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  • Vingt cinq ans

     

    C’était un samedi de Janvier, je faisais mes études au Havre, et j’étais rentrée dans ma famille, le cœur en marmelade après la mort de Balavoine

    Nous avions couru avec ma mère à la maternité pour admirer le nouveau né

    Il était en pleine forme, bien dodu, prêt pour cette vie qui commençait

    Il a grandi, tonique, rieur, jovial et complaisant, sportif

    Ce fut un bon élève, aimé des enseignants, un parcours sans embuche pour avant d’intégrer un groupe de presse locale ou il mène sa carrière de journaliste

    C’est un beau  gars, toujours rieur, un peu moqueur, il aime la vie, en profite bien, sans trop de tracas

    Un jour de janvier 1986, vingt ans aujourd’hui

    Mon petit neveu est devenu un adulte

    Il a gardé son sourire, son dynamisme

    Alors par ce billet que je te dédie, David, aujourd’hui, je te souhaite un très bel anniversaire

    Et je t’embrasse fort.

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  • L"oncle Sammy

     

     

    4679389-Mannequin-couture-buste-440x320.JPGDans cette famille, il y avait un militaire, un marin pêcheur, une religieuse, un ouvrier, et un …escroc

    Ce n’est pas un métier me direz vous, certes, mais on peut faire fortune comme ça

    Petite, je me méfiais de cet homme là, il ne m’inspirait rien de bien

    Mon oncle Sammy était couturier, un jour il avait pris des mesures pour nous faire des pantalons, il y a pas loin de quarante ans, on les attend toujours

    Aurais t’il manqué de tissus ?

    Il avait une drôle d’allure, des lunettes noires, une moustache fine, une veste en cuir, il faisait tâche dans le décor parmi ces normands aux joues rouges

    Sa mère était un personnage mythique, il parait qu’elle ne se lavait jamais les cheveux

    Elle avait un rouge à lèvres posé comme une fillette de mangas

    Sammy était dans la couture, il s’en vantait, et puis un jour, il fut renvoyé de cette prestigieuse maison, il aurait volé des machines

    Il ne manqua pas de tonus pour une reconversion dans la mécanique, se bâtit une petite fortune en escroquant sa clientèle passagère, il avait trouvé le filon, il ne les revoyait jamais

    Mon père ne pouvait pas le supporter, ils se sont fâchés à la mort de mon grand père, je ne l’ai jamais revu depuis 1982

    Ils auraient pu en venir aux mains, mais mon père avait un self contrôle qui évita le pire

     Avec l’arrivée de Mitterrand en 81, il nous avait fait croire qu’il s’exilera en Suisse, ils n’ont peut être pas voulu de lui

    Le jour de ma communion, il s’est envoyé en l’air avec  ma cousine, mineure à l’époque

    Personne n’a rien dit …il n’y eu que des regards gênés

    Sammy a investi dans l’immobilier, il a bâti sa petite fortune, mais malgré tout  il continue .

    Il magouille, un peu de contrebande parait il, de ci de là …

    « Il a ça dans le sang !« dit mon père,

    Il a eu  quelques démêlés avec la justice mais rien de bien méchant, il est fier, vaniteux, baratineur le Sammy

    Le sujet n’est pas tabou chez nous, c’est ainsi, on ne choisit pas, l’arnaqueur de famille nous laisse tranquille, et c’est un rapporté, pas de honte …

    Je n’ai aucune affection pour cet homme là …

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  • Les vieilles maisons

     

    En parcourant les souvenirs de mon enfance et les lectures sur les blogs qui les font remonter comme par magie, il me revient en tête ces vieilles maisons ou nous allions passer notre ennuyeux dimanche, contraints et forcés lmaison-a-vendre__.jpg

    Pour y parvenir, il fallait prendre des chemins de campagne, souvent humides et boueux, j’aimais les primevères sur les bas côtés

    Il n’y avait pas de pancartes, pas de rue, je me demandais toujours comment mon père faisait pour les retrouver, souvent c’était un lieu dit ,dans un hameau

    Nous garions la voiture dans la cour,  des poules, des chiens pas propres venaient nous dire bonjour, ça sentait la terre

    L’intérieur des maisons était sombre, peu d’éclairage, pas de confort, un évier dans le coin de la pièce principale faisait office de cuisine, au dessus de la cheminée, ou de la cuisinière en bois étaient suspendus des jambons fumés qui m’intriguaient

