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  • Les fêtes

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    Le dimanche,  lorsqu’il ne faisait pas assez chaud pour aller à la plage, mes parents nous emmenaient aux fêtes

    La fête de Rauville qui clôturait l’été, la Ste Anne à Bricquebec, la foire de Brix, et aux Pieux : la St Clair (la Chain Quié  pour Bleck)

    C’était toujours le même rituel

    D’abord, mon père garait l’ami 8 dans un champ, parfois boueux, surtout à St Jouvin

    Puis, sous les odeurs de frites et de saucisses, nous regardions  le défilé

    En premier la fanfare, les manchots aux joues rouges soufflaient comme ils pouvaient dans la trompette d’autres, légèrement débraillés, tapaient sur la grosse caisse

    Suivaient, les majorettes

    Je regardais celles qui avaient de grosses cuisses,  je n’aurais pas aimé être à leur place, certaines avaient filé leur collant, d’autres étaient trop grandes, trop vieilles 

    Je n’aimais pas regarder les majorettes

    Mais il fallait  regarder, nous n’avions rien d’autre à faire

    Puis,  mes parents allaient regarder  un groupe de folklore normand, en costume traditionnel, certaines femmes étaient élégantes, d’autres un peu rondes, mais ils semblaient vraiment s’amuser

    La scène était faite de quatre remorques de tracteur, les roues n’étaient pas camouflées

    Parfois, il y avait un défilé de char avec des fleurs en papier crépon et une miss trônait sur le dernier

    Elle n’était pas laide, souvent  c’était une de mes cousines qui avait revêtit la robe de mariée de sa sœur sans voile ni bouquet

    Ça se voyait

    Mes parents n’aimaient pas la musique, mais ils étaient là

    Régulièrement, nous  nous arrêtions  pour parler à des gens, cousins éloignés, des gens tristes, des joyeux, d’autres que j’essayais de situer, je leur trouvais des ressemblances, je retenais leur prénom

    Y’avait des hommes en casquette avec une canne,  des femmes endimanchées avec de gros anneaux en or aux oreilles, c’était la mode les anneaux

    Je n’avais rien d’autre à faire que de regarder et d’attendre

    Mes parents nous offraient une glace, je n’aimais pas la gaufrette du cornet, qui avait gout d’hostie, mais il fallait tout finir

    Nous n’allions jamais aux manèges, mon père buvait une bière avec un cousin  ou un cheminot  puis il était l’heure de rentrer en Ami 8  pour la traite

    Dans cette foule , j’étais mélancolique , je voulais fuir , j’aspirais à autre chose , d’autres horizons ,  d’autres plaisirs , tout était frustration  et attente , attendre le mieux , fuir cette ruralité que je trouvais  figée

    Chaque fois que je retourne dans des  lieux publics  du Nord Cotentin, je ressens le même malaise, les gens ont peu changé, je ne  rejette pas ces tranches de mon histoire, j’ai juste fuit …

    Et je sais que jamais je n’y redeviendrai


    Photo du net

  • La réformabie

     

     

    1975,  rentrée en 6 ème au collège Les Provinces dans la ZUP d’Octeville

    Ce n’était pas  joyeux de quitter à 10 ans une école  rurale assez confinée  dont je garderais de très bons souvenirs, le car, la cantine, les brimades, nous n’étions pas vraiment prêts à affronter ça

    Notre collège de secteur avait été l’objet d’une expérience assez …originale

    Nous étions repartis dans des classes  A, B, C, D, E, F  et pour ceux qui aujourd’hui seraient dans les classes SECPA , il y avait les classes CPPN

    Les sigles  et l’éducation Nationale ont toujours fait bon ménage, notre copinaute Célestine  peut en témoigner

    Donc , pour l’histoire Géo ,  les sciences naturelles , le sport  et la techno , nous étions dans une classe et pour le reste , Anglais , Maths et Français , les élèves étaient repartis en niveaux , de  1 à 6

    Les meilleurs étaient en  1 et les cancres  étaient en  5 voir en 6

    Pour les élèves de 6 e, les professeurs se basaient sur les notes du primaire

    Le premier jour, j’étais  331

    Niveau 3 en anglais  (j’en avais jamais fait) 3 en français, pourtant, j’avais un bon niveau, et  1 en maths, allez comprendre ?

    Lors du premier cours d’anglais,  la prof me dit  «  c’est une erreur, Jeanne, tu passes dans le niveau 2)

    Allez, zou, première étape

    J’ai fait quelques semaines en niveau 3 en français avec monsieur Caustel,  un ancien instit  recyclé là, il était pénible.

