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  • Raz de marée

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    Nous sommes brutalement réveillés par un bruit sourd venant d’en bas, je dors avec ma sœur Flo et mon frère est dans la chambre d’à côté. Nous descendons avec précipitation voir l’origine du vacarme et découvrons un meuble à terre :le buffet de la salle à manger s’est effondré face contre terre, il contenait de la vaisselle, des bouteilles de liqueurs et apéritifs et au-dessus était posé un aquarium de 40 litres d’eau .

    Au milieu de la pièce, les guppys nagent avec désespoir dans le Ricard et la Marie Brizard...Le plus dur reste à faire, relever le buffet en formica qui enivré par les restes d’alcool de la communion de Flo s’est effondré après avoir perdu une jambe, provocant un raz de marrée, nous sommes en 1975.

    Ma mère a du tout nettoyer, regardant mourir tous ses poissons qu’elle avait mis dans l’aquarium, les nourrissant tous les jours, séparant les mâles qui bouffaient les petits à peine nés.

    Elle était tellement heureuse le jour où elle avait pu s’acheter un service en porcelaine de Sologne, il avait servi une fois, tant de débris, de morceaux qu’elle devait jeter.

    On a entendu parler du buffet pendant des années, cette histoire fut racontée à tous les repas de famille, ma mère a du se battre avec les assurances, puis avec le marchand de vaisselle pour compléter son service, trois années plus tard, une légère odeur de liqueur flottait encore dans la pièce.

    Pendant longtemps je voyais la saucière du service ébréchée, dans le jardin à côté des clapiers à lapins.

    Ma mère  n’a jamais voulu d’aquarium, sans rancune mes parents ont scellé le buffet au mur, il n’y est plus maintenant, je ne sais pas ce qu’il est devenu.

    Ma sœur le sait sans doute, elle ne manquera pas de vous le dire.

  • 2008 ce sera ???

     

     1968 : avec les événements du mois de mai, je grandis dans des travaux entamés dans la maison de mes parents, je n’ai aucuns souvenirs de cette année là  c’est normal, je n’ai que trois ans. La production  musicale Hair est présentée pour la première fois à Broadway, les Beatles sortent l’Album Blanc, Night in white satin - The Moody Blues , le « bal de Laze »de Polnareff .C’est aussi les révoltes étudiantes, la mort de Martin Luther King et la guerre au Vietnam.

     

     

    1978 :  Je suis au collège, ce ne sont  pas les meilleures années, ma grand-mère est morte depuis peu, des changements arrivent..

    Le baron Empain est kidnappé puis relâché, Aldo Moro est assassiné, Daniel Balavoine sort son premier album « le chanteur », pour moi, ce sera ça l’évènement de cette année là. Claude François meurt électrocuté, c’est aussi le naufrage de l’Amocco Cadiz ; nous sommes encore dans les années Giscard.C’est la folie du disco , John Travolta et les Bee gees ,la création de Starmania ,Jacques Brel s’éteint lui aussi .

    1988 : En dix ans tant de choses ont bougé, tant de changements dans ma vie, tout va bien, je vis seule dans mon appartement, je travaille dans une petite école de la Manche, j’ai plein d’amis, je passe beaucoup temps chez Eugénie et Jacques.Mitterrand inaugure sa pyramide au Louvre et est réélu en mai. Les otages enlevés au Liban sont libérés, c’est la fin de la guerre Iran Irak.

    Je suis allée voir « La vie est un long fleuve tranquille «  de Chatilliez au cinéma. Balavoine est mort depuis deux ans. J’écoute Mylène Farmer, Johnny Clegg et Goldman.

     

    1998 : Encore de gros changements en dix ans …je vis dans cette maison, nous sommes propriétaires, Ellen a quatre ans et Mark est un bébé de un an. je ne travaille plus, je bricole beaucoup, mon frère est rentré du Liban,

    Zidane est le meilleur joueur de foot de l’année, c’est aussi la sortie du film Titanic, Chirac inaugure le Stade de France et le préfet Erignac est assassiné ; On ne peut pas échapper au succès de Notre Dame de Paris et au succès de Celine Dion « My heart will go on »

     

    2008 Ce sera  l’entrée au lycée pour Ellen,un changement de municipalité pour nous ,j'espère et puis ???? Je ne sais pas, pour moi et aussi pour vous tous , j’espère plein de joies, de découvertes, de bonheur, des notes drôles et émouvantes, des échanges, des petits messages qui font du bien et surtout une excellente santé à nos proches. Alors

      BONNE ET BELLE ANNEE 2008 A VOUS !!!!  
  • Arrêter la clope ??

