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  • Game & Watch

    Dans les années 80 , pas de jeux vidéos , ni PC , le rubik ‘cube connaissait un franc succès , j’actionnais le mien à toute vitesse  , les pastilles de couleur finissaient par se décoller , je l’avais usé !

    Chloé avait une game & watch  ,  c’était assez simple à utiliser , deux manettes sous les pouces , des crocodiles qui empêchaient un chasseur de traverser un fleuve , des pompiers qui agitaient des échelles près d’une maison en feu , des gorilles qui crapahutaient dans des arbres en décrochant des bananes ,le tout rythmé par une musique agaçante 

    J’y ai beaucoup joué en cours

    Elle prenait le jeu de son frère et me prêtait le sien, les profs ne disaient rien, aucune remarque, ils nous laissaient tout le loisir de s’énerver sur ces jeux électroniques

    Au lycée, nous étions livrés à nous même, les professeurs ne se sont jamais souciés de notre avenir, aucun ne nous demandait vers quelle  filière nous avions projet de nous orienter

    Par indifférence, laissé aller, je n’ai jamais eu de réponse ?  Il n’y avait aucun conflit entre eux et nous, les absents étaient parfois notés sur les grands cahiers de présence, mais nous avions la possibilité de gommer, rajouter une croix en face des noms de ceux qui allaient voir ailleurs

    Je n’ai aucun souvenir d’élèves ayant été collés,  aucune réprimande, chacun vivait sa vie comme il l’entendait, sur la cour du lycée, régnait une ambiance très paisible, peu de stress pour l’avenir, beaucoup  de glandouille, de belles amitiés 

    Apprendre n’était pas la priorité du moment, nous n’étions pas dans des perspectives de réussite sociale, pour la plupart d’entre nous, l’avenir nous semblait très lointain

    Jouer à la Game boy en cours me semble aujourd’hui surréaliste, même si les élèves doivent être collés à leurs Smartphones, osant même défier l’enseignant en allant vérifier les infos sur le Net

    Pierre Henri qui enseigne la philosophie ne traque pas les téléphones de ses élèves, il leur dit avec grand détachement lorsqu’un deux remet en cause ses propos  «  de quoi vous souviendrez vous ? « 

    Effectivement, s’abreuver d’infos est éphémère, la mémoire ne retient presque rien

    De mes cours de philo, j’ai retenu quelques rudiments sur le langage et la psychanalyse, alors que j’ai reçu 8 heures hebdomadaires durant deux ans

    J’avais complètement oublié ces jeux Game & Watch des années 80, ils me sont revenus en mémoire il y a quelques semaines, revoir les vidéos et entendre à nouveau le bruit strident m’a un peu émue

    J’ai replongé un peu dans les années de l’inconscience, la plupart d’entre nous ont eu un bel avenir, d’autres ont plus galéré

    Nos parents avaient peu d’inquiétude pour nous, ils ne participaient pas au Conseil de classe, ne rencontraient jamais les professeurs, ils avaient confiance en eux, en nous

    Ce n’était ni mieux, ni pire, c’était …. Les années 80


  • des trucs oubliés ...

     

    Cela fait plusieurs jours que je n’ai pas regardé l’écran allumé de mon téléviseur , pas loin de 10 jours , ou plus , la dernière fois , c’était avec Rose et Ellen , «  la diner de cons «  , c’était un film comique pas frais , mais drôle , et Rose était écroulée en écoutant les dialogues

     

    Cela fait des décennies que je ne suis pas montée dans un wagon « fumeurs «  nous avons du mal à imaginer  qu’autrefois, fumer dans les trains était permis

    Cela fait très longtemps que je ne n’ai pas revu un cendrier sur pied, objet des seventies qui trônait souvent près du canapé Skye devant l’énorme poste de télévision-541418093.jpg

    Cela fait des années que je n’ai pas mangé de Jésus, ces meringues sucrées que nous recevions à Noel, ça tombe bien, je ne mange plus de bonbons, ni trucs sucrés à part quelques fois des oursons à la guimauve, j’aime ça, c’est bête, ce n’est pas bien raffiné mais j’aime bien

    Cela fait des années que je n’ai pas vu de balai Bissel

    Cet accessoire ménager reste un mystère, les détritus du sol, miettes poussières qui disparaissent dans un boitier, je ne pense pas que ce soit vraiment sérieux

    Un truc de fou !index.jpg

    Cela fait des années que je n’ai pas utilisé une mouche bébé

    Objet assez peu attractif, qui consiste à faire dégager le nez d’un nourrisson qui ne sait pas se mouchermouche-bb.jpg

    L’embout est posé dans la narine, et on aspire ; shloups !!!!!!!!!

