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  • Etrennes

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    Après Noël, nous attendions nos étrennes. Nous avions tous un parrain et une marraine qui avaient coutume de nous offrir quelque chose pour la nouvelle année

    Ma sœur Fiona allait voir mes grands-parents maternels, outre l’ambiance très austère qui regnait chez eux, en fin d’après midi, ma grand-mère lui offrait quelques francs et nous avions droit à un bonbon acidulé déposé dans une tasse transparente.

    Mon frère allait voir son parrain, ils habitaient avec ma tante une toute petite maison de deux pièces, un sapin était posé sur le réfrigérateur ; Mon oncle donnait un billet de cinquante francs à mon frère.

    Mes grands-parents maternels étaient aussi mon parrain et marraine, par tradition …

    Ils allaient toutes les semaines à Cherbourg  vendre des œufs, ma grand-mère adorait faire les magasins, traîner en ville. Un lundi, j’ai entendu la 2 chevaux s’arrêter chez nous.

    Elle m’offrait toujours des jouets, ce jour là, je devais avoir 9 ans, elle m’a tendu un gros paquet. A l’intérieur j’ai découvert une splendide poupée mécanique,une Sébino, qui berçait un poupon dans ses bras sur la berceuse de Brahms.Je l’ai contemplée des heures, je l’ai gardée intacte, elle fonctionne toujours. Plus tard ma grand-mère couturière lui confectionna une robe rose.

    En classe, j’avais rédigé un texte libre sur cette poupée et le maître d’école m’avait proposé de l’emmener pour la monter aux autres. Ce fut le plus souvenir de ma vie à l’école primaire, le reste je ne m’en souviens que très peu, saufs quelques situations traumatisantes que je tairai …

    J’ai laissé cette poupée chez mes parents.

    Ma grand-mère possédait une autre poupée, une normande habillée en noir. Elle était dans l’armoire de sa chambre, je n’avais pas le droit d’y toucher.

    Après sa mort, j’ai demandé à avoir cette poupée, je l’ai déposée dans la vitrine de mon sectaire, elle y est encore. Ces objets arriveront un jour dans ma maison, je le sais, le plus tard possible …

    J’ai gardé une véritable passion pour les poupées, je les regarde dans les magasins, en offre à mes filles, elles ne jouent pas avec, elles les gardent sur une étagère, de temps en temps Ellen les rapatrie pour quelques nuits dans son lit …je conserve tous leurs vêtements, leurs chaussures, un jour elles quitteront à leur tour notre maison, le pus tard possible …

     
  • Bientôt Noël

    Nous n’avions pas l’habitude de fêter Noël de manière excessive. Ma mère sortait une boite contenant quelques boules et trois guirlandes, mon père apportait un houx trouvé dans les champs et sous la table de la télévision nous installions une crèche faite de santons que nous avions gagné dans une station essence, la peinture était grossière, le vernis éclatant.

    La décoration prenait une quinzaine de minutes …Le soir nous mangions dans la salle à manger, je ne me rappelle plus quoi. Souvent il y avait des programmes de variétés à la télévision, les vedettes avaient des tenues qui brillaient comme les micros, je me souviens surtout de Thierry le Luron qui portait un costume trois pièces avec un gros nœud papillon.

    Le lendemain matin nous allions chercher nos cadeaux, je me souviens d’une dînette, en plastique, peu solide, je l’admirais, les couteaux ont cassé très vite, j’ai toujours gardé les morceaux, j’essayais de les recoller avec du ruban adhésif..

    Un matin, je me souviens avoir reçu un parapluie marron, j’étais très déçue, j’ai souvenir d’avoir pleuré longtemps dans mon lit …

    Plus tard nous allions fêter Noël chez mon oncle. Celui du pique nique de l’été.

    On retrouvait les mêmes, ils avaient une guirlande qui clignotait dans le sapin, je trouvais ça beau. Vers minuit on ouvrait les cadeaux, les cousines avaient des tas de paquets, nous n’en avions qu’un seul. Je me souviens très bien du jour où j’ai reçu une poupée Barbie, une vraie, elle était splendide, avec un vêtement rouge magnifique, je l’ai encore.