    Il n’y avait rien pour s’amuser, l’almanach de la Manche (merci Pierrot de m’avoir rappelé ça) un jeu de cartes almanach.jpg

    Nos grands-mères, tantes et cousines éloignées  offraient des biscuits, gaufrettes, boudoirs ou petits Lu enfermés dans des boites métalliques que les chineuses d’aujourd’hui convoitent  

    Les hommes commençaient par un coup de rouge avant le café

    Pour objets de décoration, il y avait des obus en cuivre faisant office de vase avec  des fleurs en plastique, un bibelot poussiéreux biche ou chien en velours raz et usé, une vierge de Lourdes, un cuivre de Villedieu,

    Pour se cultiver, il fallait se contenter du pèlerin magazine, parfois de Clair Foyer ou du catalogue de la Redoute

    C’était sombre, sinistre, les habitants étaient tristes, ils se plaignaient, parlaient de sous, de fièvre aphteuse, de myxomatose des lapins ..

    La télévision noir et blanc posée sur une table à roulette ou sur le frigo, le pauvre Drucker bien au chaud dans les studios parisiens faisait ce qu’il pouvait pour divertir ces tristes dimanches

    Au printemps, il y avait les jardins, les granges, les poulaillers, c’était bien ça, on nous laissait tranquille

    J’aimais les dépendances de ces vieilles maisons, les pétrins, les nids, les bacs de maïs, les souris qui s’en échappaient

    Un cinéaste bien intentionné aurait pu reproduire ces décors là, y tourner un film sur la campagne bucolique, le terroir, l’authentique comme on dit

    Un film calendrier des postes pour se convaincre que les gens prenaient le temps de vivre et étaient heureux à cette époque

    Ils étaient tristes, leur vie était rude, les couples se déchiraient, les maisons étaient sombres et humides,  le travail de la terre était éreintant, les plaintes  justifiées

    En ce temps là, la vie était en noir et blanc ….

  • Je me souviens ...

     

    Coumarine dans un joli billet nous invite à remonter dans nos souvenirs

     Je déroule avec vous le calendrier 2010 …

    Je me souviens de belles images du printemps et d’une belle escapade dans le sud, d’une belle  rencontre avec Fay et d’un rendez vous manqué

    Je me souviens de la poussière qui a investit le rez de chaussée durant trois mois …avant la pose de notre  cuisine

    Je me souviens d’un grand moment de joie suivi de déception pour un projet qui n’aura pas vu le jour ( mais rien n’est définitif n’est ce pas ?)

    Je me souviens de nos complicités de femmes quand j’ai encouragé  Marie Camille à ouvrir son blog

    Je me souviens de belles soirées d’été, d’un beau week end dans le Cotentin avec Dana

    De grands éclats de rires entre copains en jouant au times ‘up

    De mots très  touchants venus de mes stagiaires

    Je me souviens des applaudissements  lors de  la première du spectacle absolument 70 et le bonheur des musiciens

    D’avoir su  profiter intensément de la présence de ma tante Suzy

    Des larmes de Rose qui coulaient sur ses joues parce qu’elle croyait que je viendrais jamais  la chercher à l’école de musique

    Je me souviens de mes belles balades dans Paris et Londres avec Ellen et de ses pieds explosés

    Du beau sourire de Boutfil

    Du si beau cadeau que Jérôme m’a fait pour Noel

    Je me souviens des yeux pétillants de Louis quand il nous offre ses photos, et de son regard terrifié quand il a vu le choc sur sa voiture

    De la silhouette de Vonric dans le Hall de Liverpool Street

    De la grande surprise quand Pierrot Bâton a aussi ouvert son blog

    D’avoir balancé des tas de photos ratées dans la corbeille virtuelle

    Du geste chaleureux d’Anne à Erquy

    Des yeux humides de Virginie

    De la fierté de Mark, dos à dos, constatant qu’il rattrapait sa mère

    Je me souviens des mots délicatement déposés ici ou ailleurs, et d’avoir mesuré à quel point l’écriture était mon trésor le plus précieux

    D’avoir écrit encore plein de billets pour cette nouvelle année …

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  • Le réveillon

     

     

    En ce temps là nous allions réveillonner chez l’oncle Henry

    Ma tante Olga  était bien habillée, bien coiffée, mais elle portait des pantoufles, déjà à l’époque je trouvais que des escarpins eurent  été plus seyants

    Dans le salon cossu et rempli de meubles et bibelots en cuivre et en étain, nous prenions l’apéritif

    Ils nous offraient des apéricubes, ça faisait riche à l’époque, j’en mangeais pas mal mais il ne m’offrait pas de vin cuit, je ne risquais pas le coma éthylique.

