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  • Madame L

    Nous avions ,mon frère et moi , une professeur de Français au collège assez particulière .

    Elle était souvent très maquillée, portait un manteau de fourrure, très odorant (je me demandais si la bête était vraiment morte ) distinguée, tirée à quatre épingles, jamais vulgaire.

    Elle était surtout passionnée de littérature et ça me plaisait, je buvais ses paroles, l’écoutais comme une prêtresse, moi qui n’avais comme lecture à la maison l’exclusivité  du catalogue de la Redoute, Clair Foyer, et Télé poche.

    Elle possédait de très beaux stylos plumes que j’admirais et surtout une belle écriture, très régulière, raffinée et élégante . Elle nous aimait beaucoup, nous donnions des petits surnoms, et n’eu jamais de mots désagréables à notre égard.

    En classe de 5 eme, elle nous proposa de participer à la création d’une petite pièce de théâtre inspirée de quelques scènes de Poil de Carotte, de Jules Renard.

    Nous étions partants, restait le problème des transports en cas d’éventuelles répétitions.

    Un mercredi matin, ma mère n’ayant pas le permis de conduire, nous avons du prendre nos vélos pour retrouver le père d’un élève, a quelques kilomètres de chez nous. C’était un breton soixante huitard, artiste peintre, il nous embarqua dans une vieille 4L et nous ramena en fin de matinée.

      Nous incarnions les personnages de Monsieur et Madame Lepic, je n’étais pas à l’aise du tout à jouer la comédie, ça ne me parlait pas , j’étais très complexée, je n’osais pas regarder les gens ( ça a bien changé depuis, je ne fatigue pas de la scène aujourd’hui.)

    Il nous fallu trouver des costumes, qui nous furent prêtés mais je pense que le plus extraordinaire, fut ce soir là, la présence de mes parents, venus à la représentation.

    C’est, je pense ,une des rares fois ou ils sont venus au collège, ils ont rencontré Madame L, notre professeur, qui les mit à l’aise, leur fit des compliments sur leurs enfants.

    Mes parents se faisaient une frayeur de rencontrer les enseignants, ils ne se sentaient pas à la hauteur de parler avec eux, avaient le sentiment d’être perçus comme des classes inférieures, mêlant le monde ouvrier et agricole.

    Ma mère n’est jamais venue au lycée non plus, mais étrangement elle a retrouvé quelques années plus tard, Madame L.

  • Le prof de musique

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    Au collège, nous avions cours de musique dans un bâtiment préfabriqué, isolé des autres, très bruyant, parquet en bois, murs en carton, vous voyez le genre, typiquement monté en deux jours dans les années 75.

    Notre professeur était ravagé, cinglé. Il ne donnait aucun cours, il n’y avait pas de quoi s’asseoir dans cette salle, on s’installait par terre et on faisait ce qu’on voulait.

    La plupart des élèves faisaient leurs devoirs dans un capharnaüm indescriptible, un piano posé dans un coin, acceptait les gammes d’un l’élève déjà initié, mon frère parfois, le prof s’assoyait là, et il s’occupait de cet élève, s’il le voulait..

    Puis comme un fou, il saisissait son violon et son archer et jouait un morceau de folk ou de musique traditionnelle.

    Ce prof, monsieur P, piquait parfois des colères épouvantables, sans prévenir, il devenait violent, s’en prenait à n’importe qui, c’était déconcertant de vivre un tel paradoxe.

    Certains tapaient sur des percutions, d’autres chahutaient, se battaient, c’était infernal.

    Je n’ai pas souvenir d’y avoir vu de partitions ou même d’avoir eu l’occasion d’exercer un tant soit peu ce qui deviendra pour moi, l’essentiel : le chant.

    Ce jour là, enfin d'année, les élèves de troisième ont apporté des 45 tours, on danse, c’est bruyant, on saute, on braille sur le « Banana Split «  de Lio.

    Cette chanteuse totalement inconnue est très jeune, elle a une voix nasale, je trouve ça très sympa, je danse un peu, je ne suis pas à l’aise dans cette ambiance.

    On ouvre les fenêtres, je ne sais pas comment les élèves pourrant ensuite retrouver le calme pour retourner en cours.

    C’était l’époque de cette inconscience générale, en 1979, on découvrait le Ska et surtout on passait en boucle les tubes des Bee Gees, d’Abba…et tous les tubes Disco qui déferlaient sur toute la planète depuis 4 ans.

