Un photographe a réalisé lors d’un spectacle de nombreuses photos des chanteurs de ma troupe
Il a exposé et mis en vente de jolis portraits, très expressifs, une belle couleur, un tableau lumineux de ce que dégagent les visages à ces moments là
Et évidemment, je me suis cherchée, on est tout pareils, cherché ma bobine, et....rien, je n’apparais pas, au mieux un quart de mes lunettes et un flou en deuxième plan
Je peux imaginer que ce soit un pur hasard, que je n’aie pas un physique facile ; même sur le grand poster où tout la troupe apparaît, je suis cachée, une ombre, un fantôme ..
Je ne suis pas trop le genre à me rouler par terre pour ça en hurlant, j’en ris plutôt, sincèrement, et ne peux m’empêcher de revenir sur mon histoire, de fait, je suis souvent en arrière plan, dans l’ombre …
Lorsque j’ai commencé à travailler j’étais suppléante, remplaçante, je comblais les trous, m’adaptait aux demandes
Le premier poste d’EJE, j’avais plus de compétence que la directrice, infirmière, je la secondais, faisais un vrai travail de coordination, je n’en avais ni le titre, c’était ainsi, je ne pouvais pas aller à l’encontre des procédures administratives
Je n’ai jamais été titularisée, et aujourd‘hui encore me voilà vacataire, si une décision radicale est prise pour ne pas reconduire l’organisme de formation, je suis sur un siège éjectable
Je tisse en amont, dans l’ombre, j’oriente, j’arrondis les angles, je protège des personnes qui pourraient être ne mauvaise posture, je leur laisse leur chance, je fais un travail de coordination, je n’en ai pas le titre, ni la fonction, ni la rémunération
Je me plais aussi dans ce rôle, par souci de garder une certaine liberté, d’action, de pensée, je ne veux pas de titre, par lâcheté peut être aussi, de ne pas être montrée du doigt en cas de défaillance
En politique, j’ai œuvré dans l’ombre, en douce, en petit comité
Je n’aurais jamais voulu des titres, des honneurs, je me suis retirée le moment venu, à pas légers
J’aime le soleil mais pas la chaleur, en cas de fortes températures, je recherche l’ombre, j’étouffe
Je ne juge pas ceux qui par la force des choses se retrouvent aux premières loges, en avant, certains aiment cette position, d’autres la subissent, s’y adaptent
Dans plein de domaines, je fais, vis des choses dans l’ombre, parce que je privilégie parfois le collectif à l’individu, et par ailleurs la relation individuelle est primordiale .
J’aime le non palpable, ce qui ne se voit pas ; l’excès, le bling bling, le « trop « me dérange
Cela fait partie de mes tourments, cela me renvoie à des humiliations aussi, des sentiments d’injustice
Au milieu de ça, et au fil des années, je trouve ma place, ne doute plus de mes capacités, de mes aptitudes
J’aime cette place de second plan , mais pour rien au monde je ne pourrais être au rang du fond …