    Les notes étaient bonnes, il m’éjecta en niveau 2

    Ouf.avec Madame Veille qui était charmante

    Mais Louis en niveau 1 partout me parlait de Madame L   , et je fis tout mon possible pour remonter encore d’un niveau

    Ce fut chose faite au dernier trimestre

    En Anglais aussi, il me fallait  accéder au podium,  je m’efforçais d’apprendre pour convaincre la prof de monter d’un cran *

    C’était un vrai chaos, tous ces changements, je monte, je descends,  les pauvres 666 étaient  en bas de l’échelle, impossible de monter une marche, quels dégâts !

    En fin de  sixième, j’avais réussi,  c’était bien, beaucoup mieux

    Mais il fallait y rester

    C’est en fin de 4 e je crois que je suis passée en  niveau 2 en maths,  pas étonnant

    J’entendais parler de la réformabie, je ne comprenais rien à cette réformable,  jamais on ne m’expliqua qu’il existait ce Haby, René de son prénom, ministre de l’éducation Nationale sous Giscardloadimg.php.jpg

    Sacré René, sacré Valéry !Valery-Giscard-D-estaing-1975_galerie_principal.jpg

  • Les desserts chimiques

    En ce temps, nous n’avions pas encore de congélateur

    Ma mère faisait des glaces

    Elle achetait parfois la poudre alsa  et versait sa préparation à la fraise dans le bac à glaçons, une fois gelés, mon père découpait le bloc en tranches et nous mettait une barre glacée dans une coupe transparente  nutella

    Ça débordait, c’était rigolo, il ne servait pas  les barres dans une assiette à dessert parce qu’elle ne sortait que le dimanche

    Le gout était chimique, le parfum assez éloigné de la fraise, c’était ni bon ni mauvais …

    Les gros pots de pate à tartiner n’existaient pas, le contenant était  un verre, ou ces coupelles recouvertes du couvercle plastique blanc

    Ma mère gardait ses coupes et elle les utilisait pour faire des entremets alsa

    Mon grand père en raffolait, il en mangeait tous les jours, parfum vanille

    Je n’aimais pas ses entremets là, le pire c’était saveur café, écœurant

    J’ai essayé  un jour les entremets de l’Abbaye de la Coudre dont on me disait le plus grand bien, rien à faire, je suis rassasiée à vie de ces crèmes faciles à faire mais sans gout

    Dans le jardin, il y avait des fraises

    Ma mère faisait de délicieux sorbets avec  les esquimaux Tupperware

    C’était meilleurimages.jpg

    Je n’ai jamais fait de glaces, ni avec de la poudre, ni avec des fruits

    Quand les enfants étaient petits, je leur préparais des Milk shake, banane, ou fraise

    Ils aimaient bien

    Quand ils seront adultes, ils se souviendront certainement de mes mousses chocolat ou caramel vite préparées  de chez Monbana

    La vie est un éternel recommencement ….

  • Le baigneur

     

    Ma grand-mère m’avait offert une poupée Bella, j’avais peut être quatre ans,  un peu plus...

    poupée 1.JPGJe la choyais, l’habillais des vêtements que ma mère avait tricoté je l’admirais, je l’aimais

    Je voulais un baigneur,  un bébé mou avec des cheveux plantés, un vrai garçon

    Au Noel de l’école, nous recevions un jouet,  choisi un peu avant, espéré, rêvé …attendu

    Ce jour là, avec un paquet de chocolats au sucre, et des petits Jésus roses et verts, j’avais reçu un baigneur enveloppé dans un sachet de plastique

    La pauvre ….

    Il portait une fine combinaison de coton, et des chaussures

    J’en étais malade de le voir si peu vêtubaigneur 1.JPG

    Ma mère avait demandé à une de ces cousines de lui faire des vêtements en tricot et crochet

    Je l’avais mis en pension dans cette maison de Bricqueboscq, et j’avais attendu son retour

    Il était revenu habillé d’une salopette en crochet jaune canari, et d’un pull et d’un bonnet assorti bleu marine et jaune

    J’étais admirative de la précision des vêtements, parfaitement ajustés à sa taille

    Parfois, un de ces bras se décrochait, j’étais trouvé le truc pour le remettre,  pareil pour les jambes

    baigneur 2.JPG


    Je rêvais toujours de ce bébé mou, aux cheveux plantés que je n’aurai jamais, je ne  l’ai jamais demandé

    Je m’occupais de mes poupées comme de vrais enfants,  chaque fois que je me quittais la maison pour uen durée courte, j’avais l’impression de les abandonner

    A dix ans j’ai reçu une poupée Sebino,  une poupée mécanique qui est restée intacte

    poupée bébé.JPG


    Je les ai conservées tous les trois dans ma chambre, toujours au même endroit, tous trois restés en parfait état

    Une fille

    Un garçon

    Une fille

    Devenue grande, j’ai eu

    Une fille, un garçon, une fille ….

