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  • Le bon Sauveur

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    De temps à autre, nous allions rendre visite à notre tante, la sœur cadette de ma mère

    Nous prenions une Micheline, les voyages en train étaient gratuits pour nous tous , mes grands-parents venaient parfois avec nous, mon père rarement, il travaillait en semaine .

    Mon frère était très énervé de monter dans le train, moi, joyeuse de revoir ma tante, cela provoqué plein d’excitation les jours d’avant .

    Arrivés à la gare de Caen, ma grand-mère avait un don inouï pour traverser n’importe comment la voie ferrée, à cette époque, les voies souterraines n’existaient pas .

    Une fois, en route, nous avions aperçu mon père sur la voie en bleus de travail, guettant à son tour le passage du train.

     

    Nous nous dirigions rue Caponière , en taxi je pense, retrouver ma tante .

    Elle était religieuse, mais elle travaillait dans un hôpital psychiatrique comme infirmière

    Nous arrivions devant une grande porte en bois, une Sœur nous accueillait et nous emmenait voir ma tante .

    Je redoutais ce moment, nous devions parfois traverser des salles, odeurs aseptisées, et je croisais des créatures au regard sombre et terrifiant, des personnes gémissantes en charentaises et chemises de nuit.

    Il y avait des personnes âgées, des adultes atteints de trisomie 21, toujours en quête d’un câlin, d’un geste tendre, il y avait des vieillards hagards..

     

    Quand ma tante arrivait, elle se mettait à notre hauteur et nous tendait les bras, c’était un moment de retrouvailles extrêmement chaleureux..

    Nous déjeunions avec elle, les religieuses sous connaissaient, elles nous aimaient beaucoup, nous nous sentions chouchoutés, paradoxalement bien dans cet univers insolite, celui de la psychiatrie .

     

    Nous allions  explorer le parc, pendant que les adultes parlaient de tout, de rien, les malades nous regardaient, parfois nous disaient quelques mots, pas toujours compréhensibles..

    En fin d’après midi, nous remontions dans la Micheline pour rentrer à la maison .

     

    Quand j’ai fait mes études, j’ai pu faire mes stages à Caen

    Ma tante avait réussi à me trouver une petite chambre chez des religieuses, c’était un peu le couvent  comparé à la cité U, mais je m’en accommodais, parce que j’aimais beaucoup la ville de Caen et j’étais lasse des trajets Cherbourg Le Havre, pas vraiment direct.

    J’allais voir ma tante de temps en temps, c’était un moment tellement plaisant

    Je venais sans prévenir, en me voyant elle disait

    « tiens te v’la !! « 

     mon frère aussi était dans cette ville à cette époque

    Je retrouvais ces repères de mon enfance, j’adorais ça,

    La dernière fois que j’y suis allée, j’ai rencontré par le plus grand hasard un animateur de colo, quelqu’un de très très drole, qui m’aimait bien d’ailleurs , il travaillait au centre aéré de l’hôpital .

    Ma tante est en retraite

    Elle a gardé le contact avec les malades, elle passe beaucoup de temps à l’hospitalité de Lourdes, elle adore ça, les vieux, les contacts avec les bénévoles

    Je ne la vois pas souvent, elle a beaucoup compté, c’est une personne drôle et tonique

    Quand j’étais petite, elle était parfois en repos chez mes grands-parents, j’ai des souvenirs d’avoir dormi avec elle dans un grand lit, très haut avec des tas de couvertures sur les pieds …

     

     

     

     

  • Ennuyeux dimanche

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    Comme je le disais dans le billet précédent, tous le samedi soir, nous passions du temps entre nous, devant la télévision

    Et le dimanche, il y avait des rituels bien installés, vissés.

    La messe, tous le dimanche, par tous les temps, même l’hiver, où il fallait faire preuve de courage, mon père n’y allait jamais, il surveillait, surveille encore d’ailleurs le beau poulet qui cuit gentiment dans le four.

    Ma sœur avait opté assez vite pour ne plus participer aux rituels religieux, mon frère et moi, assidus très très longtemps

     

    Au retour, nous étions parfois invités chez mes grands-parents paternels ou chez des oncles et tantes,

    Nous passions des heures à table, avec la complicité d’une télé noire et blanche ou déjà officiait Michel Drucker

    C’était long, ennuyeux, nous étions très polis, pas un mot de trop, heureusement nous pouvions profiter un peu de nos cousins et cousines, avant leurs mariages précoces mais bon franchement c’était pas joyeux comme dimanche.