    Je pousse la porte pour entrer dans le foyer accompagnée de mon amie Chloé, la fumée envahi nos narines, nos yeux brillent et nous  ressentons une certaine gène. La musique à fond, Sweet home Alabama de Lynyrd Skynyrd, nous empêche quelque peu d’échanger des mots. Je me dirige avec peine jusqu’au distributeur de boissons, j’essaye d’y dégager un chocolat chaud, j’ai très faim, c’est la récréation de 10 heures, je suis en terminale et nous sommes en 1982.

    Nous avons le droit de fumer dans la cour du lycée, dans les couloirs, certains profs fument en cours. J’achète un paquet qui doit me faire la semaine, j’ai du mal à maîtriser la consommation. Nous achetons un paquet de cigarettes blondes à peu près 7 francs (soit un peu plus d’un euro)

    Je suis restée fidèle à la même marque, j’ai arrêté de fumer plusieurs fois, à chaque grossesse..

    J’allume ma première cigarette vers 17 heures, et je me tiens à trois ou quatre dans la soirée, je n’ai pas envie d’arrêter..

    A partir de demain aucun lieu public  n’acceptera les cigarettes, cela ne me gène pas du tout, le prix exorbitant du tabac m’incite à fumer très modérément …

    En 25 années nous sommes passés à une législation complètement décalée, le laisser faire des années 80 où on allait en cours quand bon nous semblait, ou la montée du chômage n’effleurait pas nos cervelles d’adolescents, nous avions une soif d’être en bande, ou les copains et la musique comptaient plus que tout ;

    Je n’ai aucun regrets de ce temps là, j’ai parfois un peu peur que trop d’interdits entraîne une sorte de rébellion et divise les citoyens que nous sommes …engendrant violence et délation ;

    Un titre de cette époque qui a bercé ma jeunesse et qui m’a permis aussi de sortir de mon enfance rurale  grâce aux années lycée , vous connaissez ça ???

     

     

    http://www.youtube.com/watch?v=0X4HAIwJBEU
  • Ménie Grégoire

    Il m’arrivait enfant comme tout le monde de me réveiller, de ne pas avoir envie  de sortir du lit, d’avoir mal au ventre ou un peu de fièvre ou tout simplement pas envie d’aller à l’école.

    Ma mère m’accordait une ou deux journées de répit, et je descendais m’installer dans le lit de mes parents.

    J’adorais ça, j’avais des odeurs rassurantes, il faisait un peu froid dans les les gros draps blancs mais j’étais en sécurité.

    Ma mère m’apportait un petit déjeuner, j’entendais les bruits de la cuisine, bruits de casserole, de fourneau. Ma mère passait beaucoup temps à alimenter la cuisinière en bois et le poêle vétuste au fioul. Elle avait toujours une bouilloire pleine d’eau sur la cuisinière, nous n’avions pas d’eau chaude au robinet, elle s’organisait pour laver sa vaisselle, elle rêvait d’un confort, celui qu’elle avait connu à Paris quand elle y avait travaillé dans les années 50.Mais elle ne revendiquait rien, faisait les choses avec routine et perfection ;

    Il y avait quand même quelque chose d’extraordinaire, c’est qu’elle était toujours là, toujours présente à la maison, elle n’avait pas permis de conduire, elle partait un peu voir une voisine, ou traire les 4 ou 5 vaches que nous avions. Mais elle était toujours là, rassurante, très maternante, dès qu’elle partait, elle revenait.

    Alitée, j’écoute un vieux poste de radio qui est scellé sur la table de nuit. Il n’a jamais bougé comme beaucoup de choses chez mes parents, et il est fixé sur RTL et rien d’autre. Quiconque aurait osé changé de station se serrait vu condamné à des travaux forcés.

    Le midi j’écoute les Patrick Sabatier ou autre Fabrice qui divertissent la France entière avec des jeux populaires. Puis les infos et vers 14 heures, s’installe au micro : Ménie Grégoire.

    Et là je suis la fille la plus heureuse, j’adore ça. Des auditeurs, ou plutôt auditrices  qui exposent leurs histoires, leurs problèmes de couple, d’amants, de familles …bref du Delerue avant l’heure. Je ne capte pas tout mais je gobe comme je peux les témoignages, ça me plait.

    Ma mère aussi écoute Ménie Grégoire qui officie quotidiennement sur RTL, elle est parfois choquée, mais elle se rassasie des problèmes des autres, sans jamais parler de sa souffrance, de ses regrets..