    Faut prendre le temps de poser un coton dans le boitier prévu pour ça

    Cela fait des années que je n’ai pas respiré l’odeur du papier d’Arménie, j’en faisais  bruler dans ma chambre autrefois, j’aimais beaucoup ça6135238-2.jpg

    Tout comme le patchouli, adulé ou détesté, je voudrais bien retrouver cette odeur perdue, juste un instant, pour me souvenir mes années lycée, juste une fois.

    Des gestes oubliés, des objets qui disparaissent du décor, qui surgissent on ne sait comment dans un petit coin de nos têtes, et repartent aussi vite

    Remember ….

     

     

  • Les dormeuses

     

     Onze ans,  je décide donc téméraire de me faire percer les oreilles

    Pour ma communion,  oncle Henry et Tante Olga m’avaient donné des sous pour acheter des boucles d’oreilles, une belle somme, ils avaient les moyens, ils étaient commerçants dans le bourg des Pieux

    Je suis donc allée chez Lecouté  avec ma mère choisir les boucles en or

    Je savais exactement ce que je voulais, des perles blanches sur un petit cerclage

    Gaëlle, une fille du collège, assez riche mais gentille en avait, je trouvais ça élégant

    Le perçage fut rapide et indolore, des prothèses  dorées posées pour un mois, révolutionnaire !

    Je n’enviais pas  les lobes  sanguinolents et infectés des filles de mon âge qui avaient eu droit à la méthode ancienne

    Madame Lecouté avait deux ou trois doigts mutilés, c’était une femme gentille et distinguée

    Son mari, photographe, était sympathique, il avait sa clientèle, un homme respecté comme on dit

    Elle m’avait proposé quelques modèles de boucles d’oreilles, je refusais les traditionnels anneaux

    Louisette la voisine d’en bas en avait, je n’aimais pas  ces anneaux là, je trouvais que cela faisait rural, je regardais les femmes aux joues rouges à la sortie de la messe ou à St Jouvin qui portaient ces anneaux, je n’en voulais pas, je fuyais la campagne, acte délibéré, j’aurai des boucles d’oreilles de citadine

    Evidemment, il n’y en avait pas dans la boutique des Pieux,  on me proposa une paire de dormeuses, qui coutaient 300 francs, et je les ai prises

    Elles ne me plaisaient pas du tout

    Mais je savais qu’il était hors de question de sortir du magasin sans les boucles, et d’oser demander d’aller voir ailleurs, un autre jour

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    Je les ai portées quelques années, puis j’ai opté pour les boucles en pacotille que je changeais régulièrement

    Je n’ai plus jamais reçu de bijou en cadeau, j’ai refusé l’or et tout ce qui brille, excepté mon alliance  j’ai choisi de belles choses avec Jérôme qui a toujours eu peur de se tromper en matière de cadeau

    Et j’ai commencé à fabriquer mes bijoux.

    D’une frustration, on en tire souvent quelque chose

    J’ai conservé la paire de dormeuses

    J’aurais pu essayer de les vendre

    Qui sait, peut être qu’un jour elles plairont à mes filles ?

    Pour l’instant, elles sont trop bordéliques pour les porter.

    Je les ai longtemps rangées dans une boite à bijoux en forme de piano d’où sortait une danseuse en tutu quand on ouvrait le couvercle, en musique évidement !

  • Le cornet de macédoine

     

     

    64253217cornet-de-jambon-jpg.jpgEn guise de hors d’œuvre, les jours de fête, on servait des cornets de jambon macédoine

    C’était tout un art, soigner la présentation, choisir de belles tranches de jambon, décorer le tout avec persil et mayonnaise

    Ma mère confectionnait elle-même la macédoine de légumes

    Elle cuisait des petites quantités de légumes coupés en dés, puis les mettait dans la passoire en plastique, les laissait refroidir

    Elle montait une mayonnaise avec des jaunes d’œufs de ferme bien jaune puis mélangeait  avec la macédoine, déposait le tout sur la tranche de jambon qu’elle roulait délicatement

    C’était des rouleaux de jambon macédoine

    Ma grand-mère faisait  aussi ce hors d’œuvre mais elle ouvrait une boite de macédoine, faisait une sauce avec un jaune d’œuf, un peu d’huile et du vinaigre, ce n’était pas bon

    Heureusement le jambon du boucher de Rauville la Bigot était exquis, ça récupérait l’affaire

    C’était un plat copieux pour une entrée, il fallait garder de la place pour le rosbif, le poulet ou le gigot

