Au téléphone, ma mère prend des nouvelles des enfants
Je lui parle des soucis de Rose à l’école, que ce n’est pas facile, quelle a un caractère trop entier, et lui avoue que je sens que la maitresse ne peut plus la supporter
Et brutelament la voix de maman change, et elle me reparle à nouveau de cette institutrice qu’elle avait, qui l’a rabaissait, de sa mère qui ne l’a jamais soutenue, au contraire qui encourageait l’enseignante à la punir
Elle me dit qu’elle en veut toujours à ma grand-mère de ça, et je saisis le lot de souffrance qui est restée en elle, cette confiance en elle qu’elle n’aura jamais ensuite
Mais pourquoi personne n’est venu la réconforter, que de dégâts, que de plaies jamais pansées
Ça me brise le cœur, je voudrais être auprès d’elle pour la serrer dans mes bras
Elle me parle de Rose, lui trouve tant de qualités
Ma mère aime ma fille, elle lui donne toute la tendresse, elle s’occupe d’elle, la coiffe, la cajole
Rose avec elle est sereine, dommage qu’elle ne puisse pas la voir plus fréquemment
Ma grand-mère m’a donné beaucoup aussi, comme si elle voulait rattraper le temps, reconstruire son passé de mère
C’était aussi parfois dur à vivre pour ma mère, elle observait la sienne choyer ses enfants alors qu’elle n’avait rien reçu, pire encore, elle avait dans son enfance vécu des drames certainement insurmontables, dont sa mère avait fait un déni total
Nos héritages du cœur font partie sont des wagons lourds à tirer
On pourrait penser qu’à chaque départ la locomotive s’allège, il n’est en rien, je crois juste à la force des mots, s’autoriser de reparler de tout ces maux jusqu’au bout, en accepter les cicatrices.
Commentaires
Ah, les cadavres dans le placard, on en a tous, plus ou moins douloureux. Mais il est tellement vrai qu' il faut les déterrer, même dans la douleur, pour préserver nos propres enfants de ces séquelles que l' on traîne. Et les questions restées sans réponses après les disparitions sont encore plus difficiles. J' ai vécu ça (je le vis encore) : l' amour d' une mère (dont je ne doute pas) incapable d' un geste ou d'un mot tendre envers ses filles alors qu' elle déborde de tendresse (un rien "trop" même, des fois !) pour ses petits et arrière-petits enfants. On a réussi à effleurer le sujet un jour, elle m' a dit "je ne pouvais pas".
J' ai beaucoup questionné mes parents sur "avant", ils parlent d' ailleurs facilement de leur passé et je m' efforce de transmettre l' histoire. Le barbu (eh oui, Jeanne, encore le barbu. Il tient de la place dans ma vie !!!) a perdu ses parents trop jeune et n' était pas très intéressé par "tous ces trucs là" à l' époque. Et maintenant, ça lui manque.
Bonne journée après ce wek-end en amoureux.
c'est un sujet difficile à évoquer avec nos proches , c'est bien que tu aie pu le faire une fois
nos grand parents ne s'autorisaient pas des gestes de tendresse , ils ne "pouvaient pas "
tant de froideur , pas celle du coeur , celle des gestes d'amour , par pudeur
étrangement ma mère est maternante ,
je comprends les carences de ces enfants orphelins , ils se protègent pour survivre , puis les années les ramènent à leur solitude
Rompre la chaine ,pour la reconstuire solide et tendre
tu le fais à ta façon
les plaies de l'âme cicatrisent difficilement, voire jamais... hélas.
alors il faut toujours essayer d'être attentif à l'autre, surtout jeune pousse, pour lui éviter tout cela.
j'espère qu'avec ta fille tout va vite s'arranger.
la fin de l'année est proche. courage!
être attentif aux jeunes pousses , les protéger , les panser malgré ça on ne peut éviter les "tempêtes "
Nos enfants parlent , disent , crachent , hurlent , ce que nos parents ou nous même nous autorisions pas à faire
Rose a un caractère fort , elle dit ce qu'elle pense , ça lui joue des tours
je lui fait confiance
et puis à 8 ans, on est une vraie jeune pousse et on mérite une large attention de sa maîtresse. honte à elle alors!
tu sais , je pense que c'est dur aussi d'enseigner
j'ai un lien affectif très fort avec ma fille , la maitresse doit apprendre
je crois qu'il faut donner à nos enfants aussi la force de s'adapter aux adultes , ils en connaitront de toutes sortes
Tu as entièrement raison lorsque tu notes:"je crois juste à la force des mots, s’autoriser de reparler de tout ces maux jusqu’au bout, en accepter les cicatrices". Il faut être dans l'acceptation et surtout lâcher les mots. Les cicatrices ne disparaissent pas...alors il faut les comprendre.
Je te souhaite une bonne journée...
Bises...
c'est déjà un grand pas
Si le coeur ne comprend pas ces cicatrices , le corps va les faire revivre et c'est encore plus douloureux
Tu comprends très bien ces choses là
belle journée à toi
Charles a dit : " les plaies de l'âme cicatrisent difficilement, voire jamais... hélas".
Je l'ai si longtemps pensé et puis j'approche doucement l'idée qu'elles ne s'effaceront pas mais que je peux juste moins en souffrir, et même les apprivoiser pour en faire du mieux. Le chemin, je n'ai pas pu l'entreprendre seule, j'ai eu besoin qu'une thérapeute me prenne la main et me fasse admettre que si je croyais que tout était figé à jamais, c'était ma croyance et que j'avais ma parie à jouer. Je ne dirai pas que le chemin est facile, je ne dirai pas qu'il est tout droit, mais il EST et cela me suffit pour le moment.