    J’offre beaucoup de cadeaux pour Noël aux enfants, ils aiment ouvrir plein de paquets, se souviennent longtemps de ce qu’ils ont reçu. J’entasse plein de choses toute l’année dans des boite et le jour J, j’enveloppe tout ça …La maison est scintillante, la cheminée clignote, les bottes sont posées sur son manteau, c’est un moment heureux pour nous …

    J’ai réalisé très tard qu’enfant j’attendais Noël avec impatience mais que ça restait un moment fait souvent de plein de frustations, de regrets aussi …

    Mes parents adorent quand nous allons chez eux pour le réveillon, ma mère ressort les mêmes boules, les mêmes guirlandes, ça fait rire Ellen. Les enfants ont toujours un paquet au pied du sapin, mes parents sont plus que généreux  lors de ces fêtes là …

  • Cross

    Ellen a fait un cross hier avec le collège, rien de tel pour la mettre de mauvaise humeur, elle déteste courir, n’aime pas la compétition…

    Je lui dis qu’elle ne peut pas être bonne dans tout, que pour certains la musique est une véritable torture, d’autres les rédactions ( de ce côté elle a des atouts) pour d’autre encore les arts plastiques. Elle sait tout ça et cela ne resout rien au fait que bien sûr elle se hurler dessus pendant les matches de hand, qu’elle est toujours la dernière choisie.

    J’ai toujours eu une sainte horreur du sport et de la gymnastique, je n’aime aucun sports, l’odeur des vestiaires ( sueur, caoutchouc, déodorants et j’en passe) me révulse, je m’en suis complexée pendant des années. Je vous épargne mes commentaires sur la piscine…

    Je me suis toujours sentie inférieure en sport, lourde, maladroite, limite handicapée. A cause de mon traitement, j’étais persuadée que je ne pouvais rien faire. Mon corps devenait un vrai boulet, j’acceptais ma tête mais le reste …les profs ne m’ont jamais encouragée quand je me vautrais désespérément sur les tapis de sol, quand je m’arrêtais devant la corde du saut en hauteur. Le pire c’était le cheval d’arsaut, il me semblait qu’il faisait dix mètres de haut..

    Jusqu’au jour où je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule. Avec mon amie Chloé n’ayant pas un attrait passionné pour les sports Co nous étions de côté, papotant pendant des heures en gloussant. Un jour, notre prof de sport lassé et découragé de devoir gérer de telles adolescentes (en même temps nous étions tellement gentilles qu’elle ne pouvait pas nous en vouloir ) nous posa la question suivante « oh mais qu’est ce que vous voulez faire ? » Nous avons répondu « du ping pong ! »Eh oui, la salle était au sous-sol du lycée, nous étions souvent seules, nous échangions quelques balles en rigolant et ensuite nous nous asseyons sur un banc, pour de longues conversations et bien sur quelques ragots.

    Depuis , je ne pratique aucun sport , ma voix est mon seul outil, je parle, je chante sans cesse …j’ai surtout eu la chance de découvrir que mes mains m’offraient bien des ressources créatives. Depuis j’ai également rencontré plein de gens qui comme bannissent le sport..

    Ce qui m’énerve quand même le plus, c’est quand on me dit « si, tu devais t’y mettre, c’est important pour l’équilibre.. , Ça défoule.. » Tout ça je le sais, sans doute que bientôt je ferai quelques exercices de maintien, mais ce sera moi qui en déciderai car je n’oblige personne à chanter, ou rien d’autre ……Par contre, il nous arrive de chanter dans une salle de sports et nos loges sont simplement…des vestiaires !

  • Transports scolaires

    La porte du car s’ouvre, nous essayons de monter dedans, il fait chaud à l’intérieur, ça sent mauvais, les plus costaud nous bousculent, difficile de se frayer un chemin, les sacs et cartables posés en vrac dans le couloir central s’entassent.

    Le chauffeur s’installe, il hurle, tous les adolescents répondent et sifflent, il règne une excitation sordide, il démarre brutalement, ça fait un boucan d’enfer. Je suis au collège, je déteste tout au collège, les trajets qui n’en finissent pas, les heures de permanence, les pionnes, les profs qui méprisent leurs élèves, l’agressivité sur la cour, les toilettes pas entretenues, la pluie, le froid, la cantine..

    Le chauffeur est toujours un peu alcoolisé, le patron de la compagnie de transports scolaires possède de vieux cars qui tombent souvent en panne. Il a un fils handicapé qui prend parfois le volant d’une ancienne ambulance pour emmener les gamins qui n’ont plus de place dans le car.

