Nous sommes arrivés sur cette longue plage de sable fin sur le côté est, vers midi, avons posé nos affaires sur une sorte de digue et piqueniqué tranquillement loin des estivants
En face de moi, des centaines de cabines en toile colorées
Les fameux parasols de Deauville
Je les avais vus pliés l’an dernier lorsque nous étions venus avec la troupe chanter par ce beau dimanche de Juillet, dépliés, ils ont une autre allure
Tout le monde peut louer à la journée un peu d’ombre sous ses parasols, les planches en bois attirent encore beaucoup de monde, on y fredonne le chabadada de Francis Lai, on revoit quelques images de Trintignant, mais faut pas espérer y accéder en voiture, ce n’est pas autorisé
Une vraie faune dans cette ville luxueuse , des grosses voitures noires , des décapotables , des vieilles blondes à bijoux qui brillent , des enseignes dignes des plus grands capitales , de l’argent à foison , l’immense hôtel Normandy , le Royal Barrière , le smoking de travers , le casino, un empire . ..
On peut trouver ça indécent , le luxe ne m’a jamais attirée, je ne vais pas pour autant fuir les endroits ou l’argent s’étale , je n’ai aucune gène à déambuler rue de Rivoli , dans les faubourgs chics de Barcelone ou dans Regent street , je regarde sans convoitise , complètement détachée de ce monde lointain où je sais éperdument que je n’aurais jamais eu ma place même en épousant un vieux russe richissime
Pendant que Rose et son père se sont baignés, j’ai regardé autour de moi en séchant ma peau face au soleil
A gauche , deux familles indiennes , ou pakistanaises , les femmes toujours actives en sari , pas de bain de mer , pas de tenue légère , elles ont passé beaucoup de temps à s’occuper des enfants , pas question de s’allonger à rien faire ..
Devant moi , un apollon tatoué , un vrai , tablettes de chocolat , bronzage parfait , un énorme pansement sur le nez, sa blonde est assortie , , accident ou réparation ?
Ils prennent soin d’eux, pas de laisser aller, c’est le moins qu’on puisse dire
Plus près, un homme, seul, sur sa serviette, tapote son zifon, ira, ira pas se baigner ? Hésite, beaucoup de monde, personne pour surveiller ses affaires, c’est peut être risqué, il peut me demander, je suis une femme honnête, ça se voit
A ma droite, des chinois parlent fort, très fort, surtout l’homme pas jeune ni vieux, gueule dans son téléphone, la femme rhabille les gosses et ils partent laissant des trucs en plastique sur le sable.
Il y a des groupes de jeunes, des familles, du monde, plein de monde, mais la plage est tellement vaste que c’est acceptable
C’est cosmopolite, vraiment cet endroit, la planète et ses humains, étonnant …
Nous quittons le sable fin vers 16 heures, direction Cabourg
Je songe à » Grand écran « il faudrait qu’on le refasse là, ici, j’ai une forte intuition, on ne peut pas laisser ce spectacle dans les cartons, avec la robe noire et nos chèches, faudrait qu’on revienne ici …