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  • Le 9 Novembre

     

     9 novembre 1938  : Nuit de Cristal en Allemagne : les nazis saccagent les synagogues, les maisons et les magasins juifs.

     

     

     9 novembre 1970 : Le général de Gaulle  meurt subitement dans sa propriété  à Colombey les deux Eglises ; j’ai toujours été impressionnée par la taille de la croix  que l’on peut apercevoir  de très loin COLOMBEY-LES-DEUX-EGLISES-18-OCTOBRE-2009-021.jpg

     

     

     

     9 novembre 1981 : Loi autorisant les radios libres en France. Quelle révolution, je me souviens  bien de cette liberté  des années Mitterrand

     

     9 Novembre 1989 : La RDA ouvre ses frontières : chute dumur de Berlin . Un grand événement, ce même jour, naissance de ma nièce  Paula  mur.jpg

     

     9 Novembre 1991 : Mort de l’acteur chanteur Yves Montand

     

    Désolée de le dire, même si Montand fait partie des monstres sacrés,  ceux qui méritent respect … qu’on n’a pas le droit de ne pas aimer,  je n’ai pas une immense  adoration  pour cet acteur 

     

    Si dans quelques films, César et Rosalie, Vincent, François, Paul... et les autres …enfin c’est plutôt Claude Sautet que j’aime  bien, enfin ses filmsmontand.jpg

     

    Je n’ai pas vraiment aimé Jean de Florette et Manon des sources, je n’aime pas les films champêtres avec des grillons et des odeurs de lavande, même si Auteuil joue très bien

     

    Et puis tout ce grand déballage  après sa mort, l’affaire Drossard,  Allégret,  franchement,  c’est indécent

     


    9 Novembre 1991  Jérôme épouse Jeanne, Jeanne épouse Jérôme dans la Manche

     

                                      Théodore épouse Solène, Solène épouse Théodore dans les  Côtes d’Armor, fraichement rebaptisés  (Côtes du nord, rappelez vous quand même)

     

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    Voilà, ça fait donc 20 ans ! Et on résiste

     

    Pour finir, le dicton du jour

     

    « À la Saint Théodore, il fait toujours plus froid dehors. »

     

    A méditer  …

     

     

     

     

     

    Source : Wilkipédia

     

    Photos du Net

     

  • 3 Novembre 1993

     

    10h35, Ellen pousse son premier cri, bref, et se laisse aller dans les bras de sa maman, ouvre grand ses yeux, observe tous ceux qui l’entourent, bouleverse et surprend son papa

    A 10h45 alors que tu te réchauffes sous couveuse, tu as déjà une visite, Marie Noëlle vient tous les jours à 11h00 et tu lui  fais la joie de naitre juste avant son arrivée

     

    Joie complète dans le bloc, sages femmes médecins et auxiliaires donnent un ton jovial à l’instant vécu

     

    C’est à 17 h que je réalise que je suis mère, quand je me retrouve seule avec toi  dans ma chambre  laisse échapper des larmes d’une intense émotion

     

    La première tétée est réussie, tu exprimes un gout prononcé pour la nourriture, ton instinct de succion est bien là

     

    Et il nous reste tout à découvrir de toi, presque tout, car je te connais déjà, les membres gigotent dans mon ventre, petites secousses dans ton sommeil et surtout je retrouve ton hoquet

     Coups de téléphone de Mémé chaque jour, Eugénie, Fatima, Jade,  Betty, Flo,  Mamy

     Louis est en Algérie, je peux le joindre une fois, il ne sait trop quoi dire, le téléphone est bien froid pour exprimer ses émotions

     Le lundi, visite du pédiatre, à 3 kg 600 personne ne s’oppose à notre retour à la maison

     J’attends avec impatience le lendemain

     

    Notre plus beau cadeau de mariage fut de rentrer dans notre petit appartement avec toi

     On t’attendait, tout était prêt, ta chambre, ton lit.

     Que te dire de plus, notre joie est complète, et les mots sont insuffisants

     

    A toi de dire....

