Mon père avait un oncle qui vivait à Orglandes
Une fois par an, au printemps, nous étions invités à Orglandes, c’était toute une expédition, il fallait partir assez tôt, je n’avais aucune idée où se situait cet endroit, jamais eu envie de regarder sur carte non plus
Cet oncle vivait dans une petite maison sombre avec sa femme, une toute petite dame qui se nommait Palmyre
Elle aurait pu dans tourner dans un film de légende, ou dans fort Boyard, ce n’était pas un naine, mais une petite bonne femme au visage disgracieux mais très sympathique
Elle s’agitait sur la pointe des pieds devant sa cuisinière à bois, ma mère disait qu’elle était nerveuse, nous mangions des légumes, de la bonne volaille et des entremets
Après le café, il y avait le traditionnel tour de" gardin", nous n’avions d’autre à faire que de regarder et attendre, pas un jeu, pas de télévision, fallait que ça passe le dimanche à Orglandes
Une fois , nous étions voir un cimetière , il y avait eu un polémique , cimetière allemand ou cimetière américain , personne n’avait réussi à se mettre d’accord , je me souviens encore des centaines de croix blanches sur l’herbe verte , parfaitement alignées , je n’avais pas posé de questions ,la bataille de Normandie avait eu lieu dans ce coin du Cotentin , j’ignorais tant de choses de la Grande Histoire
Ma mère me racontait les bombardements, la débâcle mais je ne faisais aucun lien entre ce cimetière et sa guerre à elle de petite fille
Je ne sais pas pourquoi mon père était tant attaché à cet oncle, c’était un bonhomme tranquille, peut être qu’ils avaient eu des liens autrefois, je n’ai jamais su
Ce couple n’avait pas eu d’enfants, c’était très rare les couples sans enfants, souvent tabou aussi
Je ne sais pas quand est mort cet homme là et sa femme Palmyre, lorsque j’ai décidé de prendre la fuite de ce Cotentin où j’avais délibérément choisi de ne pas vivre, j’ai mis un voile sur ces souvenirs là, les maisons sombres aux douilles d’obus en cuivre qui servaient de vases à fleurs
Orglandes se situe entre Valognes et Picauville
A Picauville, y’avait l’hôpital pour ceux qui « perdaient la tête «
« Ça va pas, elle est retournée à Picauville «
Ce n’est pas beau comme nom de village
Picot en patois, c’est un dindon
Ma grand-mère était une fille Picot
Commentaires
Plus de temps pour lire ton billet du jour - Stop - Je reviendrai - Stop - Wouahhh ta bannière ! - Stop - Tu t'exposes ! Stop - Une belle avancée sur toi ! - Stop - Bisous d'O.
pas grave
je m'expose , ouh la la , quel risque :))
C'est pour que le lecteur sache qu'il n'a pas affaire à une jeune blonde , ça fait le tri !
stop .
J'ai connu aussi des dimanches en famille, paumés au milieu de nulle part. C'est marrant, je ne les aimaient pas et maintenant je les regrette un peu.
À part ça quelle bannière !...T'as d'beaux yeux tu sais.
Bizzzz
Pourquoi tu les regrettes
est ce les personnes que tu n'as plus auprès de toi ?
merci pour la bannière , je suis en phase "grand ménage "
faut que ça bouge un peu
orglandes, tout un programme !
coucou toi , mais où étais tu passée ?
en vacances
j'attends des nouvelles
Je te déconseille d'y aller en vacances , y'a pas de casino
338 habitants quand même !
oui, ça doit être chouette de vivre là bas , on ne doit pas s'ennuyer
disons , faut aimer la campagne ;)
C'est un peu le lot de tous les enfants de s'emmerder en famille. Moi aussi, et mes enfants itou. Mais ça laisse des souvenirs.
Jolie bannière !
Nos enfants sont équipés de jeux , de livres , ils s'adaptent autrement
s'ennuyer en écoutant et en observant , c'est une vraie occupation aussi
merci Berthoise
Et la brioche tu ne t'en souvient plus elle etait plus que bonne.Si papa y allait c'est parce que le tonton le logeait quand papa travailler par là pour eviter la route en mobylette.
aucun souvenir de brioche ? faut quand même dire que c'est costaud d'avaler ça en fin de repas
ah oui , d'accord , je comprends bien , il y avait eu une vraie proximité entre eux , quand papa travaillait à Valognes certainement
merci Flo
Dans le Nord, c' était Picauville. Dans le sud, c' était Pontorson ! Une de mes tantes a été internée là bas: c' est bizarre d' ailleurs puisque La Haye du Puits où elle habitait est plus proche de Picauville que de Pontorson !!!T' as le Bon Sauveur à St-Lô itou ! Faut croire qu' il y en a des dérangés , dans la Manche ...
Les douilles d'obus en vase, les cartouches en stylo et les cendriers en restes de grenade ..........Pffftttt !!!
Il y avait (ou il y a toujours...) Pont-Labbé itou.
Bleck
Ah oui! Pont L' abbé !!
