Dans ces années là, l’été, je portais des teeshirts et des bermudas
C’était pratique pour courir, sauter, s’assoir dans l’herbe
Je n’avais pas trop idée de porter des petites robes légères ou des jupes cintrées pour travailler avec des gamins intrépides
Mes longs cheveux étaient attachés en natte, j’étais la Jeanne de l’époque, dynamique, toujours battante, pas très coquette
Ce jour là, c’était congés pour moi à la colo
J’attendais ce jour pour me reposer, mais il était très dur d’en profiter
Les enfants nous réveillaient très tôt
Je n’avais pas envie de vadrouiller seule dans les alentours, j’avais envie de calme, je faisais mon courrier, ma lessive, je laissais la journée se passer, j’avais tellement de mal à me déconnecter de ce collectif étouffant mais si rassurant
Ce matin là, j’avais pris mon temps
Je portais un ensemble jupe corsage coloré, j’avais laissé tomber mes longs cheveux sur mes épaules
Je me sentais presque une autre rien que pour ça, comme l’infirmière délaisse sa blouse pour une tenue de soirée
Arnold s’était approché, d’un pas un peu pressé, avait lâché ces mots
« Que tu es belle Jeanne ! «
Belle, belle, moi ?
J’étais flattée, presque envoutée, je m’étais contentée de répondre par un sourire gêné
Je n’avais pas l’habitude de recevoir de tels éloges, venant de la part d’un homme aussi gracieux, d’une élégance si rare
J’étais incapable de lui renvoyer le compliment, son statut de directeur me glaçait le cœur
J’avais même peur, j’étais méfiante
Belle ?
Il ne m’avait pas adressé la parole le premier jour, ce fameux entretien d’embauche , les jours qui suivirent, il était distant
Et il y eu quelques complicités, timides…
Nadia rodait autour de lui, elle exerçait son manège avec passion, il se détachait brusquement d’elle et j’en étais heureuse,
J’ai avec le temps compris et accepté que ce jour là, le charme et la sensualité aient réellement opéré
Ma vie de femme avait commencé
Commentaires
Mais t' es toujours belle. Quand on a le rire dans les yeux , y' a déjà la moitié de fait ! ça ne veut pas dire pour autant que "la vie est un long fleuve tranquille" mais ça aide. Bises crachinantes.
ça aide, je confirme
je ne suis pas de celles à passer des heures devant le miroir pour autant
mon humour fut un sacré atout ...je n'en doute pas
Pourvu que je le garde longtemps
C' est comme le vélo, ça se perd pas !!
Très joli texte Jeanne. Tu me fais me souvenir de mes premiers émois, de la première fois où un homme m'a regardé comme une femme et plus comme une petite fille.
Un passage.
Comme il en existe quelques uns dans la vie. De ceux que l'on oublie pas.
Je t'embrasse Jeanne
Chriss sur son îlet
c'est exactement ça , un passage
je relirais ces mots quand ma peau sera chiffonnée et mon corps plié en deux
bises ma Chriss
quand un homme dit ça, comme ça, on se sent belle jusqu'au plus profond de son âme!!
le tout c'est de garder la tête froide.....lol....
jusque dans l'âme et elle se solidifie
La tête froide , du moins , ne pas garder ça pour unique atout ..
Bises
Et bien oui, on ne peut pas toujours jouer à la garçonne !