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portraits - Page 3

  • A petits pas

    Il est venu discrètement, aux débuts de ce blog, il signait de ses quatre lettres, à petits pas, quelques mots glissés …

    De lui je ne savais pas grand chose, il écrivait de très beaux textes, commentés avec sobriété, un petit passage de temps à autre, toujours un mot gentil, agréable.

    Un jour avec émotion il me disait que sa vie basculait devant une échographie .

    Puis  un dernier billet, un au revoir, il annonçait qu’il ne posterait plus..

     

    Respect, mais j’allais de temps en temps voir s’il n’était pas revenu .

    Son blog était toujours ouvert .

    Il y a quelques mois, oh surprise dans un joli billet, il était de retour dans sa maison de mots.

    Fidèle, je l’avais gardé dans mes favoris, alors je lui ai que j’étais heureuse de le lire à nouveau :

    Et depuis quelques mois ,il  écrit, manie les mots incroyablement bien , parle de sa toute petite fille, avec pudeur, il commente, je sais peu de choses de lui, cet homme , qui n’a pas de nom.

    Une complicité de petites histoires narrées, des échanges quotidiens, j’aime sa pudeur, son humour aussi, sa sensibilité..

    Depuis quelques temps, il égaie son blog de photos, et embarque ses lecteurs avec ravissement, je ne m’en lasse pas …

     

  • Ces deux là

     

      2cv.jpgElle est arrivée il y a plusieurs mois sur ce blog, laissant un commentaire fort plaisant, encourageant, n’étant pas étonnée d’y retrouver Marc et Louise.

    Alors je suis allée explorer sa planète, son monde, ses photos commentées avec finesse et légèreté.

    Elle parlait de sa campagne, le panache de deux cheminées bien fières, de ces choses qui font son quotidien, le kitsch, le bucolique, ses birettes..

    J’étais un peu timide, je ne voulais pas trop en dire, et puis un jour, en lisant un de mes billets, elle a bondi :

    « quoi tu es de la Mayenne ??   J’y ai grandi, ma mère était prof », tiens au lycée d’Ellen, ah ces fameux hasards !

    Alors les lieux familiers de notre ville, sont ceux  de son enfance, de sa jeunesse, l’école de Musique, à chaque fois que j’y vais, je pense à elle.

    Une petite complicité, des mots très fréquents sur nos blogs, c’est ce que j’appelle une lectrice fidèle .

     

    Il est arrivé en nocturne,  il postait le soir, un petit commentaire, bien bref, souvent piquant mais pas trop.

    Alors je suis allée explorer son monde, des photos aussi, des détails de bestioles, des photos insolites, dans tous les sens,  des devinettes ?

    Parfois, il hiberne, on attend les nouveaux billets, parce qu’on aime son sens de la dérision, les subtilités des commentaires.

    Soudain il resurgit, très productif, plein d’enthousiasme pour alimenter son blog et me fait le plaisir d’un passage fréquent ici.

     

     Et puis je me suis rendu compte que ces deux rois et reines de l’APN, se connaissaient, bien, ils commentaient un peu chez l’un chez l’autre, des lieux communs, jusqu’au jour, ou …

    Et ben oui ils se connaissent très très bien, ils ont deux petites filles ensemble, vivent dans le Berry et donnent à leurs lecteurs un plaisir certain à chaque visite, ils ne gravitent pas dans les mêmes blogs pour autant.

     

    Lui, il l’appelle « ma chère et tendre « 

    Elle, elle dit « mon mari « 

     

    Peu importe, au bout d’un an, je peux le dire

     

     « qu’est ce que je les aime ces deux   ! « 

     

  • J'aime les hommes

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    J’aime les hommes, enfin, pas n’importe lesquels, pas ceux des magazines, les beaux gosses du 7 e art, les boys band, les sportifs musclés ou tatoués, non j’aime mes hommes.

    Jeanne n’est pas une mangeuse d’homme, rassurez-vous, j’ai réalisé que depuis des années, ils m’accompagnaient avec franchise et fidélité .

     

    Plus jeune, je les fuyais comme la peste, et puis mon premier ami masculin, ce fut, Firmin

    Toute une histoire mon Firmin, une grande complicité, des sentiments peut être de son côté, peu importe après tout, nous avons vécu des moments de fous rires mémorables, beaucoup de temps partagé avec d’autres, notre énergie communicative, généra plein de choses positives autour de ceux qui nous entouraient

    Tous les  ans, à  mon anniversaire, il me téléphone. Cela me touche beaucoup, il rit fortement, parce que ce jour résonne dans sa tête, il ne m’oublie pas.

