« Maman, c’est vrai qu’il n’y avait pas de WII quand tu étais petite ?
Oui, bien sur …
Mais tu jouais à quoi ?
A saute mouton ? »
Ah non, je n’ai jamais supporté de jouer à ce jeu de sportif de grand niveau »
Il me fallait prendre mon élan, et arrivée devant le pauvre gamin-mouton à moitié tordu, je stoppais net
Et quand un autre s’approchait de moi, j’avais tout simplement peur qu’il m’écrase ou qu’il m’arrache la tête
« Maman, tu écrivais à l’encre, avec des encriers ? »
Oui, en primaire, j’adorais ça, le buvard tout neuf, les majuscules si élégamment dessinées, comme j’aimais l’encre ….
Ma Rose imagine sa mère, dans les années 60 un peu comme dans les livres
Il faut dire qu’elle étudie à l’école les Contes du chat perché, elle adore les aventures de Delphine et Marinette
Elle me représente sans doute avec des grandes chaussettes et des sabots en train de parler aux poules et aux chats
Les sabots suédois des seventies, j’en ai rêvé mais j’en ai jamais eu, encore un bel apprentissage à la frustration, je me demande si c’était si confortable mais porté avec u sous pull et un pull tube, c’était vraiment la tendance du moment
Parler aux animaux, j’ai fait, je fais encore
Parfois Ellen ironise
« Franchement, maman, tu crois que la louloutte va te répondre «
Ma mère parle aux bêtes, Louis aussi, et moi aussi, c’est comme ça, plus fort que nous
J’aperçois un chat dans le jardin, le mien ou un inconnu, je l’interpelle
Difficile quand on est enfant d’imaginer ses parents enfants eux aussi, quand les lieux sont restés les mêmes, c’est certainement plus aisé, mais quand il reste peu de traces, c’est l’imagination qui fait son travail, aidé par quelques photos jaunies et des récits attrapés de ça et là
Mes enfants vivent l’instant présent, beaucoup plus préoccupés par leur avenir proche que par leur propre histoire, la mienne
On en parle de temps à autre, mais je ne veux pas les abreuver avec des « de mon temps «
J’aime parler avec mon ange …ses phrases naïves et spontanées sont un enchantement pour mes oreilles
Bon , parfois elle braille , et je ne parle pas l’âne …