    Le pire, c’était le texte libre

    Notre maître d’école nous demandait de rédiger tous les week end un texte, libre, sur un sujet de notre choix

    Tous les textes étaient lus et l’un des deux était choisi par les élèves

    Alors nous avions droit au ramassage des pommes, à la traite des vaches et à la chasse … c’était d’un ennui, et comme je n’avais rien à raconter, car il ne se passait rien, je ne trouvais jamais de sujet d’inspiration et bien sur mon texte n’était jamais choisi

    Côté inspiration, vous en conviendrez que j’ai changé..

     

    Alors notre dimanche est libre à présent.

    Nous invitons rarement des amis ce jour là, ni la famille, nous ne levons quand bon nous semble, nous déjeunons tous les 5 tranquillement mais rapidement

    L’après midi, chacun fait ce qu’il veut, je jardine, Jérôme bricole, les enfants jouent aux jeux d’écran ; je butine  et en fin de journée, je suis prise de pulsions ménagères.

    Quand ça m’arrive j’en profite parce que ça ne dure pas.

    Je profite de la présence des enfants qui donnent un bon coup de main au rangement et je nettoie la maison, oui le dimanche et j’ai le droit non mais !

    Le soir, nous mangeons  un pique nique dans le salon devant les dessins animés

    Les dimanche de mon enfance étaient long et ennuyeux sauf les dimanche d'été ; ceux d’aujourd’hui sont simples et sans contraintes.

  • Poulet et variétés

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    Je fus élevée au poulet fermier, et à Guy Lux

    Mon père avait, a toujours un goût très prononcé pour la bonne viande et la chanson, enfin la variété française.

    Tous les samedi soir, c’était » les variétés », les Carlos, Sheila et Ringo, et compagnie, mais j’aimais bien, les micros qui brillaient, les paillettes, les shows décalés des Carpentier …

    Un jour, au collège, un prof de français, celui qui devint écrivain, prit sa guitare et se mit à chanter, « le moribond » de  Brel, et en étude de texte, nous proposa

    « le plat pays « 

    Inconnu au bataillon l’ami, tout comme Aznavour, et les autres

    Mes parents n’étaient ni soixante huitards, ni St germain des Près, alors ce fut pour moi, un grand plongeon .

     

    Le temps passa, j’errais dans les années 80, comme tout le monde, ces  belles années, dont j’ai déjà parlé, la musique et les espérances..

     

    Puis, une vie de famille et les enfants, et il revint dans ma vie, le grand Jacques

    Non seulement, je l’écoutais, mais j’ai eu, et j’ai encore la chance inouïe de chanter Brel

    Chaque année, un titre dans le répertoire, le plus majestueux, fut forcement « Amsterdam « 

    Je ne peux décrire, ce que j’ai ressenti, à chaque fois, qu’entourée de ma troupe, avec les textes et la musique de cette chanson .

    C’est puissant, vibrant, incroyablement complet, une force, une puissance qui nous emmène, très haut,  l’émotion de la dernière note, sous un silence quasi oppressant du public, l’indescriptible talent de cet homme de nous offrir ça ..

     

    Et puis, il y eu Bruxelles, hilarant Bruxelles, avec des chorégraphies drôlissimes, et un final ou tous, nous nous écroulions sur scène, bien essoufflés d’avoir tenu la cadence et bien évidents sautant de rire sous le poids des autres et éventuels pincements ou chatouillis 

     

    J’ai chanté la Quête, aussi, très belle chanson, et puis Fils de … pas la hauteur, émouvant et « les marquises «  avec un solo de mon ami Paul

     

    Cette année, ce sera « quand on a que l’amour « 

    On prend, vibre de ce qu’il nous reste de lui, 30 ans, toujours bien présent, on parle de lui partout sur les blogs,dans la presse .

     

    Je suis allée voir un récital hommage à Brel , à la salle polyvalente, deux heures de chanson, de poésie, de voix vibrantes, j’ai beaucoup aimé

    Sans Théodore, je n’aurais pas eu ce bonheur de redécouvrir ce grand homme, le grand Jacques..

