A cette époque, comme tous les enfants, nous étions vaccinés contre les maladies contagieuses et dangereuses, qui me faisaient peur rien que de les lire, Diphtérie, Tuberculose, polio …
A ces mots j’associais un fauteuil roulant, des béquilles ou de longues agonies
Les vaccins étaient administrés aux enfants de la commune, à la Mairie, collectivement, le mercredi matin
Un vieux monsieur, le Docteur B, me terrifiait, il bougonnait, faisait mal, et surtout, j’étais totalement traumatisée à l’idée de devoir me dévêtir devant tout le monde, et en particulier devant l’instituteur qui était toujours là, parce qu’il était secrétaire de Mairie
Toute mon angoisse était contenue, je ne disais rien, je ne revendiquais rien, la seule intimité pourtant à laquelle j’avais le droit, ma pudeur, mon corps
C’était traumatisant, j’avais peur, je vivais ça comme une agression ultime
J’aurais payé n’importe quoi pour que les vaccins soient fait par le médecin de famille
Certains élèves avaient ce privilège, je les enviais, pour nous ce n’était même pas envisageable .
Ma mère ne nous prévenait pas, elle nous emmenait vers l’église et toc, on se retrouvait devant cette porte de bois, comme un prisonnier que l’on mène à l’échafaud, je savais aucune issue possible
Des mères étaient là, attendaient, leur gamin sur les genoux, c’était un pur cauchemar
Je n’osais même pas voir le carnet de vaccinations, le carnet de Santé bleu, c’était la trace d’un passage si douloureux
Quand mes parents allaient voter, sur le parking de la Mairie, j’étais terrifiée, cette porte m’angoisser, je gardais tout, n’osant même pas dire ou gueuler « je veux pas ! «
Aujourd’hui encore je tremble comme une feuille en déposant mon bulletin dans l’urne
Le docteur B est mort, je suis tombée raide dingue du Docteur Ross et mes enfants adorent notre Docteur H qui la dernière fois leur proposant des patchs anesthésiants avant le vaccin .
A tous ceux qui croient encore que dans les années passées, on savait mieux » élever » les enfants, que dire de tous ces traumatismes latents, cette idée que les enfants sont des trucs qui peuvent se dévêtir comme on épluche un oignon, sans réserve, sans intimité.
Je suis encore traumatisée par ces silences, en parler ou l’écrire, je le fais avec violence, pour aider aussi les lecteurs à comprendre qu’on ne minimise pas le corps d’un enfant, qu’on respecte les émotions, l’individu
Je le fais aussi parce qu’un de mes lecteurs m’avait inspiré l’idée de parler des vaccins, terreur de l’enfance, et je pense que ça vous parle aussi …
Commentaires
Voilà un billet qui va m'interroger...
Je n'ai pas connu ça, ou je ne m'en souviens plus...
J'aime tes mots, tes idées "on ne minimise pas le corps d’un enfant, on respecte les émotions, l’individu"
Merci Jeanne. Merci.
ma sauvage est d'une pudeur incroyable, alors que la grace est un peu exhibitionniste ou du moins sans gêne...
quand il y a quelqu un à la maison, plutot un homme, et surtout ceux qu elle aime bien, si elle sort du bain, elle reste cloitrée jusqu à etre entierement couverte, alors que rien n'arrete la grace si elle veut venir me dire qu elle ne trouve pas son pyjama... à elle, on apprend qu'on ne s'exhibe pas, à la sauvage on apporte rapidement la protection des vetements...
je n ai pas connu ce dont tu parles et heureusement...
Les vaccins ? je ne m'en souviens pas…je me demande d'ailleurs si je suis vaccinée…
Quel affreux souvenir pour toi Jeanne!En tout cas j'ai le meme que toi .pour moi ça commençait en classe le jour où l'instit qui était une nonne prononçait le mot" vaccination ",j'en tremblais à l'avance,j'enrêvais ,je ne pensais plus qu'à ça.Je me rendais dans la salle où avait lieu la torture ,mes jambes tremblaient ,maman ne m'accompagnait pas d'ailleurs il y a avait peu de parents(seulement pour les tous-petits).J'ai eu très très longtemps peur des piqûres,je ne suis pas forcément encore rassurée mais les médecins et autres sont plus doux pour piquer.La peur de ces vaccins l'emportaient sur la pudeur et pourtant.....
POur mercredi c'est ok vers 15h45
Et oui une fleur d'arum un peu abîmée sur le bout mais elle est fleurie si j'ai le bonheur d'en avoir d'autres d'ici mercredi .......
Bonne journée
Oui, oui ça me parle!