    On le savait

    Le cornet de jambon macédoine est rarement servi de nos jours

    Lorsque j’ai des invités le soir, je ne prépare plus de hors d’œuvre, je soigne l’apéritif que nous prolongeons avec plaisir, et nous passons directement au plat principal

    Les choses évoluent, nos diners sont organisés  à l’avance, de manière à passer du temps avec les convives

    Le  dimanche de Pâques est encore réservé aux repas de famille, mes parents y tiennent beaucoup

    Cette année,  nous déjeuneront chez Jade et Thibault, avec la famille de Jérôme, enfin ceux qui auront fait le déplacement

    Ellen est en vadrouille avec Lucas, dans le Lot

    Pour beaucoup, ces trois jours seront un  temps de retrouvailles familiales

    Pour d’autres, une journée peut être grisée par la mélancolie.

    Je vous la souhaite douce et sereine ….


    Photo du Net

  • L'infirmier corse

     Avril 2003,un peu plus d’une heure de vol et nous voilà sur l’Ile de Beauté , Ellen et Mark sont ravis de prendre l’avion, nous avons laissé Rose chez mes parents .

    De ce séjour en Corse, je me fixe l’objectif de visiter le tombeau de Tino Rossi , aller chez Tao à Calvi , voir la citadelle , et me débarrasser des tous ces trucs qui torturent mon corps depuis deux mois.

     

    Le soleil réchauffe ma peau , je suis bien…

    Nous avons réservé un petit logement pour deux nuits aux alentours d’Ajaccio, dans une orangeraie, dépaysement total.

     

    Reste à trouver un cabinet d’infirmiers pour ôter ces deux fils qui commencent à me chauffer le bras  .

     

    J’appelle au hasard

    «-pas de problèmes, venez ce soir vers 17h madame .»

     

    Je pousse la porte d’un appartement situé en Rez de Chaussée, pas de salle d’attente, un couloir

    Un homme  ouvre, et me demande de le suivre

    Il ouvre une petite valise, et tente d’y sortir des produits médicaux

    -vous souhaitez l’ordonnance?

     

    -« Bah, ça nous arrive de la demander…

    Je prends quoi pour désinfecter? »

     

    Ah, voilà un monsieur qui a besoin de conseils, je choisis?

     Vous supportez l’éther madame?pie.jpg

     

    L’éther, il y a au moins 25 ans que je n’ai pas respiré, beuh…!

     

    « -Vous n’avez que ça, allez-y … « 

     L’homme hésite, à trois reprises parvient enfin à ôter les fils

    -« Vous voulez un pansement, je ne sais pas si j’en ai? « 

    Il ouvre des tiroirs, fouine tel un apprenti coiffeur à qui on a confié la boutique pour quelques heures.

     

    Je doute tout à coup de ses compétences..

    Il colle un pansement, mais l’humidité l’empêche de coller.. s’énerve …

    Ce n’est pas grave, j’espère que ça ne va pas s’infecter..

    Je m’assois face à un semblant de bureau, contente que ce soie fini.

    - Monsieur, je vous dois ?

    -Oh, ben, je ne sais pas … deux points, disons 3 euros

    Stupéfaction, pas de taux honoraires, je n’ai jamais vu ça .

    Je fouille dans mon porte-monnaie, je n’ai pas plus d’un euro cinquante, je peux payer en francs?

    Ne vous inquiétez pas, c’est bon, ça ira

    Dois je préciser que je n’aurai pas droit à une feuille de maladie donc pas de remboursement.

    « Je n’ai pas de preuve si j’ai un problème, je porterai plainte. « 

    « Oh mais madame, si ça ne va pas, revenez demain,répondit le pseudo infirmier, gentil et courtois . « 

     

    Je n’ai pas eu recours à Maître Collard, pas de procès médiatisé, la cicatrice s’est refermée

    J’ai raconté cette anecdote à Jérôme, totalement convaincue que cet homme était autant infirmier que moi top model .

     

    J’aurais pu aller voir un vétérinaire

    Cette anecdote reste un mystère , qui donc était cet homme si peu expérimenté ?

    Je me demande toujours ..

  • Cyprien

    le_havre_1.jpgDès qu’il avait su que je partais faire mes études au Havre, Félix m’avait dit «  tu vas retrouver Cyprien là bas « 

    Cyprien était un garçon doux et assez séduisant, je le connaissais un peu,  pas un vrai copain, mais quelqu’un de bien très certainement

    Il terminait son DUT informatique, je n’avais pas moyen de le contacter dans cette ville qui m’était étrangère, pas de réseaux sociaux, ni portable, comment le retrouver ?

