Dans mes recherches professionnelles qui aident à mieux cerner la place qu’occupe l’enfant dans notre société , et surtout comprendre les nouveaux comportement éducatifs , j’ai besoin de faire des retours dans les années passées , et plus spécialement ce qui s’est vécu après guerre jusqu’aujourd’hui
J’aime observer, sans tirer de conclusions hâtives, les soins prodigués aux enfants et la prévention médicale
Y’a pas à dire quand même, le corps parle :
Je n’ai qu’à regarder ma Rose qui n’est jamais malade , pas un brin d’eczéma , même pas le nez qui coule une fois dans l’année , elle crache tout ce qu’elle pense , est même capable de traiter sa mère à haute voix de « traitresse « si elle estime que je n’ai pas tenu une promesse ..
Dans les années 80 ans, tous les nourrissons avaient droit à une radio de la hanche, et la moitié d’entre eux, devaient être plâtrés durant quelques semaines, jusqu’au bassin, facile pour changer les couches, parce que soit disant ils risquaient de marcher de travers, les bretons surtout
Il faudrait que l’on m’explique ce qui c’est passé depuis, car on n’a jamais revu ses coques qui devaient bien torturer les bébés tout neufs
De nos jours, la plupart d’entre eux sont allergiques à tout, au lait de vache (même si ils n’en ont jamais bu) aux chats, aux acariens, au gluten …
Je ne minimise pas ces faits réels mais me pose tout de même des questions face à ces refus, ces rejets, petits et grands, enfants et adultes, peut être aussi liés à des peurs de l’environnement, que l’on soigne à grand coups de granules ou autre corticoïdes
Dans les années 50 à 70, pour soigner les petits qui souffraient de rachitisme, d’eczéma ou d’asthme, il était conseillé de les envoyer quelques semaines au grand air, à la campagne, à la montagne ou au pied des volcans
Ils partaient en cure, parfois les mois d’été, souvent plus, pris en charge par des soignants, religieux, et enseignants
Fatima partait tous les ans, pour des périodes assez longues, ses sœurs, son frère, ne savaient pas où elle partait, elle était petite, il fallait bien l’aider à prendre quelques centimètres
Jusqu’au jour où la médecine trouva la cause de ce retard par une intervention chirurgicale, elle retrouva un confort de vie et une autonomie
Maggie m’avait aussi parlé de ses cures, elle m’avait même confié son chagrin du début de quitter ses sœurs et ses parents, et de son regret de partir après des semaines où de belles amitiés s’étaient faites, une vie de collectif qui lui allait bien
Dans son livre « l’enfant à l’endroit, à l’envers « Nicole Versailles / Coumarine , nous décrit avec précision ce jour où enfant, elle quitta ses parents pour aller vivre quelques mois dans une famille pour guérir au grand air de son asthme
La voiture donc s’éloigne inexorablement .Les mains des deux frères s’agitent à l’arrière, une petite fille court derrière cette voiture qui ne l’attend pas, qui se rend pas compte qu’on l’oublie, qu’on part sans elle … »
Pour ne pas devoir affronter la séparation, bon nombre de parents, partaient en douce, en catimini, sans dire au revoir, sans promettre de revenir, sans avoir pris soin de donner une date, un repère, un doudou, une explication
Combien de larmes versées dans les chambres de ces maisons de campagne, ces dortoirs de montagne au grand air
Quel sentiment d’abandon devait envahir le cœur de ses petits malades
Les parents faisaient ça pour leur bien
Ils revenaient quelques mois plus tard et il fallait à nouveau se réapprivoiser
Ma mère n’aurait jamais pu ses séparer de nous , même avec les recommandations des meilleurs médecins de la terre, j’en ai la certitude, elle n’aura jamais pu …
Et je n’aurais jamais pu non plus, apaiser mon immense chagrin de ne pas recevoir son baiser du soir, de sentir son odeur tout près de moi …
Et si moi-même, devenu mère, j’aurais du envoyer mes enfants en cure quelques mois, je serais peut être devenue folle
Ces séparations me touchent au plus au point, faisant remonter les peurs d’abandon, ces frayeurs d’enfance d’ avoir été contrainte de vivre loin des miens …