    Je peux dire qu’aujourd’hui, je ne suis quasiment jamais malade, rien, jamais d’arrêt de travail, ni gastro, ni grippe, ni angine, rien une santé de fer la Jeanne.

    Par contre il m’arrive régulièrement de recevoir des appels de personnes que je connais plus ou moins , elles me téléphonent dans la journée, pour m’exposer des problèmes auxquels je trouve rarement une solution, je me contente d’écouter, de percuter un peu, parfois en me disant que j’ai des choses à faire, que l’heure du repas arrive…

    Je n’ai pas l’intention dans ces moments là de me transformer en Thérèse « SOS amitié. Il m’est impossible de couper court la conversation, je poursuis avec les mots qui sont les miens.

    En raccrochant, je me dis que je ne pourrais pas appeler quelqu’un pour exprimer aussi simplement une détresse ou une difficulté, j’aurais peur de déranger et j’aurais ma fierté aussi sans doute.

    Il est une chose certaine aussi c’est que je ne pourrais pas appeler telle ou telle radio pour témoigner d’un sujet intime ou insolite.

    Les seules fois où j’ai du garder la chambre, les séjours en maternité, j’ai toujours pris soin d’installer une radio près de mon lit, j’étais rassurée d’entendre des voix à n’importe qu’elle heure du jour et de la nuit, une seule personne me manquait … ma mère .

  • Le virage du cimetière

    Nous roulons avec mon père dans l’ami 8 en direction de Cherbourg, le virage du cimetière me donne mal au cœur, je ne dis rien, ça va passer..

    Nous allons voir ma mère qui est dans une clinique depuis plusieurs jours.

    Ma grand-mère vient tous les jours chez nous pour s’occuper de la maison, mon père n’a pas voulu se séparer de nous pendant l’hospitalisation.

    La clinique est vétuste, ça sent mauvais, des odeurs d’éther, de produits d’entretien ; je déteste cet endroit. Dans la chambre, je retrouve ma mère qui marche un peu, elle est en robe de chambre, c’est ma grand-mère qui lui a cousu, je l’ai toujours vue dedans.

    Ma mère ne se plaint pas, elle ne semble pas souffrir, elle patiente, attend le retour à la maison. Elle vient de subir une ablation du sein, elle a avec elle deux compagnes de chambre, dont une vieille dame hargneuse avec qui elle se lie d’amitié. Elle est énorme cette dame et sa présence me gène, pourtant cette compagnie rassure ma mère.

    Nous ne restons pas longtemps, le dernier jour je me souviens que nous avions pleuré au retour à la maison. Ma mère souffrait en silence, ne trouvait aucun réconfort, aucun appui du corps médical 

    Cela se passe dans les années 70, à cette époque, aucune prise en charge psychologique, pas de suivi. Je n’ai jamais rien exprimé  de cette épreuve que nous avons vécue, solidaires les uns des autres.

    Ma mère a vaincu contrairement aux deux femmes qui n’ont pas survécu du même cancer.

    Les années qui ont suivi furent difficiles, radiothérapie, dépression…

    A 40 ans ma mère a changé de vie, elle est devenue fragile, anxieuse, vulnérable.

    Je sais que j’ai grandit avec cela, j’avais 12 ans au début, j’ai fait du chemin depuis, je me sens plus forte pour affronter les choses, accorde de l’importance à ce qui en vaut la peine …

    Je me souviens toujours du virage de cimetière, celui que j’ai repris plus tard à pied des centaines de fois pour aller au lycée

  • Obsèques

    Quelques jours plus tard, je me rends dans le Nord Cotentin pour l’enterrement de ma grand-mère. C’était au mois de juin, il pleuvait beaucoup, je n’avais pas l’habitude de rentrer dans cette petite église, je me souviens que c’est là que mon filleul Victor, avait été baptisé.

    Quand mon grand-père est mort, j’étais en voyage, à mon retour il était enterré, cela ne m’a rien fait, ni peine, ni chagrin. Je reparlerai un jour de cet homme, patriarche et un peu  terrifiant.

    En fait l’éloignement géographique m’a épargnée de voir leurs corps sans vie, je preffere garder l’image des proches telle qu’ils apparaissaient, même vieillis..

    Je pense que je n’avais pas besoin de faire un deuil, ce fut totalement différent pour Betty , j’ai eu besoin de rester à côté d’elle, d’effleurer longtemps son foulard, lui rendre l’adieu que j’avais pas pu faire, fort heureusement lors de notre dernière rencontre.

