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  • confusion infantile

    « Maman, je viens d’entendre chanter François d’Aubert à la radio, tu sais celle que j’aimais bien quand j’étais petite ! »

    Rose a 6 ans, elle aime la chanson, mémorise les mélodies.

    « Mais Rose, François d’Aubert n’est pas un chanteur « (je ne rentre pas dans les détails, ça n’en vaut plus la peine..)

    je cherche, lui demande de fredonner, je ne vois pas trop,

    «  De quoi ça parle, essaye de chanter ? »

      Après enquête, je distingue et retrouve la chanson .

    « Ah c’est Jean Louis Aubert qui chante, je me souviens … »

    Je chante avec elle, elle grimpe sur mon lit et se met à danser..

    Avec tout ce qu’elle entend, elle fait quelques confusions, c’est pas grave ma Rose, toute façon, je l’adore cette chanson …

     

    http://www.youtube.com/watch?v=-mdyFdgUNfI 

  • L'oncle J .

    Ma mère avait trois sœurs et un frère. Ce dernier, mon oncle J né  après guerre bénéficia d’un régime de faveur, de par son statut de fils unique, il hérita entièrement de la maison de mes grands-parents, ses quatre sœurs durent se contenter de se partager les quelques lopins de terre même pas constructibles..

    Il passa son certificat d’étude et se dirigea vers l’armée, la marine précisément où il tenta une carrière militaire.

    Dans les années 50,il vivait un peu dangereusement, il conduisait comme un fou, épatait la galerie avec sa DS (Citroën pas Nintendo, je précise pour le jeune public, Ellen, ma fille, fidèle lectrice ), il parlait fort, se moquait un peu de son entourage.

    Il explora quelques temps le Sénégal, Dakar, son épopée lui valait l’admiration de la famille, il donnait l’impression d’avoir fait les colonies, combattu des fauves, et revint triomphant avec quelques merveilles dans ses malles, des superbes biches sculptées dans du bois d’ébène (qui faisaient un peu anomalies sur le buffet chez mes grands-parents )et une barque en bois qui n’a jamais trouvé sa place chez mes parents .

      J’aimais beaucoup mon oncle J, il avait de l’humour, un peu porté sur le Ricard et le calva, certes, vantant toujours sa réussite et son statut social d’adjudant chef à l’Ecole militaire de Paris, mais pas méchant, un peu brut c’est tout.

    Il épousa Josiane, en 1968, je marchais devant la mariée, je l’ai vu sur les photos. Elle était native du nord Cotentin, vivait en pleine campagne à quelques kilomètres de la maison de Darling , une vie un peu rude mais heureuse.

    Ils quittèrent la Manche pour s’installer dans plusieurs villes à casernes, et se posèrent à Viry-châtillon, à la Rochelle et encore en Banlieue  .

    Il eurent trois enfants, deux filles Bertille et Fanny, et un garçon, non désiré, ça je l’ai entendu au moins 20 fois, cela lui causa une histoire bien à lui.

    Bref, deux cousines, la première très drôle et spontanée, la deuxième un peu précieuse avec qui je n’ai eu  aucun lien affectif.

       Tonton J revint dans le Nord Cotentin dans les années 80 un peu avant la mort de mon grand-père. Il prit sa retraite, se consacrant à la pêche, à ses petits enfants.

    Je ne l’ai pas revu depuis très longtemps, 10 ans peut être, mes enfants ne le connaissent pas, il reste pourtant très liés à tous les moments les plus heureux de mon enfance, les soirées festives, son baratin, son rire, sa grossièreté aussi …

    Il aimait beaucoup ses parents, je crois aussi que c’est par cela que nous sommes liés.

    NB / Demain la chute et fin des deux précédentes notes. 

  • Madame L

    Nous avions ,mon frère et moi , une professeur de Français au collège assez particulière .

    Elle était souvent très maquillée, portait un manteau de fourrure, très odorant (je me demandais si la bête était vraiment morte ) distinguée, tirée à quatre épingles, jamais vulgaire.

    Elle était surtout passionnée de littérature et ça me plaisait, je buvais ses paroles, l’écoutais comme une prêtresse, moi qui n’avais comme lecture à la maison l’exclusivité  du catalogue de la Redoute, Clair Foyer, et Télé poche.

    Elle possédait de très beaux stylos plumes que j’admirais et surtout une belle écriture, très régulière, raffinée et élégante . Elle nous aimait beaucoup, nous donnions des petits surnoms, et n’eu jamais de mots désagréables à notre égard.

