Depuis plusieurs semaines Louis c’était retranché, il avait besoin d’isolement, se sentait menacé
Je n’avais plus de réponse à ses mails, le téléphone me laissait seule avec le répondeur, j’étais certaine qu’il allait mal
Je tentais d’aller le voir, rien, il apparaissait à sa fenêtre
Je souffrais en silence, dans l’attente, l’été fut long, très long, l’automne aussi
Un matin de décembre, ma mère m’appelle, elle était totalement bouleversée, elle avait voulu rendre visite à son fils, en vain, il ne répondait pas
Elle avait réussi à voir la femme de ménage, qui lui appris alors que Louis n’était pas sorti depuis trois semaines, sa voiture ne bougeait plus, plus courses, plus de nourriture, plus rien
Avec mon père, ils avaient réussi à le voir enfin, il ne se lavait plus, il portait des vêtements en lambeaux, une barbe, un visage amaigri, il leur dit qu’il allait bien
Ma mère désemparée m’appela au secours, j’étais totalement anéantie, effondrée, terrifiée, je faisais le calcul, les jours étaient comptés, il fallait vite le sortir de là
Totalement seule à ce moment je pleurais, et quand les larmes furent fatiguées, je fus saisir d’un sursaut incroyable
Je pris alors mon téléphone, et j’appelais plusieurs personnes, les amis de Louis, une assistante sociale, plein de monde
J’étais incapable de rester à attendre, j’aurais voulu sauter dans ma voiture, aller le chercher en hélicoptère, il était tout simplement impensable d’accepter un tel drame humain, je sentais un bout de moi partir, c’était la pire des choses qui pouvait se produire
Le soir venu, je partais quand même chanter
Les jours qui suivirent, je passais beaucoup de temps à soutenir mes parents, j’étais trop loin pour agir, mes je leur donnais des conseils, des lieux ou aller, leur assurant qu’on allait le sortir de là, qu’il ne pouvait rien sans nous
Le problème étant d'hospitaliser contre son gré une personne majeure
Il fallait persuader les pompiers, les services sociaux
Une amie de Juliette fit accelerer les choses, la police finit par arriver à le convaincre d’accepter l’hospitalisation en psychiatrie
Petit à petit, Louis réapprit à vivre, avec sa maladie
Un jour d’avril, mon téléphone sonna, au son de sa voix, j’étais totalement sure qu’il était enfin sorti de cet enfer
Nous nous sommes retrouvés petit à petit, comme avant, il lui fallait beaucoup de temps, le plus lourd était passé
Juliette et Maggie m’ont épaulé durant ce drame, quelques semaines plus tard, Juliette du faire face à la mort de son jeune frère, terrassé brutalement, à mon tour je la consolais .
Triste vie
Ne laissez pas faire
Ne fermez pas les yeux, les oreilles, sauvez, sortez si vous le pouvez ceux qui sont enfermés dans tant de souffrance, ne vous faites pas peur de ce que vous ne connaissez pas
Ça va vite parfois, très vite, trop vite. la descente, le non-retour
J’ai sauvé la moitié de moi-même
Commentaires
Jeanne, je passais pleine d'enthousiasme te remercier pour tes mots chez moi...Et puis je te lis, je découvre ton billet, ton parcours de vie...tes souffrances....
Jeanne, tu me touches beaucoup...
Oui à tout ce que tu écris.....
Je te remercie de tes mots ici, chez toi....
Je t'embrasse...j'espère que tout va mieux pour Louis....
Je ne sais pas s'il connait l'existence de ton blog, mais nous penserons à lui....
Bises douces chère Jeanne...
tu es vraiment incroyable , trouver toute cette force pour toi et les tiens
Merci pour ce magnifique billet de volonté et d'espoir...
Il m'aide et me guide dans certains de mes choix actuels...
j'ai un homme qui rechute ces jours ci
y a comme un écho...
Tu as eu une force incroyable,mais comment aurait-il pû en être autrement, car je sais que c'est ce que tu vas me répondre.Il en faut de l'énergie,ce sont les autres qui nous la donnent quand ils sont là pour nous épauler.
Et puis il y avait la distance,c'est encore plus difficile....
Mais tu as l'as sauvé!
Madame T / C'est toujours drôle mes billets , mais c'est la vie , et reparler de cette histoire , pour encourager ceux qui vivent ça à ne pas lacher prise
Il en faut peu
Louis va de mieux en mieux , il me lit
Nous avons beaucoup reparlé de tout ça , longuement
bises encore
Mlaféeclochette / je suis habitée depuis longtemps par cette force , je ne sais pas qui me l'a donnée , je vis avec ,je suis en pleine santé physique aussi , j'ai de la chance
Si la famille n'est pas là dans de telles situations , qui peut vraiment aider ?
Antiblues / ce que tu me dis me touche beaucoup
Je ne voulais pas remuer les souvenirs , jsute à ceux qui doutent de tenir bon, d'être là , sans juger , de faire au mieux ,
Il me fallait du détachement , je savais qu'il ne voulait pas , qu'il ne m'en voudra pas , il ne m'en a jamais voulu , j'en suis sure
il nous attendait
bon courage
Carl / c'est dur ce que tu vis , et encore plus , car tu es à ses côtés , et le quotidien , les enfants , tout le reste
Ne laches pas , tiens bon, entoures toi de gens positifs et heureux
vraiment très bien... tout ce que tu as fait... Jeanne...
tu as fait ce qu'il fallait avec beaucoup de courage...
bravo jeanne de ne pas l'avoir laché...
