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  • Amorphophallus

    Il y a quelques années, Léa m’avait donné les rhizomes  d’une plante un peu insolite

    Je les ai mises en terre, et je les ai oubliés..

    Jusqu’au jour où est apparu dans le jardin d’étranges tiges tigrées.

    Des tiges sont sorties des feuilles, de grandes feuilles en forme de main et un pistil proche de la fleur d’arum

    L’année suivante, la plante qui entre temps était  année, est ressortie plus grande et encore plus raffinée

    Et depuis trois ans, elle fleurit : la fleur énorme s’ouvre le  juin, précisement et embaume le   jardin durant  72 heures .

    Son nom, l’amorphophallus des rivières, ou langue de belle-mère, une fleur rouge pourpre absolument extraordinaire.

    Cette année le pistil mesurait plus de 60 cm, l’odeur est insoutenable, une odeur de bête crevée, de viande avariée. Etrange..

    Heureusement, je l’ai placée le long d’un mur, bien à l’abri de la cuisine.

    Elle attire les visiteurs, le jour J, des cars entiers viennent l’admirer, pendant ce temps les voisins activent leur barbecue..

     

    Ne pas confondre cette plante avec  une espèce gigantesque, l’Amorphophallus titanum. Le spécimen cultivé depuis plus d'un siècle dans la serre tropicale de Kew Gardens à Londres a fleuri il y a quelques années (floraison tous les dix ans environ). Un autre  a également fleuri aux jardins botaniques de Leiden et Bonn et à Brest en 2003 .

     

    Bien sur mes lecteurs à l’imaginaire fertile ne manqueront pas de faire calembours et allusions au nom étrange de cette plante, je vous laisse libre, admirez le spécimen .

     

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    Croulant sous nos commentaires , ma pauvre plante s'est brisée , les fleurs trop lourdes sont tombées à terre, les tiges ont cédé , elle n'aura même pas profité de ses 72 h de fleuraison,il faut à présent attendre Juin 2009.

    Je trouve que sa couleur va très bien avec les tons de mon blog ..

  • Reliée à personne

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    A peine mes études terminées, je trouve un travail d’institutrice suppléante, dans une petite ville que je connais bien.

    Je n’ai pas de logement, dans l’urgence, l’école me prête un logement de surveillant, tout près des dortoirs.

    Une cuisine, une chambre, un petit salon, une salle de bain, tout est meublé.

    Je suis contente de m’installer toute seule, je suis très indépendante depuis longtemps.

    Le soir venu, je réalise qu’un page se tourne, mes études terminées, je rentre dans un monde, un autre monde, celui du travail, des rivalités, des niaiseries aussi parfois.

    Le soleil de septembre me donne des envies de dehors, je suis enfermée.

    Je n’ai pas d’expérience, ou si peu, je vais devoir m’adapter, prendre des risques, me justifier

    Dans ma tête raisonnent des musiques, je suis loin, un peu perdue, nostalgique déjà de mes belles années d’insouciance

    Je m’isole et j’écoute Téléphone, et en boucle je repasse « Télégraph Road, » de Dire Straits

    Je suis reliée à rien, à personne, pas de téléphone, il me manque..

    Je traîne partout avec moi mes vieilles cassettes de lycée, mon appareil radio cassette, reçu pour mon Bac

    Je vais prendre les évènements comme ils viendront, déjà fière de gagner ma vie, libre d’aller ou je veux avec ma voiture, de rentrer quand je veux.

    Je suis prise entre ce sentiment de liberté et d’indépendance, et cette prison  où j’ai un peu l’impression d’être enfermée ;

    Je n’ai que 20 ans, je dois vite trouver un appartement.

     

    Le temps de rédiger cette note, la chanson Télegraph Road, se termine, je ressens toujours autant  d’émotion en écoutant l’intro, il n’y a que moi qui ai vieilli .