    Par chance , leurs bras et leurs jambes ne se sont jamais décrochés  ..


  • Les masques

    Lorsque nous étions enfants,  les gamins du village avaient organisé un petit carnaval

    Au camion de l’épicier qui passait le jeudi midi, ma mère nous avait acheté des masques

    Je ne savais pas lequel choisir

    Canard,  loup, chat ….. ?masque-chameau-enfant.jpg

    Il fallait poser sur la tête l’ignoble masque en plastique et le fixer par le fil élastique qui cédait rapidement

    Une fois posé sur mon visage, j’avais envie de vomir, le plastique moulé était d’une puanteur, et j’avais trop chaud, je ne voyais rien sans mes lunettes

    Je ne tenais pas deux minutes là-dessous

    Et puis nous n’avions pas de déguisement assorti,  sortir en manteau avec une tête de chien, ça ressemblait à rien

    J’ai jamais aimé défiler accoutrée  d’un masque, ni même déguisée

    J’ai du le faire souvent,  quand j’animais des colos, et à la crèche avec les petits

    Je n’aime pas  me déguiser, je n’aime pas les  corps humains avec des têtes d’animaux comme cette affiche collée sur les murs du théâtre

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    Longtemps les énormes têtes de rois du carnaval m’ont fait peur et l’idée de mettre ces pauvres gens en carton dans le feu me terrifiait

    J’aurais aimé être habillée en fée ou en princesse, je n’ai jamais eu l’occasion

    Pour mon opération des amygdales vers l’âge de 6 ans, j’ai été endormie au masque, je m’en souviens encore

    La fête de Carnaval  a quasi disparu dans beaucoup de villes et villages, remplacée par Halloween

    Seules quelques villes gardent cette tradition

    J’espère ne jamais devoir porter de masque à gaz …. Ce n’est pas esthétique 

  • Pas à ma place

                Il y a une dizaine d’années, sous l’invitation d’une amie,  je me suis retrouvée à une réunion de féministes

    Réunies dans une toute petite boutique de la place de la Trémoille, les femmes avaient en moyenne 60 ans, je n’ai plus du tout de souvenir de ce qui avait été abordé, mais en sortant, je me suis dit
    « Qu’est ce que je faisais là ?! «


    Combien de fois  vous et moi avez du affronter des moments délicats, le pénible constat de ne pas être à votre place, d’avoir été trainés de force à une fête ennuyeuse, à une réunion  désastreuse  ou pire encore à un  voyage pitoyable qui dure  10 jours voire plus


    images.jpgLe pire souvenir remonte à cet été 1991
    Nous vivions Jérôme et moi à Belfort depuis un an,  peu de sorties, peu d’amis, il en faut du temps pour s’adapter convenons en
    Un gentil couple rencontré à la paroisse  (si si !)  nous appelle
    «  Vous êtes dispo Jeudi soir,  venez à la maison, sans manger avant, y’a une surprise « 
    Ravis nous acceptons , curieux de savoir ce qui nous attendait
    Le soir venu,  nos hôtes Victoire et Fabien, nous  demandent de nous installer dans le salon, où déjà quelques couples bien élevés siégeaient
    Bien en évidence,  un objet  est posé sur un socle, recouvert d’un velours rouge
    Je me dis qu’ils ont du faire venir un magicien
    Tout le monde est impatient …
    Un homme arrive, se présente brièvement, et soulève le tissus d’un grand coup, et hop !
    Une batterie de casseroles !
    On ne comprend rien, c’est une blague
    Et voilà que les hommes, oui, les hommes sont invités à se rendre dans la cuisine, pour tester en live, ces accessoires culinaires
    Ils s’agitent, sont tout fous, et là, je vois le visage de Jérôme complètement décomposé
    Les casseroles passent de mains en mains, mon homme en reçoit une qu’il balance illico à son voisin, il est mal, très mal  et me lance un «  on s’casse «  beka-casserole-suave-14-cm.gif
    C’est délicat, mais on ne va pas rester dans ce traquenard, le prix de la marchandise est exorbitant et pas question de perdre du temps avec ça
    Dès qu’un mouvement de groupe se fait, nous  avisons nos copains que ce sera sans nous, faut pas nous en vouloir mais on ne restera pas
    Ils sont désolés, ayant vraiment cru nous faire plaisir
    Nous quittons les lieux, déçus mais pas fâchés et faisons la promesse d’inviter le charmant couple à diner dans la semaine


