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Le faire-part

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Ce jour me je trouvais chez mes grands-parents maternels, c’était un matin, je devais avoir une douzaine d’années.

Ma grand-mère va chercher le journal au courrier, elle y découvre un faire-part d’invitation, pour le mariage d’une de ces petites filles, une de mes cousines.

Elle montre peu de réjouissance à l’idée de cette réception, il faut dire que vu le nombre de petits enfants, ça reviens souvent, et elle aime à se plaindre de moult maux, de diverses maladies, asthme …

Elle prend le courrier cartonné, ouvre la trappe cylindrique de sa cuisinière à bois et  jette le papier dans les flammes.

Je suis sidérée, si peu d’émotion, une telle froideur …je me dis alors à cet instant, si un jour je venais à me marier, elle n’aurait pas à  se faire supplier pour y aller car, elle ne serait pas invitée.

Et je l’ai fait …

Quand j’ai épousé Jérôme en 1991, elle n’a pas été invitée, ni elle, ni mes oncles et tantes.

Ce fut un choix qui s’inscrivait dans toute une logique. Mes parents ne furent pas surpris car je les avais prévenus depuis des années.

Une de mes tantes est venue au vin d’honneur, elle a incendié de paroles ma sœur, puis mon père, mais n’a pas osé affronté la personne concernée, moi

J’avais, selon elle, la lourde responsabilité d’avoir posé un acte qui devrait être fatal pour ma grand-mère

-« elle ne s’en remettra jamais «  avait elle déclaré.

Quelques mois plus tard, ma grand-mère est arrivée vers moi, lors d’un repas familial organisé par mes parents, un paquet sous le bras, un énorme sourire aux lèvres.

Elle m’a embrassée, s’est étrangement excusée de ne pas pu avoir fait le déplacement à notre mariage, je lui ai présenté Jérôme.

Il y avait dans son regard quelque chose de changé, de touchant, je ne l’expliquais pas.

Deux ans plus tard, je l’ai revue chez mes parents, elle vivait dans une famille d’accueil, elle n’y était pas bien.

C’était le Jour de l’An, Ellen avait 1 an, je l’ai mise sur ses genoux, elle était heureuse, elle me dit que ses petits enfants ne lui avaient jamais donné leurs bébés, je ne pense pas que c’était vrai …

Elle était rude, distante, mais étrangement très attachante, mon père l’aimait beaucoup, il lui vouait respect et culte. Mon frère avait compris comment elle fonctionnait, il se montrait très chaleureux avec elle, il avait beaucoup d’humour et l’a faisait rire.

Je suis retournée la voir quelques mois plus tard dans cette famille d’accueil, avec mon frère.

Nous l’avons trouvée souffrant d’une immense solitude, d’une grande vulnérabilité, elle voulait que nous restions, elle souriait, je lui ai pris la main, je l’ai embrassée, je l’ai quittée, et je ne plus jamais revue, elle est morte  peu de temps après dans son sommeil

Commentaires

  • Cette histoire est très troublante. Elle fait penser que sur terre, nos proches changent de personnalité dès leur mort. Même les méchants. J'avais le sentiment de voir cette vieille dame…

  • tu te trompe au debut de ton texte c est ta grand mere paternel l autre n aurait jamais jeter un faire part au feu et je pense qu elle serait venue a ton marriage si elle avait ete encore parmis nous

  • Nina / c'est très curieux aussi .Je pense souvent à cette génération d'avant guerre,souffrance ,dureté , deux de ses fils sont allès en Algérie ,et puis le manque de confort , le travail à la ferme ,l'alcool ,pas très réjouissant cette vie là .
    Une de ses soeurs était encore pire , je crois que je ne l'ai jamais vue sourire

    Flo / oui mais c'est vrai , je n'avais pas remarqué ,j'ai fait une erreur
    Comme tu dis vrai , l'autre aurait tellement voulu nous voir mariées et elle n'a pas pu voir ses arrière petits enfants ,tout au moins ceux à qui elle tenait ,les tiens et les miens .
    Il y a des jours ou je ne ferais n'importe quoi pour remonter le temps , tellement sa mort m'a boulversée ..j'étais plus jeune qu'Ellen .

  • decidement , il y aura toujours des histoires de famille , je suis bien placé pour cela malheureusement , bise et bonne soirée jeanne

  • Sacrée bonne femme. Et ce n'est pas péjoratif.

  • Beaucoup d'émotion dans ton récit. Il y a toujours des hsitoires dans les familles, on a bien du mal de les éviter. Et cela se renouvelle pour les générations nouvelles. Cela a toujours existé. Bon après midi Jeanne.

  • Ca me fait un peu penser à ces femmes qui sanglotent aux enterrements de personnes qu'elles connaissent de loin mais qui ont les yeux complètement secs le lour ou ils enterrent leurs proches.

  • Mr Café / on ne choisit pas , on s'adapte n'est ce pas ?

    Gwen / oui ,je t'assure qu'elle valait le détour

    Elisabeth / En s'éloignant un peu géographiquement , ça aide à prendre du recul et de toute façon ça fait partie de notre histoire

    Louise / tu ne crois pas si bien dire , la tante en question était une reine dans le genre , elle savait parfaitement prendre une tête de circonstance ,se complaisant dans son rôle de veuve ,elle avait hérité de la dureté de son époque

    Dis donc , t'es pas morte ?

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