    Je ne conserve pas de nostalgie de cette époque, j’adore écouter Abba et surtout chanter Abba qui furent pionniers en innovant avec des chœurs et des voix aiguës. Mais l’année suivante, une page se tournait, je découvrais Dire Straits, Barclay James Harvest, Supertramp et un peu plus tard, c’est une autre génération de chanteurs qui prenaient la place.

      Lio est devenue jury de la Nouvelle Star, Cécilia S est allée voir à Broadway la comédie musicale" Ma mamia ", la route tourne. Certains sont nostalgiques des années discos, c’est un concept qui rassemble, qui fait encore vendre..

    Une chose a bien changé, les cours de musique au collège et tant mieux..

    Avec le recul, je me demande comment un professeur exerçant dans de telles conditions n’était pas mis à la porte de l’Education Nationale, il portait une barbe grise, je suis qu’il est mort à présent.

    http://www.youtube.com/watch?v=WY57jGNCN8Q

  • Le retour de Dorothée

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    J’écoute de temps en temps l’émission radio de Jean Marc Morandini sur Europe 1.

    Je sais, ça fait pas intello, bobo, culturo, mais au moins je suis au courant de tout, oui parce que lui, il a les infos people, les révélations télé, les scoops …bref mieux que votre concierge ce Morandini

    Il reçoit ce jour là, Dorothée, oui la célèbre animatrice d’Antenne 2 qui a officié ensuite sur TF1 avec une bande de copains tous plus niais les uns que les autres, bon vous avez tous vu au moins une fois, sauf pour les plus jeunes, les même qui n’ont pas vécu la mort de Cloclo.Quoique je me trompe sûrement, c’était plus tard le club Dorothée dans les années 80.

      Je n’aimais pas du  tout ce style, cette surexcitation.j’aimais les « visiteurs du mercredi « ,

    des séries cultes comme Autobus à l'impériale  , les feuilletons de Cécile Auby « Sébastien parmi les hommes «  des histoires d’orphelins, ça me faisait pleurer. Et le très  pathétique Pinocchio  de Comencini, un chef d’œuvre hyper moraliste et sordide.

    A travers ça, je gérais tant bien que mal mes angoisses d’abandon, cette idée qu ma mère puisse disparaître et que mon destin serait inconnu.

      Alors voilà le retour de Dorothée, et les auditeurs  lui posent des questions, certains sont en larmes, on sent l’émotion qui monte, les souvenirs d’enfance, la nostalgie … 

    Je suis tombée l’autre jour sur ça, Fanfreluche,  (Kim Yaroshevskaya) est une poupée assise dans une grande chaise. À chaque émission, elle lit dans son grand livre de contes. Lorsqu'elle n'est pas d'accord avec le déroulement des histoires, elle entre dans l'histoire et change les choses comme elle le désire.

    J’adorais ça, c’était fantastique, merveilleux, irreél, cette poupée qui pouvait rentrer dans les contes, j’en rêvais, elle le faisait.

    Que d’émotion en redécouvrant ces images, le générique, je n’avais que six lors de la diffusion, c’est sûrement mais plus lointains souvenirs en 1971, la télé dans la cuisine en noir et blanc posée  sur le réfrigérateur, vous auriez vu l’installation …

    Vous avez sûrement vous aussi des images d’enfance télévisées, des histoires troublantes, des séquences qui vous ont marqués …mais franchement vous êtes pour le retour de Dorothée à la télévision ?

  • Le faire-part

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    Ce jour me je trouvais chez mes grands-parents maternels, c’était un matin, je devais avoir une douzaine d’années.

    Ma grand-mère va chercher le journal au courrier, elle y découvre un faire-part d’invitation, pour le mariage d’une de ces petites filles, une de mes cousines.

    Elle montre peu de réjouissance à l’idée de cette réception, il faut dire que vu le nombre de petits enfants, ça reviens souvent, et elle aime à se plaindre de moult maux, de diverses maladies, asthme …

    Elle prend le courrier cartonné, ouvre la trappe cylindrique de sa cuisinière à bois et  jette le papier dans les flammes.

    Je suis sidérée, si peu d’émotion, une telle froideur …je me dis alors à cet instant, si un jour je venais à me marier, elle n’aurait pas à  se faire supplier pour y aller car, elle ne serait pas invitée.