    Le long de la Savoureuse nous broyons un peu du noir, fiers d’avoir osé quitter ce lieu, ou vraiment nous n’étions pas à notre place ….
    La plupart des couples présents ont acheté les casseroles magiques …bien évidemment

  • La langue de chez nous

     

    Chez nous,  gens simples, petites gens  comme on dit, le vocabulaire était simple
    Mes parents ne parlaient pas le patois avec nous, un peu  quand ils étaient avec des vrais  manchots du  haut de la Manche, mais  ni entre eux, ni avec leurs enfants
    Jean Denis, un  cousin  qui était dans notre école communale, ne parvenait guère  à se débarrasser de son patois natal
    Le maitre se moquait  de lui,  il ne se montrait pas toujours bienveillant à ce égard, il aurait peut être du tout simplement lui faire réciter des  histoires en patois,  mais lui dire qu’il devait s’efforcer de bien causer le français, il a conservé encore son accent normand  et use de mots patois dans ses conversations courantes


    Je comprends bien le patois ,  c’est rigolo ,  parfois  je m’amuse  à sortir  des mots totalement incompréhensibles à Jérôme  , mots ,  que j’aurais bien du mal à écrire ici
    Exemple : etchurfoux  (je vous laisse soin de trouver)


    Chez nous ,  certains mots  étaient ignorés , remplacés depuis des décennies  par d’autres , les mots corrects ,  ça faisait  snob , riche ,  je les découvrait  dans les livres ,  on comprenait bien sur la signification mais ne les utilisait pas


    Ainsi, on ne disait jamais du porc mais du cochon, 
    Une truie, mais une  coche
    Un pot, jamais un vase,  vase, quel grand  mot !
    Un clos au lieu d’un champ
    Une carte à la place d’un cartable
    Pouque pour sac
    Goutte pour eau de vie ou calva
    Bique pour chèvre
    Barrière pour portail …..
    Certains mots n’étaient jamais  utilisés
    Art,  basse cour,  chenil.....


    Mon oncle Félicien parle encore patois
    Un jour, il avait dit au sujet  d’un voisin qui  visiblement avait des soucis d’endettement
    ‘Il est  à t’chu ! « 
    Pour « emmerder Giscard «  certains agriculteurs  avaient refusé de passer à l’heure  d’été, mais comme ils avaient déjà une heure de décalage avec les autres, ils  cumulaient  deux heures !
    On disait d’eux qu’ils  étaient restés «  à la vulle  «  (à la vieille)
    Ça posait  de gros problèmes pour les enfants scolarisés parfois qui arrivaient souvent en retard !
    Chaque région  est plutôt fier de son accent, de ses expressions locales, « la pelle à ch’nis «  de Franche Comté, pour exemple
    Les migrations ont peu à peu  enterré les dialectes locaux, si le patois normand est resté longtemps dans la Manche, c’est certainement par ce que ce département est insulaire, on y né, on y meurt !
    Au marché de Bricquebec , on cause encore bien le patois , pire encore , les  vendeurs et acheteurs parlent en  anciens francs ,  soit  50 francs =  5000 francs  , faut ensuite convertir  en euros , c’est du boulot
    Ça amuse  les touristes, ça fait  marcher  le commerce, c’est  d’un autre temps ….

    300px-Bricquebec02.JPG

    photo du Net



  • La belle brochette

    Coutances_vue_nord.jpgDans cette école privée d’une petite ville de la Manche,  je déjeunais régulièrement  avec les enseignants
    Il parait que c’est bien de manger avec les collègues, pour apprendre à se connaitre
    La brochette était  succulente
    Entre la vieille ronchon que tout le monde appelait mademoiselle,  les profs du collège qui gémissaient  parce que cette année, ils avaient les pires élèves de l’établissement, je regardais le contenu de mon assiette,  cafardeuse
    Le directeur, un homme fort sympathique essayait d’animer le repas,  et Paulette, la maitresse des petits  que j’ai revu y’a pas longtemps à la télé, racontait des bêtises,  qui lui valaient des regards méprisants


    Heureusement, de temps à autre, venait  s’assoir avec nous l’aumônier
    Joseph,   quand Joseph était là,  je me sentais bien
    Il avait toujours le sourire, mais le vrai, celui qui  transporte
    Joseph, je le connaissais bien,  il était en classe avec ma tante Suzy à Rauville La Bigot,  ils avaient le même âge
    Quand Joseph était là,  tout semblait supportable


    Il fallait faire l’effort de parler avec son voisin, moi, pauvre institutrice de maternelle, qui donc pouvait  s’intéresser un peu  à ma vie
    Les jeunes mères parlaient de leurs enfants, rien à dire sur le sujet.


