L’idée est née un jour de mai alors que je dinais avec Clotilde et Ellen chez mon ami Anatole
Participer au pèlerinage du mont St Michel, traverser les grèves à pied au mois de juillet
J’avais fait ça en 1983, je m’en souviens, nous avions bien ri, pas loin de 30 ans, renouveler l’expérience me tentait bien
J’ai attrapé Théodore au saut du lit à 6 h 30, pris Clotilde au passage ce matin là, direction Genets dans la sud de la Manche pour un départ à presque 8 heures
Sacs à dos , sandales , pas trop de cathos catho , pas mal de gens du coin , visages rouges et burinés comme Thierry Olive , quelques novices ou moniales , et l’évêque , en personne !
Je salue rapidement mon ami Anatole, et hop, avant de partir, on fait un selfie tous les trois
C’est là que, se pointe devant nous, un gars, la soixantaine, en short tissus imprimé, et, tee shirt des JMJ, j’adore ! Un sac qui pèse une tonne, se propose de nous zifonner, allez, on ne va pas refuser non plus
Il est un peu, comment dire, décalé, le gars, il essaye de faire la conversation autour de lui, je ne partirais pas en vacances avec lui, c’est certain
Après un Pater et un jevousalumarie, on enlève illico nos godasses et c’est parti pour une dizaine de kilomètres, dans l’herbe humide, accompagné de 13 guides, ça rigole pas, des pompiers, on est quand même plus de 1000
Nos pieds glissent dans la glaise grise, c’et assez bizarre, une vraie thalasso, il fait doux, le soleil pointe, un vent léger, le Mont en filigrane, on avance
Certains passages sont délicats , nos jambes s’enfoncent jusqu’au genoux dans la vase , on fait gaffe en faisant quelques photo , on est de fiers de nous et surtout , imaginez le ressenti dans la baie , cette immensité , pas un arbre , pas une mobylette , rien , c’est beau , c’est tout
Epreuve de l’eau, les guides sont toujours là pour aider en cas de problème, le courant est fort, c’est fatiguant mais ça dure pas, pause sur le sable sec, quelques madeleines et hop, on est bien, libres et heureux
Le photographe réapparait dans le décor, c’est marrant, on retombe toujours sur lui
Deux heures plus tard, nous voilà près du but, derniers dans le troupeau, des pompiers nous offrent les lances pour laver nos jambes boueuses, je retrouve Anatole, c’est bien de se revoir ici, je suis contente
Nous bravons la foule dans l’artère commerçante du Mont, marchand de même souvenirs depuis 50 ans, la mère Poulard et tout le tsoin tsoin, je connais, j’ai vu ça des dizaines de fois
Direction les jardins, pause déjeuner, les pèlerins sont à l’abbatiale, un peu de calme, sandwich, sieste sous le soleil, tout va bien
Vers 14 heures, on décide d’aller prendre un café en terrasse, on cogite des trucs chantants pour la rentrée, on n’a pas de répit, vous savez bien
On y restera deux heures, sous le soleil généreux mais pas brulant, l’archange au dessus de nous, avant de déambuler sur les remparts et trouver un petit endroit calme avec vue sur la baie, et là, par hasard, je retrouve encore Anatole, nous causons, photos ! C’est bien
Vers 18 h frappés, direction la route, près de la passerelle en travaux, je ne reconnais rien de ce que j’ai connu avant, nous montons dans une navette bus qui nous mène au P7, pas eu le force de refaire la traversée pour le retour
Là, devinez qui se pointe, l’hurluberlu du matin, habillé en clergyman, et moi curieuse comme pas deux, j’ai besoin de savoir qui est cet homme, il se lance alors dans un pantomime, me donne le nom de la petite ville où il est affecté, je vais savoir son nom, j’ai des indices
Tout près de nous, une maman pédagogique, bébé en écharpe qui profite pour faire une leçon de calcul à ses enfant, faut quand même en vouloir de faire la traversée avec des gamins, limite inconscient, bref.
Un pauvre toutou est confié à Marcel qui le ramènera à ses maitres, Clotilde a de la compassion pour lui, il est perdu de ne plus suivre ses maîtres
Anatole est arrivé, je lui demande en catimini le nom du zozo qui fait le pitre, et là, bingo ! Je me souviens, mais oui, bien sur, j’ai connu cet homme quand Louis était au séminaire, un type introverti, et bien, là, c’est une sacrée métamorphose
Nous restons un bon moment bloqués à la barrière du parking, ça commence à sentir mauvais dans le car, devant nous des amoureux qui ont du se rencontrer au JMJ ou à Lourdes, ils chantent des chants catho, je me sens loin, si loin de ce monde là, mais ce n’est pas grave.
Arrivés à Genets , nous retrouvons la voiture , il est plus de 20 heures , direction Laval , on quitte la baie , c’était bien , vraiment bien cette journée , faites le fois dans votre vie , l’arrivée sur le Mont st Michel par le sable , c’est divin , une fois , faites ça une fois
Avec un guide, surtout, jamais seuls