    Et je l’ai fait …

    Quand j’ai épousé Jérôme en 1991, elle n’a pas été invitée, ni elle, ni mes oncles et tantes.

    Ce fut un choix qui s’inscrivait dans toute une logique. Mes parents ne furent pas surpris car je les avais prévenus depuis des années.

    Une de mes tantes est venue au vin d’honneur, elle a incendié de paroles ma sœur, puis mon père, mais n’a pas osé affronté la personne concernée, moi

    J’avais, selon elle, la lourde responsabilité d’avoir posé un acte qui devrait être fatal pour ma grand-mère

    -« elle ne s’en remettra jamais «  avait elle déclaré.

    Quelques mois plus tard, ma grand-mère est arrivée vers moi, lors d’un repas familial organisé par mes parents, un paquet sous le bras, un énorme sourire aux lèvres.

    Elle m’a embrassée, s’est étrangement excusée de ne pas pu avoir fait le déplacement à notre mariage, je lui ai présenté Jérôme.

    Il y avait dans son regard quelque chose de changé, de touchant, je ne l’expliquais pas.

    Deux ans plus tard, je l’ai revue chez mes parents, elle vivait dans une famille d’accueil, elle n’y était pas bien.

    C’était le Jour de l’An, Ellen avait 1 an, je l’ai mise sur ses genoux, elle était heureuse, elle me dit que ses petits enfants ne lui avaient jamais donné leurs bébés, je ne pense pas que c’était vrai …

    Elle était rude, distante, mais étrangement très attachante, mon père l’aimait beaucoup, il lui vouait respect et culte. Mon frère avait compris comment elle fonctionnait, il se montrait très chaleureux avec elle, il avait beaucoup d’humour et l’a faisait rire.

    Je suis retournée la voir quelques mois plus tard dans cette famille d’accueil, avec mon frère.

    Nous l’avons trouvée souffrant d’une immense solitude, d’une grande vulnérabilité, elle voulait que nous restions, elle souriait, je lui ai pris la main, je l’ai embrassée, je l’ai quittée, et je ne plus jamais revue, elle est morte  peu de temps après dans son sommeil
  • La vieille Singer

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    Ma grand-mère maternelle aimait la couture.

    Dans les années 70, elle avait acheté une machine à coudre Singer intégrée dans un meuble.

    Elle se rebattait ,et une porte se refermait  , ni vu , ni connu .

    Quand j’allais en vacances chez elle avec mon frère, elle me cousait des robes pour ma poupée et m’avait confectionné un habit d’infirmière.

    J’ai toujours vu ce meuble dans la pièce centrale de la maison, sous la fenêtre.

    Mes grands-parents avaient aussi un téléviseur noir et blanc, ils ne regardaient que les « chiffres et les lettres « 

    Ma grand-mère est partie brutalement en 1977,je n’avais que 12 ans …

    Elle avait dit à ses filles qu’à sa mort, elle donnerait sa machine à coudre à Jeanne, sa petite fille, donc moi.

    Mon grand-père a survécu quelques années, meurtri, atteint d’un chagrin insurmontable.

    Il l’a retrouvé ma grand-mère en 1982.

    Mes tantes, ma mère et mon oncle ont du vider la maison, c’était pour moi terrible, je ne voulais y aller, je souhaitais juste récupérer quelque objet souvenirs.

    Ma tante qui été religieuse, demanda la machine à coudre pour sa communauté, sans aucun problèmes, elle emporta l’objet.

     Il y a environ ou 4 ans , elle m’informa qu’elle voulait me redonner la machine de ma grand-mère ;

    Je ne sais pas coudre, je ne suis pas patiente avec les tissus, j’ai quelques notions un peu sommaires en couture, bref je suis capable d’utiliser une machine.

    J’ai donc accepté de reprendre cette vieille Singer.

    Quel choc, le jour où j’ai ouvert le meuble, je le voyais moderne, récente.

    Cet objet s’inscrivait parfaitement dans les années 70, l’époque de la Citroën AMI 8, des premiers sous-marins nucléaires ( allez visiter le Redoudable, vous comprendrez ) de Fantômas..

    Cette machine est lourde, résistante, sa ligne est grossière, mais ma tante l’a parfaitement entretenue, elle a conservé tous les accessoires.

    Mais côté design on est un loin de cliché de la vieille Singer que l’on pourrait voir dans les brocantes ou dans les films après guerre.

