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  • Le tabouret de camping

     

     

     Les dimanche de Juillet et Aout, c’était pique nique

    Mon père avait pour mission de préparer en partie la victuaille pendant que nous étions à la messe

    Il prenait soin de rôtir le poulet tué la veille, un rôti froid aurait fait l’affaire mais non, le dimanche c’est poulet !poulet_roti_4.JPG

    Il coupait les tomates et les œufs durs dans le saladier en plastique Tuppermarre, qui lui-même été déjà usé, scarifié par les traces de fourchettes et l’éponge abrasive

    La glacière au couvercle métallique semblait déjà usée elle aussi, il y déposait quelques bières pour lui et les hommes, des kronembourg, mais rien pour nous, ni limonade, ni jus de fruit

    Le paquet de chips et le pain frais étaient posés en vrac, une cagette faisait office de panier pour y ranger les couverts emballés dans des serviettes de table en tissus

    Rien de jetable à cette époque

    Nous mangions toujours la même chose, des pêches en dessert, et des madeleines sur la plage

    Il chargeait dans l’ami 8 une table métallique bleue, en bon état, deux fauteuils pliants en toile rouge et trois tabourets en toile bleue sans oublier les boules de pétanque étaient usés, rouillées par le sel marin

    Ces tabourets  étaient instables, on se serrait tous autour de cette table de camping si petite,

    La voiture chargée nous allions retrouver l’oncle Henry et tante Olga, Bernard et Jenny se joignaient à nous aux abords du château de Flamanville

    C’était bien, très bien, nous passions de bons moments, suivisd’une après midi à la plage de Sciotot ou Dielette

    Le matériel était déjà vieux et amorti mais c’était amplement suffisant

    De nos jours, l’équipement est sophistiqué, des glacières onéreuses, des tas d’accessoires superflus parfois …

    Un pique nique, c’est la saveur des aliments, les odeurs de fruits d’été et de rôtisserie

    Et les gens qui le partagent ….

    plage.jpg

  • Pendant la débacle ...

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    Son camion de laitier avait été réquisitionné au tout commencement de cette sale guerre

    Il était né » en 4 » il en avait déjà traversé une, mais celle là, il n’avait pas envie de la faire

    Jean avait cheminé vers la Moselle, et en urgence fut opéré de l’appendicite

    Il fut envoyé en convalescence quelques jours dans sa campagne normande

    Il lui fallait repartir

    C’était la débâcle

    Un soldat qui passait par là lui avait dit

    «  Reste là, on ne viendra pas te chercher « 

    Il avait brulé ses vêtements militaires, et caché son casque tout en haut dans le grenier

    Sa femme en était malade

    Il aurait pu être dénoncé

    En douce elle avait gardé sa radio, et le soir, quand les trois filles étaient au lit, ils grimpaient tous les deux au grenier

    «  Ici Londres … »

    Jean est resté dans sa campagne, il n’est jamais reparti …

    Personne n’a cherché à savoir ce qu’il était devenu

    A son enterrement, le fils militaire avait tout mis en place pour qu’il ait l’honneur des drapeaux

    Il n’avait jamais reçu de carte d’ancien combattant.

     casque.jpg

    Sous la chaleur étouffante de l’été, dans le grenier poussiéreux, parmi les piles de » Notre temps «  et de » Pèlerin « , le casque  se  terrait encore, j’osais à peine m’approcher de cette curiosité

    Un casque, ça ne brûle pas.

     

    J’ignorais que mon grand père était un déserteur …

  • Du vieux neuf

     

     

    Dans le joli magasin sur le place, là où j’ai trouvé mon carrousel à bijoux, sont installés des étalages «  à l’ancienne « 

    Roudoudou.jpegD’un côté , des bonbons d’antan , caramels , sucettes  , roudoudous , et autres sucres d’orges , qui forcement évoquent des souvenirs , et de l’autre , des jouets en bois , osselets , mallettes , papier d’Arménie ….colle qui sent l’amande

    Tout cela bien orchestré par un fabricant qui a bien compris que surfer avec la nostalgie était porteur , que les fameuses madeleines étaient tout bénéfices et que faire du faux vieux , ça fait marcher le commerce

    Je suis perplexe

    Parce que les jouets de mon enfance avaient tout de même une durée de vie très courte, les premiers plastiques et je ne parle pas de la haute technologie de l’époque

     

    J’avais reçu une toute petite cuisinière en métal, si petite que les casseroles de la dinette ne rentraient pas dans le four, et tellement rouillée, que la porte était déglinguée ne fermait plus

    macousette.JPGParlons aussi de la petite machine à coudre, une Macousette, une vraie, qui bouffait de piles, et surtout avec une canette si petite qu’il fallait le recharger de fil constamment

    Je piquais du carton, c’était rigolo, et ça ne servait à rien !