    C’est plutôt flippant mais en même temps très drôle comme situation quand on voit aujourd’hui les mesures draconiennes prises en terme de sécurité dans les établissements scolaires. J’ai appris que désormais les écoles maternelles n’ont plus le droit d’utiliser la traditionnelle colle à papier peint, bientôt les enfants ne colleront plus rien. Ce sera plus simple.

    Je rentre chez moi, fatiguée, j’ai 12 ans, envie encore de jouer, de me détendre et mes journées ne sont faites que de contraintes, de stress d’avoir oublié quelque chose, avoir des mauvaises notes. Nous avons le ventre serré des 7 heures le matin et aucune activité de loisirs ne s’offre à nous …Rien, juste la télévision, les séries, les premiers mangas, les émissions de Stéphane Collaro et le dimanche des sorties dans cette famille qui nous est aussi hostile.

    J’ai accepté toutes ces années avec résiliation, j’avais au fond de moi la certitude que ma vie d’adulte je la choisirai. Je me projetais déjà en 2000,imaginais mes enfants , mon quotidien avec une maison bien chauffée, confortable.

    Je me suis construite, battue pour accéder au métier que je voulais faire, aujourd’hui nous habitons à 200 mètres du collège, Mark fait de sport et du piano, Ellen fait du théâtre, de la danse …Rose chante et virevolte dans la maison. Ils ont parfois du mal à imaginer notre quotidien   des années 70, ma mémoire a occulté toute cette période, il ne me reste quasiment aucuns souvenirs, l’essentiel est ce qui s’est passé ensuite  et ce qui reste à venir …

  • Chez Pierrette

    Le car s’arrête dans le froid et le vent du Cotentin, je descends toute seule, mon sac bien lourd sur l’épaule. Je marche un peu vers le lycée, je m’arrête en route dans un petit café situé en bas de notre établissement. Le patron bougon me demande d’un geste de la tête, je lui réponds » un café. Je regarde les clients, l’un boit un verre de blanc, l’autre un café.

    Quelques temps après, Chloé arrive, elle me fait la bise, après avoir enlever son casque et secoué ses cheveux blonds. Elle me demande si son maquillage n’a pas coulé, allume une cigarette et prend un café.

    Nous causons un peu, du lycée des profs, des autres …Nous restons au chaud une petite heure, Chris nous retrouve aussi, s’installe …il paraît comme nous un peu en retard dans le travail demandé, on ouvre un cahier pour se rassurer. Les cours seront ennuyeux et comme on écoutera rien, on ne comprendra rien. Peut importe, on vit avec insouciance, nulle pensée de l’avenir n’effleure nos cervelles d’adolescents, un chose compte pour nous profiter de notre instant, passer un maximum de temps ensemble …

    Vers 8h45 nous quittons le lieu de rendez-vous, je monte jusqu’au lycée à pied, je retrouve les copains au parc à vélo, ils déposent leurs deux roues, nous montons en cours, certains allument dans le couloir leur dernière cigarette, les néons nous éblouissent, de drôles d’odeurs de produits ménagers et de tabac envahissent nos narines. Rien ni personne ne nous pousse à travailler …ces années sont uniques, elles nous ont construits et ne retirent en rien les adultes raisonnables que nous sommes devenus..

    Notre adolescence écervelée a fructifié « chez Pierrette » on a jamais su pour notre café portait ce nom là..

  • Changement de vie

    Je visite un appartement dans les hauteurs de Montbéliard, je n’ai pas vraiment envie de déménager, je suis lasse de vivre là. Avec Jérôme nous prospectons pour un nouveau travail dans le grand Ouest : Rennes ou Angers.

    Mon ventre est lourd d’un petit trésor à naître dans un mois.

    Je suis lasse de vivre en appartement, je suis lasse des voisins agressifs, lasses des trajets de 9 heurs pour revoir nos familles, lasse des fêtes ratées, des Noël isolés. Mon frère est en Algérie, je n’en peux plus non plus de cette grotesque situation.

    Mon travail et les gens que je côtoie me plait mais ça ne suffit pas.

    Jean François vient de quitter Jane, elle est si seule avec ses deux filles, on aimerait l’aider un peu.

    Jérôme m’annonce un soir qu’une entreprise de plasturgie est prête à l’embaucher en janvier …Juste le temps donner naissance à Ellen et nous voilà enfin partis.