    J’avais entre-temps acheté une machine d’occasion, je l’ai donnée à Sarah, j’ai déposé le meuble dans la salle de jeu, chambre d’amis.

    Elle est juste derrière moi, je ne le sors jamais de son meuble, je ne couds jamais, mais je suis sûre que j’aurais énormément de mal à m’en séparer.

  • Ce fameux jour où ...

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    Je roulais ce jour là en ville, la radio nous informe d’évènements peu ordinaires, d’un avion qui aurait scratché sur New York

    Je suis à ce moment là un peu plus préoccupée par mon état, ce bébé qui prend déjà de la place, cette naissance, la dernière sans aucun doute, prévue pour décembre

    Je commence mes congés de maternité, ma phase d’hibernation.

    J’allume la télévision, je découvre les images, les mouvements de panique, les tours et tout ce que vous comme moi aurez vu, visionné ce jour du 11 septembre 2001 …

     

    Nous avions ce samedi là, regardé la télévision, fait un peu de ménage aussi sans aucun doute, ma mère faisait toujours la ménage le samedi après midi, ma sœur, mon frère et moi nous participions.

    Nous avons du apprendre sa mort en fin d’après midi par la radio. J’étais surprise, mais je n’ai aucun souvenir d’avoir eu de la peine .

    Flo l’aimait beaucoup, elle dansait sur ses chansons, elle achetait Podium .

    Nous en avons parlé, parlé, et encore parlé de cette disparition brutale, en mars 1978.

      Il y a dans la mémoire collective des jours dont on souvient longtemps, pour les plus anciens, le premier pas sur la lune, la Libération, pour d’autres l’élection de Mitterrand et vous aussi vous avez sûrement inscrit un événement.C’est vrai qu’après 30 ans, je me souviens encore de la mort de Cloclo.

  • besoin d'être entourée

    0bcecb5aad46d42075f401599033c6cc.jpgLes parents de Jérôme sont venus passer deux jours …nous jardinons, Marianne plante des iris dans les massifs.

    Je ne peux pas l’aider, je suis un peu lourde, la naissance est prévue pour demain, je suis heureuse, je vais avoir un petit garçon, il va naître à terme, c’est tout ce qui compte.

    Ellen a trois ans, elle va partir avec ses grands-parents, le lendemain, pour une semaine sans doute. Cela ne me convient pas, j’ai besoin qu’elle reste auprès de nous, qu’elle voie son petit frère le plutôt possible. Je ne peux pas envisager de me séparer de ma fille pour cet évènement là, j’ai besoin d’elle, elle a besoin de moi..

    Peter et Maggie sont aux Sénégal avec les filles ,Juliette et Pierre Henri sont en vacances ,Alice et Fabien sont à la montagne chez Eugénie ..

    Je dors mal, je quitte la maison avec Jérôme vers 4h du matin, en direction de l’Hôpital ;

    Notre  bébé est né à 16 h, il est splendide, bien dodu, complet, sans erreurs …

    Mes beaux-parents sont restés à la maison, ils s’occupent d’Ellen, puis c’est ma mère qui prendra le relais jusqu’à notre retour, le vendredi.

    Ca compte d’être entourée, la pleine confiance que l’autre est choyé, difficile déjà de m’imaginer mère de deux enfants , impossible d’imaginer d’avoir eu un seul …j'ai besoin d'être entourée ,j'assure bien les premiers gestes qui suivent une naissance ,j'anticipe et préserve ma fragilité ,je puise l'énergie necessaire ,sans flancher ,je me préserve   ...

     

    11 ans sont passés, je m’en souviens très bien, les jonquilles ont fleuri pour lui souhaiter bienvenue a son retour.Je vais aller faire un bouquet …

    Bon anniversaire, Mark, mon fils …………

  • La chute nocturne

    Cet été là, je faisais un centre vacances, je partais sans connaître les animateurs, j’avais été recrutée entre deux portes sans entretien, le simple fait que je soies étudiante éducatrice m’ouvrait tous les lieux.

    Le centre se trouvait en Auvergne, les premiers soirs, j’étais un peu en retrait, je ne connaissais pas le directeur, il était assez distant, très pro, un peu froid, il m’impressionnait.