     

     

    Dans l’église, toute la famille est regroupée, ma tante avec tous ses enfants, pleins de cousins que je n’ai pas vus depuis dès années, plein de gens avec qui je n’ai pas de liens, juste ceux (forcés )du sang.

    Une jeune femme arrive en retard, elle porte un manteau de fausse fourrure noire ( nous sommes quand même en juin), elle a des cheveux blonds, permanente ringarde, maquillage excessif. elle ressemble à ces riches héritières que l’on voit dans les émissions style «  Capital «  ou «  Zone interdite »

    Mais qui est cette femme, elle a du se tromper de lieu ??Je ne la connais pas, elle dénote visiblement avec le monde présent dans l’église ?

    Dans le cimetière, je salue les frères et sœurs de mon père. »Mais c’est Jeanne, on ne t’a pas reconnue ? »

    Etant donné que lorsque j’ai épousé Jérôme je leur ai envoyé une non-invitation, en sent encore de l’amertume.

    Puis les langues se délient « vous avez vu Jessica ? Oh cette allure.. »

    Et oui, c’est ma cousine Jessica qui ressemble à une poule de luxe, oh mon dieu quel look, grotesque. Allez on dira qu’elle a fait fortune, que le commerce lui a réussi, je ne l’ai pas vue depuis des années, je me souviens d’elle que lorsque nous étions enfants.

    Je suis sereine et soulagée d’être partie, d’avoir vaincu cette famille ou la culture n’était pas bienvenue, cette région insulaire qui m’étouffait, source de tant de blessures et d’incompréhensions.

    La mort de ma grand-mère fut la fin définitive de cette enfance et adolescence douloureuse, j’ai tout reconstruit ailleurs, il ne me reste là bas que ceux qui me sont chers, mes parents, ma sœur et mon frère, c’est amplement suffisant …

     

  • La mère

    Quand je décroche le téléphone, j’entends la voix de mon père, c’est rare c’est toujours ma mère qui m’appelle sauf quand il y a eu un problème.

    Il m’annonce que ma grand-mère vient de mourir, qu’elle ne s’est pas réveillée de son sommeil. Sa voix change brutalement et il laisse éclater de gros sanglots ,je suis troublée, émue, je n’ai vu mon père pleurer qu’une seule fois.

    Sa mère est morte, il ne l’a reverra plus, elle représentait pour lui une certaine autorité, mais il avait pour elle une admiration surprenante, il l’appelait « la mère « 

    Je lui dis qu’il peut pleurer, que c’est pour lui une séparation, que son chagrin est normal, il ne peut plus me parler, par pudeur il raccroche …

    Je ne me souviens plus de l’époque de ce décès, je me souviens juste de la dernière fois que je suis allée voir ma grand-mère qui était logée chez une assistante tyrannique.

    Je me souviens de l’avoir embrassée, j’y étais avec mon frère, c’était bien d’y être allés tous les deux. Je ne me souviens plus de l’année, de ce que je faisais à ce moment là, je me souviens juste du chagrin de mon père …que j’ai du mal aussi à appeler Papa …
  • Je travaille pour me chauffer

    « Vous avez de la chance Madame T « 

    Je regarde perplexe le ramoneur, un peu noir de cheveux et du reste.

    « Oui vous avez bien fait, au prix où est le litre de fioul maintenant « m’a t’il répondu.

    Les faits : nous avons fait remplir la cuve à fioul au mois d’octobre, on n’a pas le choix, il faut bien se chauffer. et entre temps le prix au litre a grimpé …

    De la chance, de la chance ?? je vois pas ça comme ça..

    De la chance, oui car je suis en bonne santé, mes enfants, mon mari vont  bien, nous avons une bonne situation professionnelle, stable, je retrouve du travail dès que j’ai envie de changer. Nous résidons dans une petite ville charmante, celle que j’ai choisie. Je n’ai pas d’extinction de voix qui m’empêcherait de chanter, pas de catastrophes naturelles, pas de tsunami au fond du jardin qui détruirait en quelques secondes mon bassin, pas de tremblement de terre qui exterminerai mes lapins…pas de guerre civile en perspective, pas de répression pour mes idées politiques …

    Oui en ça j’ai de la chance

    Mais payer une facture de fuel plus de 1500 euros au lieu de 1700, non pardonnez moi ce n’est pas de la chance.

     

    J’ai passé toute mon enfance, dans l’humidité et le froid, je me suis jurée que j’aurais toujours une maison bien chauffée. Et ce dans toutes les pièces..