    Nous, les filles recevions aussi en cadeau, les mallettes

    Malette de coiffure, de couture, d’infirmière

    Les accessoires n’étaient pas toujours solides, mais quel régal de remettre tout en ordre sur les élastiques qui cédaient au fil des mois

    J’en ai gardé deux, vintage !

    Louis avait reçu un parachutiste

    Un bonhomme en plastique, censé retomber parachute ouvert, il aurait fallu l’envoyer du haut d’une tour

    Il a du finir dans les arbres celui là.

    Ça n’a pas marché longtemps.

     

    Prouesse de la technologie des seventies, les téléphones téléphones electrqiues.jpg

    Il fallait les brancher, mais le fil était si court que l’on entendait notre conversation dans la chambre d’à côté

    Ça n’a pas marché longtemps.

    J’ai passé des heures à jouer au coloredo, assembler des allumettes avec un bout plastifié de toutes les couleurs, une vraie passion coloredo.jpg

    C’était bien ce jeu

    Et je rêvais du spirographe que je n’ai jamais eu, du télécran …

    SpirographBox86.jpg

    Le jeu le plus sophistiqué, fut un quizz électronique, avec deux fils à poser sur des points métalliques

    Bonne réponse, une lumière verte, fausse, une lumière rouge

    Ça n’a pas marché longtemps.

    Les jeux étaient éphémères, souvent bricolés, hors normes, mais ils sont restés dans ma mémoire

    Alors je n’ai aucunement l’envie d’offrir à mes enfants des trucs d’antan, j’aime juste repenser à cette époque, et me réjouis de savoir que des gens généreux bricolent eux-mêmes des jeux tout simples qu’ils mettent à la disposition des enfants

    Pour le plaisir de les voir jouer.

    Et ça marche longtemps …

  • Par coeur

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    Pour lundi 23 octobre 1974

     

    Apprendre le conditionnel des verbes du troisième  groupe

    Récitation en entier

    Règles de grammaire  Bled page 253 (par cœur)

    Revoir la table de 9

     

    Les leçons à la maison, je n’ai jamais aimé ça

    Assise au bout de la table jaune en formica, je tentais de retenir les choses demandées

    Il fallait réciter par cœur les poésies que l’on nommer récitations, j’ai vite fui les poètes croyez moi

    Les tables, y’a des restes dans un coin de ma tête, mais ce n’est pas instinctif

    Je n’ai jamais aimé apprendre, réciter, redire par cœur

    Les leçons étaient une vraie corvée, j’oubliais vite, je retenais peu, à part les règles de grammaire

    «  Mais où est donc ornicar ? « 

    Les  exceptions : festival, carnaval, chacal, Chazal ….

    Puis fut venu le temps béni où je ne devais plus rien apprendre , diplôme en poche , permis de conduire dans le sac , finis les leçons , finis les cahiers de devoirs , les mots à signer …

    Plus rien à apprendre par cœur

    Sauf que …c’est revenu depuis bientôt dix ans

    25 chansons à apprendre chaque année par cœur

    Et bien, à mon grand étonnement, ça se fait tout seul, ou presque

    J’apprends les textes avec aisance, je fais tourner mon CD de travail dès que je peux et tous ces textes et mélodies s’installent  dans ma petite tête

    Et j’aime ça !

    Emmagasiner des chansons, c’est plus plaisant que les tables de multiplication

    Apprendre pour le plaisir, par chœur !

    Etre à l’aise sur scène, chanter, pour le plaisir, par passion

    Certes, il y a les chansons rebelles, celles de Johnny qui rentrent moins bien, allez savoir pourquoi,…les plus tenaces, mais que j’aime : le débit d’Aznavour et de Brel.