    Les enfants dormaient dans un dortoir insalubre, peu de moyens, c’était un vieux château tout délabré, nous passions notre temps à surveiller les enfants qui inventaient mille bêtises à la minute. Ils se mettaient souvent en danger, n’écoutaient pas nos remarques, un public de cas sociaux, sans limites, un peu anarchiques au début. Après c’était un pur bonheur, des liens très drôles, mon humour me permettait de tenir bon, je menais à terme tous mes projets éducatifs, j’aimais vivre avec  ces enfants séparés de leur famille pour quelques semaines.

    Un soir, nous étions descendus en cuisine ( c’était encore le bon temps ou l'on pouvait entrer dans les cuisines de collectivités ), nous entendons un gros bruit sourd.

    Je remonte avec Arnold, un peu inquiets, à l’affût de la prochaine bêtise ( oui même couchés ils ne s’arrêtaient jamais !)

    Après avoir fait le tour du dortoir des filles, nous découvrons une fillette de 8 ans, un peu grassouillette, gisant au sol près de son lit. Elle s’appellait Monique, nous sommes en 1985.

    Rien de grave, elle dort encore, nous nous approchons, la relevons avec effort et la reposons dans son lit, échangeons un regard, avant d’éclater de rire …rire nerveux, rire de fatigue, ou rire qui évoquait autre chose.

    Nous échangeons quelque phrase, je me souviens encore l’une d’elle..

      Tous soirs, pendant trois semaines, elle tomba de son lit vers 22 heures et tous les soirs, vers 2h du matin, Arnold me disait «  on va recoucher Monique … »

    Ce moment nous appartenait, on aurait jamais laissé les autres y aller à notre place..

    C’était, je crois l’occasion de prolonger la nuit … un petit moment de complicité, de proximité …

     Merci Monique !!!

  • Martha (1)

    Janvier 1934, Martha voit le jour, deuxième fille, son père est laitier, sa mère s’occupe de la petite exploitation, elle aime coudre, aime se cultiver, mais elle n’a pas les outils pour ça.

    Martha grandit, va à l’école, n’aime pas trop apprendre, elle perd confiance en elle, humiliation, le catéchisme, elle écoute, ne retient pas tout.Sa mère est un peu tyranique ,ne lui donne jamais de geste tendre,elle subit .

    Elle se réfugie auprès de son père, il est apaisant, il n’aime pas les conflits.

    La guerre, les bombardements, elle rit avec ses copines quand elle devra se réfugier dans le petit cagibi. Elle a ri, innocence, porteuse d’un lourd secret qu’elle mettra 60 ans à dévoiler, meurtrie, soumise …

    Elle entend le vieux poste de radio caché sous le grenier, lors de la débâcle, son père revenu d’Allemagne brûle ses vêtements militaires et ne repartira jamais.

    Le peu de confort de la maison, les frères et sœurs qui naissent après elle, une enfance un peu rude, mais la complicité quand même..

    Jusqu’au jour ou elle part dans une ferme à 14 ans, la traite, les travaux domestiques, elle a 14 ans, l’âge d’Ellen …travaux pénibles, l’obéissance, obéir toujours obéir, le peu d’argent gagné elle le donne à sa mère, elle le gardera jusqu’à son mariage.

    A 20  ans, elle décide de partir, en ville, à Paris, scandale, elle va s’y perdre.

    Une nouvelle vie pour Martha, elle s’installe dans le 15 ème tout  près de la maison de la Radio, elle est appréciée, elle s’occupe d’enfants, rien d’autres, elle lit tous les Tintin dans la chambres des enfants. Elle voyage un peu, Nice ,Monaco serrée dans l’arrière de la Dauphine avec les enfants et le chien. Elle aime feuilleter « Point de vue et images du monde «  elle aime la princesse Grâce.

    Sa sœur la rejoint à Paris, elles sont libres, elles savourent le confort d’un appartement, fini la vie à la campagne, elle se jure de ne jamais épouser un agriculteur.

    Elle revient dans sa terre d’origine, elle travaille chez un médecin, s’attache aux enfants,l’ un deux meurt violemment sous une voiture, le choc, elle n’accepte pas. Elle réconforte la fille aimée, ,si elle a une fille , elle portera le même prénom, elle aime bien ses patrons qui la respectent .

  • Seule

    Par un bel après midi d’avril, je gratte la terre et y dépose des renoncules, j’adore cette fleur, elle est si fine, si sophistiquée. Je suis seule, seule pour le week end …

    Jérôme est parti avec les enfants chez ses parents.