    Vous savez bien, c’est quelque peu rassurant de connaitre une âme dans un lieu nouveau, juste un regard, un visage familier,  ça peut aider

    Un soir, dans le couloir dans la Cité Universitaire, j’ai croisé Cyprien par le plus grand des hasards

    Il était agréable, souriant, me précisa qu’il ne résidait pas dans le bâtiment, il avait une chambre  ailleurs, j’avais donc peu de chance de le revoir

    Lors d’un WE à Coutances, je l’avais recroisé, je n’aimais pas trop sa bande de copains, j’étais restée un peu distante, pourtant … il me plaisait  bien ce Cyprien

    Au point de penser de plus à plus à lui

    J’avais osé l’inviter à passer un soir prendre une tisane, ou un café, lui avait donné le numéro de ma petite chambre rose, et je m’étais préparée

    Ces rendez vous là ne sont pas simples, de quoi allions nous parler, de quoi serait tinté ce moment là ?

    Après avoir diné au Restaurant Universitaire, j’étais remontée dans mon petit logis, et je l’avais attendu, envahie par un stress et une certaine allégresse, comprenez.

    J’ai attendu, attendu, il n’est jamais venu.

    Je me souviens que même mon radio cassette n’avait pas réussi à consoler mon cafard

    Avait-il oublié, renoncé ?

    Je suis restée sans réponse à mes questions

    Je l’ai revu par hasard quelque mois plus tard, je ne lui ai reparlé de ce rendez vous manqué

    Et je me suis efforcée de l’oublier …

    Quelques années plus tard, j’enseignais dans une petite école privée

    Un collègue me demande

    «  Dis donc, tu étais au Havre toi 

    Tu as du voir Cyprien ? »

    C’était sa mère ….

     

  • Stéphane ,François , Guillaume et les autres ..

    Le salon de l’agriculture est toujours un lieu de traque pour nos élus

    Les journalistes sont à l’affut du moindre geste, du moindre dérapage et l’opposition ne met pas de temps à crier au scandale, ça alimente la presse, pour quelques heures, et on passe à autre chose

     

     

     

    C’était un soir de mars, d’avril ou de mai, je ne sais plus très bien

    J’avais eu envie d’aller voir, comme ça, sans à priori, sans préjugés

    Je ne sais plus l’année, peut être 2004 ou plus

    Monsieur Notaire qui n’était pas encore élu avait convié cet homme là pour une rencontre débat

    Une petite trentaine de personnes réunis dans la  petite salle d’une maison de quartier, bien loin des meetings et des salles surchauffées avec des militants qui braillent en agitant leur drapeau

    Un petit comité, tout petit

    J’avais écouté, sans intervenir

    Le monsieur était sympathique, faisait partie de ses gens plus qu’abordables, souriant, simple, déterminé  

    Une petite soirée comme d’autres, ou presque …

    Ma mère m’a souvent raconté  qu’elle avait vu de Gaulles sur les champs Elysées un jour de 14 juillet à Paris

    Je n’ai jamais vu Georges, Valéry, François, ni Jacques, ni Nicolas …

    Jamais eu l’occasion

    Mais le hasard a fait qu’un soir j’ai passé un moment avec notre  président

    Par hasard si on veut …

    C’est comme ça.

    Cette vidéo  me fait sourire, j’aime la spontanéité  des trois hommes, j’avais rencontré Stéphane aussi, un soir, je l’avais trouvé très  sympathique


    Y’a pas à dire, ça me fait tout bizarre quand je les vois, repense toujours à ce soir là où  je lui avais dit

    « Guillaume, tu seras ministre «  il avait éclaté de rire.

     Le même éclat de rire …

  • St Etienne

     

    Le jour où Louis nous a annoncé qu’il entrerai dans la Compagnie , au fond , nous étions heureux pour lui , mais … deux ans , deux ans de noviciat , deux ans de coupure radicale , deux années sans le voir , juste quelques lettres échangées de temps à autre ,  un vrai déchirement

    Il fallait bien se raisonner, même si étions séparés déjà depuis l’âge de  18 ans, la coupure était cruelle

    Il ne fallait pas que je le culpabilise , évidemment , c’est jamais simple ces choix là

    Il s’installa à Lyon , à St Didier au Mont d’or exactement si mes souvenirs sont bons

    Il aimait sa vie, trouvait un vrai équilibre intellectuel et humain

    Les fêtes de Noël, ce fut sans Louis

    Je continuais ma vie de célibataire avec ma visa  , heureuse et comblée par mes choix , je bougeais beaucoup , rencontrais des tas de gens ..

    Au cours de la deuxième année, il m’informe qu’il doit travailler en gériatrie à St Etienne

    St Etienne , c’est pas possible !