    J’aimerais sans doute aimer enfant, apprendre les formules, en chantant …

     

    « Chanter
    Comme un feu qui pétille
    Chanter
    Comme un regard qui brille
    Chanter
    L’espoir, la folie, l’impossible
    Prendre pour cible
    L’immensité »

  • Les cures

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    Dans mes  recherches professionnelles qui aident à mieux cerner la place qu’occupe l’enfant dans notre société  , et surtout comprendre les nouveaux comportement éducatifs , j’ai besoin de faire des retours dans les années passées , et plus spécialement ce qui s’est vécu après guerre jusqu’aujourd’hui

    J’aime observer, sans tirer de conclusions hâtives, les soins prodigués aux enfants et la prévention médicale

    Y’a pas à dire quand même, le corps parle :

    Je n’ai qu’à regarder ma Rose qui n’est jamais malade , pas un brin d’eczéma , même pas le nez qui coule une fois dans l’année , elle crache tout ce qu’elle pense , est même capable de traiter sa mère à haute voix de « traitresse «  si elle estime que je n’ai pas tenu une promesse ..

    Dans les années 80 ans, tous les nourrissons avaient droit à une radio de la hanche, et  la moitié d’entre eux, devaient être plâtrés durant quelques semaines, jusqu’au bassin, facile pour changer les couches, parce que soit disant ils risquaient de marcher de travers, les bretons surtout

    Il faudrait que l’on m’explique ce qui c’est passé depuis, car on n’a jamais revu ses coques qui devaient bien torturer les bébés tout neufs

    De nos jours, la plupart d’entre eux sont allergiques à tout, au lait de vache  (même si ils n’en ont jamais bu) aux chats, aux acariens, au gluten …

    Je ne minimise pas ces faits réels mais me pose tout de même des questions face à ces refus, ces rejets, petits et grands, enfants et adultes, peut être aussi liés à des peurs de l’environnement, que l’on soigne à grand coups de granules ou autre corticoïdes

     

    Dans les années 50 à 70, pour soigner les petits qui souffraient de rachitisme, d’eczéma ou d’asthme, il était conseillé de les envoyer quelques semaines au grand air, à la campagne, à la montagne ou au pied des volcans

    Ils partaient en cure, parfois les mois  d’été, souvent plus, pris en charge par des soignants, religieux, et enseignants

    Fatima partait tous les ans, pour des périodes assez longues, ses sœurs, son frère, ne savaient pas où elle partait, elle était petite, il fallait bien l’aider à prendre quelques centimètres

    Jusqu’au jour où la médecine trouva la cause de ce retard par une intervention chirurgicale, elle retrouva un confort de vie et une autonomie

    Maggie m’avait aussi parlé de ses cures, elle m’avait même confié son chagrin du début de quitter ses sœurs et ses parents, et de son regret de partir après des semaines où de belles amitiés s’étaient faites, une vie de collectif qui lui allait bien

    Dans son livre «  l’enfant à l’endroit, à l’envers «  Nicole Versailles / Coumarine , nous décrit avec précision ce jour où enfant, elle quitta ses parents pour aller vivre quelques mois dans une famille pour guérir au grand air de son asthme

    La voiture donc s’éloigne inexorablement .Les mains des deux frères s’agitent à l’arrière, une petite fille court derrière cette voiture qui ne l’attend pas, qui se rend pas compte qu’on l’oublie, qu’on part sans elle … »

    Pour ne pas devoir affronter la séparation, bon nombre de parents, partaient en douce, en catimini, sans dire au revoir, sans promettre de revenir, sans avoir pris soin de donner une date, un repère, un doudou, une explication

    Combien de larmes versées dans les chambres  de ces maisons de campagne, ces dortoirs  de montagne au grand air

    Quel sentiment d’abandon devait envahir le cœur de ses petits malades

    Les parents faisaient ça pour leur bien

    Ils revenaient quelques mois plus tard et il fallait à nouveau se réapprivoiser

    Ma mère n’aurait jamais pu ses séparer de nous , même avec les recommandations des meilleurs médecins de la terre, j’en ai la certitude, elle n’aura jamais pu …

    Et je n’aurais jamais pu non plus, apaiser mon immense chagrin de ne pas recevoir son baiser du soir, de sentir son odeur tout près de moi …

    Et si moi-même, devenu mère, j’aurais du envoyer mes enfants en cure quelques mois,  je serais peut être devenue folle

    Ces séparations me touchent au plus au point, faisant remonter les peurs d’abandon, ces frayeurs d’enfance  d’ avoir été contrainte de vivre loin des miens

  • Les feuilletons des seventies

     

    A cette époque, à l’aube des années 80, il y avait des feuilletons français, que les chaines passaient quotidiennement ou de façon hebdomadaire

    Il ne fallait pas rater un épisode , parce qu’on n’avait pas encore inventé le magnétoscope, et que le nombre de chaînes était limité

