Ma mère me parlait souvent de ses galoches, je pouvais les voir sur une photo de classe, des chaussures montantes qui ne devaient pas être faciles à enfiler
Des galoches, rien que le nom …ça sonne pas doux comme ballerine ou escarpin
Taloche, moche, pioche, tout ce qui rime en » oche « n’est pas doux aux oreilles
Je n’ai jamais vu de galoches
Ce matin je m’arrête rapidement à la brocante à côté, tout est grand ouvert, je regarde les jardinières géantes, trop lourdes, j’aime bien pourtant, ça fera joli sur la terrasse
Des arrosoirs anciens aussi me tentent
Je vais voir les verres, on ne sait jamais, il me faudrait un quatrième verre à absinthe, j’’en ai trouvé trois la dernière fois
Je retrouve les mêmes verres que ceux de ma grand-mère
Rien d’autre à prendre
Je fouine dans les recoins de ce hangar où s’empilent des tas de choses, affiches, bibelots, meubles, livres … Y’a quelques petits choses des années 50 qui feraient fureur à Paris, faut que j’en parle à Gunther, il peut se faire un business
Le chat roux n’est pas là
Sur une étagère, je tombe sur une paire de galoches, des galoches d’enfant, abimées au bout, mais tellement … touchantes
J’imagine les gamins trainant leurs pieds dans la caillasse, les genoux écorchés, cheveux ébouriffés
Je décide de prendre les galoches, pour 5 euros, pas plus
Je cherche le patron, il livre des trucs pour un couple de marocains, ça cause business
Me voilà face à un renard, il tient dans sa gueule un oiseau et le fixe l’air effronté
Je sors mon zifon et hop, photo, avant qu’il rentre dans sa tanière !
Au prix voulu je garde les galoches, je les met sur le bord de la fenêtre en extérieur et pense à Bleck avec ses chaussures sur son mur
J’aime bien ces galoches, je vais les photographier
Pastelle se régalerai avec ce genre de sujet
Le soir venu, je les montre à Jérôme, il me dit
« Je n’aurais pas eu idée d’acheter ça «
Et lui réponds
« C’était ça ou un renard ! »
Et j’éclate de rire