    Je dois m’y rendre au printemps pour un rassemblement national

    Le hasard nous réunit au même endroit, au même moment

    Mais Louis est formel,  la Compagnie impose une coupure de deux ans, pas d’amis , pas de famille

    J’en suis malade ..

    Quelques jours avant de partir à St Etienne, je parle de ce hasard de la vie  à Xavier qui est jésuite à Paris

    « mais voyons Jeanne, c’est pas humain ça, tu vas aller voir ton frère à St Etienne , un point c’est tout !

    Alors, nous nous sommes contactés par téléphone et avons convenu d’un rendez vous dans le Centre Ville de St Etienne

    J’avais quitté le groupe une demi journée, Xavier  m’avait gentiment accompagnée en voiture

    J’avais retrouvé Louis dans le Centre de cette ville qui m’était complètement inconnue

    Nous avions passé deux heures ensemble, des retrouvailles simples

    Louis était ravi de me revoir dans son univers

    Nous nous étions quittés sereins et heureux

    Tout ça c’était avant que la maladie s’installe

    Depuis, Louis a complètement oublié cette rencontre , il ne s’en souvient plus …

    C’est triste d’oublier son passé

    Mais, peut être que les souvenirs remonteront un jour

    Les miens sont toujours là..

     

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  • Août 1988

     

     

     

    Pour animer  cette session de formation, il nous faut Jeanne avait ils décidé rue de Varennes à Paris

    Claire Marie avait dit, ça va être dur, elle déteste le sud, Tarascon c’est trop au sud pour elle, si vraiment vous voulez Jeanne, faites une équipe masculine de formateurs, elle va craquer

    Elle me connaissait  la copine

    Trois hommes,  j’ai accepté  (n’allez rien imaginer s’il vous plait)

    J’ai pris le train pour Paris, puis un autre vers Lyon, et enfin un dernier pour Tarascon, où Xavier m’attendait

    Xavier était jésuite, je l’aimais bien, Bastien un gars du sud, grande gueule et sympathique, et Bertrand seraient mes trois complices

    Nous avions passé la première nuit dans un mas provençal  chez les parents de Bertrand, je me souviens les avoir revus un jour à la télé lors d’un reportage sur les inondations

    La session de formation fut très sympathique, nous nous entendions à merveille, pensez bien, j’étais  chouchoutée par mes trois acolytes et la chaleur n’était pas si étouffante que je ne le pensais

    J’avais déjà testé un été dans le sud à St Auban et j’avais survécu

    Un des stagiaires était tombé amoureux de moi, à peine plus vieux, il m’avait proposé de passer la nuit à regarder les étoiles  (…) mais j’avais décliné, Jérôme était rentré dans ma vie et Arnold n’en était pas encore sorti, ça faisait beaucoup.

    Nous étions allés voir les carrières de Roussillon, et avions fait un rapide passage en Avignon

    C’était bien cette session dans le sud

    L’été  1988 si mes souvenirs sont bons

    Je voyageais seule, j’étais libre comme un oiseau, j’aimais ces rencontres fugaces, j’aimais ma vie du moment, que je voyais changer peu à peu

     

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  • Le livre des records

     

     

    Mes parents avaient jugé bon un jour, que les cadeaux de Noel deviendraient collectifs, sur le principe , pourquoi pas , même si le mot collectif n’a jamais était attractif pour moi , on aime tous ouvrir un cadeau et le garder contre soi

    Et c’est ainsi qu’un matin de Noël, nous avons découvert  le livre des records

    Le Guiness Book !( rien à voir avec la bière )R-Guiness-Le-Livre-Des-Records-1980-Livre-234774130_ML.jpg

    Du plus petit au plus grand

    Du plus gros au plus mince

    Des records de taille , de poids , des bébés de 7 kg à la naissance , une poule de  10 cm , une pizza de 8 mètres de diamètre ,des ongles de 60 cms,  des géants , des lilliputiens , ce livre avait pour mission de recenser  les records les plus insolites et souvent les plus insensés

    A cette époque, il n’y avait pas de photos dans ce livre mais pour avoir des images, il suffisait de regarder Jacques Martin le dimanche avec son émission « Incroyable mais vrai « 

    Des candidats se lançaient dans des records de vitesse, de cascades périlleuses, de constructions étonnantes comme un accordéon de deux mètres de haut et les détails des chiffres alimentaient l’admiration

    Le plus grand accordéon du monde (qui fonctionne) mesure 2m53 de haut, 1m90 de large, 85cm de profondeur et pèse à peu près 200kg! Faut trouver le gars qui a des bras assez grands pour en jouer 1708632012.jpg
    il y avait également des records  revendiqués pour le tourisme  

    -Le plus petit port de France , les plus grand pont d’Europe , le plus petit village , et bien sur , des défis à relever , la plus grande piscine du monde , toujours plus haut , plus fort !