    Ces feuilletons avaient la particularité d’être tournés en province, issus souvent d’auteurs de romans populaires, et surtout, de vrais acteurs de théâtre et de cinéma incarnaient les héros

     

    Souvenez vous des Dames de la Cote, de  Nina Companeez avec Fanny Ardant  et d’un autre feuilleton tiré du roman de Jeanne Bourin, La chambre des dames, l’histoire tragique du destin de Flora (Sophie Barjac),   chanson à l’eau de rose composée par Wladimir Cosma

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    C’était un conte médiéval, avec ses morts, ses adultères, ses trahisons, du Dallas  à la sauce tourangelle  

    Un autre qui marqua ma mémoire, diffusé le dimanche en fin d’après midi, » l’ile aux trente cercueils « d’après Maurice Leblanc nous transportait avec effroi dans une histoire terrifiante où Claude Jade, tient le premier rôle d’une infirmière contrainte à retrouver ses ancêtres en Bretagne

    « Quatre femmes, quatre croix, quatre femmes en croix! Quatre femmes, quatre croix, »braillaient de vieilles femmes aux bareaux d’une fenêtre ileauxtrentecercueils07-736456.jpg

    Dans les années 80 les séries américaines sont arrivées en force, avec un réel succès, et le paysage français a bien eu du mal à faire face malgré le succès populaire des séries sociales comme la généreuse  Pause café

    J’ai délaissé les feuilletons, manque d’intérêt, j’avoue pourtant que j’aimais me coller devant des aventures de personnages caricaturaux comme "une famille formidable "avec Anny Duperey et Bernard Lecoq

    Puis il y eu les sagas de l’été, amour, meurtres et magie (Dolmen, Zodiaque …)

    Ça marchait bien tout ça, un parfait cocktail à savourer

    Les séries américaines, policières ou médicales ont fait de l’ombre à notre production française

    Entre Joséphine et Doug Ross, j’ai vite tranché !

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    Pourtant des milliers de spectateurs restent fidèles à leur quotidien « plus belle la vie «, un vrai succès

    En France, les acteurs font du cinéma ou de la télévision, mais rarement  les deux, ça parait inconcevable

    Les américains n’hésitent pas à faire venir des guest star dans leurs séries, rien que dans Friends, on a pu voir Hugh Laurie, Brad Pitt, George Clooney, Julia Robert, Bruce Willis et Robin William

     

    C’est ce que j’aime des américains, ce mélange des genres, cette capacité à oser faire tourner les plus grands dans des soaps

    Je garde une certaine nostalgie des feuilletons des seventies, liée très certainement aux belles actrices qui brillaient à l’écran noir et blanc

    marie France Pissier.jpgBrigitte Fossey, Marie José Nat, Fanny Ardant, Marie France Pissier ….

    Elles n’était peut être pas des immenses  stars, elles avaient simplement quelque chose d’accessible

  • La salade aux oeufs durs

     

     

     

    En ce temps, le soir ,serrès  autour de la table en formica jaune de la petite cuisine, nous mangions des choses simples

     

    L’hiver, c’était soupe, toujours la même, au vermicelle et légumes du jardin, j’en avais marre de la soupe, quinze ans la même soupe, ça lasse

    L’été, pas de soupe, pas de grande cuisine non plus, les salades composées n’étaient pas  arrivées dans les mœurs

    Parfois, nous mangions des sardines en boites,  des artichauts, ou bien du crabe

    Ces soirs là, d’artichaut ou crabe, y’avait pas d’assiette, nous posions les déchets sur la table, et quand le festin était fini, l’un de nous apportait les feuilles ou les carcasses aux poules

    Mes mains étaient grasses de vinaigrette, ou conservaient un bon moment l’odeur de la mer des irrésistibles bêtes que ma mère plongeait vivantes dans la marmite d’eau bouillante

    C’était tellement bon, si bon.

    Je raffolais de la salade aux œufs durs

    Accompagnée de persil, la laitue du jardin avait un gout unique

    Ma mère en remplissait deux saladiers, c’était un repas, accompagné de pain, simple, pas cher, et délicieux

    Je ne parviens pas à retrouver le gout de la laitue du jardin, les feuilles presque blanches, craquantes, absolument divines

     

    Mon père est un jardinier hors pair

    Je ne sais pas comment il procède, ces laitues montent rarement, il en sème des dizaines, à quelques semaines d’intervalle

    Quand elles arrivent toutes en même temps, il en offre aux voisins

    Pas une mauvaise herbe ne dépasse, tout est ordonné

    Par contre, jamais de folies, pas de flonflons, de trucs futiles, du rendement !