    Ils avaient une chaine Hifi et nous écoutions dans le brouhaha des bavardages : Jaïro

    jairo.jpgIl chantait des chants de Noël, c’était l’occasion, et ça changeai de Tino Rossi et de Yvan Rebroff

    Les cadeaux étaient distribués après la messe de minuit, y’avait des paquets partout, je redoutais ce moment d’étalage

    Jenny la sœur d’Olga et Bernard étaient invités eux aussi avec leurs quatre filles 

    Les femmes avaient toujours les joues rouges en fin de repas, made in Normandie !

    Ma cousine était toujours très gâtée, et nous …..

    …sauf ce soir là  où j’avais reçu une vraie Barbie

    J’ai quasiment  tout oublié, je ne les revois jamais  sauf Sylvie qui est amie avec   Louis, qui est tellement adorable

    J’avais même oublié Jaïro, jusqu’il refasse surface dans la tournée des seventies

    Et j’ose le dire, lorsque le rideau rouge est fermé, et que le pianiste fou donne le tempo, que Théodore agite ses deux bras  et que nos voix  murmurent, mon corps est presque paralysé, transi

    « On est arrivés dans les jardins du ciel, j’ai marché pendant mille années « 

    Ça commence, c’est le début, c’est l’allégresse !

    Je le savais qu’il fallait faire preuve de grande patience avant d’accéder au bonheur

    Et si ces traces étaient simplement des signes que je n’ai pas su voir, pas pu voir ...?

    A vous je dédie ce billet, vous qui contribuez à cette part de bonheur

    Et comme le veut la coutume

    “I wish you a Merry Christmas “


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  • Désirs et frustrations

     

    « Dis Jeanne, c’était comment quand tu étais petite ? »

    A cette question, il est facile de répondre « pas trop mal « 

    Ni bien, ni mal

    Il y a avait avant tout la disponibilité de notre mère, toujours là, à nos soins, aimante, patiente.

    L’espace était agréable dehors, les étables pour jouer, les champs pour gambader

    Mes grands parents venaient presque tous les jours, ils apportaient leur énergie, surtout ma grand-mère

    Dans ce décor plutôt bucolique, il y a avait la grisaille

    L’autorité indéboulonnable de mon père

    Il n’était ni violent, ni tyrannique, mais il imposait coute que coute toute décision collective

    L’argent, qui ne manquait pas tant que ça, était sans cesse le sujet récurrent

    Il fallait économiser, il comptait tout, sans commune mesure

    Dans nos requêtes nous avons vite compris que rien, rien n’était négociable

    Nous ne demandions plus, ayant tout simplement accepté d’emblée le refus

    Il avait des exigences, rester à table, ne pas bouger, il veillait sans cesse à notre sécurité, ce qui en soit n’était pas blâmable, sauf que nous devenions sans le savoir, presque asociaux, emprisonnés par un corps sujet à chaque instant à la blessure, celles du cœur n’étaient pas visibles elles.

    Il était obnubilé par la rentabilité, jamais d’excès, minimaliste

    La  culture était bannie

    Aucune activité payante, aucuns livres achetés …pas de sorties, pas de cinéma

    Je me souviens qu’en seconde j’ai du acheter un Gaffiot, cela engendra une discussion qui finit dans les larmes.

    Le manque de confort était pesant, peu de chauffage, pas d’eau chaude courante, des bidouillages, des  gagne petit tout le temps

    Jusqu’au jour où la culpabilité gagna du terrain, nous devenions presque trop couteux, ma mère en douce nous donnait un peu

    C’était une époque, et pourtant je voyais qu’ailleurs ce n’était pas ça, et je décidais de ne plus réclamer, et d’attendre , la boule à la gorge , sans espérer la moindre compasion , juste vivre avec ce corps , vrai boulet qui ne manquait pas de me rappeller ma rage étouffée

    Je savais qu’un jour le temps serai venu, que les choses iraient mieux, que je ne vivrais plus dans cette vie là

    J’avais raison

    J’aurais pu devenir envieuse, jalouse, révoltée ou revancharde

    J’ai choisi l’autre route, prendre les rennes, aller en avant et ces manques et frustrations se sont transformés en désirs incessants

