L’été est propice aux fêtes et aux retrouvailles
En l’espace de quelques semaines, un mariage, et un anniversaire
Une histoire que nous partageons depuis de si longues années avec Jérôme, je l’avais raconté dans ce billet là
Quand un proche disparait volontairement, décide de tout quitter, famille, amis, pour reconstruire une vie ailleurs, il en faut de temps quand même pour qu’il sorte définitivement de notre tête
Parce que , même si … chacun tente de ne plus en parler , après des années de questionnements , d’espoir aussi d’un petit signe , il fini par s’éteindre peu à peu , au fils des années , 10 ans passent , vingt ans presque , c’est beaucoup
Et …sans y penser, sans imaginer un instant que la chose est possible, le petit frère que l’on a connu, a grandi lui aussi, vieilli, est devenu un homme, un père et vlan ! Ressemble tellement trop à l’autre
C’est un choc
Se retrouver face à un visage, une allure, des expressions, mimiques que l’on aura mis tant de temps à oublier, et se faire violence
Ce n’est pas lui
C’est bien un autre
Je mets peu de temps à oublier les sourires, les rires, la voix de ceux et celles qui sont sortis de ma vie, une photo est trop figée pour retrouver trace de l’être perdu
Si vous saviez toute les fois où j’ai espéré, cherché au plus profond de ma mémoire ces trésors là, revoir juste quelques secondes ce visage volatilisé, rien à faire, c’est impossible, vain, inutile
L’hérédité est troublante, je perçois parfois de manière flagrante des hommes, des femmes, qui sans le savoir reprennent des mimiques, des postures, des gestes de leurs ancêtres, parfois cela émeut, parfois, ça agace
Lorsque l’été dernier j’ai vu la nièce de mon amie partie pour toujours , j’ai ressenti ce même pincement , inutile de dire , de faire une quelconque remarque sur cette sensation , se taire , garder là enfoui un sourire qui ressurgit et aller de l’avant , toujours , ne pas arroser les chagrins , ne pas vouloir recoller les quelques débris de notre histoire
Je tente de garder en mémoire les beaux moments, de ne jamais m’illusionner sur les choix de vies que l’on dit libres et salutaires, j’aime à mon tour disparaitre, ne jamais chercher à donner quelconque signe
Je n’oublie pas … j’avance , je vis , avec cette dose de tragique , de peine peu à peu digérée , je vais de l’avant , chaque flash back , je le prends comme un passage obligé , parce que cette histoire nous aura profondément marqués et unis l’un à l’autre , parce que les protagonistes pour la plupart sont restés des gens précieux , à chaque fois que les uns les autres , nous sommes amenés à nous revoir , inévitablement nous évoquons des souvenirs heureux
Nous sommes liés par un cordon solide et infini, ceux qui l’ont lâché ont pris un autre chemin, ceux qui sont arrivés plus tard n’auront jamais accès à ce bout d’histoire que nous évitons d’évoquer devant eux
Rien n’est perdu, rien n’est gâché, il reste nous, et cette estime profonde que nous partageons depuis 25 ans, ce profond attachement certainement consolidé par ces séparations
Au mariage de Lorenzo, à l’anniversaire d’Eugénie, j’ai compris encore plus combien cette histoire était la notre, ces visages lumineux et heureux m’ont portée en avant, je ne cultive pas la mauvaise herbe
Je savoure les vraies traces, l’immense plaisir de revoir ceux que nous aimerons toujours, même si le fantôme revient toujours par bribes dans nos conversations
Dans ces moments là, on sourit, en se disant « et voilà, on parle encore de lui … »