    La fourgonnette contient toutes nos affaires, elle roule sur les routes de l’ouest ; Il fait nuit, c’est bientôt Noël, Peter et Maggie qui résident pas loin nous ont trouvé une adorable maison de près de la rivière. A notre arrivée mes nombreuses belles sœurs se jettent sur le lit de voyage pour admirer Ellen, les cartons ses défont à un rythme endiablé. Il fait déjà chaud dans cette maison.

    Cela fait 14 ans que nous avons posé nos valises ici dans cette charmante ville de province que la majeur partie des français ne savent pas situer sur une carte.

    Pour rien au monde je voudrais en partir, j’aimerais vivre là jusqu’à la fin de mes jours entourée de nos enfants, de 25 chats, 4 lapins et une douzaine de cochons d’Inde. Et tous mes copains fous chantants..

    On ne peut rien souhaiter de mieux à chacun, vivre dans un lieu choisi, y faire sa place et la rendre lumineuse …

     
  • Le chanteur

    Le train m’emmène en direction de mon domicile après une journée au lycée.

    A l’arrêt j’aperçois mon père sur le quai, je suis inquiète, je n’ai pas le temps de descendre, il me tend un sac, de l’argent me dit que je dois rester dans le train, que mon frère m’attend en gare de Caen, il a prévu de m’emmener voir mon chanteur favori. Je n’ai le temps de rien dire, le train est déjà reparti. je me laisse bercer par cette nouvelle, inquiète en même temps de cet imprévu

    Mon frère m’attend à l’arrivée, ravi de me faire cette surprise, à cette époque ou les téléphones portables n’existaient pas …

    Nous nous préparons et vers 20h nous dirigeons vers le  Palais des Sports pour le concert.

    Je vous un véritable culte pour ce chanteur, j’aime sa voix, si haute, j’aime son culot, sa rage, sa force, ses textes. Il n’est pas populaire ni branché, mes copains aiment les Stones ou Supertramp ou Police, moi c’est lui qui attire toute mon attention, j’ai tous les vinyles, n’écoute que lui, rate aucun passage télé et ce soir je serai devant lui …

    Le concert est rythmé, il bouge, saute sur scène, nous donne de l’émotion dans un cercueil de verre pour » partir avant les miens. ».

    Ça passe trop vite, je suis bien, j’ai vécu ça, je ne pourrai jamais assez remercier mon frère pour cet ultime cadeau avec toujours au fond de moi cette peur que mon chanteur disparaisse, me laisse un vide …

    A chaque fois que je l’entend je pense à toi, m’écris Gautier quelques années plus tard. Il nous manque. Il m’a toujours manqué, je n’ai jamais retrouvé d’idole, jamais aimé d’autre star que lui. Le jour de l’accident, tout s’est arrêté, je n’ai jamais supporté que les ados, les plus jeunes fassent des reprises de ses chansons, c’est comme s’il m’appartenait, je ne parle jamais de lui sauf avec Lilly  qui comme moi l’adorait ( nous avons tant de points communs..)

    J’ai une voix de soprano qui me permet de monter très haut, je peux chanter avec lui l’impossible SOS d’un terrien en détresse, il m’a donné un bout de sa révolte, de son humour, ne méprisons pas ceux et celles qui un beau jour, sans savoir pourquoi sont habités par une personne , c’est une intrusion dans la vie, un acte non réfléchi et chaque mort est un déchirement, la sienne fut pour moi l’inacceptable, le désert.

     
  • vacances en banlieue

    Nous nous rendions une fois par an à Paris rendre visite à notre oncle qui habitait en Région parisienne. Nous prenions le train de bonne heure, en famille. A la gare de Cherbourg,  nous pouvions acheter un magazine : ma sœur choisissait « Podium » mon frère « Picsou », ma mère achetait « Point de vue » mon père lisait la « Presse de la Manche » et moi je choisissais entre un livre de la Bibliothèque Rose ou des mots croisés.

    Nous avions prévu les sandwiches pour le trajet.

    L’arrivée en gare St Lazare était impressionnante, je n’avais aucun repère, je suivais le mouvement, mon père stressait beaucoup, il nous tenait par la main avec une force considérable pour la traversée en métro. Mon oncle venait nous chercher en DS( pour les jeunes lecteurs il ne s’agit pas du jeu Nintendo mais d’une voiture des années soixante dix )

    Il aimait bien nous épater, nous faisait croire qu’il menait la grande vie la bas. Il habitait en cité HLM à Viry-châtillon avec sa femme et leurs trois enfants.