    En classe de 5 eme, elle nous proposa de participer à la création d’une petite pièce de théâtre inspirée de quelques scènes de Poil de Carotte, de Jules Renard.

    Nous étions partants, restait le problème des transports en cas d’éventuelles répétitions.

    Un mercredi matin, ma mère n’ayant pas le permis de conduire, nous avons du prendre nos vélos pour retrouver le père d’un élève, a quelques kilomètres de chez nous. C’était un breton soixante huitard, artiste peintre, il nous embarqua dans une vieille 4L et nous ramena en fin de matinée.

      Nous incarnions les personnages de Monsieur et Madame Lepic, je n’étais pas à l’aise du tout à jouer la comédie, ça ne me parlait pas , j’étais très complexée, je n’osais pas regarder les gens ( ça a bien changé depuis, je ne fatigue pas de la scène aujourd’hui.)

    Il nous fallu trouver des costumes, qui nous furent prêtés mais je pense que le plus extraordinaire, fut ce soir là, la présence de mes parents, venus à la représentation.

    C’est, je pense ,une des rares fois ou ils sont venus au collège, ils ont rencontré Madame L, notre professeur, qui les mit à l’aise, leur fit des compliments sur leurs enfants.

    Mes parents se faisaient une frayeur de rencontrer les enseignants, ils ne se sentaient pas à la hauteur de parler avec eux, avaient le sentiment d’être perçus comme des classes inférieures, mêlant le monde ouvrier et agricole.

    Ma mère n’est jamais venue au lycée non plus, mais étrangement elle a retrouvé quelques années plus tard, Madame L.

  • quand les choses s'incrustent et restent

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    Profitant de la hauteur des plafonds, j’avais créé un mobile pour la cuisine composé d’éléments en inox miniatures, louches, écumoires, coquetiers, assorti à ma bouilloire de Graves.Cette déco insolite avait un grand succès, je le nettoyais de temps en autre, jusqu’au jour ou je me rendis compte que la graisse et la poussière avait pris le dessus et je devais me résoudre à l’ôter (trop de travail pour le rendre propre et luisant )

    J’observe alors que dans les pièces, des choses sont posées un jour et restent, se dégradent souvent, perdent leur fraîcheur mais étant liées à quelqu’un, un évènement il est parfois impensable de les expulser..

    Prenons ce flacon de parfum, offert il y a quinze ans pour notre chéri ; on l’a économisé au début, il fallait le garder longtemps, il a pris une couleur jaunâtre et l’odeur a tourné, il est devenu immonde, mais il trône encore fièrement sur l’étagère de la salle de bain, il ne sera jamais porté, mais il est là.. Regardez bien, il y a toujours un flacon fossile dans les maisons, parfois même, il n’existe plus ce parfum..

    Dans les cuisines, les dessins rapportés par les enfants, collés au mur, on le retrouve dans les cabinets des médecins, ils sont figés longtemps, on ose pas, on ne pense plus à les enlever malgré la couleur passée. La progéniture qui aurait bientôt 32 ans..

    Je ne vous parle pas des bouquets de fleurs artificielles ou séchées, souvent chez les grands-mères, poussiéreuses mais toujours là, parce que donnée par la fille, cadeau des 60 ans …

    Les petits souvenirs collectes, offerts par les enfants à la fête des mères, rapportés de colonie de vacances, s’incrustent longtemps dans les familles défiant le swiffer ou le plumeau

    Que dire des films vidéo et des nombreuses cassettes enregistrées, ces films qu’on a aimé, rediffusés déjà 20 fois à la télévision, mais non, on efface pas, on garde, dès fois que …

    Et ces livres de déco, de voyages, ouverts une fois ou deux, puis prenant racine dans la bibliothèque sûrs et certains d’y rester jusqu’au prochain déménagement, ou la ils seront peut être stockés au grenier dans un carton.

    Des cadres de photos de jaunies, des reproductions encadrées, et bientôt avec toutes les tendances déco, on trouvera dans les maisons des stickers décollés, des guirlandes lumineuses qui n’éclairent plus, et pourquoi pas un Minitel, un pot à crayon avec plein de crayons qui n’écrivent plus depuis 20 ans, un chéquier en francs, un calendrier 2006.

    J’aime observer ces traces du temps qui passe, je n’aime pas trop cette idée de tout nettoyer, aseptiser, ne pas laisser les empreintes de ceux et celles qui ont donné, offert ou reçu.

     Dans quelques semaines, je referai mon mobile en inox, tout beau, tout propre, lui redonnera un toit pour danser, le prierai de ne pas emmêler ses fils pour lui assurer une longue vie.