  • Ces odeurs qui rassurent

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     Rose a laissé traîner son pyjama dans la chambre de sa grande sœur ; Ellen le garde avec elle, le met dans son lit, et s’endors avec, car elle aime l’odeur de sa petite sœur.

      Sans se lasser, Rose joue au loto des odeurs. Le jeu consiste à ouvrir des petites boites, sentir et retrouver l’odeur reconstituée sur une image (orange, pin, cheminée, savon, muguet …)

    J’y retrouve des odeurs de médicament, et je suis hésitante car beaucoup d’odeurs évoquent plutôt le liquide vaisselle, le désodorisant WC ou le gel douche.

    Nous jouons toutes les deux, elle adore.

    Mes filles, moi et notre nez, c‘est toute une histoire.

    Je les ai toujours emmenées dans les parfumeries, non pas pour acheter du maquillage Barbie, mais pour s’envoûter des odeurs de parfum, retrouver celui de leur grand-mère, le mien, un autre que je n’ai plus et découvrir de nouvelles odeurs, chiner un échantillon.

      Chaque maison a son odeur.

    Chez mes grands-parents paternels, l’odeur était très forte, une odeur de vieux, particulière. Un jour cette odeur est arrivée chez mes parents, le même, c’était incroyable. Quand je passe un WE chez eux, notre linge au retour est imprégné de l’odeur de leur maison, Ellen adore ça, elle me dit « mon pyjama sent encore chez Mémé « 

    Lorsque nous avons acheté notre maison, notre chambre était occupée par des fantômes

    Enfin, nous l’avons cru, mon frère et moi (parce que Jérôme il ne faut pas lui parler de ça )et une forte odeur de personnes âgées revenait régulièrement

    Il faut dire que cette maison appartenait à la même famille depuis cent ans

    Il aura fallu beaucoup de temps pour éloigner cette odeur, en fait un jour j’ai même du me fâcher, priant les spectres d’aller voir ailleurs.

    Si vous voulez vendre votre maison, à chaque visite, fait cuire un bon gâteau, fait revenir des oignons, pas d’odeurs artificielles, des odeurs qui rassurent, ces odeurs de cuisine simple. C’est ce que je conseille aux nourrices  avant d’accueillir une nouvelle famille.

     C’est mieux qu’une odeur de gras, de chien, d’humidité, ce que souvent on renifle dans les communs des immeubles.

    Les odeurs familières évoquent des moments, des lieux, des personnes, certaines rassurent, d’autres nous angoissent, l’herbe coupée au printemps, le pain chaud, le café frais

    Vous l’avez tous eu la prof que l’on reconnaissait à l’odeur de son parfum dans le couloir, et l’autre redoutable, mauvaise haleine, vêtements imprégnés par la sueur, masqués par la brillantine ( ça c’est le pire !)

    Pourquoi les hôpitaux ne remplacent ils pas les odeurs d’éther par une odeur de croissant ou crumble, celles que les boutiques nous lancent dans les narines à chaque coin de rue.

      Je crois que celle que je preferre, c’est l’odeur des bébés, l’odeur de mes enfants, et  eux aiment sûrement celle de leur mère, cela explique alors que plusieurs fois par jour, ils se nichent dans mon cou, chacun leur tour, se gavent de câlins.

     Rose se blottit contre moi, se colle, s’immerge, s’envoûte, s’enivre parfois, on est bien.

     
  • Memories

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    Exceptionnellement, je m’arrête dans une brocante, c’est un endroit où à l’extérieur sont  entreposés des tas de ferrailles, radiateurs  vieux meubles de jardin, à des prix trop élevés à mon goût

    Je franchis la porte du dépôt, et me retrouve au milieu de meubles anciens, d’objets, de vaisselle, une odeur de cire envahit mes narines, et je tombe soudainement sur une vieille poupée. Je reconnais alors, une grande poupée, très, très laide, qu’une de mes tantes nous avait offerte, elle devait servir de mannequin en confection.