    Nous restions deux ou trois nuits chez eux, l’appartement était surchauffé, c’était un chauffage au sol, ma mère se plaignait d’avoir les pieds qui gonflent en m^me temps elle était fascinée par la température ambiante ( ça changeait de chez nous qui affrontions les chocs thermiques à chaque fois qu’on quittait une pièce)

    Mon oncle avait beaucoup d’humour, nous rions beaucoup, il écoutait les vinyles de Coluche.

    Le soir, l’appartement était envahi, nous rigolions comme des fous avec ma cousine, nos parents jouaient au rami , riaient des heures, ils étaient tout simplement heureux de se retrouver, partager le quotidien.

    Ma tante vouait un culte pour les grandes surfaces, elle nous emmenait au Super M de Ste Geneviève des Bois, un palace à l’époque !

    Je garde des très bons souvenirs de ces échappées en famille, on ne partait jamais en vacances. C’était un dépaysement total, découvrir Paris avec des yeux d’enfants, se coucher tard, raconter n’importe quoi…Mes parents aiment encore raconter ces voyages familaux,ils changeaient totalement d’univers mais savaient s’adapter.

    Nos enfants adorent aussi ces petites vacances que nous organisons à Paris ou ailleurs, ils sentent que nous sommes disponibles, libérés de toutes contraintes professionnelles.

    Je crois aussi que c’est grâce à cela que mon frère et moi avons pris goût très tôt à voyager seuls.

  • Festin

    Nous étions ce jour là invités chez un oncle et une tante pour fêter le premier jour de l’année. C’est avec bonheur que nous allons passer un moment chez eux mais aussi avec une certaine appréhension quant au déroulement du repas car ils réputation de servir en grandes quantités de nombreux plats.

    Ils habitent un pavillon situé dans la campagne du Cotentin, vivent modestement mais on toujours gardé un très grand sens de l’humour.

    Ce jour là nous nous installons à table avec mes parents et mon frère ; Jérôme n’a à ma connaissance jamais vécu pareille expérience.

    Tout commence par un apéritif traditionnel : Ricard ou vin cuit et des biscuits salés( attention surtout il faut demarrer en douceur si on veut tenir le marathon )

    Vient ensuite le hors d’œuvre : des coquilles de saumon à la macédoine mayonnaise.

    C’est bon et copieux. Ma tante nous sert ensuite des paupiettes de veau, je n’ai pas besoin de préciser que c’est assez riche et que déjà on a l’impression d’être rassasiés.

    Il est 15 heures quand arrive sur la table, le plat principal : un gigot d’agneau avec flageolets. On avait beau être prévenus, avoir pris de petites quantités, ce qui est difficile car les portions sont déjà faites il nous trouver encore un peu de place dans notre estomac.

    Il est 16 heures, mon père tient le rythme, il est fort mais il a de l’entraînement, ma mère n’ose pas refuser la viande mais elle est rassasiée, mon frère fait bonne figure et moi je ne peux vraiment plus manger de viande à l’heure de thé.

    On n’échappera pas au plateau de fromage avant la danse finale des desserts. Accrochez vous ça va faire mal !!Du riz au lait avec des abricots en déco.

    C’est dur, il faut vraiment ne plus penser à ce qu’on a déjà digéré depuis le midi.

    Vers 18h,ma tante apporte une bûche à la crème, on est au bord de l’évanouissement et ils nous disent » mais vous mangez presque rien ! »

    Le café est servi ensuite et pour ne pas perdre la cadence , des noix et des clémentines accompagnent la boisson chaude .

    La nuit est tombée, nous nous quittons, nous avons fêté la nouvelle année. Nous rentrons vers 19h, ai je besoin de préciser que nous sauterons le repas du soir …

  • Maison de campagne

    L’été m’offrait peu d’évasion et de sorties, c’est sans doute pour ça qu’aujourd’hui il est synonyme d’ennui et de mélancolie…

    Mon amie Chloé me propose d’aller passer quelques jours avec elle dans la maison de campagne de ses parents. Je connais très bien Chloé, je l’ai rencontrée en Seconde au lycée et nous nous sommes liées en première.

    Cette maison se situe tout près de chez mes parents, dans un village traversé par une Nationale.Les habitants se connaissent tous, ils sont curieux, font des ragots…

    Je m’installe avec elle pour quelques jours, nous avons presque dix huit ans, une sensation de liberté s’installe. Nous faisons quelques courses pour cuisiner, dans la journée nous papotons, ramassons du cassis, flanons, nous lisons un peu. Nous ne souhaitons pas la présence d’autres copains, ce temps nous appartiens. Le soir nous dînons tard, nous discutons des heures dans notre lit, écoutant la musique du film «  Shining », Queen, Adama, Thiefaine.