    J’ai appris mon métier, celui que j’avais choisi, j’ai assumé très jeune ma vie, et j’ai enfin pu assouvir ces manques au fil des années

    Je n’ai pas cultivé la rancune, j’ai appris à vivre simplement, mais intensément

    Je me demande au fond si ma vie aurait été la même si d’emblée j’ai eu toutes les facilités

    Certainement pas

    Je ne sais ni patiner, ni nager, je ne sais pas lire une portée mais ma richesse fut certainement mes aptitudes à communiquer avec entrain, et surtout, à me nourrir et donner la tendresse et l’amour maternel, celui de mes grand parents, de ma mère

    Ça ne s’achète pas, cela se vit

    Tout simplement …

     

    Je n’ai jamais revendu mon Gaffiot …

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  • Les menus de seventies

    menu 1.JPGCes années là, samedi et dimanche de printemps étaient ponctués par les corvées

    Avant de passer à table, dans une salle des fêtes éclairée au tube néon et aux odeurs de toilettes et de bouillon, il fallait trouver sa place

    C’était ma hantise, je savais que je restais là des heures, à attendre, regarder, j’avais souvent le bout de table ou le cousin célibataire qui picolait toute la nuit

    A côté de chaque verre, se dressait le menumenu 3.JPG

    Les plus fortunés l’avaient acheté et fait imprimer par des professionnels, c’était le grand luxe, les autres avaient trouvé une voisine en BEP sténo dactylo qui avait sa propre machine à écrire menu 2.JPG

    Et les autres l’écrivaient eux même au stylo Bic, avec en prime quelques fautes.

    Les dessins choisis étaient assez kitch, j’aimais les écritures dorées

    Pour surprendre les convives, on dissimulait, on ne dévoilait pas d’emblée ce qui serait servi

    On usait de formules drôles, de métaphores, de poésie pour annoncer les plats (qui n’en finissaient pas.)

    Je vous laisse trouver

     

    Mille yeux vous regardent

     

     Orgueil du chalut

     

    Elle n’a jamais menti (ça me rend malade d’y penser !)

     

    Reines du manoir

    Le rodeur de la mare

    Dame de la cour en robe blanche

     

    Echappé de la berge

    La cuisse de mademoiselle Berca (ma préférée)

    A courir à perdre la laine (jeu de mots)

    La laine est dans le matelas

     

    Harry Coower et des musiciens

     

    Le refuge des petits gris

    Garage de l’escargot

    Nos cœurs sont réunis

    Ce ne sont pas des feuilles d’impôts

    Villa des pucerons

    Boulevard des têtes à corne

     

    Inutile de vous déchausser

    Cramponne-toi, j’me déchausse

    Tiens un invité s’est déchaussé

     

    Tour Eiffel en promenade

    Sourire des mariés

    Bourvil la chantait si bien

     

    Le nègre et sa tribu

    Le brésilien et les demoiselles d’honneur

    Lac noir parfumé

     

    Une larme de nos  pommiers

    Vas y doucement, je conduis, (éthylotest n’existait pas, tout le monde  rentrait bourré)

     

    menu 4.JPGJ’avais complètement oublié ces menus des seventies, et c’est lors d’une conversation avec Vonric me racontant l’organisation d’un rallye que l’on s’est mis à rechercher ces formules et métaphores

    Chez mes parents, nous avons retrouvé tous les menus que ma mère avait gardés dans une boite en carton  et nous avons bien ri en les relisant

    Mon père s’en donnait à cœur joie de repenser à ça, à toute cette expression un peu lourde et drôle à la fois

    Merci Vonric pour ce retour en arrière …

     

     

     

     

     

     

  • Ce jour là ...

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     Ce jour là, sous un soleil inespéré ; ils avaient retrouvé leurs amis venus de loin et leur famille proche dans ce village normand

    Tout ensemble ils avaient marché vers la place de la mairie, puis traversé la route pour rejoindre la petite église

    Il y a faisait froid, elle était tétanisée, glacée par l’émotion, lui avait un regard grave

    Dans une salle des fêtes ils avaient levé leur verre avec les gens venus pour cet événement

    La tante Margot en avait profité pour incendier la grande sœur, parce qu’elle n’était pas comptée dans les convives