     

    Au lycée, j’avais mon ami Chris, un ange, adorable, un musicien fan de Supertramp

    Il était généreux, drôle, sensible, éternellement amoureux en première de celle qu’il épousera un peu plus tard, la mère de ses fils

    Je ne l’ai jamais revu, je sais ou il habite, j’avais repris contact avec lui il y a quelque temps

    Je crois qu’il est en train de se séparer, je sais qu’un jour nous nous retrouveront dans un bar cherbourgeois, au bord des quais, quand l’heure sera venue.

     

    Je dois aussi vous parler de Gordon, ah, Gordon, plus de vingt de complicité, je l’ai connu, il avait … 15 ans, il était au lycée ,j’’ai toujours aimé chez lui, sa sensibilité, son grand sens de l’humour, sa fidélité .

    Son chemin si tortueux parfois, ses doutes, j’étais là, là pour accueillir ; la sœur qu’il n’a jamais eu, je vois dans nos rapports ceux d’un frère et d’une sœur, c’est très particulier et en même temps unique une telle relation, je l’aime beaucoup, il le sait, il me lit. ..

     

    Je vous ai déjà parlé de mon amitié avec Léo, la vie est ainsi faite, de choix parfois. Il en est de même pour  Anatole  , je lui avais rendu hommage dans un autre billet. Nous nous voyons toujours, fort heureusement.

     

    Mon ami de chœur Jeremy est très intentionné, nous avons établi depuis quelques années une relation particulièrement amicale, par des mails quotidiens , des SMS  durant les vacances, de petits cadeaux, une belle complicité .

    Je ne voudrais pas perdre cela,

     je ne pourrais pas vivre sans cela,

     n’allez pas croire pour autant que je n’investis aucune amitié féminine, bien au contraire, j’ai besoin autant des bonnes copines, des amies confidentes, alliées, toujours là ..

    Je leur rendrai hommage à elles aussi .

     

    On a beaucoup dit autour de l’amitié entre un homme et une femme, est elle possible, dénuée de toute ambiguïté, le problème m’importe peu, il se trouve que ces hommes m’ont apporté énormément, que je leur ai donné, leur donne encore autant que je reçois .

     

    Je suis sensible à la présence d’hommes sur ce blogs, si seules les filles, les femmes avaient investi mes propos, je ne pense pas que j’aurais poursuivi, c’est nos différences qui font tout, fêter, rire, chanter, pleurer, échanger avec des hommes fait partie à part entière de mon existence, sans eux, la vie serait d’un triste 

     

  • Sandrine

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    Saïd travaille la nuit, le jour il dort.

    Il ne veut pas être dérangé par sa femme et ses trois enfants dans ce petit appartement du second étage d’un bloc HLM poisseux et délabré.

    Sandrine est obligée de sortir, elle ne travaille pas, elle s’occupe de ses filles et de son grand gars, un peu rebelle mais pas trop, pas bien courageux.

    Pour voir du monde, elle accompagne  toutes les sorties de la maternelle, la piscine, les spectacles, partout.

    Elle n’a plus de sous, des embrouilles, elle veut travailler, faire des ménages, tout, n’importe quoi.

    Elle passe son permis de conduire, elle est toute fière de prendre des  leçons, d’avoir eu son code.

    Elle a son permis, elle le dit à tout le monde dans la cour de l’école, mais Saïd ne veut pas lui donner le volant de sa voiture qui reste sur le parking de l’immeuble toute la journée.

    Alors, résignée, elle achète une vieille voiture qui tombe en panne, lui coûte encore et encore, elle ne peut pas payer, réparer.

    « prends le bus «  lui dit son macho .

     

    Je l’encourage à travailler à la Ville , elle prend rendez vous avec un élu ,elle veut se battre , reprendre cette sinistre vie en main, offrir plus à ses enfants , ils sont déjà en échec scolaire

    Elle ne peut pas le quitter , cet homme , c’est pas l’envie qui manque , elle vit déjà toute seule .

    Rose était copine avec Celia la plus jeune , Sandrine l’avait rassurée à la piscine , elle était toujours fière de me raconter ses exploits .