Merci d'avoir rédigé ce billet tellement chargé d'histoires.
Mais j'avais la chance d'avoir une tante infirmière qui se chargeait, plutôt bien, du sale boulot!
J'ai le souvenir quand même d'après midi d'été pénibles lorsque la piqure me laissait exangue sur une chaise longue, à l'ombre des lilas de ma grand mère...
La prochaine fois ce sera contre la fièvre jaune, vaccin exotique mais nécessaire pour moi! :)
tiens étonnant cette vision
en sens inverse, ma mère refusait qu'on me vaccine à l'école, tout devait se faire chez le médecin de famille !!
elle avait d'ailleurs une façon bien à elle de dénigrer les parents qui faisaient vacciner leurs enfants à l'école
alors que moi je n'avais qu'une envie c'était d'aller avec mes copines faire ce fameux vaccin de la mort !!!!
pour mes enfants je crois que le cas ne s'est jamais posé, je ne pense plus qu'on vaccine les enfants à l'école
par contre je me souviens d'une chose, ce sont les visites médicales où on devait tous se désabiller devant les autres, moi qui était super maigre, j'en garde des mauvais souvenirs de complexes, idem avec les vestiaires collectifs pour le sport, la honte de montrer mon corps malingre et informe
Que de souvenirs sur ces fameux vaccins !!
Je me souviens qu'on faisait la queue leu leu, les uns derrière les autres tandis que l'infirmière assise sur une chaise faisait les vaccins à tour de bras (c'est le cas de dire...) Quand j'y repense, cela faisait vraiment penser à du bétail !!
Fée clochette, je me souviens moi que j'étais bien ronde à l'époque et que oui, c'était l'horreur de me retrouvée en petite culotte et chemise à la queue leu leu....Brr quelle horreur ! Je me souviens surtout un jour de visite médicale en primaire (cm2). Nous avions chacun notre petit flacon d'urine exposé sur notre tablette et le médecin passait et plongeait de fines bandelettes de papier pour analyser. Subitement, le médecin si mit à ricaner bêtement sur une pauvre fille dans le fond de la classe qui n'avait pour tout flacon qu'une grande bouteiile en plastique d'anciennement liquide vaisselle (M-- en trois lettres pour ne pas le nommer !). Le batonnet ne pouvait être récupéré et elle fut la risée de toute la classe et je m'en souviendrai toujours. Elle faisait peine à voir...je m'en rappelle comme si c'était hier !
Je n'ai jamais vécu ça.
Mais aussi loin que je me souvienne... les vaccins se font d'habitude dans le bras, non ?
Pourquoi se dénuder ? Je ne comprends pas.
Madame T / c'était dans les années 70 , à la campagne , ces temps sont révolus fort heureusement , ce négligeons pas cet aspect là , pudeur , j'en fais mon cheval de bataille
bises à toi aussi
Carl / il est bon aussi de dire à ceux qui sont très à l'aise que ça ne se fait pas , ça peut être mal interpreté
Chaque enfant dans ce domaine comme dans d'autres sont diferrents , et on ne sait pas pourquoi ,
Tu es trop jeune pour avoir connu ça
Je pense aussi que bon nombre d'hommes ont connu pareils traumatismes à l'armée
Je n'ai jamais eu peur, étrangement, c'étaient surtout les garçons qui étaient à la limite de l'évanouissement. Il n'y avait pas de patchs à l'époque pour les trouillards ; )
Je suis navrée quand même d'apprendre que tu souffrais à ce point, si ça peut te consoler pense à tous ces petits enfants des pays "pauvres" qui n'ont même pas la chance d'un vaccin.
Bises !
Nina / ah oui , tu devrais vérifier avec l'arrivée de la grippe porcine !!
Marie Camille / je pense que la peur se tranmettait de manière inconsciente , le médical n'était pas expliqué , et l'absence des parents n'améloriait rien
Tu as quand même par ta profession apaisé plein d'enfants , alors ..
Je fais confiance aux médecins , la douleur ne me fait pas peur , c'est bizarre .
a très bientot alors !
Antiblues / mais oui , tu en avais parlé
Je me souviens d'avoir vu des enfants les bras meurtris , des cicatrices pas belles du tout , et puis les jours qui suivaient c'était pas joyeux
La chance d'avoir une tante infirmière
Mlaféeclochette / le monde est mal fait !
c'était les "privilégiés" qui ne vaccinaient pas leurs enfants à l'école
Les visites médicales , pas mieux non plus , pas d'isolement , ou peu , les vestiaires , beurk , quelle misère tout ça , on était un peu névrosés
Maintenant je m'en fous
Parfois , on se change dans des loges , y'a des hommes qui font irruption , ça m'est égal , dingue quand même !
on lui apprend, on lui explique... c'est long...