    J’en ai eu marre, pourtant les repas étaient délicieux, mais j’en ai eu raz le bol de cette ambiance lourde, alors, j’ai arrêté, et le midi, je rentrais dans mon petit appartement de rez de chaussée
    Toute seule devant ma télé, c’était presque mieux
    Je ne peux plus déjeuner en compagnie le midi quand je travaille,  j’ai besoin de calme et de silence 
    Je prépare mon  sandwich, je l’engloutis  en trois minutes, et rien ne personne ne m’oblige  à faire la conversion


    Joseph est parti  le soir du 31 décembre  1999, alors que toute la planète s’apprêtait  à passer le millénaire, j’avais une sacrée boule au ventre ce soir,  je n’oublierais jamais  cette belle âme

     

    Photo du net

  • Les retrouvailles (3)

     

    laval.jpgLes années passent ,  nous vivons dans l’Est , Chloé a quitté la Normandie après de longues et brillantes études, elle s’est installée  avec  son  ami ,a un travail qui la passionne  je suis heureuse pour elle ,  peu de contacts , à peine deux ou trois lettres , mais elle va bien , c’est ce qui compte le plus

    Le temps file… je perds sa trace

    Installés  en Mayenne, j’apprends par une copine en commun, qu’elle est revenue dans l’Ouest, je lui écris une longue lettre, elle me répond aussitôt, elle est folle de joie

    Elle  a eu trois enfants aussi ,  presque les mêmes âges que les miens , nous nous envoyons des cadeaux , de longues lettres ,  j’ai envie de la revoir , elle ne manifeste rien à cet égard , toujours pas ..

    Elle va bien, cherche du travail, s’occupe de ses enfants,  se passionne pour la musique bretonne

    Chloé aime sa vie, a vaincu ses démons, a traversé  un drame, elle en parle aisément, avec une écriture forte et  sereine, j’aime nos mots, son écriture, ses gestes touchants et sincères

    C’était  un soir d’hiver Ellen au collège à cette époque là, participe à une comédie musicale, » les Misérables », et par le plus grand des hasards,  les élèves doivent se déplacer avec une troupe d’un village  voisin, dans la commune où vit Chloé

    Je l’informe par mail,  elle s’en réjouit, m’affirme  qu’elle  viendra avec ses enfants. Quelques jours plus tard ,  je  me dois véhiculer Ellen et ses copines dans ce village d’Ille et Vilaine( sacrée épopée !) , je ne dis rien à mon amie ,  si elle vient , tant mieux ,  si non , je n’y pense pas ..

    Je me souviens des palpitations de mon cœur en l’installant sur les sièges de plastique de la salle des fêtes éclairées par des néons agressifs

    A la porte , je vois une famille s’installer  , des enfants blonds , je les reconnait tout de suite , et puis  elle , mon amie ,  celle que j’ai tant aimée , que j’aimais toujours , quinze années s’étaient écoulées , déjà 15 ans que nous nous étions plus vues

    Elle  était confuse , «  tu ne m’avais pas dit que … » ,  et j’avais bien fait ,  il me fallait comprendre ,  nous vivions a quelques kilomètres , avions des échanges épistolaires chaleureux , alors pourquoi ne pas se revoir , au moins une fois

    Nous nous sommes assises l’une auprès de l’autre et durant toute la  représentation,  nous avons bavardé, rit, nous étions bien, tellement bien,  ce moment était précieux

    Mais....le temps avait passé,  elle ne l’aimait pas ce temps qui passe, j’en avais qu’à faire de quelques rides et kilos de trop….

     De trop … pour elle

    Nous nous sommes séparées en fin de soirée, j’ai repris ma voiture et on s’est fait de grands saluts sur le bord de la route, émue, très émues.

    Je ne  l’ai jamais  revue.

    Elle a quitté la Bretagne qu’elle aimait tant, elle  m’a donné sa nouvelle adresse, je ne lui écrit plus, elle m’envoie des messages, des blagues, diaporamas via le Net, des  trucs que je ne prends pas la peine d’ouvrir  la plupart du temps

    Quand Sapq  a écrit un billet sur  Thiefaine  sur son blog,  quand j’ai réécouté « Mathématiques Souterraines »  tout est remonté,  si fort, j’ai hésité à écrire, et publier ce billet qui  vacillait dans ma tête depuis un moment

    Je ne peux oublier cette amie,  ce qu’elle représente encore pour moi,  je connais  ses fragilités,  j’ai appris avec le temps à dompter les maux du cœur, si imprévisibles

    Je lui ai juste envoyé un mail pour lui dire qu’au concert de Rennes, j’ai pensé à fort à elle