     

    Aucuns regrets de ne pas avoir reçu cette culture musicale plus jeune, j’aurais peut être rejeté en bloc, et cherché ailleurs

    Je serais peut être devenue fan de Frédéric François …

     

    Fils de … fille de mon père …

    Je crois que mon père aurai aimé écouter Brel …

     

  • Un homme qui a compté

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    En feuilletant des ouvrages professionnels, je tombe sur le guide de l’éducateur de jeunes enfants

    Je retourne l’ouvrage par curiosité pour savoir qui a l’écrit et je reconnais cet homme qui a beaucoup compté pour moi.

    Il me revient à la mémoire son visage pince sans rire, un peu froid mais toujours respectueux.

    Il était plutôt timide, mais tellement passionnant

    Je me souviens d’avoir eu  la chance de son soutien pour accompagner mon  mémoire de psychopédagogie.

    Il était toujours encourageant, honnête et positif, moi qui avais toujours détesté l’école, s’offrait à moi, un immense besoin de creuser, de comprendre, de savoir, d’aller plus loin, de faire naître cette passion pour la pédagogie, qui ne se tarit pas depuis plus de 25 ans

    Il me faisait confiance, m’encourageait à ne pas choisir la facilité, aller au delà de mes limites, faire et refaire .

    J’aimais bien ses cours, ce grand homme discret mais particulièrement présent, lucide, ironique aussi face à la psychanalyse, il était professeur de psychologie, Je n’avais que  19 ans.

     

    C’est toujours bon de retrouver des infimes traces de ceux qui nous ont marqués, il est devenu directeur du centre de formation St Honoré à Paris

    , il a quitté le Havre, là où j’ai fait mes études

     

    Il s’appelle Bruno Lecapitaine.

     

    Je lui écrirai un de ces jours, pour le remercier, lui faire part de mon parcours

    On se souvient des mauvais profs, as ton le courage de gratifier ceux que l’on a aimés ?

    Je l’ai fait une fois, un prof de français, devenu écrivain en littérature jeunesse , il fut touché, sa réponse immédiate fut touchante aussi

    Une ancienne élève qui lit ses livres à ses enfants..

     

     

  • Les sosies

    Un jour , étant  lycéenne,je  voyageais dans un petit train  qui me ramenait à la maison ; je me retrouve devant un homme, assez âgé, vêtu d’une marinière, fumant la pipe.

    Il me regardait en ricanant, et surtout faisant de multiples grimaces, attirant ainsi l’attention des voyageurs qui se déplaçaient pour venir le voir

    J’étais un peu surprise au début, quand tout à coup, je comprenais que ‘j’avais, devant moi, tenez vous bien, le sosie officiel de … Popeye !

    Oui Popeye , le marin désuet de notre enfance qui voulait nous faire croire que les épinards rendaient les humains costauds et superforts alors que déjà à cette époque mon héroïne à moi, c’était Super Jaimie

     

    Alors le sosie, au début, bon c’est rigolo, mais il faut avouer que tout un trajet avec un homme me montrant ses muscles, bien faibles vous vous en doutez et singeant le marin à la pipe, ce fut vite lassant

    J’avais envie de descendre du train, de regarder par la fenêtre, de me barrer, il continuait ses grimaces, comme une machine. Je n’en pouvais plus..

    Ah sosie officiel, c’est un  métier, pas vraiment facile

    J’aurais pu le faire, devinez qui ? vous serez surpris, il y a quelques années j’avais une ressemblance franche avec l’actrice Anémone

    Autrefois, parce qu’elle a vieilli et pas moi..

    Jérôme lui c’est le sosie de Bill Gates ou Elton John, paraît il, pas flagrant pour moi

    Enfin, si l’argent venait à manquer, avec la crise planétaire, on ira tous les deux, à Bricomerlin, à Super Hue, faire les foires aux demo, arborant fièrement notre physique de star..

    Vous avez forcement votre sosie aussi, ou vous êtes le sosie d’un people, rien qu’un bout, tout compte, regardez, cherchez un peu ..

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     Le sosie de Patrick Bruel

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    Et lui c'est , le sosie de... George Clooney

     

    Non , vous n'êtes pas convaincus ?

