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Claire - Marie

 

 

 

C’était l’époque où je naviguais dans les mouvements de jeunesse chrétiens, par choix, parce que je m’y trouvais bien, personne ne me pousser à y aller

J’avais été sollicitée par Félix et Bernard pour encadrer un mini camp de 9- 11 ans, c’est là que j’ai croisé pour la première fois Claire- Marie

C’était une fille à la fois discrète et énergique, elle était issue d’une famille de sept filles et un gars, nous avions sympathisé rapidement

Je la retrouvais lors d’autres rencontres, nous avions pris l’habitude de dormir dans la même chambre, les nuits étaient trop courtes pour venir à bout de nos papotages, nous étions intarissables, Félix adorait notre compagnie, très vite, nous formons un trio de choc, animés par une passion commune

Claire Marie devint institutrice, je terminais mes études et intégrais une école primaire en tant que suppléante

Claire Marie vivait à Bayeux, j’allais souvent chez elle le mardi soir, nous discutions tard dans la nuit, nous étions liées par nos différences, elle était raisonnable, elle aimait mon grain de folie, nous étions en questionnement sur notre avenir, nos vies de célibataires arrivaient à leur terme …

Nous allions dans la maison familiale, Simone la madone aimais la compagnie, elle cuisinait des plats énormes de teurgoule, ça sentait les veaux dans la maisonnée, je connaissais les sœurs, les copains, j’étais complètement intégrée dans le clan

Un jour, Claire Marie m’annonce qu’elle allait se marier, et que je connaissais très bien l’heureux époux

Quelle surprise !

Elle avait trouvé l’amour, Hervé, un bon copain de longue route, un homme rieur, charmeur, j’étais ravie pour eux deux

Ils se sont mariés deux mois avant nous

Nos vies changeaient.

La vie refusait de prendre chez Claire Marie, grosse déception, renoncer à devenir mère était un cruel sort

Deux enfants venus d’Ethiopie, un frère et une sœur, vifs, câlins, charmants allaient bousculer les meubles

Nous nous retrouvions tous ensemble, Ellen et Mark avaient le même âge que les enfants adoptés, leur bonheur transpirait

Et un troisième enfant arriva quelques temps plus tard

Ils étaient 5, pas beaucoup de temps d’attente, une famille heureuse qui devait s’adapter aux tracas d’Hervé, opéré pour de gros soucis cardiaques

Le temps passe, on se voit de moins en moins, la distance, le manque de reprendre contact, pas de réseaux communs.

La dernière fois que nous avons partagé une  belle soirée , c’était en 2008

Je n’ai pas revu Félix depuis les 50 ans d’Hervé, voilà presque dix ans.

 

Ce n’est pas là qu’on aurait du se revoir, pas à cet endroit là, avec en décor un vitrail et un Christ en croix, dans l’odeur de l’encens, pas là …

En rentrant mardi soir Jérôme m’a dit que Félix avait appelé, Hervé avait eu des complications de santé, un accident fatal...

Je ne pouvais croire à ce départ là, on est jamais prêts, je suis restée deux jours à repenser à eux, à mon amie, chavirée, bouleversée, on a laissé filer le temps …

J’ai roulé trois heures pour accompagner Claire Marie, nos retrouvailles ont été d’une intensité inouïe

J’ai serré fort mon amie, et on s’est dit «  on ne se quitte plus là « 

Dans le froid et l’humidité, j’ai laissé couler les larmes, pensant à l’avenir de Claire Marie, des enfants à nouveau orphelins, j’ai suivi le cortège jusqu’au cimetière, Félix était protecteur, j’étais là, pour elle, pour nous, je sentais que notre complicité et notre profonde estime l’une pour l’autre était inébranlable

Je ressentais une grande peine, et à la fois la grande émotion de nos retrouvailles …

 

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Commentaires

  • Des liens qui ne s'effacent pas malgré le temps ...
    Tu as une belle âme empathique, madame Jeanne !!

  • on ne peut pas briser de tels liens solides , et il faut très peu de temps pour se redonner la main

    l'empathie me joue des tours parfois , mais je me forge une légère carapace pas trop lourde, et protectrice à la fois

  • C' est malheureusement lors de ces cérémonies que les liens se re-tissent. J' te bise, mon Jeannot. Beau, ton billet.

