Le surlendemain

 J’ai poussé la porte capitonnée de l’abbaye , Jérôme étant parti garer la voiture , des gens alignés sur les bancs , un femme qui anime les chants en guise de répétition , il fait froid

Claire Marie accueille les invités , vêtue d’une robe vieux rose , un boléro fourré sur les épaules

On se serre fort , très fort

Elle murmure «  nous on a pas besoin se parler »

Pas besoin de mots pour partager le bonheur de commencer une nouvelle vie amoureuse

La célébration est longue , très longue

Je ne reconnais presque personne , à part les sœurs de mon amie que j’ai connu autrefois

Nous craignons un peu d’être isolés , mais on est là , pour elle , c’est ce qui compte

A la sortie  ,je me retrouve face à Bertrand et Anne Laure ,  25 ans qu’on ne s’est pas vus et c’est tout simplement sympathique

J’ai connu Bertrand en 1988 , j’en avais parlé dans ce billet , il se souvient de moi , et de mon passage sur son blog que j’avais retrouvé par le plus grand des hasards

Nous partons vers la salle du banquet , les mariés nous retrouverons plus tard

Arrivés sur place , un magnifique buffet nous attend

Et là , c’est assez extraordinaire , on ne reste jamais seuls , y’a toujours quelqu’un qui vient faire la causette , se présenter , des gens très ouverts

Y’en de tout , des gamins , des ados , des mal sappés , des élégants mais tout est simple et c’est agréable

Nous picorons , un verre à la main , je regrette une chose , je n’ai pas salué mon vieux Félix , et je crains qu’il ne vienne pas au repas du mariage , je ne trouve pas son nom sur le plan de tables

Anne Laure et Bertrand sont arrivés après avoir visité une vieille tante , on se retrouve avec grand plaisir ,ils ne connaissent personne aussi

Tout à coup , qui voilà , mon Félix !

Je gueule un grand coup , ah là , il est hilare , je ne l’ai pas revu depuis les obsèques l’hiver dernier , là c’est joyeux , je me lâche , me fout de tout !

On raconte des âneries , on évoque quelques souvenirs mais pas tant que ça , Claire Marie nous rejoint elle est radieuse de voir notre proximité , nous avoue qu’elle n’a pas osé nous mettre ensemble à table , mince elle aurait du !

Nous prenons place , la voisine de Jérôme déballe sa vie , c’est d’un comique , mon voisin de table est au abonné absent , j’écoute un peu , me déplace aussi à la table de Félix qui juste à côté , un des convives est intrigué par notre relation , il prêche le faux pour savoir le vrai , c’est assez cocasse

On rigole tous !

Sitôt le dessert servi , on déménage à la table de Anne Laure et Bertrand , nous avons plein de sujets de conversation communes , la chanson surtout , ils sont musiciens , on échange nos numéros de portable , J’ai fait des photos  , j’envoie par sms , hop !

Il était presque deux heures quand on a quitté la salle  , nous avions réservé un lit dans une maison familiale , j’y avais fait un stage UFCV dans les années 80

Le lendemain matin , Anne Laure avait déposé un mot tout gentil sur la pare brise de la voiture

J’ai envoyé un sms à Bertrand

On s’est retrouvés sur FB

J’ai saisi une fois plus la chance que j’avais eue d’avoir navigué des années dans les mouvements durant ma belle jeunesse ,tant de rencontres , d’ouverture , tant de chaleur , tant de moments festifs , d’optimiste

J’ai évoqué avec Bertrand ce rassemblement à Strasbourg où nous avions chanté «  et bonjour à toi l’artiste «  que j’avais adoré la reprendre avec la troupe et eux , m’ont avoué qu’ils chantaient cette belle chanson souvent dans leurs tournées

Je me sens encore remplie d’insouciance et d’idéologie

Ma foi est dans les rencontres et les liens exceptionnels que la vie m’a donné

Qui ne se tarissent jamais

Se ramifient abondamment

Je suis plus qu’heureuse de tout ça …