    Chloé  a une culture musicale assez variée, elle connaît plein de groupes.

    Nous parlons des heures, de nos familles, nos regrets, nos projets…Sans trop le savoir nous quittons l’adolescence qui pour moi fut triste et douloureuse pour enfin rentrer dans un autre monde.

    Nos chemins se sont séparés après le bac, je garde de cette époque beaucoup de chaleur et de souvenirs joyeux. Nous sommes devenues mères à notre tour, conscientes que bientôt nos filles vont découvrir cette indépendance …Serons là pour les accompagner avec justesse et respect ?

  • Radeau

    Au milieu du séjour, les animateurs ont proposé aux enfants de construire des radeaux. J’ai toujours trouvé ce genre d’initiative vaine car peu solides, il est rare que les embarcations prennent l’eau un jour. Le château dans lequel nous résidons en centre de vacances ( le château est aussi délabré que la population accueillie) se situe près d’un lac.

    Nous voici donc partis un dimanche après midi avec tous les gamins qui courent partout, n’obéissent pas et s’insultent à longueur de journée. Oui rassurez vous c’était il y a plus de 20 ans et déjà le vocabulaire des cas sociaux valait le détour croyez-moi !

    Ceci dit j’ai toujours adoré ces milieux défavorisés car attachants et pleins de spontanéité.

    Bref, tout se passe pas trop mal, les enfants pataugent, je les regarde quand Arnold me propose une croisière «  romantique »

    Monter là dessus, hors de question, je refuse, il insiste un peu je ne sais pas ce qui me prend ( je le saurai un plus tard) je finis pas accepter.

    Il est bien sûr fou de joie et nous savourons quelque peu ce moment de promiscuité que nous recherchons depuis quelques jours.

    J’ai pourtant peur, mais très vite deviens confiante car avec lui, je suis sure que rien ne peut arriver. Rappelez-vous «  baignade rime avec noyade «  et bien sûr,moi ne sais pas nager.

    Arnold rit beaucoup, bouge et brusquement le radeau se retourne, je tombe à l’eau et me prend une belle planche sur la tête. Je n’ai pas eu trop le temps d’avoir peur, l’eau m’arrive aux cuisses et bien sur le bel homme a plongé pour me rattraper ;

    Je remonte me changer trempée avec un drôle de sensation, cette idée que des choses sont en train de changer, que depuis ce jour va naître une relation si particulière que durera des années....

  • Pier 39

    Nous résidons depuis quelques jours dans un coquet appartement dans le quartier de Fisherman’s Wharf ; Notre séjour est presque fini, avec Peter et Maggie nous décidons de dîner dans un restaurant. Nous avons déjà rodé dans la célèbre chocolaterie de Girardelli Square, nous cherchons vainement une table, à l’unanimité les tarifs proposés ne sont pas les notre alors nous optons pour de copieux sandwiches au crabe.

    Nous avions prévu de faire un peu de shopping mais Peter et Jérôme n’étaient pas vraiment motivés. Alors Maggie et moi sommes allées au Pier 39 chercher quelques cadeaux pour nos enfants restés en Europe ( ça fait bien d’écrire ça !)

    Beaucoup de boutiques ouvertes tard le soir, pas de trésors, des gadgets à gogo, des marchands de glace, de bonbons. Maggie est une inconditionnelle des cadeaux, elle aime faire plaisir mais son choix peut prendre des heures. J’avais déjà eu occasion d’expérimenter ça avec elle à Rennes quelque temps avant Noël

    J’ai trouvé une marionnette, un toucan qui braille en ouvrant son bec, j’adore ce style de cadeaux, je l’offrirai à Ellen.Les enfants adorent quand nous rentrons de voyage car ils savent que les valises contiennent des trésors qui leur sont destinés.

    Après quelque temps de shopping dans cet endroit un peu kitsch, nous retrouvons Jérôme et Peter.Nous entendons soudain de drôles de cris, peu familiers, un peu singuliers même.