    J’ai parfois invité Célia à la maison, elle venait avec sa sœur, elle jouait, patatamodelait, piquai une colère parce qu’elle ne voulait pas repartir ;

    Le seul souci, c’est que quand Sandrine emmène ses filles, elle reste, elle reste, elle parle, sans cesse, débite, parle de ses animaux, de son mari qui ne s’occupe pas des enfants, des enseignants tous plus mauvais les uns que les autres qui ne font rien, ne comprenne pas..

    L’échec scolaire lui renvoie des choses tellement dures, qu’il faut un coupable, l’orthophoniste aussi, il a rien compris.

    Et au retour, pareil, elle débite, je n’en place pas une.. c’est dire, j’écoute, je rebondis un peu, et ça n’en fini pas, une heure parfois, je suis obligée de prétexter un rendez-vous pour quelle regagne sa sinistre cage HLM.

     

    Sandrine a trouvé une maison, enfin, elle est heureuse

    Les filles n’arrivent pas à lire, elle les change d’école et les inscrit à la même école que Rose

     

    Elle prétexte que  Célia n’aie pas retrouvé meilleure amie que Rose, elle se persuade que les meilleures écoles sont dans le centre ville

    Sandrine a perdu ses repères, elle a changé de quartier, une école bien différente.

    Elle les connaissait les femmes maghrebines de St Nic, elle était intégrée avec Saïd .

    Les parents bobos, seront ils accessibles pour elle ?

    J’en doute, les bobos sont capables de se mobiliser des soirs consécutifs pour soutenir une famille de Kurdes menacés d’expulsion, mais adresser un seul bonjour à une mère qui sent la clope et les frites, c’est une autre histoire .

    Elle veut s’en sortir, elle veut changer de vie, de monde, Sandrine

  • Les doublettes de Jean Pierre

    HOMMAGE AU BLOG DE JEAN PIERRE

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    Sous une idée de Cendra , à vous de commenter .

    Jean Pierre , un de mes fidèles lecteurs , étant pris de sinistrose et de morosité , je lui rend hommage , à ses doublettes ,à ses commentaires , et ses bons mots ..Courage Jean Pierre , le soleil arrive .

  • Le cimetière de Querqueville

    cimetière.jpg

    Un dimanche après midi, calés dans le fond de l’ami 8, mon père au volant, révéla notre destination

    «  nous allons à Querqueville « 

    Systématiquement, je vomissais, toujours, le simple fait d’entendre le mot, c’était fini, un désastre. Ma mère le savait, c’était irrémédiable.

    Arrivés à bon port, ma tante Edith nous accueillait, enfin.. elle était là

    Il y avait toujours un va et vient incessant, des copains, des marins, des pécheurs. Mes parents restaient assis, ils n’étaient pas à l’aise dans cet univers.

    J’aimais bien retrouver ma cousine Fanny, elle avait mon âge, dynamique, avec mon frère nous allions au cimetière, nous  visitions les tombes, explorions les statues, les anges..

    Ses deux frères Gary et Hubert, n’étaient pas souvent là. Ils allaient souvent en mer avec leur père , ils étaient livrés à eux même depuis longtemps , n’avaient aucune limites , aucunes contraintes , faisaient comme bon leur semblait , pas d’horaires , rien du tout .

    Edith, comme Martha n’a pas eu une vie facile, elle a épousé Jean Louis dans les années 60, lui il voulait épouser Martha, il lui redira mainte et maintes fois peu avant sa mort. »Je n’ai pas choisi la bonne ! « 

    Une vie faite d’embûches et de catastrophes, elle fût  renversée par une voiture, elle accepta   les blessures graves de son fils Hubert à son tour accidenté, sa maison fut ravagée par le feu, les affaires tournèrent  mal, endettement, saisie..

    Edith a  affronté tout ça avec froideur, énergie, elle ne pleure jamais Edith..

    Pour se ressourcer, elle allait  de temps en temps aux enterrements, elle aimait  bien, elle voyait du monde, retrouvait  des cousins, elle emmenait ma mère, buvait  un café au retour..

      Jean Louis était pêcheur, il parlait fort, riait très fort, le capitaine Haddock.Il partait en mer avec ses deux gars, elle restait tranquille Edith, pas inquiète du tout, elle cultivait ses tomates, vendait son homard, tricotait, brodait, faisait des bouquets.