    Elle aurait du rester chez elle …

    Les amis et la famille s’étaient réchauffés dans une salle en pleine campagne

    Toute le nuit, ils avaient chanté, ri, dansé, bavardé, mangé

    En soirée, ils avaient appris la mort de Montand

    Un peu las, ils avaient tous poursuivi leurs retrouvailles le lendemain et pour se rafraichir r ils avaient marché au bord de la mer sous un vent puissant

    Le soir ils avaient prolongé dans un gite très très tard

     

    Ce même jour, dans un village breton, un homme et une femme avaient aussi rassemblé leurs familles

    Musiciens et chanteurs ils avaient festoyé aussi très tard

    C’était le 9 novembre 1991

     

    Ce soir, ils trinqueront ensemble avec quelques amis pour fêter leurs dix neuf ans de mariage …

  • Le premier voyage

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    C’était en mai 1979,  premier grand  voyage scolaire, nous avions pris le Ferry à Cherbourg direction Southampton, puis larguée dans nos familles de correspondants à Fareham

    J’avais reçu Mélanie ma correspondante  un an avant, nous nous étions bien entendues, j’étais heureuse de pouvoir vivre quelques jours avec elle

    Elle vivait avec ses parents dans une petite maison de brique rouges, ses deux sœurs ainées Sue et Kim étaient mariées et avaient des enfants

    Dès le premier jour, Melanie se montra indifférente, elle ne me parlait pas, ne me proposait rien, je ne savais pas ou aller, quoi faire

    Les profs avaient heureusement organisé des sorties entre collégiens, et après avoir participé au cours le matin, nous profitions des excursions des alentours

    C’était pour moi une « aventure «, je n’avais pas de copines à cette époque dans la classe et dans cette famille d’anglais, j’aimais cette indépendance , je m’adaptais à la situation

    Melanie passait son temps à roucouler avec son boy-friend, le soir elle m’emmenait à des réunions de prières charismatiques, c’était bizarre, nous parlions très peu

    Mais sa mère était pleine d’attention, elle faisait au mieux pour combler la distance de sa fille, ses sœurs étaient charmantes aussi et j’étais fière d’aligner deux phrases avec elle

    Un matin, le car nous emmena à Londres

    Je n’ai plus trop de souvenirs, je revois Piccadilly, Trafalgar et quelques images

    J’ignorais que je tomberai amoureuse de l’Angleterre, et de cette ville

    Six lettres LONDON

    Au fil des ans , bon nombres de passages en ferry m’emmenèrent encore en UK , chaque traversée était source d’émerveillement , j’aimais regarder l’écume bruyante , les traces blanches qui dessinaient  , la mer d’un bleu verdâtre , l’ile de White , les côtes , la rade de Cherbourg , le vent fort sur mes cheveux ,le sel , les anglais trainant leur sacs de duty free remplis de bière et d’alcool , les ladies endimanchées , les ados débraillés , les gamins la morve au nez , les hôtesses aux jupes marine et chemisiers repassés , leurs foulards de la compagnie maritime ..

    Je n’ira plus en bateau , trop long, trop cher , en Eurostar peut être ou en avion

    Je n’ai plus gardé de contact avec Mélanie , elle ne m’a jamais écrit

    J’ai commencé ailleurs d’autres correspondances, je ne me fatiguerai pas de ces échanges là …

  • Nora Berk

    C’était lors d’un voyage en Irlande, été 1988, en compagnie de Louis, Eugénie et  Adrien                

    L’épopée avait mal commencé, la voiture de nos amis  étant en panne, nous avions du prendre l’ami 8 de Louis, automobile lente et peu confortable, très bruyante, il fallait bien l’avouer

    Nous avions embarqué à Cherbourg sur une mer déchainée  et remonté le pays de Galles direction Fishgard   afin de rejoindre Rosslare

    Avec toute la bonne volonté du monde, impossible de faire la remontée en un jour, le réseau routier étant très précaire, et la densité de voitures escargots et tracteurs de tout genre ; nous avions loupé notre ferry

    Mais le rire et la bonne humeur étaient au rendez vous et notre expédition  pleine de surprises et de logements coquets et confortables (un groupe de français nous avait invités dans leur cottage)

     

    Ce jour là, le routard dans la poche, une adresse avait attiré toute notre attention pour y planter la tente

    Nora Berk, elle est incontournable et a ses adeptes

    Allez, allons voir !