    Les records n’ont jamais cessé d’attirer les hommes, jusqu’à organiser des challenge du style le plus grand mangeur de hamburgers ou de chili con corne « buzzleplusgroshamburger.jpg

    Immonde !

    Avec l’arrivée du Net , le livre des records qui comme le Quid était  réédité chaque année fut rangé dans les armoires

    Je vous épargne les photos de monstres, hommes poilus, femmes à barbe,  enfant à trois jambes et autres «Freaks «   qui remplacent les monstres des foires des années 30

    Juste quelques images volées sur le Net

    Du chien le plus laidchien.jpg

    Du plus petit singeimages.jpg

    Et surtout , ma préférée

    Le plus gros lapin


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    Parce que.. je trouve que le propriétaire à une légère ressemblance avec l’animal, ou l’inverse

    Mais c’est un autre sujet

  • Le goudron et le guano

     

     

     

    L’été, nous allions à la plage de Sciotot ou de Siouville

    Régulièrement, nos pieds étaient salis par des taches noires et collantes

    Ma mère rouspétait

    «  Ah, vous avez encore marché dans du goudron ! »

    Elle grattait notre pied avec un petit couteau, pas question de garder ça longtemps

    Je ne savais pas d’où venait ce goudron, est ce qu’il tombait du ciel, était transporté par les oiseaux, est ce que des gens  le perdaient en chemin,

      Rien, je ne demandais  rien

    Mon père muni d’un grand semoir allait dans les clos semer du guano

    Du guano ?

    Ça ne se mange pas ?

    C’était bizarre le guano

    J’avais oublié

    Jusqu’au jour où Eugénie en voyage au Pérou me dit qu’elle avait vu des étendues de guano

    Voilà, c’est un fertilisant fait d’excrément d’oiseaux, j’en savais rien, j’ai compris un peu tard.

    Enfant, je n’étais ignorante, pas sotte mais ignorante

    On ne voyageait pas, j’ai vu le Val de Saire une fois ou deux, le phare de Gatteville, le zoo de Montaigu la Brisette  (Monte ton cul la Louisette comme dirait Louis en éclatant de rire)

    Je ne posais pas de questions, personne ne me donnait d’explications

    Les Alpes  c’était un truc en plastique épais sur la carte de l’école primaire, la  Méditerranée une copine de Tino Rossi.

    Sur les ponts je lisais des trucs incompréhensibles ‘ libérez Nicoud «, Pompidou trônait en portrait dans la Mairie avec un air sérieux

    Je ne bronchais pasPompidou_portrait_officiel.jpg

    Mais quand même, je ne le faisais pas exprès de marcher dans le goudron, je n’avais pas de sandales en plastique.

  • Les trois biquets

     

    Donc, à l’époque de Marie Claire Pichaud , je menais une enfance plutôt paisible, pas forcement  confortable mais paisible

    Pas de livres, peu de sorties mais une maison remplie d’animaux

    Un jour, mon père avait sorti du coffre de son ami 8 bleue une biquette qu’il avait été cherché chez Alphonse, un retraité SNCF

    La chèvre était pas commode, elle bêlait comme une dingue, et ne manquait pas de nous saluer avec de grands coups de corne

    Chaque années, mon père emmenait la biquette au bouc et quelques mois plus tard, elle donnait naissance à trois biquets

    Pas un, pas deux, toujours trois !

    C’était le bonheur

    Avec Flo et Louis , nous en choisissions un , et on l’apprivoisait pendant quelques mois

    Ces bêtes là n’étaient pas farouches, elles avaient même tendance à être envahissantes

    Un jour, les trois biquets étaient rentrés dans la maison, et en un éclair étaient grimpés sur le lit de mes parents

    On avait tous, tous, beaucoup ri , surtout mon père

    Les biquets grossissaient, et il fallait se rendre à l’évidence, ils allaient finir dans le congélateur

    Je me planquais à l’étage le jour venu, mon père se chargeait des préparatifs

    Nous mangions les biquets, ce n’était ni bon, ni mauvais

    Dans les fermes, c’était ainsi, on tuait des lapins, des moutons, des cochons et on n’était pas traumatisés …

    En triant quelques affaires, je suis tombée sur cette photo, et elle m’a émue

    Je l’aimais beaucoup cette blouse à fleurs

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  • L'héritage

     

     

     Ma grand-mère avait  des 45 tours de Marie Claire Pichaud

     Louis et moi, prenions un plaisir fou à empiler ces petits disques pour les voir tomber sur la platine ultra moderne des années 70