    J’ai trouvé sur ce site

     http://www.sosie-star.com/index-l1.html

     

    Une coupe de cheveux, des lunettes, il n’en faut pas plus parfois

    Mon frère en faisant ses courses avait croisé un jour Jonnhy Rock ,le sosie officiel de Johnny , il fut impressionné ..

  • Le petit lit de bois

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     A la naissance d’Ellen, nous avons fabriqué, Jérôme et moi un petit lit .

    Quatre planches encastrées, d’une trentaine  de centimètres de hauteur

    , un fond en contreplaqué, un matelas, un tour de lit et voilà !

    Un lit à barreaux, pas possible, je déteste, et puis avec tout ce qui se passe, je ne me voyais venir secourir la tête coincée de mon bébé entre les barreaux comme ma chinchilla et le pauvre Farid !

     

    Le lit fut posé à terre, un peu surprenant pour l’entourage, certains l’adoraient, d’autres me prenaient pour une folle .

    Poser un bébé à terre, oui, presque à terre, pour les câlins, les bisous, un régal, pas de barrières, et surtout pas de risque que l’enfant tombe, puisqu’il est au raz du sol .

    Un seul bémol, l’enfant pouvait à partir de 7 mois, ôter sa turbulette et cavaler tranquillement dans la chambre

    Pouvait sortir, mais comme elle pouvait, Ellen restait car, elle adorait son lit, enfouie parfois sous des doudous, des livres, des tas de choses qu’elle allait chercher dans ses trésors.

    Un pur bonheur ce petit lit de bois

    A trois ans, Ellen adopta son grand lit,( elle l’a encore )et c’est le bébé Mark qui a son tour est venu se nicher dans le petit lit .

    Il lui arrivait vers 18 mois, d’en sortir de redescendre l’escalier, sur les fesses (il a marché à 19 mois ! ) nous entendions le bruit du hochet de sa Cerise .

    A son tour, après un bon coup de peinture, Rose aménagea dans le petit lit, nouveau tour de lit, plein de doudous, un chat même ( Oh Jeanne !) vinrent donner plein de vie à ce temple du sommeil

    Quand Rose eut 4 ans, je me résilia à démonter ce petit lit et le mettre à la grange, absolument résolue à ne jamais m’en séparer .

     

    Ce petit lit plaisait beaucoup à Salomé, elle me le demanda pour en faire une réplique pour son bébé à naître

    Avec le plus grand plaisir, je lui ai proposé l’original, la pièce unique

    Un bon coup de peinture, un nouveau tour de lit réalisé avec Sarah sa sœur et depuis quelques jours un bébé est venu se nicher dans ce petit paradis nocturne

    Je lui souhaite la bienvenue dans ce monde, surtout plein de bons dodos, de beaux rêves, de découvertes,  plein de bonheur à son papa, sa maman, qui avait 10 ans à la naissance d’Ellen, et bien sur, de grosses, énormes pensées à la mamie, au papy (oh. c’est drôle ! ils sont tous jeunes !)les plus heureux  de la terre : Peter et Maggie !!

  • Ma maison , mon rêve

    Enfant, je réalisais des petites maisons de poupée avec le peu de légo que nous possédions

    Plus tard, c’était toujours là, obsédée, fascinée par reproduction d’un intérieur de maison, avoir à portée de main, mon monde, mon univers.

    Vers 20 ans, je me mis à construire ma maison, bois, papiers, colle, peinture, avec le peu de matériel, je me lançais

     

    Puis lors de notre exil dans l’Est, alors que nous avions avec Jérôme, ni enfants, ni boulot (pour moi ) ni amis, ni jardin, ni blog, ni chinchillas. c’était d’un triste, je poursuivais mon travail, aidée, méticuleusement secondée par mon virtuose de mari, Jérôme aux mains d’argent

     

    Pièce par pièce, avec passion, j’ai agencé, réalisé chaque meuble, tableaux, escaliers, toitures …

    Puis je l’ai ramenée et installée dans notre maison au bord de l’eau, elle provoquait l’admiration de mes nièces, et de Salomé et Sarah

    Elles ne pouvaient pas jouer avec, trop fragile

    Alors qu’Ellen avait 10 ans, je l’ai ressortie et mise dans sa chambre, elle était heureuse, or je n’avais pensé aux autres petites filles qui passaient par là, un jour je la retrouvais sans dessus dessous

    Alors, elle prit place au grenier

    Je pris comme résolution de la rénover cet été, et de la remettre visible aux yeux de tous, et à vous chers lecteurs en particulier

     

    Alors entrez. je vous en prie

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    Ici, c’est la cuisine, certains meubles ont été achetés, je précise quand même …

     

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     Le salon, la cheminée c’est Jérôme, le reste, c’est moi, coussins et bois.