    Sans réponse, trop dur pour elle, c’est surement ça …

    Je ne t’en veux pas

     

  • Complices et hilares ( 1)

     

    che_pont_tournant_2.jpgEn arrivant au lycée, j’étais plutôt heureuse de ne connaitre personne, seulement   Irma  avec qui j’avais fait ma scolarité, mais nous n’étions guère proches

    Dès le premier trimestre de la seconde, j’avais des copines toutes simples, sympathiques, des filles ordinaires, l’une d’elle était morose quand même, une autre imprévisible …

    Dans les couloirs,  nous parlions les uns avec les autres, et  sa toute petite voix douce et rieuse me plaisait beaucoup, c’était une fille d’une incroyable gentillesse

    Au fil des mois, nous aimions  rire et papoter, indéniablement, on se recherchait, elle avait  sa copine  de collège, une fille très polie  mais un peu coincée

    Puis vint le moment ou nous nous ne pouvions plus nous passer l’une de l’autre, Chloé et moi, on devint un duo inséparable, on agaçait, on intriguait, on enviait une telle complicité de filles

    Les profs nous aimaient bien , nous laissaient tranquille , on amusait la galerie en faisant des imitations , nous étions tout bonnement deux joyeuses nanas  qui mettaient une ambiance saine dans la classe

    Dès le matin nos retrouvailles étaient un ravissement , la vie au lycée était exaltante , non pas par les cours d’un rare ennui , mais par la vie , nos potins , nos confidences , nos amours , nos rêves , nos lamentations , nos fous rires  innombrables

    Elle me présentait à sa famille, j’allais dormir dans sa grande maison de pierre sans jardin, nous passions de nuits à écouter de la musique, elle était  fan des Stones, elle connaissait des trucs incroyables, elle me racontait ses souvenirs, elle parlait cinéma, on parlait de tout, tout le temps

    Nos origines étaient opposées, elle adorait mes descriptions des membres de  ma famille large, elle avait de la compassion, elle était drôle, irrésistible, je l’emmenais dans des déferlements de larmes  rieuses

    On ne se fâchait jamais, c’était impossible

    Chloé  avait ses blessures, dans son cœur  et dans son corps, je percevais  une certaine  fragilité

    Nous écoutions Renaud , Supertramp ,  Fleetwood Mac , Thiefaine , nous ne pensions pas trop à l’avenir ,  nos vies de lycéennes étaient  joyeuses , mesurées ,  notre  complicité se propageait à qui voulait bien de nous , nous étions soudées à une vraie bande de copains , on nous aimait bien toutes les deux

    En terminale,  je suis collée au premier tour au Bac, Chloé décide alors de rater le sien

    L’année qui suit, nous redoublons à 15 !

  • La peau de mouton

     

    Ma tante Olga avait acheté une veste en peau de mouton

    Sitôt fait, elle avait du en acheter  une  aussi à sa fille qui  était  envieuse

     

    Toute la famille s’extasiait devant les peaux de  ma cousine et de ma tante

     

    Je trouvais ça un peu étrange quand même, ça devait être cher, et rare les peaux de bêtes, pourtant, y’avait des moutons partout dans les clos mouton.jpg

     

    Les vedettes du petit écran de l’époque avaient leur manteau en peau de mouton

     Ça faisait riche , Ringo en avait un aussi et Jean Pierre Descombes quand il présentait « les petits papiers de Noël « 

     

    Il faut dire que mon père nous faisait la faveur de regarder ça pendant la période des fêtes, il faisait des infidélités à Roger Gicquel

     C’était bien » les petits papiers de Noel »sur la troisième chaine, je ne comprenais rien au principe, mais c’était bien .j’adorerais voir les speakerines toutes pimpantes  devant le sapin, ma préférée, c’était Carole Varenne, la brune aux cheveux longs

    carole varennes.jpg

     

    Mon père ne supportait pas Evelyne Leclerc

     

    Chloé mon amie du lycée avait aussi une veste en peau de mouton, ce n’était guère pratique pour enfourcher sa petite 50, elle la portait quand même,  c’était un vêtement chaud, pas simple pour ôter les quelques traces de graisse de sa bécane

     

    Je me suis toujours demandé comme faire pour laver ces vêtements là

     

    J’aime bien les manteaux que l’on peut mettre en machine,  hop,  un coup de chaud et c’est propre

     On en voit moins des peaux de moutons,  beaucoup moins,  il me semble pourtant avoir vu une personne en porter une, si,  dans mon entourage

     

    Je ne n’ai pas osé lui demandé l’âge de sa peau de mouton

     

    Peut être pas loin de trente ans, comme celle de la tante Olga …Veste-effet-peau-de-mouton-retournee-Gemo.jpg

     

      Photos du net 

     

  • Le boudin

     

     

     La nouvelle est tombée la semaine dernière et vous a peut être échappé

    «  Un charcutier lavallois a reçu un prix « meilleur artisan de France du boudin blanc « 

     

    Bravo !

