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La lettre (3)

 

Un jour de mai 1984,j’ai reçu un courrier du centre de formation, m’informant que j’étais acceptée pour la rentrée de septembre. Ce fut un des plus beaux jours de ma vie, je sautais partout, embrassait ma mère qui riait, me félicitait, j’avais été retenue parmi les 500 postulants, ils en gardaient 40.Je pense avoir relu la lettre une vingtaine de fois, je l’ai conservée dans une petite valise, c’était aussi précieux qu’un passeport pour un sans papiers.

Ma joie pourtant était un peu étouffée par un problème récurrent car il me fallait obtenir le Bac et les matières générales ce n’était pas mon fort..

Quelques jours plus tard ma sœur s’est mariée, j’ai eu mon permis de conduire après 4 recalages et en juin 1984 je décrochais mon bac A2

De ce jour ma vie a changé, je n’ai jamais cessé de me passionner pour ma profession, de l’exercer avec enthousiasme et énergie, j’ai volé de mes propres ailes, me suis créé un nouveau réseau d’amis, j’ai cheminé seule, heureuse, fière d’avoir construit mon avenir avec rage et détermination.

J’en ai un peu voulu à mes parents de ne pas m’avoir accompagnée davantage mais avec les années ils ont compris que j’étais capable de …mais j’avais du leur prouver.

Mes amis aident et accompagnent leurs ados parfois un peu trop à mon goût, ils leur cherchent un appart d’étudiant, constituent des dossiers …j’essayerai de trouver le juste équilibre pour mes enfants, leur permettre de se prendre en main, d’aller au bout de leurs passions tout en étant à leurs côtés.

Mon père est resté distant dans cette histoire, mais pas tant que ça …tous les lundi matin, il m’accompagna à la gare pendant deux ans, j’avais un train à 5h 16,il se levait comme moi à 4h 30 avant de démarrer sa journée.

A force de ténacité et de passion, les choses ont sourit pour moi, les années 80 furent des années pleines d’espérance, le radio libres, les années humanitaires, je suis heureuse et fière de les avoir vécues …

Les années 2000 m’offrent d’autres bonheurs, celui d’avoir franchi un autre cap professionnel, celui de voir les enfants grandir à leur tour, celui de ne pas devoir toujours compter en faisant des achats, je ne garde aucune nostalgie, aucune amertume, sans ce concours je n’ai aucune idée de ce à quoi j’aurais aspiré, d’autres rencontres sûrement, d’autres échecs aussi..

     

Commentaires

  • C'est une note à faire lire aux ados d'aujourd'hui qui "se cherchent" et qui voudraient que tout leur tombe tout cuit dans le bec. En même temps, je dis ça mais mes parents ont pris en charge toutes mes études.

  • "fière d’avoir construit mon avenir avec rage et détermination." fière pourquoi pas, déterminée à l'évidence mais la rage surement pas ! Je te sens tellement éloignée de ce sentiment guerrier mais il est vrai que nous nous sommes rencontrés qu'après ces années "d'émancipation".
    C'est toujours amusant (sous l'emprise de l'alcool et de la fatigue) de s'interroger sur la vie qui aurait été la notre si à certains carrefours nous avions emprunté l'autre chemin...
    Les événements nous façonnent mais sans doute ni plus ni moins que nous même les façonnons :-) et je crois que les autres routes mènent au même terme.

  • Gwen/ tant mieux si tu as été aidée et accompagnée , tes parents n'ont pas fait tes études à ta place pour autant ??

    Lorenzo /exact l'orage était passé quand nous nous sommes rencontrés , j'étais salariée ,indépendante .La rage ,c'était la colère , les pleurs aussi quand il fallait finacer l'inscription à ce concours ,trouver un extrait de caiser judiciaire ( je ne sais même pas que ça existait)
    Avec ou sans fatigue et alcool , je ne suis pas sure que ma vie aurait été la même sans cette étape ,mais c'est vrai , on ne peut pas savoir et recommencer ..A bientôt hein ?

  • Donc, restropectivement, félicitations. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne doutais pas de l'issue heureuse.

  • Bravo, tu peux être fière.. je me sens proche de toi dans ce parcours . Le sentiment de " hargne" m'a aidé et j'ai du surmonter beaucoup d'obstacles. cela aurait pu me rendre intransigeante et je l'ai été un temps .Puis , je me réjouis me retournant comme toi sur mon chemin

  • Jean-Pierre / j'ai souvent repensé à cet épisode et j'ai aussi rencontré des filles se préparant à ce type de concours ,avec une année de prépa parfois et des inscriptions dans une dizaine d'école en France , en plusieurs années .Ce fut tellement spontané et hasradeux pour moi ! merci .

    Chicorée / il faut en tirer du bon de cela , se dire que ce petit quelque chose qui nous habite , on ne sait pas pourquoi , on doit le faire fructifier ...je ressent aussi cette "rage" dans tes notes ,merci Chicorée

  • Je comprends ta grande joie à l'époque, tout roulait.... que de chemin parcouru depuis mais toujours le même bonheur pour toi. Et tu l'as encore exprimé ici.
    Bon après midi.

  • Elisabeth ,c'est loin d'être héroîque mais je crois que beaucoup de gens se reconnaitront dans cette note ,à bientôt

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