Picauville était un établissement du Bon Sauveur , tout comme St Lo , tenu par les soeurs , ma tante y travaillait , elle allait toujours faire un tour à Picauville revoir ses copines
Oui , Pontorson , pour ceux du sud
Après avec fait quelques recherches , ces établissements étaient d'abord de hospices pour pauvres , 1830 , puis ont accueilli des sourds muets , avant d'ouvrir leurs portes aux aliénés
ils accueillaient le " trop plein " des autres départements , les traumatisés de guerre , les orphelins
Les deux guerres ont fait des ravages , engendrant des pathologies irréversibles , l'hospitalisme chez les nourrissons
et on ne connaissait rien des maladies psychiatriques , entre les autistes , les manio dépressifs ,les psychotiques et les trisomiques , tout le monde était logé à la même enseigne
La surdité pouvais conduire à la folie
Je vais continuer à faire des recherches sur ce sujet qui me passionne , même si les archives ont été détruites dans les bombardements
On pouvait aussi utiliser les casques des combattants comme soupière ou pot de chambre , mais c'était plus rare
Bleck , Pont l'Abbé , c'était Picauville
Picot... Picauville ! (parce que façon sottise, le dindon en connaît un rayon...)
Bleck
c'est pour cette raison que depuis des lustres j'ai renoncé à adopter un dindon qui fait des farces
C'est sûr que la bas dans "le nord" vous avez une histoire bien différente de la nôtre qui sommes dans le sud...
Les douilles d'obu en vase j'ai jamais vu ça!!
Nous on voit encore les blockhaus sur les plages de l'île de Ré et la base sous-marine allemande à LR...
plein de blockhaus aussi sur les plages , j'ai toujours détesté ces étranges cabanes de béton
Oui , la bataille de Normandie a laissé des sequelles , les douilles d'obus , y'en avait dans toutes les maisons , je ne voudrais pas de ça en héritage , ça doit valoir cher vu le prix du cuivre
brr ...
Je me suis demandé si Orglandes n'était pas un "pseudo"... Mais non.
Es-tu, longtemps après, retournée dans ce coin ?
Je n'ai jamais trouvé de pseudo pour les noms de villages mis à part Villedieu les cloches
d'ailleurs citer les lieux réserve de belles surprises bloguesques
Je ne retourne jamais par là , c'est paumé ,j'aime les villages de la côte , les murs de pierres , la lande , mais Orglandes au secours !
Les croix parfaitement blanches et parfaitement alignées dans tous les sens, c'est l'Amérique ! Les croix de pierres grises sous les pommiers, c'est l'Allemagne ! Les vases en douille d'obus, si, j'ai vu ça, et soigneusement gravés et ciselés en plus. Dataient-ils de 14-18 ou 39-45 ? Gardés peut-être pour se dire qu'on l'a échappé belle... Pour se souvenir de cette terre si sauvagement défendue contre l'envahisseur... tout cela pour en arriver au droit du sol ! "Mourir pour des idées, l'idée était plaisante, moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eu"... etc... revoir son Brassens !
oui , certainement que garder les douilles d'obus était une démarche salutaire , je n'avais pas pensé à ça
Ma grand mère en avait deux , je ne sais pas qui les a pris , mes parents n'en voulaient surtout pas
ils ont récupéré un vase art déco en pâte de verre que j'ai trouvé trouvé moche mais j'imagine que pas de brocanteurs auraient le nez de dessus maintenant
il est peut être signé
graver les douilles quand même ... ça parait dingue
mon oncle a toujours chez lui un parachute de la libération , ça c'est encore autre chose , une toile de parachute , imagine un peu !
Moi fille d'immigrés mes histoires des dimanches n ont pas la même nostalgie...nous on restait tous les 4 et on partait en montagne, pas d'oncles ni de grands parents à visiter, les repas de famille c etait une à deux fois par an quand on y allait ou eux qui venait, j.aurai bien aimé connaître ça juste pour m'Ennuyer
touchant ton commentaire Seia
Cela renvoie au déracinement , à la quête de ce qu'on aura jamais eu
j'imagine ce sentiment de manque , pas de grands parents , pas de cousins , toujours le même noyau familial , et au fil des ans , le trop de contacts avec la famille lointaine
faudra que tu écrives sur le sujet
J'aimais pas ces dimanche là , pour l'ambiance surtout , c'était triste , mais bon , il y avait des moments heureux , des retrouvailles de cousines parisiennes , des soirées qui n'en finissaient pas , des piques nique, la plage ,oui la plage tous les dimanches d'été , et mes grands parents maternels qui venaient tous les jours , tous les jours ...