    Mon jardin est fouillu, fleuri, les patates frôlent les capucines, et les fraises

    Cette semaine, j’ai acheté des plants de laitue

    Je suis motivée, je dois les réussir, les bichonner, les protéger

    Mais la terre noire et riche si fertile ne les laissera peut être pas le temps de former ces superpositions de feuilles si tendres qu’on appelle le cœur

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  • Jeanne au volant

     

     

     Ellen n’a toujours pas son code, elle ne semble pas bien motivée pour la conduite, est ce vraiment une nécessité pour elle, je l’encourage à accélérer les choses avant qu’elle ne quitte notre ville pour ses études

     

    J’ai appris à conduire en Terminale, sinistre souvenir

    clasicos renault_5.jpgIl fallait prendre des leçons après les cours, il faisait nuit, je n’aimais pas tourner le volant de   cette Renault 5 que l’on disait très performante

    Tout me semblait  compliqué, créneaux, rangement en Bataille, en épi,  on m’avait fait comprendre que je serais d’emblée une très mauvaise conductrice, encourageant.

    Certes, j’ai passé mon permis cinq fois, le moniteur était insupportable, rien que de le sentir à côté de moi, mes nerfs se nouaient en boule

    J’ai fini par l’avoir et oser prendre le volant toute seule, à mes risques et périls

    Je n’aime pas conduire, mais je le fais, partout, sauf à l’étranger et à Paris, mais si je devais, je m’aventurerais

    Conduire et m’orienter, c’est parfois trop, mais conduire et papoter, ça je sais faire Pierrot Bâton peut témoigner

    Paradoxalement, je n’ai jamais eu d’accrochage, ni accident où j’en étais responsable

    Les mauvaises langues diront que les autres se poussent sur mon passage

    J’ai parfois droit à des remarques

     

    J’aurais peut être du prendre des cours de simulation de conduite dans ma jeunesse  par cassettes vidéo 


  • Le garage

     

    Nous faisions rouler les petites voitures sur la pente en plastique, monter dans l’ascenseur, toujours les mêmes gestes, répétitifs, lever la porte, y mettre un véhicule
    Les pompes à essence n’étaient pas bien stables, il fallait faire attention
    Nous garions les voitures sur le parking, parfaitement alignées, des Norev avec les portes qui s’ouvraient, nous avions l’estafette de la police, une 504 comme celle de Louisette, et une DS Citroën
    Il y avait aussi des voitures en plastique, étranges, comme celles là, elles ont fini dans le tas de sable
    voiture plastique 2.jpgLe rêve était d'avoir celui aux  trois étages et le lavage automatique
    Je me souviens de l’écriteau « ouvert JOUR et NUIT «
    Louis aimait son garage, il en était fou de son garage
    Qu’est ce qu’il est devenu ce garage ?
    Aucune idée, comme le reste …
    Rien que de le retrouver, le revoir sur une photo me suffit
    Si je tombais dessus dans une brocante, je ne l’achèterais pas, pourquoi faire
    Je prendrais juste une photo, comme TaTydany avec ce meuble ancien
    A quoi bon se réapproprier les vieux objets ? seuls les souvenirs sont précieux
    Celui là l’est vraiment
    J’ai tellement aimé jouer avec Louis au garage .

    garage ,  jouet ,  2.jpg

     

     

    Photo du Net

  • Le Super M

     

     

     

    Nos seules vacances se passaient en banlieue

    On aimait bien, même si avec le recul, je crois que je n’aurais pas aimé vivre dans ces tours HLM malgré  le chauffage central, au sol, qui faisait gonflait les pieds de ma mère et la vide ordure installé dans la petite cuisine

    Josiane aimait les supermarchés, elle en était dingue

    Elle avait passé son enfance dans une famille modeste dans un petit village du cotentin, et menait la grande vie dans ce logement HLM de Viry-Châtillon

    Pas de bois à aller chercher, plus de vaches à traire, hop, le lait arrivait dans les cartons, mon oncle faisait la cuisine, elle s’occupait des ses enfants, un brin de ménage, et la vie allait comme ça

     

    Ce jour là, elle nous emmena au Super M

    C’était révolutionnaire, elle ne parlait que de ça, son super M, un temple, un royaume, un mausolée

    Des femmes poussaient des caddies, dans les rayons si larges, on trouvait tout, vêtements, charcuterie, fromage, stylos …

    Je me souviens d’avoir été déçue, peut être à cause de l’éclairage aux néons, à cause de ces odeurs de jambon et de produit d’entretien, peut être parce que rien ne me semblait intéressant, il n’y avait pas de jouets, pas de maquettes, pas de train électrique.