    La femme d’une cinquantaine d’année vivait dans un pavillon moche et triste, et quand nous avons demandé dans un anglais hésitant  «  ou plante t’on nos tentes ? «  elle nous avons répondu

    « Here «  d’un ton autoritaire, en pointant du doigt une espace rempli de caillasse

    Rha !!! elle est dingue

    Et nous, incapables de trouver l’énergie de chercher ailleurs avions accepté cette offre arnaque

    La cuisine était d’une saleté innommable, il y régnait une odeur de friture pestilentielle, une épaisse couche de gras puante stagnait sur la cuisinière, les placards à vaisselle étaient sales et délabrés et les sanitaires pas plus attractifs

    On se regardait, l’air dépité, pris entre le rire et les larmes

    Quand on a commencé à sortir nos toiles de tente, Nora est revenue vers nous, elle portait un pantalon de jogging étriqué avec un sweet trop court et des mocassins défoncés

    La dégaine !

    D’un bond, elle attrapa le marteau, et planta avec rage nos sardine dans les gravas

    Et …… son pantalon à taille élastique lui tombait à mi fesses, c’était ……………d’une élégance rare  

    Fort heureusement elle portait une immense culotte en cotonnade

    Louis qui ne perd pas l’occasion de faire le pitre, au lieu de nous aider, alla chercher son appareil photo et commença à dégainer sur le postérieur de notre hôtesse

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    Eugénie prise d’un fou rire alla se planquer derrière les buissons, et notre patronne fut d’emblée rebaptisée Nora Beurk

    Elle était tyrannique, exigeait le passage au toilettes, gérait tous nos faits et gestes

    Louis commençait à être pris d’une angoisse indescriptible et à peine le diner du soir avalé, nous nous sommes réfugiés dans un pub ou par chance la musique fut d’une grande qualité ce soir là

    Nous avons dormi tant bien que mal, mais elle n’est pas venue nous étriper en plein sommeil

    (A cette époque je n’avais pas vu Misery heureusement )

    Nous avons souvent évoqué cette aventure, vous savez, ce genre de moments qui vous font rire une fois que vous n’y êtes plus

    As t’elle encore sa maison sale et délabrée pour accueillir les routards fauchés ?

    Parfois je me demande si ce n’était pas plus risqué que d’être réveillés par un éléphant qui charge en Afrique ?

     

  • La pince à sucre

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    Dans le petit sucrier en porcelaine défraichie, il y avait une pince à sucre

    Ma mère la mettait sur la table quand il y a avait un visiteur pour le café

    Cette pince était sans doute un cadeau de mariage, plaqué argent ou en métal chromé , avec ses quatre griffes fourchues, elle saisissait les pierres comme une grue attrape les gravas

    C’était amusant de l’actionner pendant des heures tout en écoutant par brides les conversations des grands

    A cette époque, les objets prenaient facilement vie, je pouvais actionner inlassablement la pince à sucre, comme d’autres auraient fermé et ouvert un couteau de poche ou manipulé durant une heure une petite cuillère autour des doigts

    De temps en temps, ma mère lavait la pince à sucre

    Elle l’a passait sous l’eau chaude pour retirer le glucose collé (y’a toujours des gens qui  lâchent le sucre trop près du café chaud) puis elle sortait son vieux flacon d’argentil et à l’aide d’un chiffon elle astiquait la pince qui retrouvait son éclat

    Ma mère avait toujours décrété qu’elle n’aurait jamais de cuivres

    Elle en avait assez frotté chez les « gens «, des heures à décaper des poêles, des bassines …

    Elle détestait le cuivre

    Tout comme l’argenterie, c’était un symbole de richesse, de labeur pour les « bonnes «, elle refusait ces contraintes là

    Elle s’en donnait bien d’autres, aller laver les bleus de travail au petit lavoir du jardin par tous les temps, sa brosse et son savon de Marseille à la main, le dos fourbu devant la grosse citerne en béton

    Ma mère avait une petite cloche en cuivre, rapportée certainement de Villedieu les Poêles

    De temps en temps, elle allait chercher le miror et astiquait la petite cloche

    Je le regardais faire,  le chiffon devenait tout noir, puis avec un autre bout elle la faisait reluire

    La cloche était tout scintillante, elle retrouvait sa place sur le buffet de la cuisine auprès du bocal à poisson, des lettres calées, d’une statue de la vierge en plastique rapportée de Lourdes

    Elle sonnait rarement, y’avait pas de domestiques chez nous

    Juste quelques objets immuables, astiqués quand l’heure était choisie

  • La poupée lampe de chevet

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    Petite fille, j’aimais les  poupées, les miennes,poupées articulées aux cheveux plantés , les poupées de collection, celles qu’on rapportait de promenades scolaires, habillées de dentelles et emmurée à vie dans une cage en plastique

