Pas loin de minuit, avec Pierrot, on s’installe dans le fond du car qui nous ramène vers Laval
Nous posons nos fesses sur les fauteuils pas trop inconfortables après avoir braillé des trucs bêtes du genre « hé oh, du calme là dedans, oh, on surveille hein, pas de débordements ! »
Et là, évidemment, faut peu de temps pour que des voix, masculines braillent encore plus fort, du n’importe quoi
Les lumières s’éteignent , » sous des hou , hou « à nos côtés , il y a 4 basses , des gais lurons , des quadra quinqua , deux retraités complices , derrière nous , un policier , un nouveau qui n’a pas de mis de temps repérer les joyeux et au fond sur la banquette , une brochette qui n’attends qu’une chose , l’ambiance du fond de car , mais qui est incapable de la faire
Parce que , pour que ça rigole , dans le fond du car , il faut des bout en train !et des bons ,pas de blagues de bidasses , de rugbymen bourrés , non , il faut du répondant
Edward, un bon vivant, se lance dans une partie de ping pong avec son voisin le facteur qui aime la rigolade, l’italiano lover renchérit, Pierre Alain à côté est écroulé de rire
Les blabla n’ont ni queue ni tête, ça n’a pas de sens, des blagues de potaches, et nous avec Pierrot, on rit, on rigole et de bon cœur, parce que tout ce monde là est joyeux, et c’est contagieux
Inutile de tenter d’échanger quelconque conversation sérieuse ou poussée, ne faut même pas essayer, on ne s’entend pas
Tout ce monde là, réuni dans le fond du car, c’est quand même quelque chose, on ne se choisit pas, les derniers arrivés sont accueillis à bras ouverts, enfin, ceux qui respirent la joie de vivre, ceux qui toisent et regardent de haut …c’est autre chose
J’aime régresser, j’aime le pas sérieux, avec Pierrot, rien à dire, on fonce dans la franche camaraderie, parfois on fait des sketches, improvisés, ou sur commande, on aime amuser la galerie
J’ai besoin de cet équilibre, c’est ma nourriture, ce qui me permet de tenir bon, de puiser la force pour tenir la main de celui, celle qui en bave, qui souffre
J’ai la chance inouïe je crois, de ne pas connaitre les coups de blues, de vivre dans une belle constance, d’oublier très vite les petits mots de trop
Jusqu’à quand ?
Parfois, je pense à ma vieillesse
Si tout ça disparait un jour ? Si la monotonie et l’isolement s’installaient
Profiter de chaque moment qui s’offre, avec ceux et celles qui sont incroyablement attachants
Et y’en a, je les garde comme des trophées
Au chaud
Bien au chaud
Il faisait chaud dans ce fond du car
Une heure qui est si vite passée … on a rien vu ...