    Elle n’avait jamais trouvé sa place chez nous, personne ne l’avait adoptée, la pauvre, d’ailleurs elle s’est sûrement échappée un jour de la maison.

      Ma grand-mère m’avait offert un petit buffet pour ma dînette, je l’adorais, il était rouge et jaune, je l’ai conservé chez mes parents.

    Elle avait offert à ma cousine, les chaises et la table assorties à ce buffet

    Je ne comprenais pas qu’on ait pu séparer ces objets, je souhaitais avoir ce jouet, j’en rêvais

    En continuant mon exploration dans cette brocante, je tombe sur ces deux petites chaises, et cette table. J’étais si troublée, ils étaient restés dans ma mémoire, mais je ne pouvais plus les visualiser, les revoir après tant d’années…

    Quelques mètres plus loin, mon œil est attiré par un vieux garage miniature, je m’approche et stupéfaction, je reconnais le premier garage de mon frère, en parfait état, les larmes montent un peu, c’est si troublant de le revoir, je l’avais totalement oublié, j’aurais aimé que mon frère soit avec moi, pour qu’il voie cet objet. Je saisis mon téléphone portable et je fais une photo.

    Juste à côté, se trouve une vieille cuisinière métallique de poupée, je me revois encore avec la mienne

    Il ne me reste presque plus rien des jouets de l’enfance, mes poupées, mon buffet et c’est à peu près tout, le reste à était jeté par ma mère, je lui en ai voulu, je n’avais déjà pas grand chose

      J’ai alors cru qu’un farfadet avait récolté tous ces jouets des années 60, les avait déposés avec délice dans cet endroit, juste pour ma mémoire ,retrouver pour quelques minutes ces jouets aimés .

    J’ai quitté les lieux, je n’ai rien acheté, j’ai repris la voiture, absorbée  dans mes pensées …

    « je suis sûre que la grande poupée a fait une fugue, et que son long voyage l'a emmenée dans cette brocante « 

  • Economiques , écologiques , bio ...

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    Lors d’une journée formation, une stagiaire me demande si j’étais d’accord pour qu’elle apporte son kit de couches lavables  en tissus afin de montrer le concept au groupe.

    J’accepte, étant donné que ce jour là le thème était l’hygiène, j’accorde  10 minutes pas plus, on ne va pas y passer l’après midi.

    Catherine, mère de famille, titulaire d’une licence de langues, très branchée, bio, écolo …a adopté et investi cette technique révolutionnaire.

    Elle explique à ses collègues, qu’elle a fait le calcul, que l’utilisation des couches en tissus, est très économique et surtout pas de déchets, très bien pour sauvegarder la planète. De plus, elles sont en coton bio, flanelle, bambou, chanvre, idéal pour les peaux des bébés, bref, tous les avantages.

    Jusque là toutes les stagiaires sont d’accord, hors un petit inconvénient quand même, il faut les laver les couches !

    A la machine, fort heureusement, mais quand même, (après avoir pris soin d’installer un système récupérateur d’eau de pluie ) mettre à tremper le linge souillé, ne pas attendre deux semaines pour le faire, s’organiser pour ne pas profiter des odeurs..

    N’oubliez pas quelques huiles essentielles avant le lavage en machine.

    Il faut préciser que les allemands sont très adeptes de cette technique et que dans notre département, deux femmes se sont lancées dans la fabrication et commercialisation.

    Les Allemands sont toujours en avance sur tout, il n’y a qu’une chose qui leur a échappé : des modes de gardes pour les jeunes enfants, non pas pensé à ça ! Pas de crèches, pas de nourrice, donc les mères ont le temps de laver les couches puisque qu’elles ne peuvent plus travailler..