    Je rêvais d’une poupée lampe de chevet

    Il y en avait de belles dans les vitrines de magasins souvenirs de Bricquebec , des roses, des bleues, je voulais en avoir une pour moi, l’admirer avec sa robe illuminée

    J’en ai reçu une pour Noël, mais elle n’était pas celle que j’avais tant désirée, elle portait un petit chapeau de paille et une robe champêtre

    Puisqu’elle était là, je la gardais, elle n’y était pour rien après tout

    Sa robe n’éclairait pas du tout, c’était un gadget que de lui avoir collé une ampoule à la place des jambes

    Alors le soir, je remontais ses dessous afin de pouvoir lire mes magazines

    Elle n’était pas très gracieuse mais utile

     

    Des années plus tard alors que j’enseignais dans une toute ville cuivrée, une de mes élèves m’apporta un gros cadeau à la fin de l’année

    Je me souviens encore du regard pétillant de sa mère

    J’ouvrais et découvrais avec stupeur ……………une poupée lampe de chevet !

    Je la trouvais désuète, kitchissime, moi qui en avait tant rêvé enfant

    Gênée, je remerciais la dame et la fillette, c’est dur de dire merci quand on reçoit ce genre d’objets

    Je ne savais vraiment pas quoi en faire

    Je l’ai gardée un an, et j’avoue, je l’ai redonnée en lot de kermesse à la fête d’une autre école …

     

    Les goûts changent …

     

    (Photo du net , je ne sais pas ce que la mienne est devenue , dommage ...)

  • Le réveillon de Hauteville

     gui.jpgLes beaux parents de Léo avaient une maison à Hauteville, une petite maison de bord de mer, deux pièces de plein pied, meublée avec des trucs vieillots et des bibelots kitsch  

    Il aimait y séjourner quelques jours l’été avec  Julia, il m’arrivait de les retrouver sur la plage, rarement, puisque l’un comme l’autre occupe nos étés à animer les colos

    Cet hiver là, Léo m’avait invitée pour fêter le réveillon du jour de l’an dans cette maison de vacances

    Il m’avait proposé d’emmener des amis, j’avais proposé à  Miranda, et mon vieux copain Félix

     Amy  la sœur de Julia était aussi de la partie

    J’étais la seule  à connaitre chaque personne présente ce soir, je connaissais suffisamment Léo pour oser ce genre de mélanges

    Six pour un réveillon, c’est un bon nombre

    Nous n’avions pas de protocole, pas d’entrée en matière, il régnait une belle spontanéité dans les conversations, ponctuées de grosses rigolades

    Miranda était très en forme, elle racontait des tas d’âneries, Félix en pleurait de rire, je n’ai plus aucun souvenirs des victuailles qui garnissaient la table, repas simple très certainement

    Lasse , Julia  s’était assoupie près minuit

    Amy somnolait dans le canapé

    Nous étions restés tous les quatre à veiller, Félix avait des tas de trucs à nous faire chanter, mimer, Léo et moi, nous avions notre répertoire, pas besoin d’être trente pour chanter, le quatuor tournait à plein régime

    Vers 2h, nous avons eu un coup de mou, d’un bond Miranda nous proposait de jouer au barbu

    J’aimais bien ce jeu de cartes dont j’ai oublié les règles

    Nous avons joué durant deux bonnes heures, le jeu était ponctué de discours délirants, à aucun moment nous avions l’idée d’aller au lit

    Dès qu’un de nous manifestait  un peu de fatigue l’autre proposait une animation, les heures défilaient, jusqu’au moment, ou sans prévenir le soleil se leva

    Après un bon café, nous sommes sortis nous balader sur la plage

    Elle était déserte, ce premier jour de l’année, nous n’avions pas dormi de la nuit, nous étions bien, heureux, jeunes et libres

    Je ne sais plus à quel moment nous nous sommes quittés, je n’ai plus de souvenirs de la journée qui suivit

    Quand je repense à Hauteville, j’en garde le meilleur

    J’essaye d’effacer de mes souvenirs les durs moments qui ont suivi, le divorce de Léo, la trahison de Miranda,

    Il en faut peu parfois pour sceller des liens, peu aussi pour les détruire

    J’ai aimé mes trois  amis, les moments de délires avec eux , j’aimé les faire se rencontrer