    Edith, elle ne demande rien à personne, elle veut être tranquille, toute seule

    La trahison de Jean Louis l’a enragée, elle devenait aigrie, elle ne voulait pas partir, c’était  sa maison, elle resterait.

    Jean Louis est parti il y a quelques années, dans d’affreuses souffrances, rongé, par la maladie, par la vie.

    Edith a retrouvé la paix, elle ne se plaint pas, elle aime bien Fanny, elle ne voit pas trop Gary, ils ont été fâchés des années..

    Hubert a vieilli, 45 ans, c’est vieux, il n’a plus de famille, il ne peut plus pêcher, la coke, l’alcool le mettent en danger c’est fini, il essaye, tente …Edith ne peut plus rien.

      Edith est allée au cimetière aujourd’hui,  dire adieu à Hubert, tombé dans un coma éthylique fatal, elle a retrouvé  ses sœurs, son frère, ses enfants, au retour, ils boiront un café.

    Edith n’aura pas de larmes, elle ne pleure plus depuis des années, elle a forgé sa carapace, fatalité de la vie, elle retourne à ses tomates, ses chats, ses broderies

    Elle vivra longtemps, très vieille Edith. ;depuis toujours, à sa façon, elle a dompté la mort.

     

    La dernière fois que j'ai vu Hubert , c'était à la télévision , lors des conflits des pécheurs à Cherbourg , il menait son combat .Puis la faillite et les conflits de couple de famille l'ont emmuré avec sa copine de route , la bouteille , celle qu'il déroba la dernière fois que je suis allée chez mes grands parents

    On le savait condamné , malade , hors service , sa mort a réveillé plein de choses enfouies ,un héritage que je ne renierai jamais , ma famille est telle qu'elle est , les sentiments ne sont jamais défunts  .

  • Le dentiste plaintif

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    J’étais arrivée depuis quelques semaines dans notre ville, me voilà prise d’une horrible rage de dents

    J’appelle les  dentistes nommés dans l’annuaire, et à la question «  êtes vous déjà patiente de monsieur.. ? » je m’entendais dire «  non-madame, on  prend plus de nouveaux  patients « 

    Une femme décroche  et me dit «  venez tout de suite, on ne laisse pas souffrir les gens « 

    Soulagée, je m’y rends, je la remercie de tout cœur, et le dentiste me soigne sans douleur.

    J’y retourne plusieurs fois, je sympathise avec l’assistante dont la fille souhaitait  devenir  éducatrice  de jeunes enfants.je la prend comme baby sitter, une fille adorable.

     

    Je suis restée fidèle à ce dentiste, c’est un brave homme, un bon bougre, gentil, souriant  mais il m’énerve !

          -d’abord il prend plein de rendez-vous, donc je poirote une heure dans la salle d’attente

     -il se plaint sans arrêt.

    Il a ses raisons, il n’a pas une vie facile, il ne peut pas  aller à St Malo toutes les semaines, à cause du temps et  profiter de son bateau.

    Ses dernières vacances, il est rentré épuisé, deux semaines dans une villa chez des amis à Ibiza, puis un passage sur la côté d’Azur «  c’est trop » m’a t’il dit, « je suis crevé ! » à son retour en septembre .

      Installée sur le siège, je lui demande s’il prenait ses vacances en août« Oui, deux semaines en juillet et en août, j’en ai besoin. Je ne vous ai pas raconté, je me suis cassé l’épaule, bêtement au ski, oh je n’ai pas voulu vous le dire la dernière fois, je n’en peux plus « 

    Sous le son de Radio Classique, bercée par le bruit des machines, il raconte, en détails les démarches, les soins, qu’il a consulté les plus grands spécialistes, oui il connaît le milieu, il a ses entrées, 10 ans de rugby (4 fois ), c’est bête, bla, bla, il a pris du poids …bla bla..

    Je décroche, je suis hors service , je n’écoute plus, ça ne m’intéresse pas, j’ai d’autres préoccupations, je hoche la tête, je crache dans le petit lavabo, il continue," ils veulent m'opérer, je sais pas trop..."  bouche grande ouverte, je suis ailleurs.

    Voilà, c’est fini, il clos le monologue en rappelant que ses enfants faisaient une brillante carrière d’ingénieur.

    Je reprends un autre RDV, en juillet, je reste fidèle, il ne fait jamais mal, c’est quand même essentiel, mais je me demande dans quel monde il vit ?

    Pas le mien, pas celui non plus de la France  d’en bas..