     

    IMG_0614.JPG


     

    Tous les ans, comme dans beaucoup de fermettes, le moment était venu de tuer le cochon

     Je me réfugiais dans ma chambre pour ne pas entendre son cri, ça me terrorisait

     Une fois la bête assommée, puis saignée, le travail allait commencer

     Le sang était battu  dans une bassine,  fallait pas qu’il  s’arrête de  tourner

     Ça me faisait tourner le sang

     

    Ma mère descendait à la rivière pour laver le boudin avec Louisette

     La voisine d’en bas ne lavait pas assez  le boudin

     «  J’en mangerais pas de son boudin !«  disait ma mère

     

    Puis, une fois remonté dans les seaux, elle le passait à l’eau chaude en retournant maint et mainte fois les  boyaux de la bête défunte

     La carcasse était  sagement pendue  dans le garage, pour qu’elle refroidisse

     Fallait faire attention aux mouches quand même, leur dire d’aller  butiner ailleurs

     

    Mon père préparait le sang dans des  plats en terre, garni de persil et d’oignons, il passait ça dans le four

     

    Ce n’était pas …bon

     Le boudin était grillé sur le charbon dans le fourneau

     Ça faisait un repas pour un soir

     Ce n’était pas bon …

     

    L’un des deux jambons partait en vacances chez l’oncle Marcel, un bonhomme qui m’agaçait, sa femme était déprimante, nous détestions  aller dans cette maison là

     Puis, le moment  était venu d’aller chercher le jambon qui avait passé quelques mois dans la cheminée du tonton  Marcel

     

    Le samedi matin, vers 9 h, mon père après avoir nourri les bêtes et trait les vaches, dégustait son petit déjeuner

     Il cassait  trois œufs dans une vieille poêle dans laquelle il avait  fait  frissonner  deux tranches de jambon fumé

     Et si parfois je me trouvais dans le coin, au  bord de la table  jaune en formica

     Il me disait

     «  T’en veux ? « 

     Et là, je peux vous l’affirmer

     C’était ….tellement bon 

     

  • Les petits pois

     

     Le moment venu, il fallait écosser les petits pois sur la table jaune en formica de la cuisine

    On aurait pu faire ça dehors, non, dans la cuisine

     

    Ce n’était pas désagréable ces petites boules  vertes qui s’échappaient de la cosse et qui venaient  se coller aux autres dans le saladier transparent

     

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    Une fois cuisinés,   je ne pouvais plus les voir, je les haïssais,  même avec le jus d’un beau rôti de veau,  je n’aimais pas les petits pois et il fallait les manger

     

    «  Quand je serai grande, je ne  ferai jamais de petits pois « 

     

    On s’en fait des promesses quand on est gamine

     

    Ma grand-mère servait toujours des petits pois en boite  avec son poulet du dimanche, je préférais les frites, mais elle n’avait pas de friteuse

     

    Elle servait aussi de la macédoine en boite  dans des rouleaux de jambon en entrée

     

    Accompagnée d’un truc  gluant, huile,  moutarde et sel, jaune d’œuf, qu’elle nommait mayonnaise

     

    «  Elle ne sait pas faire la mayonnaise «  disait ma mère

    C’était vrai

     

    J’ai recommencé à manger des petits pois,  avec des oignons et des lardons, j’aimais ça,  pas rancunière ni bornée la Jeanne, c’était un plat comme un  autre

     

    Jusqu’au jour où lors de ma dernière grossesse, j’ai fait un rejet  des légumes verts

     Je n’ai jamais eu d’envie durant ces périodes là, mais certains aliments étaient  absolument bannis

     Et les petits pois, ce n’est jamais revenu

     

    Impossible à ce jour de me faire avaler cette petite boule verte, terminé,  fini, exit !