    J’ai tout mon temps, le temps, pas d’horaires, pas de contraintes, rien, enfin ..presque …

    Je jardine, je pense, je rêve, je suis bien …

    Le matin je suis allée chez Théodore, il m’a invitée pour l’apéro, je devais rédiger un article sur son parcours. Il m’invite à déjeuner, je décline  l’invitation, je dois aller à un rendez vous .

    Je grignote vers 19h n’importe quoi, je me prépare …

    Je me dirige vers la salle polyvalente pour un concert de Jean Louis Aubert.J’y vais seule, je retrouverai peut être Jéremy la bas..

    3000 spectateurs debout, chantent, dansent, bougent …c’est génial, j’adore, il reprend tout le standard de Téléphone, la musique est forte, je suis bien, seule, dans cette foule..

    Vers 23h je rentre à la maison, je ferme le portail.

    C’est la première fois que je vais dormir seule dans cette grande maison, je n’ai pas peur, je m’endors difficilement, mes oreilles sifflent encore le  tempo du concert ;

      J’aurais pu téléphoner à tous mes amants, j’aurais pu aller retrouver Jean Louis Aubert, à l’hôtel au bout de la rue ( oui il a passé la nuit la bas, c’est ma voisine qui me l’a dit, elle l’a rencontré en allant chercher son pain, j’étais verte quand elle m’a annoncé ça ! ) mais il a droit à un repos bien mérité, je sais ce que c’est ,la scène c’est éreintant !

    Et bien non, j’ai planté mes fleurs, j’ai pensé, j’ai compris que ma place était là et que j’y étais bien. Ma famille est ma source, j’y puise plein de bonheur, elle me pompe, plein d’énergie, de colères, de rires, de tendresse…

     

    Le lendemain matin, Jeremy passe me chercher pour aller à notre journée de répétition, une journée entière à chanter, répéter nos pas, nos chorégraphies, rire, blaguer …

      Vers 18 h, je rentre, je retrouve Jérôme, Ellen Mark et Rose, nous nous racontons notre week end, le quotidien reprend vite le dessus …

    Je pense à ce film magnifique « Sur la route de Madison «...vous l'avez vu ?

     
  • Les fous du stade

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    Lorsque nous étions enfants les sorties étaient plutôt rares.

    Le dimanche après midi, nous allions rendre visite à la famille , oncles et tantes qui se trouvaient  tous aux alentours de notre petite commune. Bien sur, il y avait des maisons où on aimait aller et d’autres qui ne nous captivaient pas vraiment.

    A la télévision, je regardais Pierre Tchernia qui nous présentait des extraits de films et bien sur des extraits des Walt Disney.Il n’y avait rien de plus frustrant, voir un court extrait, souvent le même d’un dessin animé et ne jamais le voir en entier …

    Plus tard j’ai rejeté ça en bloc, je ne supporte plus de voir les Walt Disney, les enfants en ont vu en cassette mais ce n’est pas  grâce à moi. Quant à aller au Parc du même nom, je n’ai jamais pu franchir le pas …tant pis, peut être un jour qui sait quand Rose sera plus grande ?

    A force de négociations, nous avons quand même un beau jour réussi à convaincre mon père de nous emmener au cinéma.

    Nous voulions absolument aller voir « l’aile ou la cuisse «  le chef d’œuvre de Claude Zidi avec Coluche et Louis de funès,malheureusement, notre projet tourna vite court, plus de programmation le jour voulu. Alors nous sommes allés voir « les fous de stade «  avec les Charlots, nous avons quand même échappé aux « bidasses en folie »

    Ken Loach et Woody Allen  pouvaient s’aligner face au talent du réalisateur …le même Claude Zidi, du grand art ! une comédie bien franchouillarde, des gags décalés et grossiers, bref je l’ai revu un peu plus tard, les péripéties des Charlots étaient ringardes ( eux aussi ) et ce fut pas le film incontournable qu’il fallait voir ( date de sortie 1972 )

    Un vrai navet !

    Mais la sortie en famille au cinéma fut accomplie, il n’y en eu plus d’autres !

    Sans rancune, j’ai, plus tard, commencé à m’intéresser au 7 art, je me suis abonnée à Première et j’ai découvert Luc Besson, Brian de Palma, mon maître David Lynch, Louis Malle, et Kieslowski.

    J’ai gardé quand même un humour très premier degré que j’ai retrouvé dans Mr Bean, »l’inspecteur La bavure «  ….