    La nuit est tombée, il fait frais, nous sommes au mois d’avril, nous approchons du quai et là découvrons des troupeaux d'otaries survoltée7481ae2725cb4d5a793d4caa5fde277d.jpgs en train de glousser sans démesure …

    Maggie, est bien sur morte de rire et moi aussi, car il ne nous en faut pas plus …

    La Californie reste un mythe, séjourner à San Francisco fût pour moi un des plus beaux moments de ma vie

     
  • Chambre

    Mi-Juillet, je vais me rendre à Nantes pour la journée. Ce jour là, je vais rendre visite  à Anne .Je me suis organisée pour faire garder les enfants, j’emmène d’abord Mark chez Juliette, puis Ellen chez Maria et enfin Rose passera la journée chez sa marraine  Sarah.

    Je ne connais pas du tout cette ville, j’ai rendez-vous avec Lorenzo auprès de la gare.

    Il m’emmène déjeuner, nous dégustons des tartines et parlons un bon moment. C’est le mari de Anne , il m’accompagne ensuite vers l’hôpital, me donne les consignes pour arriver à la chambre.

    Dans un SAS je m’équipe d’une blouse, de chaussons, d’une charlotte et d’un masque stérile.

    Le secteur hospitalier n’est pas hostile pour moi, je le connais un peu pour avoir fait un stage de deux mois quand j’étais étudiante et surtout pour être une fidèle adepte du Cook County de Chicago.Me voici donc prête et de toute évidence je ressemble à Elisabeth Corday.

    Anne  est hospitalisée depuis deux mois, elle a subi une greffe de moelle osseuse et des séances de chimiothérapie. Je suis si heureuse de venir la voir, nous sommes amies et proches et avons tant de choses à nous dire. Je suis restée tout l’après midi avec elle, nous avons parlé de tout, des enfants, de la famille, des soins, de l’isolation, des amis communs …

    Lorenzo a appelé régulièrement nous rappelant  que nous devions faire des photos. Nous avons savouré cet instant, avons beaucoup ri. Anne  se réjouissait de quitter prochainement la chambre stérile, retrouver ses enfants, reprendre une vie ordinaire.

    J’ai eu beaucoup de mal à partir, je n’arrivais pas à la quitter, elle relançait sans cesse la conversation. Nous nous sommes embrassées tendrement avec nos mains, je suis rentrée vers 19h, j’ai retrouvé les enfants.

    J’ai longtemps dit que depuis  ce jour je n’avais jamais revu Anne , je l’ai revue ce samedi de février reposant sur un lit, les yeux clos pour toujours. Je lui ai dit au revoir, terrassée par un chagrin incontrôlable, je croyais qu’elle aurait eu gain de cause sur sa leucémie.

    Je pense à elle très souvent, à cette journée de juillet, si apaisée d’avoir vécu ce moment toutes les deux …

  • Un dimanche d'été

    Chaque dimanche, en famille nous allions faire un pique –nique

    Au retour de la messe, une odeur de poulet rôti envahissait nos narines, Papa était investi de la cuisson. Nous mangions toujours la même chose, une salade de tomates aux œufs durs, le poulet avec des chips et en dessert des fruits offerts chaleureusement par mon oncle commerçant qui ne pouvait pas les mettre en vente le lundi car le magasin était fermé et qu’ils étaient pourris !

    Installés dans l’AMI 8, nous partons avec ma sœur et mon frère et mes parents s’installer à l’ombre auprès d’un château retrouvant oncle et tante et cousins et une autre famille qui avait quatre filles dont une particulièrement boudeuse qui nous imposait systématiquement deux ou trois drames de jalousie.

    Nous installons une table métallique toute petite et fragile, des fauteuils pliants dans lesquels une fois assis nous étions tellement enfoncés que notre assiette était inaccessible.

    Chaque famille avait sa propre organisation, on ne mettait pas en commun …

    En fin de repas nous rejoignons la plage. Les trois femmes installées sur des rochers passent  une partie de l’après midi à faire des commentaires et des potins, je capte des brides de leurs conversations tout en jouant au sable ; Nous manquons d’équipement pour faire des châteaux, juste une pelle et un seau qui ne demande pas mieux qu’une retraite bien méritée.

    Les pères jouent à la pétanque en riant très fort, vêtus de maillots de bain ringards …

    Il ne fait pas trop chaud, les cousins utilisent de la crème solaire, pas nous, on risque les coups de soleils..

    Vers 16h on évoque le projet d’une éventuelle baignade. Mais pour nous, ce sera un bain de pieds car baignade  rime avec noyade donc prudence. ( Depuis ce temps, Laure Manaudou m’exaspère et je me suis mise à la chanson )

    Un goûter est proposé après la baignade, les filles ont des draps de bains très colorés, pas nous, juste de petites serviettes de toilette blanches, on même temps ça suffit pour les pieds..

