Chaque dimanche, en famille nous allions faire un pique –nique
Au retour de la messe, une odeur de poulet rôti envahissait nos narines, Papa était investi de la cuisson. Nous mangions toujours la même chose, une salade de tomates aux œufs durs, le poulet avec des chips et en dessert des fruits offerts chaleureusement par mon oncle commerçant qui ne pouvait pas les mettre en vente le lundi car le magasin était fermé et qu’ils étaient pourris !
Installés dans l’AMI 8, nous partons avec ma sœur et mon frère et mes parents s’installer à l’ombre auprès d’un château retrouvant oncle et tante et cousins et une autre famille qui avait quatre filles dont une particulièrement boudeuse qui nous imposait systématiquement deux ou trois drames de jalousie.
Nous installons une table métallique toute petite et fragile, des fauteuils pliants dans lesquels une fois assis nous étions tellement enfoncés que notre assiette était inaccessible.
Chaque famille avait sa propre organisation, on ne mettait pas en commun …
En fin de repas nous rejoignons la plage. Les trois femmes installées sur des rochers passent une partie de l’après midi à faire des commentaires et des potins, je capte des brides de leurs conversations tout en jouant au sable ; Nous manquons d’équipement pour faire des châteaux, juste une pelle et un seau qui ne demande pas mieux qu’une retraite bien méritée.
Les pères jouent à la pétanque en riant très fort, vêtus de maillots de bain ringards …
Il ne fait pas trop chaud, les cousins utilisent de la crème solaire, pas nous, on risque les coups de soleils..
Vers 16h on évoque le projet d’une éventuelle baignade. Mais pour nous, ce sera un bain de pieds car baignade rime avec noyade donc prudence. ( Depuis ce temps, Laure Manaudou m’exaspère et je me suis mise à la chanson )
Un goûter est proposé après la baignade, les filles ont des draps de bains très colorés, pas nous, juste de petites serviettes de toilette blanches, on même temps ça suffit pour les pieds..
La cousine boudeuse pleure dans un coin, personne ne sait pourquoi, sa mère nous dit que de toute façon « elle est bête ! » A cette époque dans les années soixante dix elle n’avait pas encore lu Dolto avec le mal être des adolescents, des grossesses indésirées et j’en passe …
Pour le goûter nous mangeons des madeleines, ça cale bien et surtout ça donne soif, mais y’a rien à boire ! Avec ma maladresse, j’en laisse tomber une dans le sable, délicieux. Me talons sont couverts de goudron, bien sur on me redit que je suis maladroite mais on m’excuse car ma tête n’est visiblement vissée sur mes épaules.
Maman gratte le goudron avec un galet mais ce n’est rien puisque dans quelques années justes à côté poussera une centrale nucléaire.
Le pire reste à venir, nous devons remonter dans la voiture et poser nos cuisses sur les sièges en sky noir !!!!
C’est brûlant, y’a pas la clim, on s’adapte. Sur le chemin du retour nous supplions Papa de s’arrêter chez mes grands-parents. Il est 18 h, je suis bien chez eux, je les aime plus que tout, j’adore leur maison, leur jardin, l’odeur des œillets d’inde et du savon de Marseille dans la salle de bain …
C’est l’été, nous regarderons la télévision chez nous après avoir mangé les restes du poulet, le dimanche soir, c’est « jeux sans frontières « !!
Commentaires
On s'y croirait ! Moi le latin j'en viens presque à regretter de ne pas avoir plus fréquenté les plages de Normandie.
Tout à coup j'ai une envie irréprésible de salade tomate oeuf dur, d'un poulet et de chips :-). Existe-t-il un menu plus attirant ?