En attente à la caisse d’un magasin, j’observe un homme d’origine africaine, noir, prendre son bébé de 14 mois (je connais les âges en les voyant, c’est mon métier, cherchez pas )assis dans une poussette. Il saisit l’enfant par un bras, la soulève et la prend dans ses bras
- Oh la là ! Malheureux ne faites pas ça, c’est risqué !
Je vous raconte :
Un soir en rentrant de l’école, je sors Rose qui était dans la voiture, (Rose avait 2 ans, elle était en pleine phase d’opposition, enfin, un caractère bien trempé..)
Elle refuse, je la prends par le bras, elle hurle.
Je rentre avec elle dans la maison, elle pleure beaucoup, ne veut plus bouger, elle ne bouge plus son bras..
Me. e ! qu’est ce qui se passe, impossible, elle hurle dès que je la touche, vite, j’appelle mon médecin, un homme charmant, expose la situation et lui me répond « venez tout de suite «
Avec toute la compétence qui est la sienne, le Dr H d’un geste délicat, remet en place le poignet de ma petite Rose, gros câlin, c’est fini, diagnostic, c’est une pronation douloureuse, bénin et fréquent, si vous voulez en savoir plus ,allez voir par là.
Quelques mois plus tard, ça recommence. Rose se retrouve le bras immobile. C’est pas vrai, je suis totalement désemparée, mince, ça fait des années que je travaille en crèche, je ne suis pas capable de prendre ma fille par la main sans lui démettre Le coude .
Par miracle ce jour, elle remet son os toute seule ouf !
Vous imaginez bien que ce n’est pas fini
La troisième fois, je ne m’affole pas trop, j’appelle mon charmant médecin
« Non madame T, cette fois allez à l’hôpital, il y a récidive.. »
Emmener Rose à l’hôpital c’est pire que de faire une douche à la Mimine, m’obliger à aller à un concert de Philippe Katerine, dîner en tête-à-tête avec Vincent Cassel ……
Mère courage n’a pas le choix, je me dis que peut être tomberai- je sur un beau pédiatre, un jeune interne .
Après un combat épouvantable, j’arrive en pédiatrie et Rose, totalement paniquée face au médecin, n’en peut plus …
Le jeune interne, ben oui Doug Ross est parti à Seattle , prend l’affaire en main, enfin pas très doué, il fait plusieurs tentatives, Rose hurle, j’ai les larmes aux yeux, allez chercher le Dr H !!
Il parvient enfin lui remettre le bras en état de marche, nous rentrons à la maison épuisées .
La quatrième fois, j’appelle mon médecin, il est en vacances, hop! redirection l’hôpital, c’est pas possible, mais elle a une malformation ma fille.
Soudain me vient une idée, une sale idée, mais ils vont finir par douter, croire qu’il s’agit d’un cas de maltraitance. Je ne dois pas dire que c’est la quatrième fois que ça se passe sinon, il y aura l’assistante sociale qui va m’attendre dans le couloir du service pédiatrique ( oui c’est comme ça que ça se passe à Chicago )
De rage, Rose lève le bras et remet son os en place sans qu'un interne ou pédiatre n’ai eu le temps de dire ouf.
Plus tard j’ai dû consulter un spécialiste.
J’ai pris rendez-vous, Rose totalement affolée s’est installée sur le lit incliné, il a pris son bras, pas de radio, « Madame, vous ne devez plus tenir votre fille par la main, merci, 40 euros ! »
Voilà, depuis ce jour, plus rien, plus de récidive, Rose est redevenue un ange.
Un jour une femme africaine m’a dit que les bébés à Madagascar marchaient à 6 mois ( je ne l’ai pas crue ) par contre, ils ont de l’élasthanne dans les bras !