Comme bon nombre d’enfants, durant de longues années, je ne m’intégrais pas dans les groupes
Je n’étais pas un souffre douleur, j’étais transparente, inintéressante
Quand dans une équipe il fallait choisir, j’étais toujours la dernière, par défaut, il fallait bien caser la Jeanne
Mélancolie nous partage cette souffrance qu’elle garde encore, et par son billet j’essaye de comprendre dans mon parcours, comment les choses ont changé
La période charnière fut celle du lycée, un vrai redémarrage de vie, plus de connaissances, aucune, ou presque, j’allais devoir à moi seule m’adapter à ce monde que l’on me disait hostile
La classe de seconde fut un peu banale, je faisais ma place, discrète, pas encore intégrée avec en prime un voyage de fin d’année en Allemagne, auquel bien sur je ne participais pas, faute de moyens, de place
Rien de plus terrible quand une classe se soude, sans vous, revient avec ses complicités, ses private joke et ses anecdotes
Mais je ne devais pas leur en vouloir, ils n’y étaient pour rien, pleurnicher dans un coin ne changerait pas les choses, j’ai écouté leurs récits, et j’ai commencé à faire le pitre
Et c’est ainsi que la pauvre Jeanne qui n’avait pas grand allure commençait à prendre une place dans cette bande, elle était marrante, et avait une capacité réelle à écouter, parler aussi, de sa vie parallèle qui intriguait
Puis j’ai fait les stages BAFA , c’était encore un autre monde , toujours la mêmes règle , prendre la temps , observer , se lier en douceur , , prendre ma place au bon moment , ni trop vite , ni trop tard
Louis et moi avions des activités communes, et il faut admettre que c’était un bout entrain hors pair
Il faisait rire des tas de gens , sortait des trucs d’une rare finesse , se liait aussi , notre complicité intriguait vraiment , et petit à petit , nous étions conviés à des fêtes , l’avenir était souriant , les années 80 pleines de promesses , charitables , au vrai sens du terme
J’ai continué , durant mes études , mes stages à appliquer cette méthode d’intégration , j’avais confiance en moi , je savais que ça marchait , j’étais bien entourée , aimée , aimante aussi , je donnais du temps , de l’amitié , malgré les doutes et les trahisons
Je finissais même à intégrer un costume de « vedette », celle qui anime, qu’on invitera forcement parce que j’avais toujours des trucs à raconter, qui faisaient rire, étonnaient, dans cette vie pourtant si banale
Est-ce une part d’inné, une force de caractère, la patience, la certitude aussi que partout où je me trouve les choses sont positives, dans mon parcours professionnel, j’ai entendu des remarques étonnantes
Est-ce de l’orgueil de faire ce constat là, cette sorte de réussite, non pas sociale dans le sens du gain, mais socialisée de par cet enrichissement humain
Et pourquoi Louis n’a-t-il pas gardé ça, pourquoi se sent-il autant mal aimé, traqué, menacé
Ça reste un mystère ?
La maladie ? Je n’y crois qu’à moitié.Je penche plus pour un événement traumatique réactivé, mais je ne suis pas psy …
Les groupes restent un ensemble d’individus , c’est peut être ça l’une des clés d’intégration , ne pas chercher l’approbation d’un groupe , mais celle de chaque être qui le constitue , regarder , comprendre , apprivoiser , doucement , et garder cette certitude que la terre est peuplée de gens foncièrement bons , quoiqu’il advienne , se faire confiance , je sais , c’est facile à dire
Mais mince, la blogosphère est bien la preuve que les choses fonctionnent comme ça, des milliers d’individus dans une fourmilière
Il faut croire à ça
Pour de bon …