Cigale / c'était du travail à la chaine , l'infirmière venait vacciner , puis revenait contrôler la réaction du vaccin, l'horreur , je me souviens des regards appeurés
Quelle époque ..
Solène / c'est terrible ces moments là , ceux que tu décris , cette gestion archaïque , il en reste des souvenirs peu glorieux
Quelle idée de faire défiler les gamins en culotte et tee shirt
Allez ! aujourd'hui aux parle de nos petits maux , et demain je parle de nos mâles !!
Didou / ah ben , au bras , ce n'était pas fréquent , à cette époque on vacciner les enfants à la fesse , tu vois la scène ??
Tu as échappé à ça !
Dana / je me suis souvent dit ça , une chance d'avoir des vaccins préventifs , je suis bien d'accord
Peut être que toute cette pudeur reste bien futile , c'est vrai , mais avec un coeur d'enfant , on ne contrôle rien , les traumatismes étaient forts
bisous !
J ai aussi connu ces séances de vacination, mais quelque chose me choque maintenant: Te rappelles tu que le médecin vacinait a tour de bras SANS CHANGER L AIGUILLE entre chaque patient . Maintenant, ce serait un scandale!
Amicalement Latil
Je n'ai pas vécu ces moments que tu décris si bien... Mais je t'approuve, à 100%.
Chaque personne à le droit qu'on respect son corps... Quelque soit son âge.
Merci pour ce témoignage....
Les vaccins, il y avait celui contre la polio... c'était une petite cuillerée de sirop à boire... Il y avait la "cuti"(pour détecter la tuberculose), des griffes sur le bras sur lesquelles l'infirmière déposait quelques gouttes d'un produit brun en recommandant de ne pas laver avant trois jours... mais il y avait surtout le car sanitaire qui passait tous les ans... Pour la radio des poumons, on était une dizaine (en petite culotte) à attendre notre tour! Comme toi, j'étais terrifiée, moi aussi, je vivais cela "comme une agression"... Et puis, il y a eu la visite médicale... j'ai toujours détesté!
Carl / les choses se feront avec le temps
Latil / c'est vrai , j'ai toujours entendu mon père parler de ça , à l'armée les aiguilles n'étaient pas changées , c'est fou ce que le sanitaire et étaient négilgés à cette époque , il ne faut pas revenir en arrière
bonne journée
La dame des crys /disons que l'on ne laisser l'enfant exprimer ses peurs , avoir peur c'était une honte , je crois que c'est ça le pire
Tilleul / c'est exactement ce que tu décris ,tout était vécu dans le silence , le collectif , certains enfants n'éprouvaient aucune gène , d'autres étaient terrifiés
Dans un même ordre d'idée je n'aime pas les séances pipi qu'on impose aux petits à l'école , ça m'énerve !
Moi aussi je détestais les vaccins à l'école ! On y allait un par un comme à l'échafaud, et beaucoup ressortaiten de l'infirmerie en pleurant..Comme ça m'a traumatisée, j'ai attendu au moins mes 20 ans pour faire mes rappels...J'adore raconter mes bobos
Papillotte / je pense qu'on est nombreux dans le même cas
Tu n'es pas la seule à reparler de tes bobos , la preuve les commentaires précédents
Bienvenue chez Jeanne !!
je me souviens avoir fuit la maison alors que le docteur préparait une grosse seringue tout en papotant avec ma mère. Je suis sortie en douce et suis allée me cacher sous le lit d'une de mes petites voisines qui complice, était heureuse de me sauver de ma terreur. On m'a cherché partout et maman a fini par appeler les flics.
Mademoiselle H / Alors là tu as fait fort !!
c'est terrible , mais j'imagine que le peur de ta maman te cherchant partout était plus grande encore que le grosse seringue
et ils ont fini par te retrouver , et te faire quand même la piqûre ? Quelle horreur cette histoire
On a finalement toutes nos souvenirs de vaccination !
La plupart était faite chez le médecin de famille mais le mauvais souvenir viens de celui de la tuberculose, les deux traits avec une plume.. infection pour moi, une petite cicatrice qui est restée et le bon côté, deux mois sans aller à la piscine !
Mais c'était quoi le bcg, je ne m'en souviens même plus ?
Bonne journée !
Virginie / beurk les deux traits de plume , quel massacre !!
ça s'infectait parfois , beuh ...
Le BCG , c'est un vaccin qui n'est plus obligatoire , les enfants sont moins charcutés que nous
Pour la pisicine , ça m'aurai aussi arrangée
Bonne soirée !