    Il m’a dit que sa retraite sera dure, il devra  travailler longtemps, et puis il n'a même pas le temps de manifester, contre les retraites, le pouvoir d’achat, bla bla bla.

       C’est tout pour aujourd’hui …j’ouvre la porte de l’ascenseur, il a fait un détartrage ,c’est agréable .

  • Morphologie disgracieuse

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    Il faut avouer  que le  résultat est plutôt concluant :

    depuis quelques années, je combats d’arrache pied le vieillissement, et ça marche, mes rides s’estompent, une vraie peau de bébé, il paraît que je rajeunis.

      Demeure un problème cependant auquel je ne pourrai jamais remédier : je suis mal foutue.Je ne suis pas totalement bancale, difforme, de travers, mais je n’ai pas de taille ou très peu.Entre le bas de ma poitrine et ma taille, il y a..15 cm, approximativemant, je n’ai  pas mesuré.C’est héréditaire, je n’y peux rien, il me manque un  bout de corps.

    Ma mère est pareille, ses sœurs aussi, le plus jeune en plus est petite alors, ça n’arrange rien ; dès l’âge de douze ans, nous avions la fierté de la dépasser.

    Ah oui parce qu’heureusement j’ai des grandes jambes, enfin..

    Lorsque  je suis au volant, on ne me voit pas, pas de conducteur, une voiture fantôme.

    Les jupes ne me vont pas, inutile d’insister,  je dois m’adapter à cette morphologie, les tailles basses sont à bannir, les ceintures sont  grotesques.

    Avec le recul, je me dis qu’il aurait fallu poser des anneaux autour de ma taille vers l’âge de 10 ans, comme les femmes girafes, j’aurais eu le corps de Nicole Kidman.

    On aurait pu aussi  me poser un corset qui aurait été resserré un petit peu chaque jour, j’aurais fini par l’élection de Miss  Bricquebec .

    Enfant, j’avais déjà un appareil dentaire, l’horreur, une torture, alors envisager également une extension du corps, aurait  était coûteux et pas remboursé par la Sécu.

     Certes je vous entends, « Jeanne, ta beauté est intérieure, il n’y a pas que ça qui compte, «  oui, oui mais quand même, cette malformation ne me met pas en valeur, je vous assure.

    Le maillot de bain deux pièces, je peux pas, le maillot de bain une pièce non plus, je déteste la piscine, alors au fond, je vis bien ;

    Heureusement je trouve des vêtements adaptés, des tuniques, des hauts sympathiques que j’associe à mes bijoux

    Enfin pas tous, les colliers, je ne peux pas ; parce qu’en plus, je n’ai pas de cou …

      Il aurait fallu poser des anneaux, comme les femmes girafes. 

  • Myriam

    La première fois que j’ai vu Myriam, c’était le jour de ma communion, en 1977, elle était en compagnie d’un de mes cousins, son petit ami de l’époque.

    Myriam avait deux frères, le plus jeune, joueur de foot à Rauville, pas très grand, il provoqua l’admiration de ma sœur, qui brutalement passa son dimanche sur les terrains.

    De semaines en semaines, les deux tourtereaux se rapprochèrent, et ce fut le début d’une belle histoire.

    Myriam devint la maman d’une petite Melina, et commença une nouvelle vie avec Baptiste.

    Ma sœur s’est mariée en 1984, l’année de mon Bac, je revis Myriam à cette occasion et à d’autres rencontres familiales.

    Des vies banales, bercées par l’arrivée des enfants, un petit garçon pour Myriam et Baptiste, puis une autre petite fille.

    Le temps passe, mes trois neveux ont envahi la maison construite à côté de mes parents, ils sont devenus adultes, l’un d'eux est un brillant journaliste, le deuxième, mon filleul est salarié, il gagne sa vie comme intérimaire sur des chantiers  ça lui plait. Le petit dernier passe son Bac de Français.

    Ils se voient souvent, ils sont proches, se réunissent chez leur grand-mère, le dimanche, à Noël.

    Myriam a son tour est devenue grand-mère, une très jeune mamie, elle savoure ce passage là, elle n’est pas vieille.Melina est devnue mère .

      Le cœur de Baptiste pèse une tonne depuis trois jours, les yeux de Myriam sont brûlés par les larmes, les insomnies, la douleur.

    Tenir bon, s’accrocher, pour qui, pour quoi ?