    Josiane n’achetait presque pas  mais rien que de s’y promener, elle se sentait bien dans le super M  de Ste Josiane des bois, il était grand celui là, plus grand que l’autre

    Je me souviens de l’ouverture du Continent à Cherbourg

    C’était le mort pour le petit commerçant disait sans répit l’oncle Henry qui craignait fort pour sa boutique

    Mes parents n’osaient pas y aller, de peur de le trahir

    Les mêmes odeurs, les mêmes rayons, les mêmes sensations

    Ça ne valait pas les Magasins Réunis, les escalators, et les vendeuses en blouse bleue

    Je fuis les grandes surfaces, toutes, j’ai le tournis, je n’aime pas ce mélange, il n’y a aucune cohérence dans les rayonnages, c’est épuisant, trop, y’en trop de choses

    Je n’aime pas faire les courses, j’aimerais qu’on les fasse pour moi, je n’aime pas les caddies, les caisses, les cartes de fidélité  et les sacs à remplir

    Je fais mes courses vite fait, bien fait,

    Parfois je rencontre Pierrot Bâton qui fait aussi les siennes, là on aime bien, on fait les folles, on raconte des bêtises, on papote …

    Parfois Louis va dans le grand Audran de la Glacerie, il croise notre tante Josiane.

    rayons-supermarche.jpg

  • Faire travailler les petites mains

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    A l’école primaire nous faisions des travaux manuels

    La maitresse nous avait fait faire des corbeilles en raphia, j’aimais bien la technique, on avait tous la même mais c’étais pas grave ça

    Et puis un sac en toile de jute, avec des fleurs brodées, j’étais fière de moi

    Le maitre était aussi inventif, il nous avait montré la technique de la pyrogravure, j’avais réalisé une boite à courrier avec des fleurs, il fallait être prudent, ne pas se brûler, on apprenait ça aussi

    Ma mère l’avait gardée longtemps

    Et avec un groupe de garçons, il avait réalisé en contreplaque une maquette du fardier de Cugnot

    C’était l’époque ou on pouvait scier, poncer, coller, souder.

    Au collège, la prof  de mathématiques nous avait fait faire une poupée de chiffon

    C’était un bonheur, je l’ai conservée dans un carton  …j’avais eu droit à du tissus neuf acheté chez Dubegny

    Son mari animait un atelier reliure

    J’étais ébahie de déposer une feuille d’or pour décorer le côté visible du livre, j’avais choisi une couverture en cuir blanc pour faire revivre un vieux Bled jauni

    Au lycée fini de faire travailler les petites mains, filière générale, que de la théorie

    Et quelle chance au cours de mes études d’avoir reçu des cours de poterie, fabrication de marionnettes, cartonnage…. Je me régalais

    A l’école primaire, les élèves font d’arts visuels

    Bien  grand mot ! Créativité, programme, et …. Fini la broderie, le patchwork et les travaux manuels

    Finis les cadeaux de fêtes des mères, trop d’enfants dont les parents sont séparés, trop décriée cette fête soi disant Pétainiste

    Parce qu’un jour on a pensé que les enfants doivent être créatifs, sauf que, avant d’être créatif il faudrait apprendre les techniques

    En plus de ça , trop de matériaux sont interdits , plus de clous , plus d’aiguilles , plus  de colle de cutter , plus rien , trop dangereux ,et apprendre le danger des outils , c’est anti pédagogique ça ?

    Il reste à leur transmettre nos savoir faire, cuisine, bricolages, couture, papiers, travail du bois ??

    Leur donner l’envie à leur tour de faire travailler leur petites mains, de copier, de rater, de recommencer

    Nous gardons longtemps cette fierté de l’enfance d’avoir réalisé des jolies choses

    Cela explique certainement ce retour en force des loisirs créatifs, ce besoin incessant de faire soi même …

    Vous avez sans doute gardé en mémoire une réalisation d’enfance, qui fut longtemps accrochée dans la cuisine, ou utilisée comme vide poche

    Et peut être même que vous n’aimiez pas du tout ces fameux travaux manuels ?