    J’ai un bon jour dû faire le constat amer que je n’avais pas choisi leurs destins, qu’il ne sert à rien de vouloir recoller des morceaux

    Plages.jpgUn jour viendra où j’irai marcher sur la plage de Hauteville avec Pierrot Bâton

    Parce que, elle… et moi …c’est du solide

  • Temps x

    A cette époque , nos samedi après midi étaient rythmées par les séries télévisées

    Dans les années 70 , les frères  Igor et Grichka Bogdanov présentaient Temps X , affublés de combinaisons argentés et futuristesfrères bogdanov.jpg

    Puis en suivaient les séries de science fiction

    Je me souviens de Cosmos 99

    Ça rigolait pas dans le vaisseau , les coéquipiers avaient un visage grave

    Ils portaient aussi des combinaisons avec de grosses ceintures, il y avait des boutons partout dans La base lunaire alpha, je me souviens de la femme Barbara Bain, sévère, et sérieuse et le commandant Koening incarné par Martin Landau (ils étaient mariés dans la vraie vie) que l’on retrouve dans » FBI portés disparus « 

     Je n’ai jamais aimé les séries de science fiction, je ne comprenais rien, je préférais les énigmes policières, Commissaire Moulin, Arsène Lupin et Chapeau Melon et Bottes de cuir ou les séries « sociales «  Pause Café  entre autre

    Louis aimait la science fiction, les ovnis, les extra terrestres …

    La nuit, il ses réveillait en hurlant, je tapais dans le mur et il se rendormait

     L’autre soir, j’ai revu à la télévision les frères Bogdanov

    Ils ont un drôle de facies, leur menton s’est terriblement allongé, ils prétendent ne pas vieillir, comme moi tiens, ils ont soixante ans les cocos quand même

    Ils se disent chercheurs, scientifiques, diplômés de je ne sais quoi, on dit même qu’ils seraient atteints d’ ‘acromégalie, croissance de parties du corps, ou bien ont-ils usé de chirurgie esthétique

    Ils me font à moitié peur, ils sont troublants  

    Peut être des mutants, des extra terrestres …

    bog_drame.jpg

  • L'ambiance créole

    Lors des communions et des mariages qui ont marqué mon enfance, on misait beaucoup pour la réussite de cette journée

    Il fallait qu’il y ait de l’Ambiance !

    Pour ce faire  les convives se retrouvaient dans des dancings en plein après midi ( quelle idée ) aux alentours de Siouville, Carteret, ou Sciotot

    Les animations du soir étaient portées vers des jeux vulgaires et sots, humiliants même et des chansons ou histoires drôles

     Les gens s’asseyaient sur des banquettes, les jeunes buvaient de la bière, la fumée de cigarette nous donnait la nausée et imprégnait les costumes trois pièces des oncles endimanchés

    Les tantes portaient des ensemble jupe chemiser colorés, vert pelouse, avec des chaines en or, des gourmettes et des chaussures à talons qui leur faisaient très mal aux pieds

    Ma mère était élégante, jamais excessive, je la trouvais plus belle que les autres, elle souriait tout le temps, tellement spontanée

     Certains ados très rebelles gardaient le jeans, ils risquaient l’extradition mais assumaient leur provocation

    Après les musiques d’ambiance, salsa, paso doble, il y avait les tubes disco, et le bouquet final c’était les danses en chenille

    Bien sur on n’évitait pas « la danse des canards «   et «  big bisou «  mais le clou de la fête c’était l’ambiance créole, le groupe Ottawan à l’époque et son fameux D I S C O

     La musique exotique battait son plein et j’ai encore en mémoire un tube incontournable de l’antillais David Martial, chantant Célimène ( rien à voir avec Molière …)

     

    Alors, bien évidement les paroles sont compréhensibles, une histoire d’amour entre un homme et une femme qui s’appelle …Célimène

    Tous les convives dansaient les uns derrière les autres, parfois même la grand-mère, et là réussite totale, les gamins sautaient partout, les hommes avaient arraché leur cravate et leurs chemises sortaient du pantalon, engoncés dans leurs gilets trop étriqués, mais ils étaient heureux et s’amusaient comme des fous

     Franchement, aujourd’hui je me demande si de nos jours ,  y’a encore des gens assez cinglés pour chanter ce genre de truc ?

    Désolée pour ceux qui auront cette chanson dans la tête toute la journée …