      Je regarde amusée la tête des stagiaires et je lis doucement leurs pensées

    «  c’est génial, on fait des économies, je vais peut être essayer « 

    « pas mal, mais sûrement pas pour moi « 

    «  elle est cinglée, laver des couches et puis quoi, aller chercher l’eau au fond du puits « 

    « et dire que je n’avais pas le choix moi, les couches jetables ça n’existait pas, j’en ai lavé des mètres de tissus « 

    «  pourvu que je tombe par sur une famille qui utilise ça « 

    « je vais me renseigner du prix pourquoi pas essayer « 

    «  C’est les Allemands qu’on inventé ça ? »

     

    Pendant, un quart d’heure, j’ai cru que je travaillais au télé achat,

    Avec un sourire détendu, Catherine a rangé son kit, et j’ai repris ma place  de formatrice, et j’ai poursuivi mon cours.

  • Les lunettes de la Sécu

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    Porter des lunettes de soleil, c’est chic, glamour et élégant, porter des lunettes, parfois plutôt mal vécu, n’est ce pas Risette ?

    Les lentilles, les interventions ont remédié à ce souci et maintenant fleurissent dans les vitrines des tas de modèles de montures colorées et rafinnées, faisant de cet objet un vrai accessoire de mode

    Le jour où j’ai trouvé que le forme rectangulaire, la couleur violine, bordeaux m’allait bien, je n’ai plus du tout eu envie de changer de montures.

    Mais je vous rappelle que ce blog n’est pas un blog de mode, et que je ne m’étalerai pas sur le sujet.

    Lorsque j’ai eu mes premières lunettes, j’avais 10 ans, ma vue est descendue en l’espace de 6 mois, mes parents m’ont alors  emmenée chez l’opticien, à Cherbourg.

    J’étais perdue parmi tous les modèle, je ne savais pas quoi choisir, j’étais de toute façon persuadée qu’aucun modèle n’était gracieux, mais comme j’en avais besoin, je ne remettais pas en ça en cause

    Mais j’ai échappé à quelque chose de notoire dans les années 70, les fameuses lunettes de la Sécu

    Rappelez-vous, qu’à l’époque, une paire de lunettes, la même modèle  pour tout le monde était offerte gratuitement par la caisse d’assurance maladie

    Ces lunettes étaient déclinées dans toutes les tailles, elles avaient un entourage très fin, et une forme bien particulière

    François Morel dans les « Deschiens » les porte.

    A l’école primaire, une famille de 5 enfants portait ces fameuses lunettes de la Sécu.Aux yeux des autres gamins, ils étaient considérés comme pauvres :

    L’aîné des fils  était handicapé, atteint  de spina bifida, qui immobilisait son bassin, l’hygiène un peu sommaire provoquait du rejet de part des autres, une certaine exclusion, je le vois encore assis dans une chaise haute de bébé, dans le fond de la classe..

    Les autres allaient bien, le père était ouvrier, la mère s’occupait de quelques vaches.

    Je me souviens très bien de cette famille, le fils aîné vit toujours, il a plus de 45 ans, sa mère le promène toujours, je l’aperçois parfois quand je vais à la plage, je crois qu’il a subi une amputation des jambes.

    Le père s’est suicidé, il fut enterré le jour de la naissance de Rose.Quand j’ai appelé mon père ce jour là, il a couru comme un fou annoncer la nouvelle à ma mère qui était dans la sacristie, ce fut pour eux un enterrement très joyeux, ils en parlent encore …

     

     

    Les lunettes de la Sécu étaient un signe extérieur de pauvreté, comme les sandales de plage  c’est bien ça qui a changé depuis cette époque .

    Les familles défavorisées, redoublent d’effort pour que leurs enfants ne soient pas mis à l’écart, ils les habillent  avec les vêtements de marque dès les premières années, s’endettent pour le dernier jeu vidéo, les emmènent dans les parcs d’attraction..

    La Sécu ne remboursera plus les lunettes, même pas les Ray Ban, ça aussi c’est une  nouveauté, enfin les plus pauvres ne porteront plus de lunettes, voilà, c’est plus simple. c’est quand même rien de plus qu’un accessoire de mode, on peut bien s’en passer tout de même..