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La faux et la vitre baissée

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Mon père prenait soin de sa terre

Il partait en bleus de travail, la faux sur l’épaule  couper  les herbes folles dans les champs des alentours

En chemin, il rencontrait des voisins, il prenait le temps de papoter avec eux, tout en gardant sa faux sur l’épaule

Tout comme Louisette qui ramenait ma mère de la messe, au bout du chemin elle laissait ronfler le moteur diesel de sa 404

 

Je me déplace en voiture dans ma ville au bord de l’eau et régulièrement j’y croise des gens connus

Il y a quelques jours, j’aperçois Franck devant la boutique de Paul

Le feu est rouge, coup de klaxon, je baisse ma vitre et on papote

 

Hier c’est à côté de la voiture de Fulbert que je me trouvais, le sacré Fulbert, noyé dans ces pensées

Surpris de me voir, il rigole et nous échangeons des banalités, le feu passe au vert et chacun repart de son côté

Tard dans la nuit, c’est à côté de Léandre que je me retrouve à nouveau en voiture, les filles qu’ils ramène dans leurs logis rigolent et gloussent

C’est drôle ces moments là, je cause au volant, je m’arrête, j’échange des mots sans importance, comme mon père le faisait sur le bord de la route, sa faux sur l’épaule

Les temps n’ont pas changé au fond, les liens sont spontanés, que l’on soie à la ville où dans un village, on se croise, on se cause, de rien, de peu …

 

Je me sentirais bien seule sans ces moments là, non pas qu’ils viennent remplir mes journées, ils agrémentent le quotidien, sont comme les grains colorés que l’on saupoudre au-dessus des gâteaux

J’aime le visage des personnes croisées, qui me disent et me redisent combien je suis heureuse dans cette ville, loin de la frénésie des mégapoles, de l’anonymat, et de l’agressivité des foules

C’est pour cette raison sans doute que je n’aime pas les vitres fumées, et que je ne serais jamais une..star !

Commentaires

  • La première fois que Fiso est venue chez moi, elle était amusée de mes échanges dans la rue avec des connaissances, des élèves... L'excellent prof que je suis, ne peut pas errer dans l'anonymat. Je déconne...
    Avant, j'avais la nostalgie d'une grande ville, à présent je ne sais plus si je m'y sentirais à l'aise. Peut-être pas...

    Encore un billet qui me fait sourire d'aise, merci ma Jeanne...

  • c'est vrai que les profs connaissent beaucoup d'élèves
    j'en connais qui refusent de vivre près de leurs lycées à cause de ça , ça peut se comprendre
    Cela "désacralise " aussi , le prof n'est pas un être terré dans son établissement
    Chacun prend ses repères là où il vit , assume les rencontres
    Parfois je n'ai pas le temps , ni l'envie de m'arrêter , alors un grand geste de la main , c'est bien aussi
    et un sourire , ça coute rien
    bises ma Dana , je pense bien à toi

  • trop tard, tu es déjà une star, la star des blogs sympas!
    bon week end

  • rho , une vedette dans ma ville , peut être mais une star .. je ne suis pas invitée à Cannes cette année
    pff ..

  • J'ai été pendant longtemps comme toi lorsque j'habitais dans ma ville du bout du lac... Je croisais presque tout le temps du monde que je connaissais quand je sortais... Puis cela a commencé à me peser. Surtout lorsque je croisais des jeunes du boulot le we qui me parlait boulot ou qui me ramenaient à cette réalaité-là....
    Aujourd'hui,je vis loin de ma ville du bout du lac, je n'y désend presque plus.... Dans ma petite ville, je ne connais pas grand monde.... Alors, quand par hasard je croise une connaissance, cela devient un moment de réel plaisir.... Et j'ai enfin de la distance avec mon travail :)
    Belle journée Jeanne