    J’aime bien de temps à autre revoir Fantômas ou d’autres comédies bien de chez nous même si je l’avoue les comédies anglaises ont plus de grâce à mes yeux.

    Hommage aux Charlots écoutez moi ça  aux français qui se lèvent tôt. Euh vous êtes pas obligés !!!

  • Saut à l'élastique

    Enfant, nous avions un jeu que toutes filles pratiquaient durant des heures à chaque récréation : l’élastique.

    Cela consistait à tendre un grand élastique aux jambes de deux filles, elles s’éloignaient l’une de l’autre, face à face  et une troisième sautait de chaque côté le plus haut possible.

    Nous commencions à hauteur des chevilles, jusque là je pouvais participer, puis l’élastique montait à hauteurs des genoux, je parvenais à franchir la barre avec peu d’élégance, il fallait aussi croiser, et surtout ne pas s’emmêler.

    Ensuite, l’élastique atteignait la hauteur des cuisses, alors là, fini pour moi, j’ai du y arriver une ou deux fois après des heures d’entraînement.

    Cet entraînement se faisait chez moi, j’installais deux chaises face à face dans la cuisine et je passais un bout de laine ( qui cassait toutes les trois minutes ) et tendais de battre mon propre record. Il faut avouer que je n’avais pas l’équipement idéal !!

    Isabelle, n’était pas très brillante en classe mais à ce jeu, c’était une championne ! Elle s’élançait et sautait comme une dingue, cuisses, et hanches. Oui, elle était imbattable.

    Je me suis demandée si elle n’avait pas des jambes bioniques. Ca me paraissait irrationnel de la voir s’envoler de la sorte.

    Plus tard, au collège, je me trouvais confrontée à faire un sport redoutable, le saut en hauteur : un vrai cauchemar, je ne parvenais même pas à franchir le minimum, je me sentais humiliée, jusqu’au jour ou j’ai décidé de m’élancer et de freiner brusquement en arrivant devant l’obstacle. Je me fichais éperdument du score, c’était vain pour moi de sauter, mon corps était un boulet ( je n’étais pas grosse pour autant ) je le traînais partout mais ma cervelle par chance de temps à autre me disait avec ironie «  allez rigole un peu, c’est comique ! »

    J’ai depuis croisé bon nombre de gens qui gardent des cours de sports des souvenirs épouvantables, je les ai retrouvé en cours d’arts plastiques et bien sur dans les chœurs …

     

     

    Je rends hommage à Eugénie qui elle a sauté aussi un beau jour depuis la tour de Macao.

    Elle s’est élancée avec un sourire et une aisance sidérante, je suis heureuse pour elle, et émue aussi pour Ester sa maman, une bonne copine. Regardez-moi ça !!!

  • La lettre (3)

     

    Un jour de mai 1984,j’ai reçu un courrier du centre de formation, m’informant que j’étais acceptée pour la rentrée de septembre. Ce fut un des plus beaux jours de ma vie, je sautais partout, embrassait ma mère qui riait, me félicitait, j’avais été retenue parmi les 500 postulants, ils en gardaient 40.Je pense avoir relu la lettre une vingtaine de fois, je l’ai conservée dans une petite valise, c’était aussi précieux qu’un passeport pour un sans papiers.

    Ma joie pourtant était un peu étouffée par un problème récurrent car il me fallait obtenir le Bac et les matières générales ce n’était pas mon fort..

    Quelques jours plus tard ma sœur s’est mariée, j’ai eu mon permis de conduire après 4 recalages et en juin 1984 je décrochais mon bac A2

    De ce jour ma vie a changé, je n’ai jamais cessé de me passionner pour ma profession, de l’exercer avec enthousiasme et énergie, j’ai volé de mes propres ailes, me suis créé un nouveau réseau d’amis, j’ai cheminé seule, heureuse, fière d’avoir construit mon avenir avec rage et détermination.

    J’en ai un peu voulu à mes parents de ne pas m’avoir accompagnée davantage mais avec les années ils ont compris que j’étais capable de …mais j’avais du leur prouver.

    Mes amis aident et accompagnent leurs ados parfois un peu trop à mon goût, ils leur cherchent un appart d’étudiant, constituent des dossiers …j’essayerai de trouver le juste équilibre pour mes enfants, leur permettre de se prendre en main, d’aller au bout de leurs passions tout en étant à leurs côtés.