    Nous passions chez mes parents d’une pièce surchauffée, la salle à manger dans laquelle trônait un fuel qui de temps à autre se mettait à ronfler, à un escalier, des chambres glaciales, humides, les tapisseries moisissaient, les gros draps blancs me tétanisaient..Ma mère faisait chauffer des briques sur le chauffage ,elle les enveloppait dans un vieux drap et nous les glissions dans le lit .Au réveil ,le linge était défait ,ça me faisait mal au pieds.

     

    Entre la facture de ramonage, l’isolation, le remplacement de la pompe de la chaudière, je fais vite le compte : la totalité de mon salaire est engloutie dans les combustibles !!!

    Je travaille donc ne pas souffrir de froid, mais rassurez vous j’en fais aussi profiter Jérôme et les enfants et tous ceux qui viennent chez nous. Car il fait bon dans la maison..

    « Tu n’as qu’à habiter en ZUP « me direz vous, vous avez pas tord, c’est vrai, pas de souci de chaudière.

    Vivre dans une grande maison est un luxe, un privilège dont je ne pourrais pas me passer

    Mais loin de moi l’idée de me plaindre, car je pense souvent à ceux qui déjà n’ont pas toit, ceux aussi qui payent des loyers exorbitants dans des lieux insalubres, devant supporter le bruit et l’odeur (comme disait Jacques Chirac ) des voisins.. toute leur vie, ceux qui sont expulsés …

    Mais se chauffer va devenir un luxe, rouler en voiture va devenir un luxe également..

    Alors d’accord monsieur le ramoneur en ça j’ai de la chance !!

  • Steeve et Jaimie

    Mon frère court lentement dans la cour, il allonge ses jambes et de temps à autre cligne de l’œil. Je fais pareil, mes déplacements sont ralentis et je tends l’oreille en déplacement légèrement une mèche de cheveux. Ils sont cinglés, penseraient n’importe quel intrus venant faire intrusion dans notre jeu. Nous avons une dizaine d’année, je suis super Jaimie et lui c’est Steeve Austin l’homme qui valait trois milliards.

    Petit rappel pour ceux qui n’ont jamais vu ou connu notre série culte.

    Jaimie Summers est une jeune américaine qui par un accident de parachute  a subi une intervention chirurgicale qui lui a permis d’avoir des pouvoirs surhumains..

    Elle a des bras et des jambes bioniques, elle court plus vite qu’une gazelle, elle peut avec une seule main soulever un frigo, arracher un grillage. Elle a aussi une oreille bionique qui lui permet de capter les conversations au moins 10 kms à la ronde. Elle saute partout sans même regarder ou elle va mettre les pieds en arrivant …

    Elle aurait pu travailler chez Darty, ou bien aider les réfugiés de Sangatte, collaborer avec la presse people, détrompez vous elle est restée fidèle à son métier : elle est institutrice.

    Steeve Austin , travaillait pour la NASA, après un accident il a été reconstruit lui aussi, les jambes, les bras, et un œil bionique.

    Il voit loin, très loin, il est malin subtil, raffiné mais à mon goût un peu prétentieux, c’est lui le plus fort, le plus rapide, en un mot le meilleur…

    Tous deux ont un coach, Oscar Goldman, un homme sérieux, intelligent mais il ne rit jamais. Il porte des pantalons pat d’eph, des lunettes ringardes et une grosse cravate nouée sur une chemise pelle à tarte.

    Tous deux ont mis leur don au service des autres, ils auraient pu s’associer pour commettre des cambriolages, mais non ils courent et démasquent les méchants, les livrent en toute modestie à la police.

    Ils s’aiment en secret, mais ils n’ont pas le temps de se voir régulièrement et puis Oscar est toujours sur leur dos. Dans un seul épisode nous les verrons ensemble, les Américains appellent ça un cross over(un peu comme si Joséphine ange gardien se retrouvait dans les bras de Navarro,vous voyez le truc ?)

    Et vous votre série culte d’enfance ???

  • Twin Peaks

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    Nous vivons avec Jérôme dans un petit appartement dans l’Est.Je déteste la vie en appartement, j’étouffe completement. Nous faisons quelques escapades en Suisse, en Alsace mais je n’aime pas trop cette région ( je suis désolée pour les amis qui pourraient me lire, et avec qui nous avons lié des liens très forts)

    Tous les soirs nous regardons «  Nulle part ailleurs «  sur Canal +

    C’est drôle, décapant, irrésistible. C’est notre distraction quotidienne.