    Alors, nous écoutions Marie Claire Pichaud

    Cette femme était un mystère, on ne la voyait jamais à la télévision, certainement que ma grand-mère avait trouvé ce disque dans un pèlerinage de Lourdes ou la Salette dont elle raffolait

    Ce n’était pas gai Marie Claire Pichaud

    Ma grand mère n’avait aucun disque de variétés, elle n’aimait pas ça, le reste non plus  je crois qu’elle écoutait rarement ses vinyls, mais elle  était équipée du meilleur électrophone des seventies

    Elle aurait pu avoir du Jean Claude Giannada

    Ne me dites pas que vous n’avez jamais entendu ce chanteur qui a composé la qualité totalité des cantiques modernes qui animeront mariages et baptêmes

    « Trouver dans ma vie ta présence … «  rendu célèbre par le film  Nos jours heureux r Olivier Nakache et Éric Toledano

    J’ai chanté tout  Giannada , ou presque

    Love c’était son nom  lalala, à tue tête avec mon copain Félix, et  Léo en colo

    «  Rêve d’un monde, monde plus beau à faire ensemble « 

    C’était la variété des cathos, plein d’idéaux, l’humanisme des années 80

    J’ai adoré ça !

    Et les chants de Taizé, magnificat, Laudate dominum … sublimes en canon, à deux voix, avec parfois de foules de 10000 personnes, j’aimais ça, j’avais  16 ans, c’était mon mai 68 à moi

    Début 90, j’ai arrêté de chanter

    Aujourd’hui je me demande comment j’ai tenu si longtemps

    Plus de 10 ans sans chanter, ça me parait dingue aujourd’hui

    C’est pas une obsession , c’est juste vital , comme d’autres  ont des frénésies de dépenses ,  des collections , chiner ,  voyager ,  photographier ,  moi j’ai besoin de chanter

    J’en reviens à ma grand-mère, parce que tout est parti de là. Sans elle je n’aurais pas quitté ma campagne pour  vagabonder dans les mouvements chrétiens, sans cet héritage là, je n’aurais pas assumé  cette appartenance là durant ma scolarité dans le public

    J’aime aujourd’hui jeter un petit coup d’œil en arrière, constater avec gratitude et  allégresse que rien n’est donné au hasard, dans mon héritage, j’ai pioché, pris ce qui  semblait à ma portée

    Jamais appris la musique, jamais fait de danse, de natation ou de cheval, mais  j’ai eu cette chance  d’avoir reçu  des balises pour guider ce beau chemin

    Tout ça, faut que ça résiste au temps …

     

    Marie Claire Pichaud,  le plus dingue, c’est que je n’ai pas oublié la mélodie de ce disque là …

  • Le hachis

     

     

    C’était un jour de Juillet, les cuisinières de la colo étaient en congés, un peu de quiétude dans ce rythme effréné 

    Elles en avaient profité pour changer de quartier

    Jacqueline était la cuisinière officielle,  toujours au taqué, infatigable, Bernadette sa collaboratrice était une petite femme tassée qui exécutait tout avec le sourire

    On les aimait bien les deux femmes,  elles attendaient nos intrusions dans la cuisine de collectivité qui sentait le gras et le détergent

    J’aimais cette odeur, les bruits de gamelles qui swinguaient comme un quintette, le va et vient de cet endroit, la vie qui se passait en cuisine, SAS  de liens improbables …

    Vers 11 h le matin j’avais  la charge de réchauffer l’énorme marmite contenant un hachis Parmentier confectionné la veille pour une soixantaine de gamins

    Je me souviens que l’un d’eux avait deux rangées de quenottes, impressionnant

    On aurait pu ouvrir de grandes boites de conserve de quenelles, cuire des pâtes ou du quinoa mais Bernadette et Jacqueline avaient anticipé, par souci de ne pas perdre les restes de viande

    En ce temps là, on recyclait les restes

    L’été était chaud à St Auban

    En me dirigeant vers la chambre froide, un drôle d’odeur monta dans mes narines

    Une bête morte ?

