Durant la semaine qui précédait Pâques, nous devions aller nous confesser
Je redoutais ce moment
La porte en bois du confessionnal grinçait je m’asseyais sur le banc, le curé ouvrait une petite fenêtre avec un rideau en crochet et sans le voir ( alors que je savais qui c’était et lui aussi ) je devais me repentir de mes pêchés
J’avais beaucoup de mal à en trouver, je n’avais pas tué, ni volé, ni commis de grosses bêtises
Je disais des banalités, que je n’avais pas assez aidé ma mère, que je m’étais disputée avec ma sœur
J’avais beau chercher, rien de bien original ne venait
Le curé devait consommer de l’ail ( pour chasser les démons peut être ) il avait mauvaise haleine, c’était un vrai supplice ce moment de confession
Nous vivions dans la terreur, la peur de l’autorité, et en plus nous devions expier nos fautes
Ce qui me paraît invraisemblable c’est que je n’osais même pas me rebeller, j’aurais pu rester muette, faire la morte, je faisais scrupuleusement ce que l’on me demandait
Le confessionnal était un endroit atypique
Dès que l’occasion se présentait, seuls dans les églises, avec Louis, on adorait aller s’y planquait, ouvrir les portes, les petites trappes
On se sentait libre de tout mouvement, limites en train de commettre un délit
Pour ceux qui pensent qu’autrefois les enfants étaient mieux éduqués qu’aujourd’hui, il est bon de rappeler que dans ces années là, la religion dominait, comment demander à des enfants d’aller de la sorte confier à un inconnu nos fautes
Cela me semble aberrant, cela ne faisait qu’alourdir l’énorme culpabilité que nous portions déjà, il n’y avait dans cette démarche aucun choix, c’était sans appel comme la plupart des actes, des décisions des adultes
Impossible de dire « je ne veux pas, j’irai pas ! «
Je m’en suis remise il y eu pires traumatismes infantiles auxquelles fort heureusement je fus épargnée
Les temps ont changé, plus de prêtres, des églises quasi désertes et souvent fermées au public, d’où l’idée de mettre en place un call center de la confession
Vous êtes en voiture, un besoin soudain vous prend de vous confesser, appelez le fil du seigneur et vos péchés seront absous par simple répondeur
Bien sur, ce truc d’arnaque a énervé l’épiscopat français qui dénonce de ce genre de pratique
Après le téléphone rose, voici le téléphone confessionnal !
On n'arrête pas le progrès
Vous avez trompé votre conjoint tapez 1
Vous avez volé un mars dans un supermarché tapez 2
Vous avez regardé le prime de la ferme des célébrités tapez 3
Vous avez critiqué le président de la république tapez 4
Allez, promis, dans quelques jours je me confesserai devant vous …