    La « Cinq «  nouvelle chaîne ,programme de nombreuses séries. On annonce un événement à ne pas rater, une série signée Davis Lynch( Eléphant  Man, Sailor et Lula, Blue Velvet …)

    Je m’installe devant mon écran, prête à rentrer dans l’univers mystérieux de Lynch..

    La musique du générique m’emporte, dès les premières images, c’est pesant..

    Le cadavre d’une jeune fille, Laura Palmer est découvert …qui a tué Laura Palmer ? Leland, son père est à moitié fou. Dans un village des personnages se croisent, plus envoûtants et cinglés les uns les autres. Dale Cooper, agent du FBI, enquête pour retrouver le meurtrier …

    Et c’est parti pour une trentaine d’épisodes, j’adore, je suis impatiente d’y retourner chaque semaine.

    Il se mêle à l’intrigue des situations fantastiques, Cooper voit en songe un nain qui danse devant un rideau rouge En marmonnant des sons bizarres.

    Je ne vous dévoilerais pas la fin de l’intrigue.

    J’ai attendu des années la rediffusion de cette série culte, la « cinq » a disparu emportant avec elle les droits …

    Je me suis résiliée à acheter l’an dernier l’intégrale en VHS.Depuis la série culte est enfin sortie en DVD, si vous avez l’occasion de rentrer dans ce monde, la musique est géniale …c’est un chef d’œuvre incontournable.

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  • Passage à trois

    A partir du jour ou nous avons eu notre petite Rose il faut avouer que les choses ont un peu changer, un autre rythme, un équilibre différent entre les enfants, un peu serrés tous les trois dans la voiture et surtout un peu moins invitée à dîner la famille car il faut avouer que débouler à 5 n’est pas une mince affaire. C’est aussi pour cette raison qu’il m’arrivait souvent de recevoir les amis  à la maison, cela évitait  bien des tracas, gestion des repas, sommeil …

     

    Une de mes tantes avait 9 enfants :l’aîné devait avoir une quinzaine d’année et le dernier 3 ou 4 ans lorsque son mari (un oncle que j’ai vaguement connu, décéda d’un cancer )Elle refit sa vie avec un ami du couple ayant perdu sa femme dans un accident de voiture et ayant lui-même sept enfants. C’est dramatique me diriez vous certes, mais tout ce petit monde se vit du jour au lendemain contraint à une cohabitation forcée avec une image idyllique de la famille parfaite, festive et épanouie.Je vous épargnerai les détails, toujours est il que mon frère et moi avions comme tous les enfants des angoisses d’abandon ( enfin peut être pas tous ) et que nous étions obsédés par l’idée que si un jour nos propres parents venaient à mourir, il était fort probable que nous soyons à notre tour contraints de nous installer dans cette famille …Cela nous faisait gamberger des heures, nous imaginions d’autres hypothèses peu réalistes. Il nous restait nos grands-parents à qui nous nous raccrochions avec ferveur.

    Ma mère à son tour fut atteinte d’un cancer, elle réussi à vaincre la maladie, nous étions très soudés. Mes parents n’ont jamais mis de mots clairs sur cette maladie et cela me fait penser à cette phrase qui me tourne parfois dans la tête «  dois t’on tout dire aux enfants ?? »Je ne sais pas.

    Le plus comique et le plus pathétique dans l’affaire de cette famille recomposée c’était le Jour de l’An : nous passions une demi-heure à souhaiter la bonne année aux vingt personnes qui s’entassaient dans ce triste pavillon normand.

    Pour soulager ma tante, chacun prenait en vacances un de mes cousins ou cousines. c’était un séjour à durée indéterminée, à cette époque nous n’avions pas le téléphone et une fois les enfants installés, les accueillants ne savaient pas pour combien de temps ils les  avaient …

    Ma mère ayant eu trois enfants en deux ans, elle s’est vite retirée du jeu …

    Devrais je préciser que cette famille n’était jamais invitée, parce que là il fallait avoir une salle des fêtes en guise de salle à manger.

    C’est sans doute pour cela que je n’aime pas les grandes tablées ou tout le monde parle en même temps et que personne ne s’écoute et que je m’entends dire parfois «  elle n’est pas famille » ……

  • Restau U

    Je m’installe seule avec mon plateau à une table dans le restaurant Universitaire, les odeurs de cantine ne  me donnent pas trop envie de manger, les plats proposés sont copieux mais noyés dans une sauce qui ne m’inspire pas, je suis descendue manger pour casser le rythme de cette soirée qui risque d’être un peu triste..

    Je réside depuis un mois dans cette cité Universitaire, le centre de formation dans lequel je fais mes études est en pleine ville, le CROUS et l’IUT sont dans la ville haute, je ne connais personne ici.