  • ces moments là sont nécessaires
    je suis restée une partie de la journée avec mon amie
    Si j'avais du rentrer sitôt les obsèques terminées je crois que je n'aurais jamais pu retrouver autant de sérénité

    merci Pierrot , bises aussi

  • Tu as un don pour raconter ces tranches de vie, troublantes, vibrantes, inoubliables...
    Notre cœur se serre au rythme de tes mots, palpite à ton tempo.

    Jamais facile de raconter la mort. Tu le fais si simplement, si humainement.

    Grosses Bises.

  • merci Didou
    j'ai franchement hésité à publier ce billet , très personnel
    quand l'un de nous s'en va , on réalise pas , et au fil des heures , notre pensée se fige autour de cette réalité , il faut trouver des moyens pour apprivoiser ces étapes de la vie

    je comprends les personnes âgées qui regardent impuissants les départs de leurs descendance , de leurs amis

    je pense au père d'Hervé ...Perdre son fils , si tôt ..
    Bises Didou , on se retrouve bien vite

  • Tu racontes bien la vie comme elle va, les rencontres, l'amour, la mort... Et puis l'amour et l'amitié encore.

  • les liens humains sont la base et la raison essentielle de notre passage sur cette terre
    le reste , c'est de l'occupation de temps et de la survie

    Le jour où je n'aurais plus ça , si je devais me trouver seule à attendre le grand départ , je crois que je n'aurais plus aucune raison d'y rester

    merci Pastelle

  • Les vrais amis ne sont pas forcément ceux que l'on croise tous les jours. Ce sont ceux, qui comme toi, sont là quand on a besoin de soutien. Claire Marie peut être sûre de ton amitié et ça c'est très beau.
    bizzz

  • je sais que c'est réciproque
    une vraie amitié de femmes, on a pas besoin de se voir souvent
    Nous avons juste regretté l'une et l'autre d'avoir "raté " une rencontre cet été du côté de Granville , j'y suis allée souvent

    si seulement j'avais su ..

  • ..... Je sais pourquoi je lis tes chroniques tous les jours Jeanne, tellement ça me fait du bien, merci ma belle
    Passe un bon week-end, bise

  • C'est touchant ce que tu écris Nini
    merci
    bon dimanche à toi

  • Je compatis avec toi, quelle tristesse...

  • Mahie , on ne peut rien changer au destin

    Claire Marie s'est préparée avec le temps , elle portait tout cela avec une lucidité et une force imparable

  • Je comprends mieux certains mots publiés ailleurs...
    Je t'embrasse fort.

  • Praline , je n'ai pas voulu en dire plus ailleurs , j'ai reçu de gentils messages réconfortants
    ça compte beaucoup

    bises à toi

  • Ce nuage sur ta route dans le ciel à l'air de vouloir dire quelque chose. Un signe de ton ami ?
    Je t'embrasse

  • il m'a donné du baume au coeur ce nuage flamboyant , j'ai eu envie de le photographier en route
    un signe , c'est possible
    je t'embrasse également Nadya

  • C'est une autre vie qui va commencer pour votre amie et ses enfants....Bon courage à tous....

  • ils sont très soudés , heureusement
    les enfants vont construire leur vie ailleurs ...
    merci de votre passage Madeleine

  • Très émouvant ma Jeanne. La vie est injuste mais ça on le savait déjà...Et le destin s'acharne souvent sur les mêmes personnes.
    Je t'embrasse

  • Même si on le sait , on ne peut se faire à cette idée là
    il faut se resserrer , se réconforter , et ne plus se laisser envahir par des pinailleries qui n'en valent pas la peine

    On n'a pas de temps à perdre
    profiter et tenter de vivre l'essentiel
    bises à toi Célestine

  • Une belle dignité dans ce billet, bravo.

    Bleck

  • merci Bleck
    pas facile de parler de ces choses là ...

  • C'est dans ces moments-là que l'on reconnaît les vrais amis. Et leur présence est un grand réconfort.
    Bises

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