Cherchant la fraicheur en cette fin d’après midi, nous nous sommes réfugiées sous les pyramides
J’aime cet endroit, les foules qui déambulent, venant de partout, les bruits, les escalators, les pierres …
Je vois que Jean Baptiste a essayé de me joindre, je le rappelle, nous convenons vite fait d’un rendez vous, il fait les soldes dans le quartier du Chatelet, belle coïncidence.
J’encourage Ellen et Julia à trouver encore un peu d’énergie pour longer la Seine et se rapprocher du théâtre
Il fait chaud, le macadam est brulant, je m’asperge comme je peux
Sur la place, les filles s’écroulent, elles ont piétiné à Orsay plus de deux heures
Après quelques minutes d’attente, nous nous retrouvons enfin
Heureusement qu’on a nos portables, la foule s’affaire sur les trottoirs, elle nous emporte vers un fast Food, Jean Baptiste décide de manger avec nous, ravi de cette fin d’après midi improvisée
Nous parlons au calme, c’est bien, des nouvelles de lui, des autres, de nous
J’aime son sourire, nous parlons de notre filleule
Il est temps de se séparer, il rentrera en vélib
La foule fait déjà la queue devant les portes du théâtre, calme et disciplinée
Nous pénétrons dans le hall, l’endroit me rappelle le théâtre de Cherbourg, nous prenons place au deuxième balcon, le décor est planté, sobre, les lumières s’éteignent, le chef d’orchestre lance les premières notes, l’endroit est rêvé
Les cuivres sont fracassants, la première scène se déroule au bagne, Jean Valjean est libéré par Javert
Je ne peux raconter le spectacle, mise à part les mises en scène efficaces, la musique poignante, les décors si vite installés, j’ai brutalement ressenti les frissons m’envahir, les voix, LES VOIX, les chœurs, les larmes monter petit à petit, incroyablement emportée dans une innommable émotion
Parce que l’on peut avoir vu et revu des extraits , entendu les titres qui tournent depuis 30 ans , mais que je me suis retrouvée face à ces voix là , les ténors absolument talentueux , Eponine avec son cri , Fantine émouvante , et Gavroche , pathétique , rien , non rien ne pouvait m’emporter autant
A la fin du deuxième acte, je pleurais à gros sanglots,
pas seulement les yeux rougis
Comme une finale sportive donne de l’émotion aux supporters, comme on pourrait s’émouvoir devant un Rembrandt, comme un randonneur atteint le sommet est en extase , comme un voyageur est ému d'un coucher de soleil en Tanzanie...
J’ai compris à ce moment là que les voix, les chœurs, m’emportaient dans des lointaines contrées, comme je l’avais déjà vécu en écoutant des centaines de fois « ruht Wohl « de la Passion selon St Jean de Bach
Je ne voudrais pas chercher à convaincre quiconque de m’accompagner dans mes chemins là, mais juste partager l’intense émotion ressentie de ce soir
Chacun son « trip », je resterai junkie des solos et des voix fusionnelles
Les Mis, je les chantéS en chœur, j’ai vibré sur le final, l’air de « à la volonté du peuple «
Je voudrais vivre de ça encore longtemps, c’est mon carburant, ce que qui m’aide à accepter les virages douloureux de la vie
Dans le métro qui nous ramenait chez Gordon, Ellen et Julia bouleversées commentaient sans réserve, elles avaient vécu sans doute l’une et l’autre un instant rare, elle n’avait pas honte non plus de leurs larmes
On ne raconte pas un spectacle, on le vit, je garde celui ci comme un cadeau vocal, impalpable et au fond mon histoire, de ma mémoire, je referme la case bonheur
Jusqu’à la prochaine occasion ….