     Même dans la paëlla, au pire en fermant les yeux

     C’est pénible à balayer un petit pois, «  avance ta chaise, fais attention ! « 

     Un petit pois écrasé encore pire, collé au balai, pouah, c’est mesquin, jusqu’au bout ils m’énervent les petits pois, en soupe, n’y pensons pas

     

    En revanche, je n’ai rien contre le brouillard

     

  • Dans leurs bras

     

    Certes, choisir trois chansons, c’est difficile, alors choisir trois photos, imaginez devoir dans l’urgence en sauver,  trois seulement, quel choix cruel

    J’ai envie de vous  dévoiler quelques clichés  que j’ai regardés avec tendresse maint et maintes fois

    Celle là, cette photo, je l’aime énormément

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    La famille n’est pas au complet mais prend la pose

    Au centre sereine, Tante Suzy  a fait sa prise d’habit 

    Je garde aucun souvenir de ses habits noirs et de ce voile  sombre, elle est désormais  vêtue de beige, et porte toujours le voile, depuis …. Cinquante ans peuvent être

    Louis, le visage soucieux est dans les bras de mon grand père maternel, fixe ma mère  sans doute apeuré de la voir saisir l’appareil photo

    Flo est dans les bras de ma tante Josiane qui n’avait pas d’enfants à l’époque, elle est mignonne avec son chignon,  très mignonne 

    Mon oncle John, seul fils  de la fratrie prend la pose, je suis dans les bras  de ma grand-mère et guette Louis  un peu inquiète

    Mon père supervise  le groupe mais ne regarde pas le viseur !

    J’aime cette photo parce que nous sommes tous, les enfants, dans les bras ! (je pense qu’on ne marchait pas, puisque j’ai marché à 22 mois je crois)

    (Pour info, Flo est ma sœur ainée de deux ans et Louis mon frère jumeau)

     

    J’aime aussi cette photo là, je l’aime parce que, mon grand père  a longtemps fait ça, nous prendre tous les deux dans les bras ou sur chaque genou

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    Et pour finir celle là,  prise un jour d’été lors de nos nombreux défilés de mode

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    Ma mère nous donnait ses vestes, tailleurs et sacs à main, et on rigolait à n’en plus finir

    Ce sont de belles traces, des photos  mal cadrées, des photos  tendres,  j’aime les voir, parce que

    j’aime ceux qui sont dessus

    Ceux qui ont su nous prendre dans leurs bras …

  • Popeye

     

     

    Bleck est bon

    Bon le Bleck, j’aime bien son blog, et puis on partage quelque chose en commun, nous avons tous deux usé nos semelles sur les quais du port de Cherbourg dans notre jeunesse, a lors, forcement ça crée des liens

    C’est drôle la blogo , ces hasards , et je me souviens  d’avoir évoqué ce fameux concert de Téléphone  à Rauville la Bigot , ou notre féeclochette a vécu d’ailleurs et  pur hasard ,  ce soir là , Bleck avec des potes  était passé devant le chapiteau

    C’était en  1978  peut être  avant  … peu importe, je  n’y étais pas, trop jeune la Jeanne à l’époque

    Dans un précédent billet, Bleck nous dresse le portrait de Sanzache, un  gars qui chante dans son coin,  un gars qu’il aime bien

    Et dans un commentaire, j’évoque donc  Johnny Rock, un sosie de Johnny qui fait de la scène depuis des années, un gars de Cherbourg justement

    Et voilà Bleck qui me reparle du sosie de Popeye

    Mon dieu, j’avais complètement oublié ça !

    C’était un matin,  nous avions pris le train, une vieille micheline pour aller vers Caen sans doute

    Devant moi, c’était assis, le sosie de Popeye

    Un petit bonhomme au physique disgracieux, habillé en tenue de marin, une pipe à la bouche, il avait pour habitude de se promener  comme ça, pour amuser les gens dans les kermesses et les foires, ma foi, on  peu profiter de son physique

    Sauf que …. Le Popeye  n’a pas arrêté de me fixer lourdement en faisant des grimaces, montrant ses  avant bras même pas musclés et que. Ça va cinq minutes, mais plus d’une heure comme ça, ça lasse

    Les voyageurs venaient lui serrer la main,  et moi, je me devais  faire semblant de  rigoler

    Sauf que je ne suis pas bon public, et que je n’en pouvais plus de ses singeries, j’avais envie de me lever et changer de place mais je n’ai pas osé …

     je n’en pouvais plus !

    Si seulement, j’avais eu le sosie de Bernard Giraudeau ou de Gérard Philippe,  ou mieux encore, eux-mêmes en personne (dans un Micheline, faut y croire !) voire Thierry Lhermitte , Popeye dans « les bronzés « 

    Quand j'avais raconté cet épisode à ma copine Chloé elle avait ri au larmes imaginant la scène puisque nous  rencontrions souvent le Popeye dans les bars

    De toute façon, je n’ai jamais aimé Popeye, ses épinards et le grande Olive

    J’avais tout juste oublié cet épisode de jeunesse  qui est remonté en surface, cet homme est sans plus de ce monde, mais mes souvenirs  vont  vivre longtemps  avec cette magie de la blogosphère

    Merci Bleck !

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