    Deux étudiantes viennent s’asseoir auprès de moi et engagent vite la conversation. L’une d’elle Eva, est souriante, un peu garçon manqué, sympathique, l’autre Julia est assez forte, une très longue natte dans le dos, le regard rieur. Nous discutons pendant tout le repas, elles connaissent bien le lieu, résidant ici pour la deuxième année en Génie Electrique.

    En sortant, elles m’invitent à boire un thé dans leur chambre, d’autres copains à elles nous retrouvent..

    Le lendemain, je les revois au restau U et nous retrouvons une fois de plus pour passer la soirée …nous avons gardé ce rythme pendant une année, avec des histoires de cœur, bien sur, des moments de fêtes, des pots de colle, des indésirables, des nostalgiques, des lourdingues, bref tout ce qu’un étudiant digne de ce nom aura à gérer dans cette vie d’insouciance parfois.

    Je ne sais pas pourquoi elles sont venues ce soir là, mon amitié avec Eva a duré longtemps, puis elle est partie à Marseille, est devenue ingénieur. J’ai eu un jour une carte, puis une lettre. Elle ressemblait beaucoup à Betty , je sais qu’elle habite dans la même commune que Lorenzo et les enfants, c’est curieux les hasards, il la croise peut être, se connaissent ils ??

    Sans Eva ma première année de vie étudiante n’aurait jamais été aussi festive, je ne l’oublierai jamais..

  • Magasins Réunis

     

    cf22fca10f23d2910d6bae4629d5cce3.jpgNous allions très rarement en ville, ma mère ne conduisait pas. Il arrivait quand même que nous nous rendions à Cherbourg en train ou  autocar. Ma mère allait toujours à la banque faire des opérations, c’était un peu long, j’attendais sagement au guichet en regardant les écureuils(nous avions des tirelires d’écureuil en plastique dans nos chambres)

    Puis nous allions dans le centre ville aux Magasins Réunis.

    C’était un magasin de type Haussmann, deux étages, des escalators, des balustrades. Ma mère prenait toujours le temps d’aller voir une vendeuse qu’elle connaissait, son mari était cheminot il travaillait avec mon père. Elle portait une blouse bleue, elle était toujours bien coiffée. J’admirais les crayons posés à ma hauteur, dans des bacs transparents.

    Le rayon des jouets était incontournable, plein de poupées, des barbies et des trains miniatures, c’était splendide.

    Plus tard, c’est dans ce magasin que j’ai acheté l’album de Starmania qui à l’époque m’avait coûté une vraie fortune. Je l’écoutais en boucle sur un vieil électrophone dans ma chambre, je chantais toute seule « le monde est stone »à tue tête ou la « Chanson de Ziggy »

    Mon grand regret sera toujours de ne jamais avoir vu la version originale en spectacle.

    C’est ainsi, 25 ans j’aurai le plaisir d’interpréter des extraits cette année avec mes fous chantants.

    Je retourne de temps en temps à Cherbourg, j’aime beaucoup cette ville, son centre piétonnier, le magasin est toujours là, une enseigne de vêtements et accessoires s’y est installée. Je passe devant la boutique qui vend le « Véritable parapluie de Cherbourg »et fait du hasard, nous chanterons aussi un extrait de la comédie musicale de Jacques Demy

     
  • Chrysanthèmes

      10b42270b0af749f8c2512adcb3c9830.jpgA l’occasion des cérémonies du 11 novembre, les enfants de l’école primaire avaient pour mission de chanter la Marseillaise un bouquet de chrysanthèmes à la main après la messe.

    Nos instituteurs, un couple, n’allaient pas à la messe, nous imaginons des tas de choses à leur sujet, qu’ils étaient protestants ou… Bref l’idée même qu’ils soient tout simplement athées ne nous venait pas à l’esprit.

    Les vacances de la Toussaint étaient placées sous le signe de la détente et de la bonne humeur. Nous passions deux ou trois après midi à ramasser des pommes chez nous et chez mes grands-parents. J’aime, j’adore le cidre, j’en boirais bien à tous les repas mais le cliché bucolique de la cueillette des pommes en Normandie, je vous le laisse, merci ! Les mains rouges, transis par le froid et l’humidité (tiens on aurait pu prendre des gants ?) le nez qui coule, les genoux pleins de terre, les bestioles qui se collent sur les pommes et le tas énorme qui se forme et surtout la taille du verger avec les taches rouges et jaunes jonchées au sol, ça me semblait interminable.