C'était bien ça
J'ai oublié/zappé/occulté pas mal de trucs de mon enfance... parfois il m'en revient des bribes... ça doit être ainsi, c'est tout ;)
Comme d'hab, le JM m'a devancée, je voulais dire "t'as d'beaux yeux tu sais"... mais attention, je n'attends pas la réplique, moi !! :))
Bisous et bonne nuit.
peut être que tu su oublier les moments pas forcément heureux , la mémoire fait le tri et c'est sans doute bien comme ça
Je me souviens je parlais beaucoup avec ma mère quand j'étais petite , elle me disait qu'elle n'avait pas eu une enfance heureuse , c'était bien qu'elle me dise la vérité , ça casse le mythe, c'est comme ça que l'on connait la vraie histoire , pas celle qu'on brode en regardant l'unique photo de famille en pique nique
"de beaux yeux ? " des yeux expressifs surtout , c'est ce qu'on me dit souvent
Je ne connais pas la suite , et puis je dois bien l'avouer , j'aime pas Gabin , ouh la la , je vais faire des copains moi !!
Oui t'as de beaux yeux ma Jeanne, t'es pas une jeune blonde,
t'es une jeune brune en fait...
Moi ce que je me demande, c'est pourquoi tu as pensé soudainement à tout ça, puisque ce ne sont pas de très bons souvenirs...
tu m'as reconnue alors ;)
Jeune , oui , comparée à Raquel Welch ou Line Renaud , je suis jeune , c'est vrai
J'ai lu un billet où le prénom Palmyre apparaissait , et c'est revenu comme ça , tu sais bien , un mot suffit pour remonter le temps
j'aime raconter tout , les souvenirs , les bons , les moins bons ..
ça évoque plein de choses pour certains lecteurs , je le sais ..
Oh, le picot... c'est pas vrai houlà j'avais complètement oublié le nom en patois du dindon... de toute manière je détestais voir un picot ou un dindon dans la cour d'une ferme où tout indiqué qu'on en était restés au moyen âge, les murs moisis un vrai décor de "martin guerre"... la boue de septembre à fin mai le tas de fumier et une vieille auge pas propre sous la pompe à bras, le tracteur éternellement attelé avec les trois bidons de lait... brrrrrrr... au secours !
Bleck
C'est moche un dindon , c'est dingue la tronche d'un dindon , immonde ce cou en dentelle rouge et rose , ça fait presque peur même quand il prend un air pas aimable le picot
Tiens , le dindon c'était un mot de livre de lecture , jamais on l'utiliser , tout comme la truie , c'était une coche , et un sac , une pouque !
ça sentait fort les cours de ferme , à ça tu rajoutes l'odeur des pommes du pressoir , une odeur fermentée , à vomir , pouah ! et le fusil de chasse pendu au dessus de la cheminée ,l'Almanach Vermot sur le coin de la table et les calendriers des postes jaunis superposés les uns sur les autres ( ça peut servir , y'a la carte de la Manche pour aller vendre une amouillante à Gavray )
chez nous on parlait de Saint Avé !!! "chez les fous" comme disait ma grand mère...Et oui, les obus sur le buffet en guise de vase ou de déco !!!!!! Et le dimanche chez les grand-tantes et ce fameux "tic tac" imperturbable du balancier de l'horloge comtoise, qu'on entendait dès qu'un sujet de conversation s'éteignait...jusqu'au brouhaha suivant !
c'était assez redoutable les établissements psy , je pense qu'ils n'étaient pas ouverts aux familles , de ce fait , on imaginait des gens en camisole là dedans , faut dire que c'était glauque pour y avoir mis les pieds dans les années 70 , mon dieu !!
j'y allais pour voir ma tante , passage obligé parmi les résidents , j'avais la trouille , ces gens qui bavaient , gémissaient , bienvenue dans la réalité du monde," réalité "...
Bref
on s'est construits avec tout ça et on est pas devenus dingos ni asociaux pour autant , parce que y'avait aussi des joyeux dans ces maisons là , mon père entre autre qui a le rire dans le ventre , sacré héritage hein ?
Je connais des gens qui n'ont pas d'horloge contoise , mais quand tu sonnes chez eux , y'a une musique qui change régulièrement , je te jure , c'est rigolo , tu as envie de sonner 10 fois quand tu leur rend visite ;)
Nous on a le Vinatier, St-Jean de Dieu, Jeanne !
La nostalgie ressort de ce billet, chère Jeanne.
Oserions-nous imposer cela à nos enfants ? Accepteraient-ils de suivre ?
Tout un symbole ces vases-obus. D'ailleurs, cette reconversion est heureuse !
J'avais une grande tante qui tenait une parfumerie et qui me donnait des échantillons quand nous lui rendions visite, mais elle "piquait" quand je l'embrassais ! Elle était trrrrrès forte aussi et elle m'impressionnait et pourtant elle était vraiment adorable !
Bibous
chacun son asile ;)
Nos parents ne se posaient pas de questions , on savait s'ennuyer et attendre
j'écoutais les conversations des adultes , en jouant avec un tire bouchon , faut s'adapter
tu sais , les enfants sont aussi trop sollicités , les parents culpabilisent de ne pas faire des choses que pour eux le WE , et ils s’épuisent
Rose peut allez n'importe où du moment qu'elle a sa munition de bouquins , c'est pratique
On a tous eu une tante à barbe non ?
Faut que je fasse un billet sur la tante Rosalie , c'était un personnage aussi
bises
chez ma grand mère, les obus sont devenus bouillotte, j'en ai même encore un!