     

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    Tu avais été émue à la lecture de ce texte écrit pour toi, il y a tout juste 18 ans

     Te voilà à présent  responsable de tes actes, en âge pour voter, conduire

     Quoique tu fasses, je serai toujours là

     

    Je t’embrasse fort pour ton anniversaire ma fille, très fort

     Soie heureuse longtemps

     Si tu savais comme je suis fière de ce que tu es devenue …

     

  • Amours d'antan

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    C’est entendu, accepté, la jalousie est un vilain défaut dont on ne guérit jamais

    Je me sentais  tout à coup faible ,  vulnérable  d’avoir pu  me  tordre le cœur ainsi puisque  par la force des choses ,  son caractère inconstant  ,lacérait  peu à peu mon imbécile conviction

    Enfin, si on doit systématiquement peser le pour et le contre chaque fois que l’on tombe amoureux, autant  y renoncer d’emblée

    Certes , j’ai toujours eu un imaginaire fertile , guettant depuis l’adolescence des petits signes  , des clins d’oeil , des regards , et allant  de suite raconter ça à ma copine Chloé qui était pire que moi , cachant sans cesse son corps  qu’elle rejetait  , fardant sa peau pour gommer son image ,  marquant ses yeux de grosses bousées de mascara qui  coulaient au moindre fou rire , lui donnant un geste  irréfléchi et mécanique , celui de son index essuyant  le bord de la paupière

    Je m’en souviens comme si c’était hier

    Elle  n’était jamais rassasiée de toutes mes allusions qui n’étaient que tristes illusions , l’une et l’autre  infatigables de  papotages , de lamentations , blablas intempestifs et infinis entre deux cours ,  et même pendant , tiens , on va se gêner , meilleure remède pour  irradier  les foutues interstices qui nous rappelaient  à l’une comme à l’autre que nos cerveaux  et nos cœurs ne faisaient pas bon ménage

    Ma Chloé était tentée  par le fruit défendu ,  essayer , transgresser , et moi , je freinais ,  raisonnable , sachant que tout excès  menait dans une impasse

    Mes projets prenaient sens, irréfragable certitude que rien ne pouvait les ébranler, elle au contraire  tourbillonnait dans l’ivresse,  je lui tenais la main, jusqu’au jour où nos chemins se séparaient pour de bon

    J’ai toujours aimé les parenthèses ,  oser l’inconnu ,  partir loin , immersion complète  comme on dit , frôlant souvent l’indigestion  , le trop plein , m’accrochant alors à mon indicible amour , resté secret , que j’aurais peut être du inhumer un jour pour de bon …

     À quoi bon ?

    Je n’ai jamais aimé les enterrements et encore moins  ceux de mes amours  d’antan

    Je garde tout ,  itou …

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    Voici ma participation aux » plumes de l’année » , proposé par Asphodèle

    Les mots imposés étaient

    illusion – irréfragable – ivresse – infatigable – impasse – immersion – image – indicible – interstice – imbécile – itou – inhumer – inconstant – indigestion – imaginaire – irréfléchi.

  • Le meeting

     

    Des-drapeaux-bleu-blanc-rouge-pour-stimuler-la-croissance.jpgC’était un soir d’avril, accompagné d’un beau soleil de printemps

    Rose avait  six mois, Salomé et Sarah étaient venues garder les enfants et avec Louis et Jérôme nous avions roulé vers Rennes

     

    En arrivant, des cars étaient stationnés, une foule importante  se pressait dans le grand hall de cette salle d’expositions

     

    Il y avait quelques perturbateurs  canalisés par la police, Louis avait eu peur

     Serrés  dans les gradins, des hommes et des femmes vociféraient, agitaient des banderoles  et drapeaux

     

    Y’avait des syndicalistes, des militants, des purs et durs, des curieux,  des jeunes, des vieux

     C’était joyeux

     Sur la musique de Goldman «  encore «, le candidat  entouré d’équipes de télévision et de journalistes avait remonté l’allée, clamé par le foule

     

    Et il avait fait  un discours, combatif,  il achevait sa campagne, c’était le soir du dernier  meeting

     J’avais aimé l’entendre, le voir, croire, j’avais aimé ce qui c’était passé ce soir là

     J’avais espéré, forcement

     Ce fut son tout dernier meeting

     C’était un soir d’avril  2002

     Le dimanche qui suivi  fut une tornade  pour beaucoup de français

     En repensant à ce soir d’Avril, j’ai  eu à nouveau l’envie de retourner au meeting, les grands, ceux de notre nation

     

    Je le ferai  au moment où les tulipes du jardin  écloront, pour l’instant, je me contente de les planter …

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  • Jeanne et la télévision

     

     

