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Hans et Gunther

 

IMG_3198.JPGCe matin là, je monte vers le marché le cœur léger, certaine que je ne croiserai personne, tout le monde est parti, j’achèterai de bonnes tomates et une salade, ce n’est tout, pas besoin de plus

Avant de redescendre la rue des déportés, je tombe nez à nez avec Gunther et Hans, quelle belle surprise !

Nous sommes ravis de nous revoir, pas moins d’une année à passé déjà, peu de temps pour papoter, Gunther me laisse entendre qu’il a de lourds soucis familiaux, je lui faire la promesse d’un contact rapide pour venir boire un verre à la maison

J’ai connu Gunther dans les années 80, c’était un ami d’Adrien , il venait de temps en temps dans la vieille maison humide, je ne peux pas dire que j’accrochais vraiment avec lui, mais j’aimais sa spontanéité, un sacré personnage

Il a acheté avec Hans une petite maison dans la campagne mayennaise, tout en vivant à Paris le reste de l’année, un petit point de chute, rien que pour eux

Hans est berlinois , c’est un très bel homme souriant , d’une incroyable gentillesse , très attentif , intelligent , son léger accent est fort plaisant , il s’adapte depuis longtemps à notre histoire commune , celle d’Eugénie , la fuite d’Adrien qui nous a tous , ou presque soudés , étrange …

Ils sont venus dans la semaine comme convenu, Gunther était soucieux, très préoccupé par le drame familial dans lequel il est plongé, besoin d’en parler, forcément.

Avec cette culpabilité de « parler de soi , de ses tracas «  , sans que l’un d’entre nous trouve conseil ou solution , je lui ai dit que je comprenais vraiment ce qu’il vivait , que la maladie psychiatrique était difficile à accompagner , que bon nombre de personnes étaient hostiles à ça , et que même les plus grands professionnels étaient souvent impuissants

Cela me renvoie forcément aux drames dans lesquels je fus  plongée dans le passé, ce besoin d’en parler, mais pas avec tout le monde, trouver les bonnes personnes, celles qui ne sont pas une compassion gnangnan face à celui qui bataille avec la faucheuse.

J’ai juste conseillé à Gunther de toujours garder le lien, même si il en bave, malgré le chantage affectif, la culpabilité, la fatigue, garder le lien, toujours.

Je peux comprendre que certains n’auront plus la force de combattre aux côtés de celui qui souffre, mais il souffre, voilà, c’est ça que l’on doit voir, que personne ne prendrait sa place, que c’est cruel ces disfonctionnements du cœur, du cerveau et du corps, que c’est parfois plus aisé d’accompagner un malade « physique « 

Cela me renvoie à des événements récents, je tente de me protéger, trouvant encore dans ces tourments là les personnes apaisantes pour maintenir l’équilibre

Nous avons manqué de temps pour bavarder plus longuement, avec Hans aussi, nous nous prolongerons notre conversation lors de la fête où nous sommes conviés prochainement

Là, on aura le temps …forcément

Hans et Gunther sont deux hommes sensibles et attachants, j’aime la sensibilité masculine, ils sont assez rares les hommes à exprimer leur doutes et leurs peurs.

Nous prolongerons, je dois aussi leur donner des bons plans de balades sur la côte, faut qu’on fasse ça.

 

Commentaires

  • Effectivement accompagner un malade psychiatrique n'est pas aisé. D'autant qu'en cas d'hospitalisation l'isolement est parfois nécessaire et être le "référent" d'un malade isolé n'est pas une mince affaire, surtout quand le seul lien est le téléphone lorsqu'il le demande et que tu n'as aucune formation. Mais bon, seuls les lâches tournent le dos alors bon courage à Gunther. En plus, comme tu le soulignes, cette vacherie de maladie n'est pas forcément perçue avec clémence par notre société injustement fière et prétentieuse alors les appuis sont rares, il y a intérêt à assurer et l'on n'est jamais trop sûr de ce que l'on fait. Tiens ça me fais penser qu'il faut que je reprenne contact....
    bizzzzz

  • ce n'est pas de la lâcheté de ne pas pouvoir accompagner , tout le monde n'a pas le même ressenti , les forces ne sont pas égales , ça peut aussi être tellement déstabilisant
    il faut décrypter , ne pas prendre à la lettre des propos incohérents parfois acerbes
    dur chemin
    chacun fait comme il peut
    la psychiatrie a beaucoup évolué , on tient compte de chaque pathologie , n'oublions pas que dans les années 60 , les trisomiques et les autistes étaient enfermés , les choses ont bien changé ..