  • La robe longue

     

     

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    Cette année là, il y avait un événement familial

    Le cousin René, fils ainé de la tante Julia, la sœur grincheuse de mon père, épouserait Alicia, une fille bien, dont les parents travaillent dans les bureaux d’une mairie de l’agglomération cherbourgeoise

    On ne parlait que de ça , du fait que le famille n’était pas d’origine agricole , il se trainait des tas de suppositions et des projections fantasmées sur le couple quasi princier

    Certes il y a avait un grand décalage entre les deux familles , mais ce n’était pas inconcevable

    L’oncle Mario était plus préoccupé par son portefeuille que l’amour des deux fiancés , il lui faudrait vendre une vache pour couvrir les frais , une vache , c’est un manque à gagner …

    Le mariage avait lieu en grande pompe au château de Tourlaville, et la mariée avait demandé que toutes les filles portent des robes longues, même nous

    Les demoiselles d’honneur étaient choisies en fonction de leur statut social, (je n’étais jamais choisie pour quoi que ce soit à cette époque là) elles porteraient des robes confectionnées par une couturière  et ma mère par la force des choses du acheter des robes longues

    La mienne était bleue, manches ballon, tissus nylon, fronces et flonflons, et elle était trop longue, un cousine éloignée avait pu la raccourcir

    Une robe, déjà ce n’était pas rien, mais longue, je me faisais une fête de vivre cet événement là

    Ma mère avait faire des châles en crochet blanc, au cas où, et nous étions fin prêtes pour les festivités

    Sauf que, ce jour là, il pleuvait, et faisait très froid, ma mère m’avait fait porter un immonde sous pull rose sous la robe, avec mes lunettes et mon appareil dentaire, et une coupe de cheveux des seventies, j’étais affreuse, moche, la caricature de la pauvre fille qu’on a voulu mettre belle

    Et le pire, c’est que je le savais

    Nous avons fait quelques photos dans le parc, avec un minable Kodak, Louis portait un nœud papillon

    Du reste de la journée, je n’ai aucun souvenir

     

    Mais je revois encore, dans la porte penderie du secrétaire, les deux robes longues, qui sont restées là longtemps, au cas où …

    On ne les a jamais portées, ni même oser les enfiler pour se déguiser

    J’ai développé gentiment un rejet face aux dépenses imposées et excessives, des choses qui remontent encore parfois aujourd’hui, avec agacement, et sentiment de liberté à la fois, je me suis construite avec tout ça.

    Le jour de mon mariage, je portais, une robe …..

    Courte

  • Peau d'âne

    En ce temps là, nous regardions « la séquence du spectateur «, en noir et blanc, émission que j’aimais autant que je détestais, parce que ça me mettait en appétit, envie de voir les films, et frustration de ne jamais rentrer dans les salles obscures

    C’était l’époque des comédies musicales de Jacques Demy, où la belle Catherine Deneuve émerveillait mes yeux dans ses robes courtes ou très amples et peu fonctionnelles pour s’adonner aux taches domestiques

    Dans ce célèbre extrait de Peau d’Ane, elle trempe à maintes reprises ses manches dorées dans le beurre !

    Très gracieux

    J’aime revoir Jean Marais en roi, prenant un air austère et grave  avec ses manches en forme d’ailes de perroquet

    Sur cette vidéo, quel choc de découvrir la face bleue du laquais, on dirait une strouphe

     C’est naïf, féérique, dans tous les sens du terme, ma mère aimait bien les comédies romantiques, mais elle était agacée quand elle entendait chanter

    «  rha, ça chante … « 

    Sauf pour les parapluies de Cherbourg …

    Dans l’extrait qui suit, un joli camaïeu de rouge, des chevaux peinturlurés, et un prince séduisant, Jacques Perrin, qui a certes un peu vieilli mais gardé tout son charme

    Vraiment, il fallait voir ses films en couleur …

    Ce qui me sidère aujourd’hui, c’est que je ne connais pas l’histoire de peau d’âne, je ne sais pas pourquoi elle s’est trouvée contrainte et forcée de porter cette peau, encore une histoire de marâtre sans doute

    Il faudrait que je revoie mes classiques

    Les réalisateurs français ne créent plus de films féeriques, heureusement, il reste le cinéma américain, le génial Tim Burton, avec Edward aux mains d’argent, et Charlie et la chocolaterie

    Elle a quel âge Catherine Deneuve ?