    En soulevant le couvercle de la marmite de hachis, j’ai cru m’évanouir

    La mixture avait tourné, une horreur, déjà l’aspect n’était pas attirant, mais l’odeur qui se dégageait était indescriptible

    J’ai refermé vite fait, quitté les lieux et je suis allée  quérir  conseils  pour nourrir en catastrophe une tribu de mômes affamés encore occupés à jouer aux quilles, ballons et scoubidous …

    Arnold a volé à mon secours, il aurait fallu des litres de quintessence pour extirper la puanteur qui se rependait dans la cuisine

    Nous décidons rapidement d’ouvrir des boites de raviolis en grande quantité, mais le pire restait à faire,  virer cette mixture indescriptible et nettoyer au plus vite les gamelles

    Assez vite, nous avons trouvé la situation quasi comique, et c’est dans des éclats de rire que nous avons vidé dans de grands sacs poubelles le repas avarié, sacs qui risquaient de céder à tout instant, pesant un demi-quintal

    Notre plus grand chance fut que ce jour, nous n’avons pas reçu la visite de l’inspecteur de Jeunesse et Sport, qu’aucun gamin ne fut intoxiqué, parce que  rapatrier  le groupe dans un hôpital à Nice n’aurait pas été une mince affaire

    Au retour de Bernadette et Jacqueline, point de querelles, ni de quolibet, de quelconque explication, de  quiproquos pour savoir d’où était venu le tracas de hachis avarié

    Arnold n’était pas procédurier

    C’était l’époque de l’insouciance,  bien à l’abri des inspecteurs et quelconque  législation  pointue, quotas de diplômés, au final les choses étaient simples, les cuisines ouvertes aux animateurs, lieux de vie, lieux d’intimité nocturne

    Chaque fois que je mets les pieds dans une cuisine de collectivité me remontent en mémoire les odeurs de gras et de détergent, je regarde presque nostalgique les énormes casseroles rangées sur les étagères, les éviers profonds où j’ai trempé mes mains tant de fois … et souvent j’entends un

    « T’as pas vu le balai Jeanne ?  « 

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    Participation aux Plumes de l’été chez Asphodèle avec la lettre Q

    Les mots imposés :

     

    logo-plumes-c3a9tc3a9.jpgquenelle – quiproquo – quolibet – quiétude – quintessence – quota – quérir – quenotte – querelle – quinoa – quilles – quintette – quartier – quintal – quinquet – quelconque – quitter – quasi – quantité.


  • Les livres Pop up

     

    Dans la petite maison pas trop chauffée, il y avait peu de livres

    Aucune encyclopédie, aucun roman , un Larousse illustré, un livre de recettes jauni, et pour nous quelques albums Hachette qui racontaient des histoires de canards et de chats, pas vraiment passionnants, peut être recherchés aujourd’hui par les nostalgiques du formica, mais avouons le, depuis, on a fait beaucoup mieux  en littérature enfantine

    Etonnement , nous possédions  deux albums POP- UP

    Entendez, deux livres animés

    Ces livres assez fragiles dont les personnages bougent légèrement, ou disparaissent, ou mieux encore qui par magie, nous embarquent dans des châteaux et des univers fantastiques grâce au relief des images catonnées

    Nous avions le livre de » Robin des Bois » et « Alice au pays de merveilles », édition 1969, collection Hallmark Rouge et or

    C’est certainement ma grand-mère qui avait fait cette trouvaille, elle aimait fouiner dans les grands magasins de Cherbourg le lundi matin après avoir vendu quelques œufs au marché

    Mon grand père avait son emplacement à vie Place Divette

    J’ai tourné les pages de ces livres des dizaines de fois, actionné les languettes qui simulaient une bagarre entre Robin des Bois et un autre personnage

    Le moine avait des allures de pervers pas netalice-Rouge-et-Or_208.jpg140.jpg

    Allons, il faut l’avouer, les graphismes de cette époque étaient un peu grossiers, mais ces albums illustrés avec beaucoup d’intérêt pour nos yeux de gamins

    L’histoire de Robin des bois ne m’a jamais passionnée, quand à celle d’Alice aux pays des merveilles, je ne comprenais pas tout

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    Je ne sais pas ce que sont devenus ces deux albums, j’ai eu subitement envie de les revoir, pas de les posséder, juste de les revoir

    Après quelques recherches sur le Net, j’ai trouvé ces photos,  c’est … kitch, ce n’est pas chouette, mais j’ai aimé

    Avec un très beau Charlie et la Chocolaterie, mais à choisir, préférez le roman de Roahl Dahl, avec en prime son «  Sacrée Sorcières «  que Rose à du lire au moins 5 fois, elle en connait des extraits par cœur

    Les livres animés fascinent toujours , se déchirent , se recollent , s’ouvrent , se ferment maint et maint fois , passent de main en main , font partie de nos vestiges familiaux

    Ces choses qu’ont a toujours du mal à jeter …


     

    Les livres Pop ups reviennent en force dans les librairies jeunesse , c’est un beau cadeau , un trésor à manipuler , le livre en 3 D d’autrefois sans lunettes spéciales


    Photos du Net