  • La distance avec ton travail , comme je le comprends , d'autant plus que dans le secteur social il y a beaucoup de sollicitations
    J'ai beaucoup de stagiaires dans l'année , j'en croise régulièrement dans des vide greniers , commerces, spectacles
    C'est souvent très sympa , je fais attention de bien les reconnaitre , mémoire ...
    j'aime quand tu parles du lac ..
    bisous

  • Je suis bien contente que tu dises combien notre ville du bord de l' eau est plaisante. J' en entends trop se plaindre : ah, les magasins, on trouve rien. Ah, les cinoches y' a rien qui passe ( c' est vrai que la qualité baisse un peu !), y' a pas d' expo, y' a pas de spectacles (et nous alors ???) , y' a des bouchons (on croit rêver) etc, etc ...Au moins, on peut effectivement se causer. Moi qui venait de passer 10 ans dans un bourg de 2000 habitants en pleine crise (déjà), je me suis vite aperçue qu' il était facile de prendre des repères ici. Depuis que je n' habite plus le centre-ville, j' y vais moins (forcément !) vu que le lèche-vitrines, c' est pas trop mon truc. Mais quand j' y suis, il me prend des envies de flâner (surtout du côté de ma librairie favorite). Par contre, curieusement, en vacances dans notre Manche, quand je vais au marché , les copains aperçus rigolent bien : "on a vu Pierrot Bâton, la tête dans le guidon, visiblement, c' était pas le moment". Et le moment, c' est quand je veux, si je veux !
    Bon week-end.
    Petit moment de calme avant l' arrivée de la 2ème fournée d' enfants et petits enfants qui vont nous envahir , mais quelles rigolades !

  • oui , notre ville est peut être trop tranquille aux yeux de certains mais elle est vraiment agréable à vivre
    les bouchons et les soucis de stationnement , ça me fait marrer aussi !!
    comme toi parfois je marche en regardant mes pieds et si par malheur quelqu'un me voit et moi , je ne vois pas
    j'ai droit à des "et ben elle est fière la Jeanne !! "
    rha , nous sommes des vedettes

    j'ai vu quelqu'un l'autre jour à la caisse des mousquetaires , qui n'a pas hésité à m'appeler bien fort !!!!
    une femme ronde à lunettes avec un barbu !

  • j'aimerai bien en faire autant, mais à Paris, même les voisins ne se parlent pas..moi j'essaie toujours ,un bonjour au moins, mais tu sens que ce n'est pas très bien vu..comme si tu leur prenais quelque chose!!!!!

  • Pourtant la vie de quartier existe aussi à Paris
    c'est tellement grand
    je comprends que tu aspires à autre chose parfois , surtout plein de place pour faire des plantations et des vrais arbres pour tes chats !

  • ça me rappelle ma petite ville dans le sud, aujourd'hui encore lorsque je m'y rends, les habitudes n'ont pas changé... Des discussions avec les commerçants, des voisins... Que du bonheur!

    Est-il que je suis une vraie citadine... J'adore les grandes métropoles, la foule ne m'asphyxie pas, bien au contraire elle me libère... L'anonymat ou l'agressivité ( qui sont deux choses vraies) tient également des tempéraments... Dans la rue je me gène pas à m'arrêter lorsque je sens que l'autre se perd... Dans mon immeuble on se connait un peu tous, dès qu'un petit nouveau arrive, j'ose me présenter ( et faire ma curieuse! En toute finesse :))... Voir du monde (ou savoir qu'il y a du monde autour de moi) me rend le sourire...

    Ce qui m'embête quelque peu dans les petites villes c'est le sentiment d'avoir fait le tour en peu de temps... Tu sais, je m'ennuie assez vite... Paris, je ne cesse de la découvrir... Et encore je pense que je ne pourrais pas la faire entièrement... Sourire.

    Bonne soirée à toi.

  • c'est l'inconvénient des petites villes , trop petites où tout se sait
    je crois que je m'enuierais dans un village
    tu as une telle vision du monde et une capacité à entrer en contact avec les gens que là ou tu te trouves , tu seras bien

    ça fait du bien de te lire , j'aime cet optimisme

    bisous , j'espère bien te croiser un jour

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