     

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    La salle à manger, la table est en buis, un bijou, les pieds tournés (toujours Jérôme ) et les chaises cannelées  faites avec une patience inouïe,

     

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     La lampe halogène, articulée, réalisée par un artiste, mon beau-frère, elle s’éclaire, prodigieux !!

     

     La salle de bain, tous les sanitaires en pâte durcissante, j’ai adoré, le couvercle des WC se rabat !!

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     La chambre du bébé, c’est moi, tout, tout   

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    La chambre des parents, un pur bonheur

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    Le bureau mezzanine, le piano a été acheté à une famille de playmobils

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     Et pour finir, la lingerie

     

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     Une vue d’ensemble, et pour terminer un seul bémol, il n’y a toujours personne qui l’habite, les Petshops de Rose ont insisté, mais j’ai dit non, ils vont tout casser !!!!

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  • Sèche cheveux et bigoudis

    Ma mère a toujours pris soin de ses cheveux .

    Je l’ai toujours connue avec des cheveux gris, elle veillait chaque dimanche à faire une permanente, évitant ainsi d’avoir des cheveux trop plats , trop raides ?

    Elle prenait des bigoudis et les posait un à un avec dextérité, elle piquait la petite broche en plastique coloré, si j’étais auprès d’elle, je lui donnais l’une après l’autre .

     

    Puis elle sortait son sèche  cheveux, elle posait un bonnet en plastique sur sa tête.

    Elle introduisait le bout du sèche cheveux dans un tuyau qui reliait au bonnet

    Sa tête triplait de volume, j’étais impressionnée, elle restait immobile, attentait ..

    Et quand ses cheveux étaient secs, elle ôtait ses bigoudis et peignait ses cheveux doucement

    Elle devenait vraiment jolie

    Avant de partir le dimanche, elle posait son rouge à lèvres dans la voiture, elle était souvent en retard, elle mettait sa montre dorée à son poignet .

    Elle a toujours pris soin d’elle, veillant à mettre des vêtements colorés, par contre, elle n’a jamais osé teindre ses cheveux, elle ne supportait pas de voir des voisines avec des racines blanches .

     

    Elle aime bien se parfumer, qu’on lui dise qu’elle sent bon .

    Elle n’est jamais  entrée dans une parfumerie,c’est pas pour elle , trop luxueux .. elle porte toujours le même parfum depuis des années, elle aimerai changer .

     

    L’autre jour, je l’ai emmenée dans une parfumerie choisir un rouge à lèvres, elle était heureuse, elle opta pour un rouge brun légèrement brillant, elle savait ce qu’elle voulait .

    Il va lui durer 10 ans peut être, plus, elle n’en met que le dimanche..

    Je voudrais que ma mère dure encore au moins trente ans, trois rouges à lèvres …

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  • Les esquimaux maison

     sucettes à glacer.jpgL’été ma mère faisait des esquimaux.

    Elle cueillait des fraises, les mixait avec de sucre et de la crème fraîche et versait la préparation dans des esquimaux en plastique Tupperwarre

    Elle les refermait un part un, le couvercle était  constitué d’un support qui fermait et d’un bâtonnet qui allait jusqu’au fond de l’esquimau

    Puis on attendait le soir, que tout soit gelé pour déguster, parfois le midi en regardant Midi Première avec Danièle  Gilbert

    Parfois l’esquimau se brisait en démoulant, il fallait finir à la cuillère, je n’aimais pas ça.

    Pour obtenir un parfait esquimau, nous les passions quelques secondes sous l’eau chaude ;parfois il se brisait en démoulant, il fallait finir à la cuillère, je n’aimais pas ça.