    « Va chercher le Quid « 

     

  • L'interail

    Le périple avait commencé par un jour de juillet en gare Montparnasse

    Sacs à dos au bord de l’explosion, un peu d’argent, Patchouli patogasses le guide du routard dans la poche,  des travellers, et nos quatre cartes interails qui nous donneraient accès à toutes les lignes ferroviaires européennes durant un mois

    Eugénie et Adrien  m’avaient proposé de se joindre à eux pour l’aventure, il fallait un quatrième larron, le seul frère d’Eugénie avait répondu présent

    Direction Liège, puis Copenhague en train de nuit, un bon souvenir, une bonne ambiance entre railers et une météo favorable

    Nous visions la Scandinavie  , la Suède en premier , Stockholm , jolie ville trop vite vue , puis voyages interminables dans les forêts suédoises , paysages frais , cercle polaire , soleil de minuit , rencontres sympathiques , moustiques , nourriture trop chère , campement rustique

    Nous avons grimpé le plus haut possible jusqu’à plus de train, plus de gare, retour par la Norvège

    Le temps était plus gris, à Oslo pluie battante et froid,  nous avons décidé de monter dans un train, et d’en descendre quand il fera soleil

    Eugénie rêvait de l’Italie, mais  c’est à Vienne que nous avons posé nos sacs, délogés par des policiers aux méthodes radicales

    Puis passage à Munich, retour par Bâle, avant de rentrer à Paris

    Trois semaines de promenades, d’improvisation, de dépaysement, de compartiments …

    Mes premières vraies vacances

    Etrangement, je n’ai pas gardé de souvenir extraordinaire de cette épopée, trop peu de soleil peut être et des conditions un peu spartiates tout de même

    Je n’ai rapporté aucun souvenir

    Enfin, si

    Un mari ….

     

    Vous avez trouvé la chanson cachée dans ce billet ?

     

    edward-hopper-compartiment-c-voiture-193.1295608816.jpg

    Edward Hopper, compartiment C,voiture 193, 1938

  • Mathématiques souterraines

     

    Sapq nous a raconté une belle rencontre, courte mais inattendue

    Celle d’un guitariste auquel elle voue une profonde admiration

    Et elle invite ses lecteurs, donc, moi, à réécouter Thiefaine

    Thiefaine, Hubert  Félix Thiefaine, mais oui, bien sur que je l’ai écouté, il y a plus de trente ans, et il fait partie des rares artistes que je n’ai plus jamais entendu lorsque j’ai quitté la Maison

    Nous écoutions en boucle l’album « soleil cherche futur «, je me souviens de la pochette du vinyle avec une fillette habillée en fille de trottoir

    Il fallait être sacrement cinglé pour écouter ça, tristesse, mélancolie, la voix rauque du chanteur francontois n’avait rien de bien joyeux

    C’était de notre âge, comme la génération de nos parents écoutait Ferré

    Les images remontent dans ma tête, les années lycées, les années tintées de brume, le spectre de la mort guettait mon amie, je le sentais bien, je restais impuissante face à elle, sa douleur

    Oh bien sur, il y avait de bonnes rigolades, mais aussi de l’ennui, des pieds qui trainaient, la glandouille

    Et Abby qui croyait avoir rencontré le grand amour, terrée chez cet homme qui lui promettait des merveilles

    J’avais ma lucidité, mes 16 ans, mes yeux bel et bien en place, parfaitement clairvoyante face à mes choix

    Je voulais partir, quitter, les quitter, m’envoler, remplir ce vide

    Laisser derrière moi les odeurs de Bastos, de café, de mer et d’essence, laisser cette mélancolie cherbourgeoise ou le soleil ne venait que cinq jours dans l’année

     

    Alors ce soir là, j’ai réécouté Thiefaine « Mathématiques souterraines «, et tout est revenu, j’ai versé des larmes, parce que je les ai laissées, et que je n’ai pas la certitude que leurs vies soient si belles

    >

    On ne refait pas l’histoire, j’ai choisi de m’écarter de ce monde plaintif et gris

    J’ai choisi la couleur, j’ai déserté les bars, les mouettes et les précipices

     

    La version du mélancolic tour, est absolument divine, les arrangements musicaux sont  sublimes

    Merci Sapq  …

    Il y aura des dingues et des paumés à Bercy auprès de lui

    Avec toi, j’aurais été capable d’aller  l’applaudir …


    >

     

    « Oh mais laisse allumé bébé
    Y a personne au contrôle
    Et les dieux du radar sont tous out
    Et toussent et se touchent et se poussent
    Et se foutent et se broutent
    Oh mais laisse allumé bébé
    Y a personne au contrôle
    Et les dieux du radar sont tous out
    Et toussent et se touchent et se poussent
    Et se foutent et se mouchent
    Dans la soute à cartouches »