’aime bien , on cause par petits groupes , ça se vide , on fait toujours la fermeture ,

Je n’ai guère eu le temps de papoter avec les copains

Deux personnes m’ont interpellés, j’ai écouté , hoché la tête , balbutié , l’avantage c’est que le flot de paroles était tellement intense , que je ne pouvais pas en placer une , à la limite , ça devenait presque reposant

J’aurais pu les envoyer balader, mais … trop facile de se débiner, je n’étais pas attaquée, rien ne l’affectait personnellement, j’ai résisté , calme , posée ..

J’ai entendu un déversement de rancune et de haine, de revendications,  ivre de tout ce cumul de la journée, mon pauvre verre de cidre à la main

La salle s’est vidée

J’ai retrouvé mes proches, ceux qui de loin avaient vu la scène, ceux en qui j’ai pleine confiance

Douceur dans mon cerveau ramolli

Y’a des jours comme ça , des minis tornades cérébrales , des jours où l’on ne choisit pas , affronter les aléas,  se prendre en pleine face les mauvais côtés de la race humaine ,  la hargne qui se lit même dans les traits du visage

Dans ces moments là, je saisis encore plus la force que je puise dans ce blog, combien l’écriture m’est salutaire, c’est mon jardin,  mon

coin, ma bulle , avec vous , qui me faites rire , m’accompagnent comme les compagnons de route de la vraie vie

Pour bien moins que ça, on fléchirait..