  • Mon Jeannot ! C' est pas souvent que j' te prends en flagrant délit d'extrapolation mais là ...T' exagère un tantinet.

  • comment ça ?

  • Dans les années 50, effectivement, le milieu psychiatrique était souvent la (mauvaise) solution surtout pour les autistes. Les trisomiques restaient souvent au sein de la famille. Mais les années 60 ont vu la création de l' UNAPEI et les choses ont commencé à bouger. De façon insatisfaisante pour beaucoup, certes, mais des ébauches de solutions naissaient.

  • dans les années 60 70 , les trisomiques qui vivaient enfermés dans les hôpitaux psychiatriques y restaient , souvent il n'avaient plus de famille
    Les choses ont réellement bougé dans les années 80
    j'ai des souvenirs précis de l’hôpital où travaillait ma tante Suzy , nous en avons reparlé il y a pas longtemps
    Heureusement , les enfants ont trouvé des lieux d'accueil plus adaptés ,faut parler aussi des hôpitaux de jour , un bon moyen de transition souvent ponctuel

    il reste encore des manques dans ce domaine là

  • Faut que je change de lunettes, moi ! Au lieu de "faut que je leur donne de bons plans de balades", j' avais lu : de bons plans de salades .............Bon! D' accord ! C' est nul ......

  • De bons plants de salade, ce n'est pas nul, surtout quand on aime la salade.

  • Faut faire gaffe aux escargots quand on repique la salade
    ils en raffolent

  • J'ai passé un petit peu de temps récemment avec une personne "qui débloque", effectivement je me suis senti pluss démuni que si j'avais été avec une personne "malade physique", car je cherchais à m'accrocher à une logique alors qu'il n'y en avait pas, ou alors il y avait une logique qui m'échappait.

  • voilà , c'est ça qui est déstabilisant , cette fameuse logique qui pour nous apparait comme une évidence
    je crois aussi aux petits gestes , petits signes qui restent précieux
    nous ne sommes pas psy , juste accompagnants ..

  • Mais tu es géniale, tout simplement géniale. Le parfait comportement, le parfait jugement, le parfait conseil pour autrui et pour toi et surtout la parfaite analyse de la situation dans le cas précis mais dans la globalité humaine.
    Ce que j'aimerais savoir faire cela... mais bon je ne suis qu'un monstre...
    Encore bravo. Bisous kinia

  • Un monstre , c'est toi qui le dit ,où les autres ?
    je ne suis pas géniale , je commets des erreurs , je tente d'avancer avec les années , j'apprivoise les maux peu à peu , j'essaye de comprendre et d'éclairer

    comme beaucoup de gens , j'en suis persuadée
    bonne journée Kinia

  • Pour les proches la maladie surtout la maladie Psy est douloureuse et déstabilisante. Certains malades trouvent à l'hôpital le cocon de sécurité nécessaire à leur survie en milieu hostile, mais cela reste un lieu violent pour les malades et leurs proches. L'écoute attentive, même si nous ne sommes pas en mesure d'apaiser est toujours importante et je crois que ça tu sais faire !

  • ce que tu dis est juste concernant les structures hospitalières
    choix difficile à faire , c'est bien là le problème pour la personne proche de Gunther , le refus ..
    l'écoute et surtout , ne pas juger , c'est loin d'être simple , et se dire constamment , que nul n'est à l'abri , faut pas l'oublier

  • Hans, Gunther, Fantine, le gars du sud (c'est pas moi!)j'en passe et bien d'autres !!!
    C'est la ronde des prénoms chez Jeanne et il y a longtemps que je ne cherche plus à suivre !!
    Simplement je lis tes billets emplis de simplicité, de joies simples et de fraicheur dans le regard que tu portes sur les autres: c'est réjouissant !! :)

  • Tu ne les notes pas sur calepin tous ces prénoms ?

    Il ne faut surtout pas à chercher qui est qui , j'ai toujours fait ce choix là , car je trouve que c'est plus vivant plutôt que " un copain " , un ami , une connaissance ...

    Merci Antiblues , ça me touche beaucoup ce que tu écris , vraiment

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