    La vie s’en est allée pour leur fils, leur seul fils, qui se réjouissait de leur présenter à son tour son amie.

    Tout bascule, tout s’écroule, Renaud, mon neveu  viens d’avoir 20 ans, il perd son cousin.

     « Putain de moto « 

      La douleur de mes proches me touche, je suis envahie par un sentiment de révolte, je ne peux accepter l’inacceptable.

    Les larmes aux yeux, je regardais Mark faisant un morceau au piano à queue, mon fils..

      Mes pensées vont auprès d’eux aujourd’hui, qu’ils trouvent tendresse et réconfort auprès des leurs..

     

     

     

      A Maxime

    A ses parents, ses sœurs, à Marie

    A Flo , Gab, à mes trois neveux.

  • La nympho

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    La première fois que je l’ai vue, c’était sur un bateau promenade sur la Mayenne... Elle portait un tailleur coloré, elle était très maquillée, des bijoux clinquants, elle parlait très fort, à qui voulait bien l’écouter. Je l’ai revue quelques années plus tard à l’Hôtel de Ville.J’accompagnais Ellen au conseil Municipal des enfants ; elle parlait fort, interpellait quelques élus très mal à l’aise.

    Elle porte tout l’hiver un manteau de fourrure, des clips aux oreilles dorées. Un jour Léa m’a dit que c’était sa voisine, qu’on l’appelait la nympho.

      Je l’aperçois souvent  à pied ou dans le bus, elle cherche toujours quelqu’un à qui parler.

    Elle semble connaître plein de monde et elle est toujours seule.

    Elle fait partie du décor des personnages de notre ville, comme le faux moine …

    Des gens de la rue, ceux qui ne passent pas inaperçus, ceux qui un jour disparaîtront sans laisser de trace 

     

     

     

  • Léo

    Recroquevillé dans le fond d’un car, un homme d’une vingtaine d’années ne dit pas un mot.

    Je pars faire une colo à Sallanches en Haute Savoie, pour trois semaines .Je connais à peine les animateurs, juste le temps d’une WE.

    Le directeur est un inconditionnel de jeux de rôles, donjons et dragons, il vit dans ses délires, je fais abstraction.

    Le visage de l’homme est familier, je pense l’avoir déjà vu, j’ignore  dans quelles circonstances. A l’arrivée, nous échangeons des banalités, il est plutôt distant, n’a pas envie de lier.

    Les animateurs sont tous en couples au bout de 4 jours, génial ….

    Après le cinquième repas, je me retrouve seule avec Léo, nous faisons connaissance un peu plus, il a fait une colo avec mon frère, j’ai fait un centré aéré avec un de ces frères.

    Nous étions dans le même collège, au même lycée, sans se connaître.

    Au bout de quelques jours, nous devenons complices, nous avons un humour très proche, corrosif, une vision commune d’animer le centre, une pédagogie bien ficelée.

    Nous devenons inséparables, nous partons trois jours camper dans un petit village, resserrons encore plus nos liens .Au bout de 10 jours l’équipe d’animation perd le rythme, nous portons le groupe, enfants et animateurs.Nous adorions chanter ,ce que nous faisions sans réserve ,en group et en duo .

    Fin juillet, nous nous quittons comme deux vieux amis, sans adresse, sans regrets.

    Je recroise Léo un jour dans un train, il est avec Julia son amie, nous décidons de repartir en centre de vacances, l’été suivant.

    J’étais étudiante à cette époque, je terminais en juin, j’enchaînais avec deux colos avant de reprendre en Septembre.Nous nous sommes retrouvés un deuxième été, à nouveau inséparables, d’une grande complicité, une amitié unique, on parlait seuls tous les soirs, deux heures au moins, il me racontait toute sa vie, je lui partageais la mienne. Je n’avais jamais connu une telle relation, lui était très amoureux de Julia, il galérait un peu, buvait beaucoup.

    Je me suis installée dans mon premier appartement et aux vacances scolaires, j’allais voir Léo.Nous passions deux jours, tous les deux, souvent Julia avec qui il vivait été partie ou travaillait.

    Ils se sont mariés, ils ont eu deux enfants, des jumeaux.nous étions toujours très proches, je les intégrais à mes nouveaux amis, nous étions  toujours complices, Léo fut témoin à notre mariage.

    Julia le quitta quelques années plus tard, ce fut pour lui le plus grand drame, il ne parvint pas à supporter cet échec, il resta à Rennes.