    Le goût était délicieux, un vrai goût de fraise, je n’ai jamais retrouvé un tel délice.

    Le reste de la préparation était versé dans des petits pots colorés, nous les mangions plus tard .

    Le kit était composé de 6 esquimaux, je pense qu’on avait droit à deux, mon père en mangeait rarement, il preferre les crêpes, il est capable de les manger par 5 .

    Je n’aime pas trop les glaces

    Je n’ai jamais participé à une seule réunion Tupperwarre

    Je me demande si ma mère a toujours gardé ses moules à esquimaux.

    Je me demande pourquoi elle n’en faisait qu’à la fraise, elle aurait pu en faire à l’abricot, au chocolat, à l’aubergine …

     

  • Le téléphone bleu

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    Dans ma tête, je conserve parfaitement la configuration de cette pièce

    L’appartement était situé au rez de chaussée, dans le couloir une odeur de chiens n’était pas vraiment attirante

    Les artisans HLM étaient venus poser une moquette neuve.

    Le lendemain, un agent avait fait le branchement de ma ligne téléphonique

    J’avais choisi un téléphone à  touche bleu. Avec ce téléphone, j’étais comme une fillette qui recevait le plus beau cadeau de Noël

    J’avais vingt ans, je gagnais ma vie, un salaire correct.

    Je ne devais plus demander, plus rendre de compte, mon autonomie financière ressemblait à une libération extrême .

    Depuis ce combiné je pouvais appeler aussi souvent, aussi longtemps que je voulais la personne de mon choix .

    Dans ce salon, il n’y avait rien qu’une petite table ronde de ma grand-mère, deux vieilles chaises et ce téléphone posé à terre sur la moquette neuve qui sentait encore la colle.

    Plus tard j’ai acheté un canapé clic clac, nous l’avons encore dans le salon, lui promettant une retraite dès que la pièce sera rénovée

    J’avais aussi  une bibliothèque, elle vient d’être découpée pour faire du rangement au grenier, une commode en pin, elle est dans la chambre de Rose .

    Mon téléphone était  mon sauveur, je me sentais forte en cas de danger, reliée à tous, à quelqu’un, pouvant parler dans ma solitude.

    Tard le soir Arnold me téléphonait, il quittait son travail, se retrouvait lui aussi face à la nuit.

    La simple voix de l’autre était suffisante.

    Je ne dérangeais personne, je ne devais de compte à personne..

    Eternellement bavarde, j’ai usé ce téléphone comme d’autres useraient des chaussures ou un vélo, ce fut durant quatre années mon complice, mon compagnon, ma bouée.

     

     

     

     

     

     

  • Mûres , haricots verts et cônes glacés .

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    Fin août nous allions souvent ramasser des mûres pour faire de la confiture

    Nous marchions près de la voie ferrée, un seau à la main, j’en avais vite marre, le seau ne se remplissait pas vite , je craignais les vipères .

    Je n’ai jamais trop aimé la cueillette des fruits

    Les vacances me semblaient trop longues, la rentrée était mi-septembre, parfois le mauvais temps revenait, je m’ennuyais .

    Nous ne partions pas en vacances, il y avait peu de passage chez mes parents, la marchande de poisson, l’épicier en camionnette, le boulanger, le boucher qui n’avait pas de frigo, une voisine qui portait une blouse à fleurs et des bijoux clinquants dont les mains étaient écaillées par la traite et sentaient toujours la crème et le beurre .

    Nous allions à vélo chercher des glaces à la boulangerie, un porte bagage servait de sac, pas isotherme, à notre retour, les cônes glacés n’étaient jamais fondus .

    Ma mère faisait ses confitures, nous épluchions des kilos de haricots verts, nous faisions quelques jeux de carte, le Monopoly .

    J’avais toujours plaisir à me reveiller par ce que je savais que je ne devais pas partir à l’école

    J’aimais l’odeur du matin, parfois nous allions  retrouver ma mère matinale qui était partie au pré traire les vaches .

    Mon frère rapportait des têtards, il arrivait à avoir des grenouilles .

    Nos étés étaient monotones et routiniers

    Nous n’étions pas malheureux, tout simplement parce que nous étions chez nous, c’était juste un peu trop long.