A Jeanne, ce billet sensible est une belle ouverture pour cette semaine.
les apprivoiser pour en faire du mieux , ne pas reporter ses souffrances sur les autres
il en faut du temps ,Nicole , dans chaque commentaire que tu dépose ici , il y a un mélange de souffrance et d'avancée
tu es sans doute sur la bonne voie , celle de l'acceptation
c'est long parfois , mais on peut toujours y parvenir
merci pour ta fidélité
Si tu savais à quel point ton billet me parle...
Hélas, on est "formatée" par l'éducation que l'on a reçue...
C'est tout pour le moment...
Je t'embrasse
Plume , formatée , influencée , dur parfois de sortir de cette éducation
mais rien n'est figé , rien , ne jamais dire jamais , j'en suis certaine
bonne journée à toi
bises sous un ciel mi bleu , mi noir
Pendant longtemps j'ai caché mes douleurs...puis il arrive un jour ou l'on apprend a aller au centre de celle ci...parce qu'elle restera...alors comme le dit Nicole 86 l'approcher pour en faire du mieux...
Encore un billet sur lequel on pourrait poser des kilomètres de mots...
Bises...
oui , il y a beaucoup à dire , dans les deux sens du terme , ne pas se terrer dans ces maux là en tout cas ,essayer de se construire autour , et préserver au mieux nos petites âmes
Que ta maman a dû se sentir rejeter, incomprise, à l'écart.
Mais pour Rose, au moins tu es là, tu sais lui parler.
Il ne faut pas que Rose se sente incomprise à son tour, la fin de l'année approche, l'année prochaine, elle aura une nouvelle instit'.
Ce billet me parle beaucoup, pas de mon vécu, mais de celui que maman me raconte, elle qui a été en pension à 7 ans et qui en a souffert. Un jour que ma GM lui reprochait d'être en Maison de retraite, maman a finit par lui dire qu'elle aussi avait souffert de l'éloignement, lorsqu'elle partait pour X mois.mais c'était trop tard......
Rose a du ressort , elle toute joyeuse en ce moment , parce que elle CHANTE !!!!!!!!!!
comme sa mère et vite elle retrouve sa séreinité
je lui fais confiance , à elle aussi de comprendre le monde dans lequel elle vit
pour ta maman, , l'internat si jeune , comme je comprends sa souffrance
en vouloir à ses parents , c'est terrible , même si eux pensaient bien faire
il n'y a pas de pire traumatisme que des séparations trop précoces
tu es là , à ses côtés , tu l'entoures maintenant
bises à toi
C'est pour cette raison, chère Jeanne , pour que mes filles puissent briser un cercle 'maudit" dont lequel j'ai été aussi enfermée, que j'ai écrit L'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers...
Mes filles ont pleuré en lisant mon roman autobio. elles savent que la lourde chaine s'est cassée, qu'elle ne se chargeront pas d'un poids qui ne leur appartient pas
Et pour moi-même cette écriture, a été un réel bienfait...
J'aimerais vraiment lire ton livre , on peut encore se le procurer ?
C'est un beau présent que tu as fait à tes enfants , rompre cette chaine , je ne sais pas si tous les psy parviennent à briser ces maux là , je crois à la force des mots , vraiment , et avec ton écriture , tu as surmonté des obstacles
merci de nous partager ça
belle journée à toi
C'est pas facile d'être à la fois mère et fille. On en apprend toujours sur nos parents , du bon comme du moins bon, à nous faire la difference
Bises
il est bon aussi de prendre de la distance , leur dire quand ils n'ont pas leur place , c'est parfois difficile
j'ai de la chance avec mes parents , ma mère aime parler , nous avons toujours pu le faire , depuis que je suis toute petite elle me raconte ses maux , étrange ...
Bon courage à toi
bisous
Libérez la parole, libérez la parole...
ce n'est pas si facile en fait
on aimerait bien
jolie révendication
Tiens oui, je pensais justement au livre de Coumarine en lisant ce billet! Je l'ai beaucoup aimé, passionément, même, dirais-je!
"on ne pouvait pas", c'est vrai. On ne devait pas trop gâter, rendre un enfant dépendant de l'amour, trop attaché aux jupes de sa maman. Et surtout, on ne savait pas: on n'avait pas vu d'exemple.
Mais l'amour était bien là, baillonné.
quelle honte cette maitresse, ca me fait peur lorsque je vois l'ecole ici , si petite si chaleureuse et maternante et l'ecole en France , ce nivellement vers le bas....
j'ai peur pour mes enfants, le choc....
on est en ce moment tiraille entre l'envie de rentrer et que nos enfants "redeviennent " francais et l'ecole en France, ce qu'on nous dit, ce qu'on entend....
Rose a de la chance de t'avoir, que tu sois attentive a elle , pour ses peurs , ses tracas etc....
elle sait qu'elle peux te parler
c'est important
je n'ai jamais pu aborder le sujet de l'education avec ma mere, mon enfance, sans que cela finisse en disputes
j'ai lacher l'affaire
je fais le contraire de l'education que j'ai recu
je sais qu'elle desapprouve, je sais que cet ete je vais la voir avec son air pince, desapprobateur, la main qui demange
ca m'est egal, je ne vais la voir que 2 jours tout au plus....
Combien de paroles injustes on doit supporter quand on est enfant.... Cela soulève le coeur, c'est très dur pour un petit enfant. Bonne après midi.
Elle a vécu une année chez sa Gm paternelle avant de partir en pension et je sens que lorqu'elle le raconte , ça été une des plus belles années de son enfance