Marie Camille / je suis bien entourée
j'ai entendu des trucs pas faciles " c'est son problème " , "il n'a qu'à se bouger " , j'étais parfois blessée , je suivais mes instincts , comme toujours , aller en avant , ne pas flechir , j'ai toujours su que je faisais le minimun
je lui ai débrouissailler sa route , sans aucun regrets
tu étais là toi aussi , chaleureuse et humaine , pleine de compréhension
Que dire après tout ça... on dit que l'amour fait battre des montagnes et c'est vrai... Louis à beaucoup de chance de t'avoir et il le sait ... Le beau cadeau puisqu'il lit ton blog, comme nous...
Je ne repars pas triste, tout finit bien...
Je t'embrasse !
Charl / tourner le dos serait la pire des trahisons , pas de notion de bien ou de mal , de l'amour , c'est tout
Lavirge / tu aurais fait pareil , tu n'aurais pas accepté une telle situation sans remuer les montagnes
Ce qui est complexe c'est la lourdeur des services sociaux
"on va faire un dossier " alors que la personne a ses jours comptés , 25 jours sans manger c'est déjà impensable
rien que d'y penser ,je suis encore choquée
quel calvaire
C'est très émouvant votre histoire. Je vous félicite tous d'avoir su traverser cette période difficile ensemble. Bravo à Louis qui a eu la volonté de s'en sortir aussi. Il faut le souligner. Je suis son quotidien rythmé de hauts et de bas, qui ne m'est pas totalement étranger.
J'ai remarqué ces derniers temps une amélioration significative et cela me fait très plaisir pour Louis, pour toi.
Volonté, espoir, empathie... ne sont pas que des mots. Tu viens de nous le démontrer, ma Jeanne Délice. Merci :-)
Bises du pole Sud ;-)
Des moments difficiles à traverser, tant pour l'un que pour l'autre. Qui cette fois se termine bien, j'en suis heureux pour vous. D'autres n'ont peut-être pas cette chance d'avoir un ou des proches qui s'accrochent comme vous l'avez fait. Belle preuve de ce qu'un peu de courage et beaucoup d'affection peuvent donner...
Bonne soirée Jeanne !
Il faut beaucoup de force pour arriver à aider les autres ou faire les choix qui s'imposent dans ce genre de situation.
Bravo d'avoir pu le faire.
Bravo à Louis de se battre pour s'en sortir.
Bises à tous les deux!
"J’ai sauvé la moitié de moi-même". Magnifique. Comme j'aurais aimé avoir ton énergie, ta détermination, pour sauver un être qui m'est très cher et qui se noie... Je t'embrasse ma Jeanne.
Virginie / oui si cette histoire là , n'avait pas eu de happy end , je ne sais pas où j'en serais aujourd'hui
C'est la force qui anime , les liens , rien que ça , c'est énorme
bises à toi aussi
Ksénia / tu as raison de souligner ça , je ne suis pas une héroïne , c'est Louis qui a souffert , dans son corps , sa tête , quel volonté pour surmonter ça
On avance , il avance , avec des hauts et des bas , le blog est un soutien
Oui , se suffir des mots est impossible , il y a des histoires dans lesquelles on se plonge , sans réflechir , par pur instinct de survie
Ma Jeanne Délice , comme c'est gentil de lire ça ma Ksénia
bises à toi , merci
Formidable ce que vous avez fait pour la moitié de vous-même. dont je vais lire le blog tous les jours, ressentant intensément sa souffrance, sa fragilité, son courage et sa lutte.
Liam / je pense sincèrement que sans l'aide des proches c'est impossible de s'en sortir
l'hopital n'accueuille que ponctuellement , ensuite , il faut aider au quotidien , redonner l'envie de vivre , de lutter
Je comprends mieux comment les gens en souffrance se retrouvent à la rue , en totale errance
bonne journée
Elle / tu le sais , parfois on bascule , et sans l'aide de l'autre , tout va si vite , tu aurais fait la même chose , ne jamais voir ça comme une fatalité
Dana / je voudrais te donner un petit peu de ma force par ce billet
jette une bouée , fais toi aider , tente le mieux , essayes si la personne est proche , qui le fera ?
Bises à toi
Sépia / volontairement je n'ai pas mis le lien de son blog , ceux qui veulent lire ,le font déjà
oui , fragilté et courage , et humour , car je vous assures , il est drôle , très drôle
à bientôt
merci encore pour vos mots
m'entourer de gens positifs? il les fait fuir, quand ce n'est pas la situation, ou mes plaintes dans les moments durs... bah oui parce que si c'est si dur, j'ai qu'à le quitter, je serais plus heureuse hein?...
on tourne un peu en rond...
je suis tellement impuissante...
C'est très émouvant, et on ne peut s'empêcher de faire le lien avec sa propre histoire.
à bientôt
Carl/je vois ...c'est dur tout
Les gens autour de toi se sentent aussi impuissants , il n'y a pas de réponse , comme tu dis , tu tournes en rond
Je voulais dire par là , trouve aussi , des gens , des lieux , avec qui tu partages autre chose , une passion, sans pour autant parler de tes soucis , un lieu neutre , ou à ce moment , tu vivras que pour toi
le quitter , plus heureuse , ben non , tu ne le serrais pas plus , tu le sais bien ..
Mistersuperolive / chaque histoire aussi personnelle qu'elle soit a besoin d'être mise en lumière , pour que éclairer celle des autres
à bientôt
Tu as eu de la force pour deux et tu as sauvé ton frère chéri. C'est beaucoup mais tu y es arrivée. Bonne fin de week end.