     

     

  • Mes cassettes

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    J’avais une vingtaine d’années, sur des cassettes audio vierges, j’enregistrais des tas de musiques diverses, du folk, de la variété, des chansons pour enfants..

    J’avais déposé toutes mes cassettes dans une petite mallette, elles me suivaient partout ;

    j’étais étudiante, je changeais de lieu tous les deux mois entre le Le Havre et Caen .

    C’était comme de bonnes copines, elles étaient toujours là, le soir pour me rassurer, m’endormir ,m’évader .

    Avec elles, je faisais danser les foules, des enfants en colo, des jeunes, des ados, nous. J’avais une énergie incroyable,  toujours la pêche, dansant, virevoltant dans tous les sens, installant une caisse de spots, bricolant, bidouillant des décors de fortune, totalement éphémères .

    J’adorais ça, cette vie si gaie, si chantante, croisant plein de gens merveilleux, toujours prêts à rentrer dans la danse.

    Une vie pleine   de complicité, d’amour, de passion, de rêveries, de souvenirs .

      J’y tenais plus que tout, à ces petits bouts de musique volée sur des platines.

    Je les ai toujours gardées .

      J’ai gardé ça, cette envie folle de partager la fête, j’organise des dîners, j’écris des sketches à chaque fiesta, je chante, je chante, toujours et encore .

    Mon corps ne me lâche pas, jamais de mal de dos, toujours cette vitalité dès que l’occasion se présente de faire la fête, sans complexe, avec tout ce qui m’anime, tout ce qui a animé la pauvre fillette totalement introvertie que j’étais .

    Allez savoir pourquoi ?

    Des rencontres, le pur plaisir de cette vie bercée par tant de gens dynamiques et joyeux, d’avoir su attraper ces regards pétillants, ces rires d’hommes, de femmes..

    Une vie déjà tellement remplie de grands bonheurs..

     

    Fermez les yeux, écoutez ça

    http://www.youtube.com/watch?v=dVb1B3WXbiY

     

    c’est parti !!

  • L'enfant aux gros bras

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    Nous allions à la plage , parfois Dielette, à l’époque ou la centrale nucléaire n’était pas construite, ou bien Siouville ou Sciotot

    Un jour, à Sciotot précisément, j’avais 7 ans environ, j’aperçus un enfant avec de très gros bras, une dystrophie très marquée, non seulement j’étais impressionnée, mais terrifiée, je frôlais le malaise tellement cette anomalie me traumatisait

    Je n’osais rien dire, cette peur incontrôlable resta enfouie, je ne pensais plus qu’à ça, toute la journée et les jours qui suivirent

    Je craignais de retourner à cette plage, j’essayais vainement de faire comprendre à mes parents que c’était mieux ailleurs, en vain, un jour nous y sommes retournés.

    J’étais livide, toute pâle, mes parents s’interrogeaient sur mon aspect, je me taisais, gardant ma peur enfouie, je craignais de revoir l’enfant au gros bras .

    Je ne l’ai pas revu, alors j’étais soulagée, je me sentais soudain, un peu sereine .

    Jusqu’au jour où lors d’une autre sortie à la plage, je tombais nez à nez avec l’enfant .

    Je détournais mon regard, sans parler, jamais dire, à personne, de nouveau tétanisée.

      Les années ont filé, je suis retournée des années plus tard à cette plage, elle est magnifique, je n’y pensais plus.

    J’ai fait mon cheval de bataille les traumatismes enfantins, ces situations plus ou mal banales qui plongent l’enfant dans une panique incontrôlable, le Père Noël, les masques, les feux d’artifices, les squelettes, et tout, tout ce qui est imprévisible.

    Loin de moi l’idée d’épargner les plus jeunes de notre monde et ses surprises, mais accompagner par des mots, les maux, les peurs.

    Je n’ai jamais parlé de cette histoire, à quiconque, elle est très loin, je ne sais pas pourquoi j’ai eu si peur, et je n’explique pas non plus cette honte à avoir eu peur .

      Mon métier que j’aime particulièrement m’a permis de comprendre, je forme aujourd’hui avec passion, celles qui accompagnent les jeunes enfants, leur redis et répète combien il faut être prudent. 