    Nous avons accueilli Léo jour et nuit, craignant le pire pour lui, médicaments, alcool, hospitalisations .Nous avons prêté une voiture, il eu un accident sans gravité.

    Les choses avaient changé, j’étais sa bouée, son canot de sauvetage, il s’accrochait moi comme à un roc, je ne savais plus trouver ma place, il devenait exclusif, exigeant une amitié qui n’étais plus la même.

    Un soir, chez lui, sous l’effet de l’alcool, il eu une réaction excessive, j’étais déboussolée, j’ai du faire un choix, douloureux, je devais couper tout lien avec mon ami, préserver, protéger …

    Je n’ai plus de nouvelles de Léo depuis 9 ans, il ignore l’existence de Rose, je ne sais pas où il en est. Je pourrais peut être lui envoyer une lettre,, pourquoi, dans quel but ?

    Nous ne retrouverons jamais notre histoire, j’en garde de bons souvenirs, mais je ressens toujours une énorme ammertume de l’avoir quitté dans de telles circonstances.

    Chacun ses parcours, je n’aime pas les ruptures, pas celles là, il n’a pas non plus cherché à me retrouver, c’est peut être mieux comme ça.                                                                                                                                                                                                      
  • deux étoiles à la statuette

    1152183926.jpgQuand on s’appelle Belluchi, Mastroanni, Adjani …des telles sonorités pourraient faire croire à une carrière internationale, une vie de star récompensée par les plus grands titres du 7 art

    Si vous portez un nom comme Binoche ou Cotillard, c’est raté, changez vite, trouvez un pseudo plus glamour, plus chantant, plus méditerranéen et vous décrocherez des rôles à la hauteur de votre talent

    Juliette et Marion ont gardé ce nom bien frenchie, elles ont travaillé dur pour incarner des personnages, ont accepté que leur visage soit métamorphosé ( allez revoir, les « Amants du pont neuf «  de Léos Carax et appréciez la performance de Juliette Binoche

      Nos deux actrices françaises ont reçu le fameux Oscar, elles sont éblouissantes, authentiques, et malgré les critiques assassines des bien pensants qui savent nous dirent quel est le bon cinéma, ceux qui adulent les actrices aux cheveux gras qui font la gueule aux interviews (quand elles daignent en faire), ceux qui reconnaissent dans les films d’auteurs le vrai cinéma, à ceux là  je  dis, Marion et Juliette méritent la récompense suprême, elles ont ému des milliers de spectateurs, elles incarnent la grâce, l’élégance, la fraîcheur.. 

    Quel réalisateur sera maintenant apte à leur proposer des rôles à la hauteur de leur talent ?

    J’ai découvert Marion Cotillard dans les « Jolies choses «  magnifique

    J’ai adoré Juliette Binoche, dans « Bleu « , dans « Fatale «  dans «  l’insoutenable légèreté de l’être «  ou elle jouait aux côtés de Daniel Day  Lewis, je vous le rappelle.(père du fils d’Isabelle Adjani)

      Bravo Marion ,bravo Juliette ,nos deux étoiles à la statuette ...
  • Betty

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    3 ans …

    Je me souviens du coup de téléphone de Lorenzo, de ce que je faisais à ce moment précis

    Je me souviens des heures qui suivirent, je ne trouvais pas la force de pleurer

    Je me souviens des jours qui suivirent, je ne trouvais  pas la force de ne plus pleurer

    Je me souviens de notre dernière visite

    Je me souviens de Charles, ton fils qui avait fléché le parcours « maman est morte « 

    Je me souviens des bras de ton père.

    Je me souviens des mots de réconfort

    Je me souviens de la douceur de ton foulard qui me reliait à toi

    Je me souviens de ton dernier adieu

    Je me souviens du froid qui envahissait mon corps dans l’église devant ton cercueil

    Je me souviens du sublime « Dirait t on « 

    Je me souviens de la flûte de ta fille

    Je me souviens de l’isolement de son grand frère

    Je me souviens de ce 26 février..

    Je me souviens de ton immense sourire ……

    Tu me manques …ma Betty …

     

     

     

     

    A Lorenzo et à leurs enfants …

  • Martha (2)

     

     

    Les années passent, elle coiffe Ste Catherine, bientôt trente  ans, elle veut des enfants

    De retour d’Algérie, elle croise un ami de son cousin. Ils sont un peu fous, les voitures, les sorties …ils se croisent en juillet, et s’unissent en octobre..

