L’histoire a commencé, il y a un peu plus de vingt ans
Ce jour là, la famille était venue chez Eugénie admirer le bébé, la petite fille, ma filleule
Eliott raconta qu’il avait vu une exposition d’automates, qu’il était déçu
« T’as qu’à faire un automate ! « lui ont lancé Adrien et Jérôme
Eliott a des doigts en or, une incroyable capacité a exécuter des choses infiniment petites, l’horlogerie, les miniatures, il a un savoir-faire, une patience, une rigueur qui font de lui un génie
Il est discret, passionné, il œuvre dans son coin, sans démonstration, en douce,
C’est ce qu’il fit ce soir là, il prit un crayon, une feuille et coucha quelques croquis, un projet, une ébauche
Au fil des semaines les choses prirent forme, il se lança dans la réalisation d’une batterie, toutes les caisses furent réduites à l’échelle voulue, les cymbales parfaitement élaborées, les sons sortaient en douceur, et il réalisa un batteur, un automate qui agitait les baguettes, résonnant comme un vrai musicien
Nous étions admiratifs d’une telle réalisation, c’était fascinant
Mais Eliott trouvait que le mécanisme était trop simple, il n’y avait qu’un roulement, il envisageait de créer un autre automate, avec d’autres musiques
Et son choix se porta, dans un coup de folie, vers l’orgue de barbarie
Il fit ses plans, rassembla ses matériaux, et réduit à l’échelle tous les sifflets, il confectionna les cartes trouées, la manivelle, et l’homme
Un vieux monsieur distingué qui animait l’instrument
Nous étions encore subjugués par autant de précision, autant de savoir-faire
En douce, Eliott oeuvrait dans son atelier
Jusqu’au résultat final, une pièce unique, extraordinaire
Les mélodies virevoltaient avec douceur, il confectionna une charrette pour porter l’instrument, et le laissa dans sa demeure, dans un petit coin à peine visible
Le projet avait pris forme, Eliott se tourna vers d’autres réalisations
Il y a quelques mois, il décida de mettre son automate en vente, en accord avec Betty, son épouse
Il trouvera un acheteur, un homme passionné qui a ouvert un musée privé en Belgique
Et c'est vers cette belle province qu’a voyagé le musicien et l’orgue de barbarie
Il réside désormais là
Si vous passez par-là, prenez contact, et venez admirer ce fabuleux chef d’œuvre
Je tire mon chapeau à son créateur, mon compagnon de table et de torchon, mon beau-frère.