Au début, lors de la création d’un blog, on a le souci de l’alimenter, trouver un fil conducteur, des idées de billets, une certaine cohérence qui va se mettre en place au fil du temps
Les idées surgissent sans prévenir
Tout est bon à raconter, petites anecdotes d’hier, tranches de vie, tracas du quotidien, passions chantantes, traboules en tout genres
Evidement il est bon d’y mettre un peu de sel, de poivre, les épices nécessaires pour que la narration ne soie pas du seul racontage de vie, faire en quelque sorte sa propre recette, conscients que nous sommes aussi influencés par nos lectures, éviter le style parlé qui peut nuire à l’écriture
Raconter, inviter le lecteur à rebondir, à parler de lui, trouver une chute
Les convives viennent se rassasier, quasi inconnus au départ, arrivant par hasard
On apprend à se connaitre, on se lit ailleurs, on se lie au gré de nos envies
Et il y a des sujets « vendeurs », faciles, futiles, C’est ainsi, un petit jeu dangereux dans lequel on peut s’engouffrer, sans même sans rendre compte
Et d’autres plus personnels, plus fragiles
Il m’arrive parfois de penser à la réaction de mes lecteurs, j’ai peur de blesser, de faire surgir des souffrances, de les exposer à cela
Comme si on poussait de force un diabétique dans une pâtisserie
J’hésite à publier, de peur de froisser, puis j’assume, parce que c’est aussi mon espace, je censure rarement
Maintenir le cap, ne pas chercher la popularité, accepter les silences, s’excuser de ces défaillances
Et les fameux « j’aime, j’aime pas «
Oser dire qu’on n’est pas emballé, sans pour autant attaquer gratuitement pour blesser
Je n’aime pas la bière, mais il ne me viendra pas à l’idée de bannir les fabriquant, et ceux qui se régalent avec cette boisson mousseuse
Ici, comme dans la vie, j’appréhende la routine, peur que mes billets lassent, de radoter déjà
Publier quotidiemment, pourquoi ?
Parce que j’aime ça , l’écriture , les réactions , cela m’aide à mieux vivre les moments plus ternes , les mails professionnels qui me gavent , les taches quotidiennes , repas , lessives , rangement ..
C’est aussi un exercice qui me mènera un jour je l’espère sous une autre forme d’écriture
Quand je suis ailleurs, je ne pense pas à ce blog, ou très peu, il ne manque pas, vous par contre, me manquez un peu
Un blog, c’est une autre maison, il faut souvent l’aérer, refaire de temps à autre la déco, et surtout étonner, surprendre, sans choquer
Au fil des ans , la maison devient plus solide , je ne me pose pas la question de déménager , ni même du jour où je fermerai les volets , j’ai juste peur que ça sente le renfermé , que la poussière du temps s’y installe , et que les visiteurs se détournent pour pousser d’autres portes , sans avoir pris le temps de dire « au revoir «
Pierre Bonnard "La femme au chat"