    Je n’avais qu’une idée en tête, jouer aux lego avec mon frère en racontant n’importe quoi.

    Pour revenir aux commémorations, il nous fallait aller chercher des chrysanthèmes chez une grand-tante spécialiste de la fleur des cimetières.

    Alors là, cette grand-tante en question était à elle seule un monument historique.

    Elle vivait seule dans un deux pièces, une petite maison mitoyenne à celle de mes grands-parents. Tout le monde disait qu’elle était bête, évidemment elle était « vieille fille », ma grand-mère ( sa sœur ) la méprisait, mon grand-père la supportait. Je ne sais pas ce qui c’était passé, sans doute de vieilles histoires de familles, des » non dit », mais ce n’était pas la grande entente.

    Son jardin touchait celui de mes grands-parents. Avec mon frère nous allions flâner dans ce terrain et dès qu’elle entendait du bruit, elle arrivait. La pauvre, elle n’avait pas beaucoup de distractions, pas de télévision, sa maison était très sombre, elle utilisait très peu l’électricité, elle tricotait des bas noirs. Elle portait des couches successives de vêtements : chemises, jupes, bas plus chaussettes, sabots, blouse, et tablier …Elle avait un look très particulier, aujourd’hui on pourrait dire qu’elle était dans les tendances avec toutes ses superpositions. Mais comme elle était déjà bien ronde avec toutes ses couches de vêtements elle ressemblait à un oignon, un toute  petite tête et le reste très très large. En marchant, elle se déhanchait, elle était vraiment drôle car elle riait tout le temps, dès qu’elle nous voyait. Je crois qu’on était mon frère et moi, son petit réconfort. Bien sur elle était très curieuse, nous posait des questions, essayant de soutirer quelques infos familiales. Nous l’aimions beaucoup, elle nous faisait rire. Nous allions chez elle de temps en temps, son intérieur était sinistre, elle avait réputation de laisser des heures son café chauffer sur la cuisinière ( dès fois que quelqu’un viendrait..)Et surtout elle possédait une liqueur incontournable ! Son secret de fabrication était peu banal, sa recette fut divulguée un jour, elle rassemblait les fonds de bouteille et les mélangeait dans une  autre, terrible !

    La tante L cultivait des chrysanthèmes, pour qui, pourquoi, c’était son truc et aux vacances de la Toussaint on avait usage d’aller chercher chez elle des fleurs pour embellir les cimetières.

    Je ne garde pas de bons souvenirs de cette période d’Automne.

    Depuis que j’ai un jardin je me suis mise à récolter citrouilles et coloquintes . Le jour venu, Halloween pas la Toussaint nous creusons la citrouille, Ellen ou Rose s’habillent en sorcière, on allume des bougies autour de la cheminée. Ellen est heureuse, elle attend son anniversaire.je mets derrière moi ces tristes vacances de la Toussaint de mon enfance, placées sous le signe des pommes et des chrysanthèmes avec l’immense chagrin de cet octobre 77 où ma grand-mère nous quitta brusquement. Ce fut ce jour là la fin de tant de moments heureux. L’enfance qui fugua-t-elle aussi. laissant l’adolescence pointer le nez avec ses fardeaux
  • Cassette

    Chris m’a donné une cassette sur laquelle il a enregistré des titres dont une partie du dernier album de Supertramp.Je suis seule dans la maison, je ne sais plus ou étaient partis mes parents, mon frère, ma sœur. Je glisse la cassette dans notre chaîne Hi-fi et j’écoute, une chanson d’une rare mélancolie, douce, délicieuse, sensuelle. J’aime la voix haute du chanteur, j’aime cette rythmique au piano, la chanson dure plus de 8 minutes, je suis bien il fait nuit. Je pense qu’il est 19heures et quelqu’un va bientôt rentrer dans la pièce, je rêve d’un chez moi, d’une liberté.. d’un ailleurs, la maison de mes parents me rassure mais je ne plus y vivre.

    Chris est fan de Supertramp, il y pense tout le temps, c’est notre ami de lycée, on se voit tous les jours ; Il est devenu professeur de piano, j’ai eu de ses nouvelles un jour, je lui ai écrit 20 ans après notre Bac, on ne s’est jamais revus. C’est dur de retrouver les vieux copains.

    Ellen vient de découvrir une chanson de Supertramp qu’elle aime beaucoup, je l’encourage à en écouter d’autres.

    Chaque fois que j’entends ce groupe, je pense à Chris…à son amie qui deviendra sa femme..

     

    http://www.youtube.com/watch?v=oQtX92vT30I&mode=related&search=