    Hier à la piscine, un père saisit son enfant,à peine deux ans , l’approche du plongeoir du grand bassin, l’enfant terrifié  eu à peine eu le temps de dire «  non «  , il est propulsé au fond, comme un galet.

    Ça me donne envie d’hurler, de crier, de brailler, ce pauvre père est encore classable dans cette catégorie de ceux qui croient qu’il faut braver la peur, pousser, vaincre …

    Je vous le dis, il y a encore du travail à faire..

  • Entretien d'embauche

    montfort.jpg

    Je pousse la porte du siège régional de l’association, je suis en stage à Caen depuis quelques semaines, je pense à l’été qui arrive.

    Jacqueline, un peu ronde, la cinquantaine,   calée, sur sa chaise de bureau m’accueille avec un grand sourire

    « Alors Jeanne, tu travailles avec nous en juillet, tu es contente ? « 

    -         «  eh bien, pas trop, je préférais un centre avec des 6, 12 ans, je suis prise sur un camp de pré ado, j’aime moins « 

    -         «  Ah, attend, ça va s’arranger, eh dis donc Arnold, tu as ton équipe définitive pour juillet ? »

    J’aperçois un homme très  grand, particulièrement élégant, un peu froid, bien loin du portrait  type du directeur de colo,( baba cool aux sandales et vêtements indiens , la guitare folk dans le dos ), qui passe dans le couloir.

    J’ose à peine le regarder , il m’impressionne totalement .

    -         «  Non, il me manque une animatrice. » il bredouille, semble réservé

    -         «  Dis donc, y’a Jeanne, elle cherche pour juillet, tu l’as prends dans ton équipe, elle est étudiante éduc de jeunes enfants, tu verras, elle est super ! « 

    -         -«  euh oui. »

    -         «  Haut les cœurs, super Jeanne, tu pars en Auvergne, à côté d’Issoire, super, ça roule ! « 

      J’accepte, le directeur un peu fâché, ne prend pas le temps de me rencontrer, il n’a pas osé refuser , c’est Jacqueline la responsable, elle impose. 

    Ma vie est faite de rencontres diverses, rien ne me fait peur, j’ai 19 ans, je fonce, j’y vais, je connais pas ce Arnold, advienne que pourra, ça m’inquiète un peu, pas de détails, pas le choix, c’est parti pour 3 semaines..

  • Le tac' à tac

    cerises.jpgIl m’est revenu en mémoire le jeu de tac tac ou du tacotac, répandu dans les années 70.

    Nous devions toujours faire des tas de tractations, pour acquérir ce type de jeu « vedette «  , mon père forcement n’en voyait pas l’utilité, et ma mère trouvait que c’était trop cher.

    J’en ai eu un néanmoins, vous aussi peut  être.

    Il était constitué de deux boules de plastique  dur de couleur fluo,  reliées entre elles par une cordelette blanche, au milieu de laquelle un anneau de plastique était fixé. Par de légers mouvements, on amenait les boules à rebondir l'une contre l'autre (en produisant un  bruit insupportable), jusqu'à ce que le mouvement prenne assez d'amplitude pour que les boules s'entrechoquent aussi bien au-dessus qu'au-dessous de la main, produisant un fracas continu, suffisant pour déranger tout un quartier. Plus le fracas durait longtemps plus le manipulateur suscitait l'admiration des autres... et l'exaspération des adultes.

    A risque de se taper sur les doigts ou briser les lunettes de la Sécu.

    Je n’étais pas spécialement douée pour ça, je me souviens surtout qu’une des boules, s’est détachée et impossible de remettre la cordelette, c’était encore une des nombreuses frustrations, un peu comme la boite à bulles , j’avais attendu ce jeu, réussi à l’avoir avec la culpabilité d’avoir fait faire des dépenses à mes parents, et le jouet était devenu hors d’usage

    Au lycée, revancharde, je devins particulièrement douée au Rubik’s cube

    Je l’ai gardé longtemps, mon tacotac  l’une des boules attendait desespérement que sa jumelle se rattache à elle, la cordelette ne pouvait absolument pas passer dans le trou prévu.

    On voit Bernard Blier   manipuler l'objet  dans un film de Jean Yanne  «  tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil « 

    Très doué le gamin ! c’est ici

    «  Oui, ben j’ai compris, p’tit con va. »