Mon père avait un copain de régiment, Emile, ils aimaient ce retrouver pour faire les fous, sortir un peu, expédier les traumatismes de la guerre d’Algérie
Il avait appris la coiffure à l’armée, il ouvrit un petit salon
Il épousa Marie Rose, elle était née à Bricqueboscq d’une famille modeste, dans le hameau où vivaient mes grands-parents
Emile, c’est le cousin de ma mère
Lorsque mon père excédé quitta la ferme natale pour rentrer aux chemins de Fer, il rencontra ma mère en juillet et l’épousa en octobre de la même année
Les deux couples se connaissent depuis près de 50 ans
Ils ont vu naître et grandir leurs enfants
Emile est exubérant, il interpelle les gens, parle fort, sans gène, très jovial, mais un peu excessif.
Marie Rose aime la couture, elle confectionne elle-même ses robes, toujours la même coupe, il n’y a que le tissu qui change
Ils habitent un pavillon aux abords de Cherbourg, quand nous allions chez eux, la télé était toujours allumée, du soir au matin, non-stop.
Marie Rose parle tout le temps, elle débite, raconte tout et n’importe quoi, se fiche pas de savoir si on l’écoute, elle est intarissable, elle peut vous parler d’un produit ménager durant des heures, répète les phrases, redit la même chose tout en se resservant un verre de vin et en rigolant très fort .
Emile et Marie Rose viennent fêter les anniversaires, s’attardent, traînent ...
Ils sont un peu fâchés avec leur entourage
Parfois mes parents en ont marre, mais ils se connaissent alors ils acceptent, s’adaptent.
Emile est malade, son cœur, sa mémoire, son corps l’abandonnent
Un jour, il partira, ce sera dur pour mes parents, une rupture, la fin de quelque chose qui dure depuis tant de temps
C’est leur repère je crois, leur lien.
Ils reparleront d’eux souvent, avec nostalgie,
Quand l’un des leurs s’en va, c’est un coup, un signe que …
Ils ne le disent pas, mais je sais que leurs cœurs sont chavirés
Commentaires
Oui....je comprends....
Bises silencieuses du matin....
Pourvu que ton père puisse rester auprès d'Emile le plus longtemps possible afin de continuer à se fabriquer des souvenirs...
El tiempo pasa....
De fait, nos repères sont souvent instinctifs. Il s'agit qu'on ns enlève une habitude pour que tout chavire.
Madame T /silencieuses , oui , mais je t'assures qu'elle n'est pas silencieuse du tout ,la cousine Marie Rose , ouh , un vrai moulin à paroles
bises
La Dame des Crys / peut être qu'il va vivre encore très longtemps Emile , qui sait , on lui souhaite , vraiment
Noese Cogite / c'est ça , ma mère dit souvent "c'est la tradition ' ce sont leurs repères ,leurs fils conducteurs , quand ça s'arretera , ce sera dur
perdre quelqu'un qu'on aime reste la pire des choses à vivre... quelque soit sson age, sa vie, etc...
Emile, un bavard... c'est un peu comme tous les coiffeurs de l'époque non? Et Marie-Rose n'avait peut-être pas d'occasions pour parler beaucoup, alors elle en profitait quand elle avait de la visite?
c'est comme moi avec Bertille... un coup ça allait, un coup elle me gonflait...
Lavirge / c'est vrai , une page qu'on aimerait arracher
Tilleul / Marie Rose , même toute seule elle cause , tout le temps , elle l'accompagnait systématiquement quand il allait coiffer à domicile
Charlemagnet / ah oui , elle cause et fait causer ta Bertille
marie rose, c'est Pagnol, enfin dans mon esprit, et c'est une bonne femme dans le sens litérale du terme !!!
Quand la vie s'arrête, c'est toujours brutal, on ne peut pas croire que c'est fini, c'est comme un immense gâchi...
Risette / c'est une brave femme , un peu kitsch , mais pas méchante pour un sou , un drôle de couple , quelque chose me dit qu'ils vont vieillir encore ensemble ,longtemps
Elisabeth / je lui souhaite de prolonger cette vie , longtemps ..