Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Chrysanthèmes

  10b42270b0af749f8c2512adcb3c9830.jpgA l’occasion des cérémonies du 11 novembre, les enfants de l’école primaire avaient pour mission de chanter la Marseillaise un bouquet de chrysanthèmes à la main après la messe.

Nos instituteurs, un couple, n’allaient pas à la messe, nous imaginons des tas de choses à leur sujet, qu’ils étaient protestants ou… Bref l’idée même qu’ils soient tout simplement athées ne nous venait pas à l’esprit.

Les vacances de la Toussaint étaient placées sous le signe de la détente et de la bonne humeur. Nous passions deux ou trois après midi à ramasser des pommes chez nous et chez mes grands-parents. J’aime, j’adore le cidre, j’en boirais bien à tous les repas mais le cliché bucolique de la cueillette des pommes en Normandie, je vous le laisse, merci ! Les mains rouges, transis par le froid et l’humidité (tiens on aurait pu prendre des gants ?) le nez qui coule, les genoux pleins de terre, les bestioles qui se collent sur les pommes et le tas énorme qui se forme et surtout la taille du verger avec les taches rouges et jaunes jonchées au sol, ça me semblait interminable.

Je n’avais qu’une idée en tête, jouer aux lego avec mon frère en racontant n’importe quoi.

Pour revenir aux commémorations, il nous fallait aller chercher des chrysanthèmes chez une grand-tante spécialiste de la fleur des cimetières.

Alors là, cette grand-tante en question était à elle seule un monument historique.

Elle vivait seule dans un deux pièces, une petite maison mitoyenne à celle de mes grands-parents. Tout le monde disait qu’elle était bête, évidemment elle était « vieille fille », ma grand-mère ( sa sœur ) la méprisait, mon grand-père la supportait. Je ne sais pas ce qui c’était passé, sans doute de vieilles histoires de familles, des » non dit », mais ce n’était pas la grande entente.

Son jardin touchait celui de mes grands-parents. Avec mon frère nous allions flâner dans ce terrain et dès qu’elle entendait du bruit, elle arrivait. La pauvre, elle n’avait pas beaucoup de distractions, pas de télévision, sa maison était très sombre, elle utilisait très peu l’électricité, elle tricotait des bas noirs. Elle portait des couches successives de vêtements : chemises, jupes, bas plus chaussettes, sabots, blouse, et tablier …Elle avait un look très particulier, aujourd’hui on pourrait dire qu’elle était dans les tendances avec toutes ses superpositions. Mais comme elle était déjà bien ronde avec toutes ses couches de vêtements elle ressemblait à un oignon, un toute  petite tête et le reste très très large. En marchant, elle se déhanchait, elle était vraiment drôle car elle riait tout le temps, dès qu’elle nous voyait. Je crois qu’on était mon frère et moi, son petit réconfort. Bien sur elle était très curieuse, nous posait des questions, essayant de soutirer quelques infos familiales. Nous l’aimions beaucoup, elle nous faisait rire. Nous allions chez elle de temps en temps, son intérieur était sinistre, elle avait réputation de laisser des heures son café chauffer sur la cuisinière ( dès fois que quelqu’un viendrait..)Et surtout elle possédait une liqueur incontournable ! Son secret de fabrication était peu banal, sa recette fut divulguée un jour, elle rassemblait les fonds de bouteille et les mélangeait dans une  autre, terrible !

La tante L cultivait des chrysanthèmes, pour qui, pourquoi, c’était son truc et aux vacances de la Toussaint on avait usage d’aller chercher chez elle des fleurs pour embellir les cimetières.

Je ne garde pas de bons souvenirs de cette période d’Automne.

Depuis que j’ai un jardin je me suis mise à récolter citrouilles et coloquintes . Le jour venu, Halloween pas la Toussaint nous creusons la citrouille, Ellen ou Rose s’habillent en sorcière, on allume des bougies autour de la cheminée. Ellen est heureuse, elle attend son anniversaire.je mets derrière moi ces tristes vacances de la Toussaint de mon enfance, placées sous le signe des pommes et des chrysanthèmes avec l’immense chagrin de cet octobre 77 où ma grand-mère nous quitta brusquement. Ce fut ce jour là la fin de tant de moments heureux. L’enfance qui fugua-t-elle aussi. laissant l’adolescence pointer le nez avec ses fardeaux

Commentaires

  • Si la cueillette des pommes semble difficile à cause du froid, celle des groseilles certes est plus agréable car en juillet, mais c'est après que ça se corse : il faut oter les grains des tiges et c'est très, très, très, très long !!!, mais grand-mère ET arrière grand-mère étaient de la fête, s'il me reste ma grand-mère, mon arrière grand-mère elle n'est plus.

  • Joli texte, c'est pour cela que je vais de blog en blog pour trouver ce genre de texte, des idées, des images, une ambiance en plus je l'ai lu en écoutant cette musique de Yann Tiersen http://www.youtube.com/watch?v=FKn9qW0IABw (Goodbye Lenin - Yann Tiersen - Summer 78 )
    A bientôt.

  • Louise :d'accord pour les groseilles , j'y renonce je preferre la confiture d'abricot , ça va plus vite !!!
    Marc:merci , j'ai découvert Yann Tiersen avec le film ," la vie révée des anges", c'est vraiment sympa même si après le succès du fabuleux destin on a été un peu gavès de la BO .

Les commentaires sont fermés.