    La cousine boudeuse pleure dans un coin, personne ne sait pourquoi, sa mère nous dit que de toute façon « elle est bête ! » A cette époque dans les années soixante dix elle n’avait pas encore lu Dolto avec le mal être des adolescents, des grossesses indésirées et j’en passe …

    Pour le goûter nous mangeons des madeleines, ça cale bien et surtout ça donne soif, mais y’a rien à boire ! Avec ma maladresse, j’en laisse tomber une dans le sable, délicieux. Me talons sont couverts de goudron, bien sur on me redit que je suis maladroite mais on m’excuse car ma tête n’est visiblement vissée sur mes épaules.

    Maman gratte le goudron avec un galet mais ce n’est rien puisque dans quelques années justes à côté poussera une centrale nucléaire.

    Le pire reste à venir, nous devons remonter dans la voiture et poser nos cuisses sur les sièges en sky noir !!!!

    C’est brûlant, y’a pas la clim, on s’adapte. Sur le chemin du retour nous supplions Papa de s’arrêter chez mes grands-parents. Il est 18 h, je suis bien chez eux, je les aime plus que tout, j’adore leur maison, leur jardin, l’odeur des œillets d’inde et du savon de Marseille dans la salle de bain …

    C’est l’été, nous regarderons la télévision chez nous après avoir mangé les restes du poulet, le dimanche soir, c’est « jeux sans frontières « !!

  • Commissariat

    Somnolant dans le compartiment, je suis brusquement réveillée par le contrôleur qui me demande les billets. Un animateur et moi-même sommes sur le chemin du retour, au centre de la France, veillant sur une douzaine d’enfants de retour d’un centre de vacances ; Epuisée, je me dirige à côté prendre mon sac à main dans lequel j’avais déposé les billets. Introuvable ! Je cherche en vain dans le casier du haut, rien …je me rends vite compte qu’un voyageur picpocket s’est emparé de mes papiers, ma carte bancaire et tout le reste.

    Le contrôleur compatit, ne pose pas d’amende et grâce à l’argent que possède Renaud ,nous traversons Paris avec le groupe de gamins sans trop de frayeur .

    Au petit matin, harassée, j’abandonne le groupe, les parents retrouvent leurs enfants après un séjour de trois semaines ;

    Pour la première fois de ma vie, je pousse la porte d’un commissariat  en vue déposer une  plainte. Après un long moment d’attente un shérif tout en jeans vêtu, santiags aux pieds m’accueille dans son saloon ;

    Après quelques questions sommaires, il m’assure de ne pouvoir m’aider dans ma requête ayant pas de livret de Famille sur moi ; Au  bord des larmes, je résiste au cow boy qui a l’idée judicieuse d’appeler au domicile de mes parents ; Ne les ayant pas encore prévenus, j’appréhende leur réaction de me savoir sans papiers, sans argent ;

    Après avoir enfin obtenu une plainte, je sors et erre en ville quelques heures ; La responsable de l’organisme dont je dépend me verse une partie de mon salaire en espèce et me finance un billet de retour en train.

    Je décide alors de rester sur place et d’attendre l’arrivée du reste du groupe avec qui je devais passer la soirée …

    Quel soulagement de retrouver ceux avec qui j’ai vécu ces trois semaines .

    Un centre de vacances, c’est un peu comme le «  loft «  , on s’aime, on partage beaucoup, on déteste, on vit en vase clos …

    J’ai marché avec les autres dans une rue, un chaton recueilli durant le séjour nous a suivi, abandonné, j’ai alors décidé de le prendre et de le ramener.

    Je ne me souviens plus ou j’ai dormi, dans l’appartement d’un animateur sans doute, entassés comme des sardines, le chat est resté.

    Je l’ai déposé dans un petit sac de voyage, j’ai refermé la fermeture, je suis montée dans le train …A mon retour, j’ai retrouvé mes parents, je leur ai avoué très vite que je n’avais pas pu laisser le chaton, ils l’ont aussitôt adopté, il a vécu longtemps avec eux.

    Il y a plus de 22 ans que cette histoire est arrivée, fin juillet, je m’en rappelle encore, depuis je pars souvent sans mes papiers, et ma maison est envahie de chats officiels et vagabonds …