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Le virage du cimetière

Nous roulons avec mon père dans l’ami 8 en direction de Cherbourg, le virage du cimetière me donne mal au cœur, je ne dis rien, ça va passer..

Nous allons voir ma mère qui est dans une clinique depuis plusieurs jours.

Ma grand-mère vient tous les jours chez nous pour s’occuper de la maison, mon père n’a pas voulu se séparer de nous pendant l’hospitalisation.

La clinique est vétuste, ça sent mauvais, des odeurs d’éther, de produits d’entretien ; je déteste cet endroit. Dans la chambre, je retrouve ma mère qui marche un peu, elle est en robe de chambre, c’est ma grand-mère qui lui a cousu, je l’ai toujours vue dedans.

Ma mère ne se plaint pas, elle ne semble pas souffrir, elle patiente, attend le retour à la maison. Elle vient de subir une ablation du sein, elle a avec elle deux compagnes de chambre, dont une vieille dame hargneuse avec qui elle se lie d’amitié. Elle est énorme cette dame et sa présence me gène, pourtant cette compagnie rassure ma mère.

Nous ne restons pas longtemps, le dernier jour je me souviens que nous avions pleuré au retour à la maison. Ma mère souffrait en silence, ne trouvait aucun réconfort, aucun appui du corps médical 

Cela se passe dans les années 70, à cette époque, aucune prise en charge psychologique, pas de suivi. Je n’ai jamais rien exprimé  de cette épreuve que nous avons vécue, solidaires les uns des autres.

Ma mère a vaincu contrairement aux deux femmes qui n’ont pas survécu du même cancer.

Les années qui ont suivi furent difficiles, radiothérapie, dépression…

A 40 ans ma mère a changé de vie, elle est devenue fragile, anxieuse, vulnérable.

Je sais que j’ai grandit avec cela, j’avais 12 ans au début, j’ai fait du chemin depuis, je me sens plus forte pour affronter les choses, accorde de l’importance à ce qui en vaut la peine …

Je me souviens toujours du virage de cimetière, celui que j’ai repris plus tard à pied des centaines de fois pour aller au lycée

Commentaires

  • toutes les deux, ta maman et toi avez réussi, même si c'était difficile, à le dépasser ce virage : toi sans vomir et elle en dépassant cette épreuve.

  • Louise / tu as vraiment les mots .....justes

  • Cette note me touche beaucoup. On a pour quelques uns cette "robe de chambre" bien pliée pour toute notre vie au fond de l'armoire de notre mémoire et qui est là constamment pour nous aider à faire les bons choix , rebondir avec courage et garder le cap coûte que coûte ...

  • Très émouvant ton récit. La soeur de ma mère a eu un cancer du sein également, elle est guérie depuis longtemps, tandis que sa fille, elle est décédé en 2002 à l'âge de 40 ans. Ma cousine, presque ma petite soeur....

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