    Mon père est resté distant dans cette histoire, mais pas tant que ça …tous les lundi matin, il m’accompagna à la gare pendant deux ans, j’avais un train à 5h 16,il se levait comme moi à 4h 30 avant de démarrer sa journée.

    A force de ténacité et de passion, les choses ont sourit pour moi, les années 80 furent des années pleines d’espérance, le radio libres, les années humanitaires, je suis heureuse et fière de les avoir vécues …

    Les années 2000 m’offrent d’autres bonheurs, celui d’avoir franchi un autre cap professionnel, celui de voir les enfants grandir à leur tour, celui de ne pas devoir toujours compter en faisant des achats, je ne garde aucune nostalgie, aucune amertume, sans ce concours je n’ai aucune idée de ce à quoi j’aurais aspiré, d’autres rencontres sûrement, d’autres échecs aussi..

         
  • L'épreuve (2)

      5c2811a8dc4a1e931d319e40029a2a66.jpgQuelques semaines plus tard, je recevais un courrier m’informant que j’étais admise à la deuxième partie des épreuve de sélection .

    Ma mère dotée d’un éternel optimisme, me dit qu’elle n’y croyait pas du tout, mais qu’il fallait quand même que je tente ma chance une deuxième fois . Elle décida de m’accompagner..

    Nous sommes parties en train la veille, passage par Caen, puis Rouen, au final je me demandais si passer par l’Angleterre n’aurait pas raccourcit le trajet.

    Le soir nous avons dormi dans un hôtel près de la gare, ma mère à moitié claustrophobe souffrait de la chaleur, elle dormi très mal.

    Le lendemain, nous nous sommes rendues  au centre de formation à pied, découvrant la ville qui il faut bien le dire, n’avait pas un cachet particulier.

    Ma mère était complètement perdue, elle n’avait aucun sens de l’orientation, elle me suivait confiante, à côté d’elle j’étais Jean Louis Etienne.Elle avait pourtant travaillé quelques années dans cette ville en 1950 mais ses souvenirs étaient bien flous.

    Je passais une épreuve de groupe le matin, mon stress grandissait, pas celui des épreuves, non celui de perde ma mère ! Je la posais à un endroit et lui disais «  ne bouge pas, je reviens dans deux heures », elle m’attendait sagement, riait beaucoup de la situation, était assez admirative de me voir gérer le temps et l’espace. Mais elle était à mes côtés et cela comptait beaucoup pour moi.

    L’après midi, je passais la dernière épreuve avec une professionnelle, j’étais assez contente de moi. Nous avons repris un train en soirée et sans embûche avons réussi à retrouver le chemin du retour  refaisant escales dans les deux villes transitoires …

     
  • L'épreuve (1)

    Lorsque j’étais en Terminale, le choix d’une orientation se fit sentir. Et vu qu’à l’époque les énergies nouvelles n’étaient pas encore développées, que je n’avais pas retenu mes cours de mécanique automobile, que le sport ce n’était pas mon fort, j’optais pour le domaine de la petite enfance.

    Je m’inscris alors pour passer un concours en vue d’obtenir un Diplôme d’Etat d’éducateur de jeunes enfants. Je n’avais pas envie d’entrer à la fac, pas de projet précis, je voulais apprendre un métier.

    Mes parents ne s’y opposaient pas vraiment mais n’ayant pas de projets pour mon avenir, ils se refusaient à toute collaboration.

    Je me suis alors présentée à la première partie de ce concours en novembre 1983.

    Nous sommes partis ce matin là dans une vieille Diane Citroën vers 5h de Cherbourg jusqu’au Havre, avec un moteur peut fiable et très bruyant qui nous éviter la somnolence.

    Mon frère conduisait, il faisait froid, nous ne pouvions mettre le chauffage tellement l’odeur était insupportable et imprégnait nos vêtements.

    Après 4 h de route, nous sommes arrivés à bon port, à l’heure et je me suis mise à rédiger la dissertation demandée, je ne me souviens plus du sujet, je sais qu’il y avait beaucoup de candidats.

    L’après midi, j’ai passé des tests psycho( 500 questions ) en vue de la deuxième partie, au cas ou, cela évitait aux candidats de se déplacer une seconde fois.

    Nous sommes rentrés vers 20 h, dans un vacarme infernal mais la vieille voiture ne nous a pas ce jour là fait d’infidélités …le portable était un objet futuriste et inconcevable !