    Trois enfants en deux ans, sa vie, toujours rude, pas de confort, les travaux de la petite exploitation, l’humidité.

    Elle n’a jamais pu conduire, à essayer 5 fois, en vain, elle se persuade qu’elle n’en est capable, on lui a toujours dit.

    Elle s’exécute, travaille, s’occupe de ses petits, ses bébés, sa fierté, sa vie …elle nourrit les poules, les lapins, elle astique en écoutant Ménie Grégoire, elle combat, la maladie, elle écoute. La libération de la femme lui passe un peu au-dessus de la tête..

    Sa mère vient la voir tous les jours, elle adore ses petits enfants e, elle cherche à rattraper le temps, cette distance, cette froideur..

    Elle partira en 1977,brusquement sans préparer ses proches, laissant le père de Martha dans le plus grand chagrin, il ne surmontera jamais sa solitude..

    Martha s’occupe de son père, se fâche avec sa sœur, elle s’accroche à son bien, se bat contre la maladie, elle traverse des moments de déprime, exprime comme elle peut sa souffrance..

    Son grand bonheur arrive en 1986, il se prénomme Gabin, un beau bébé de 3kg 5.

    Marcha commence une nouvelle vie, la retraite, la voilà grand-mère, elle est heureuse, elle le pouponne, puis c’est le tour de Victor, un autre bébé choyé, admiré..

    Un troisième garçon, Renaud, elle est encore heureuse, elle pense à sa petite fille, elle la rêve. Elle  lui offrira ce bonheur, …elle la  voit grandir …ouvre grand son cœur à son petit frère  et son dernier petit trésor, sa petite puce...

    Elle vivra encore, sereine des passages difficiles, toujours souriante, remplie de cette vie rude et belle à la fois.

    Martha est née avant la guerre, elle a vécu mai 68 dans un isolement certain, elle a vu les années Giscard avec la révolution ménagère, un certain confort, elle a survolé les années Mitterrand avec de gros changements, le départ de ses enfants, sereine et pensive, elle n’écrit plus depuis longtemps, ne lit plus non plus, se persuade qu’elle est bonne à rien, qu’elle ne saurait même pas faire une programmation sur un magnétoscope

    La chose qu’elle sait faire, admirablement bien, c’est aimer les siens, inonder de confiance et de tendresse ceux qu’elle a engendrés …

    Martha a aujourd’hui 74 ans, bon anniversaire Maman …

  • Mon ami Anatole

    Ce dimanche là ,Anatole est venu nous rendre visite, je pressentais qu’il allait venir, je l’avais dit à Jérôme.Nous avons fait un petit tour du jardin regardé les arbustes, son bambou qui a poussé près du bassin. Il aime beaucoup les jardins, les plantes aromatiques…les animaux.

    Il me propose des pigeons, pourquoi pas, il y a de la place, on ira les chercher au printemps.

    Je connais Anatole depuis 1982, c’est loin déjà, nous nous voyons deux ou trois fois dans l’année.

    Autour d’un café nous causons, il me demande des nouvelles de mon frère, me dit qu’il l’a aperçu à Rennes il n’y a pas longtemps. Je lui demande aussi des nouvelles de son frère, il me dit qu’il n’aime pas le mois de janvier, il a le stress de perdre sa troisième étoile au Michelin. Le frère d’Anatole est un grand restaurateur parisien, sa compagne est journaliste, je le vois très souvent à la télévision où elle présente un journal quotidien.

    J’ai toujours du mal à imaginer que cette femme, que je ne connais pas, côtoie comme moi Anatole, participe aux fêtes de familles, au réveillon, va chez Anatole, dans son presbytère..

    Deux mondes qui se trouvent réunis par le hasard de la vie. deux mondes très, très différents, Paris, le luxe, les grandes tables, et la province, le sud Manche avec ses petites communes rurales, le bord de mer, le Mont St Michel

    Nous restons deux heures à papoter à bâtons rompus, c’est agréable, j’aime toujours ces petits temps d’échanges improvisés, Anatole fait partie de mes fidèles amis, il reste et restera attaché à ma famille sans doute jusqu’au bout..

    En regardant les infos du soir, une belle femme est face à moi, derrière l’écran, je pense à Anatole et me dis que peut être un jour je la croiserai à mon tour …