     

    tcortf2.jpgEn 1968 mon père a acheté un énorme téléviseur

    La dépense était  démesurée pour l’époque, presqu’un an de salaire

    La télé  était allumée tous les soirs, même lorsque  nous jouions au cartes

    Nous avions droit de la regarder le samedi soir, les mercredi après midi

    J’aimais bien les programmes pour enfants, les dessins animés, les  variétés et les films avec Louis de Funès ou Bourvil parce que c’était rigolo

    Mon père  était  tyrannique  avec sa télé, mordu de sport, il n’était pas rare de le voir arriver  en fin d’après midi et changer de chaine  sans  dire un mot

    On n’avait plus qu’à aller voir  ailleurs  même si l’épisode n’était pas fini

    Nous n’avions  pas le droit de regarder les jeux de 20 heures, mon père regardait les informations, c’était sans appel, comme le cinéma !capello-jeux-de-vingt-heures-taille-changee_articlephoto.jpg

    Dans les années  80, on a eu la couleur, et il n’était pas rare que je reste à veiller seule devant l’écran très tard le samedi soir, «  les enfants du rock « ou Pollack

    J’aimais   la télé des noctambules, les débats, l’impertinence, le » n’importe quoi « 

    Je n’accrochais pas aux soap et sit com  de l’époque , je préférais  les  séries , quelques feuilletons ,  les films  avec Romy , Girardot ou Noiret

    La plupart des émissions étaient en direct, provocantes,  entre show et   débats de société    , les témoins  étaient les héros

    Etudiante,  j’ai par la force des choses  délaissé le petit écran, j’aurais bien aimé avec une télé dans ma chambre de cité U, absolument inenvisageable

    Une fois installée  et salariée, j’achetais un petit poste couleur,  et là, enfin, je décidais des programmes, 

    J’étais libre devant ma télé

    Le magnétoscope fut acheté dans la foulée, j’avais peu de  cassettes VHS, j’effaçais  tout au fur et à mesure pour économiser les bandes

    Une fois installée avec Jérôme,  j’ai beaucoup regardé la télévision, peu de choses à faire  durant la période de chômage de la première année, pas de jardin, pas d’amis, pas de bricolage ou très peu

    Je regardais des clips, des émissions  débats,  des reportages,  et bien sur l’incomparable Nulle part ailleurs de  Canal +Logo_Nulle_Part_Ailleurs.jpg

    Une fois arrivée en Mayenne,  je n’allumais plus dans la journée,  la radio m’accompagnait du matin au soir, je m’éloignais petit à petit de cet écran là

    Mes meilleurs souvenirs cathodiques restent tout de même ceux du Cook county, ou en l’espace de quelques années, j’ai sans doute regardé plus de 600 épisodes d’Urgences

    Depuis  un an , je ne regarde quasiment plus la télé , non pas par mode , mais parce que les programmes sont ennuyeux , faits de compétition , d’étalages  de vie de gens  obèses , difformes  ou jaloux ,  de faits divers , de rediffusions ,  paradoxalement , il y a plus de chaines mais je n’y trouve pas  le plaisir des années 90

    Je regarde un film de temps à autre que je sélectionne  en début de semaine 

    Le pire c’est que je supporte difficilement la télé allumée dans la journée, ça me crispe,  ça m’énerve

    L’arrivée d’internet à changer mon  comportement face au petit écran

    Sur le net, je me sens active,  j’arrête quand je veux, je reprends à ma guise, un peu accroc  à la blogo, je l’admets

    De l’énorme télévision des seventies, je suis passée à l’écran plat  «  au mur «  comme on disait autrefois 

    Quoique l’on dise,  la télévision aura  changé le quotidien, mélange de culture et de divertissement, accessible à tous

    Je l’ai aimée  avant, aujourd’hui,  je vis presque sans elle

  • Rome 1992

     

     En cadeau de mariage, Léon nous avait  invités  à passer quelques jours à Rome

    Nous avions pris un train de nuit à Mulhouse et avions débarqué  fin mars  dans la  belle ville Italienne

    Le ciel était d’un bleu  époustouflant sur les murs orangés  des maisons, nous  avions sillonné la ville, les quartiers, les places, les monuments, ébahis devant cette fabuleuse architecture baroque

    Léon nous avait aménagé une chambre de fortune à St Louis des Français où il résidait , il était heureux , content , tellement ravi de nous accueillir , il était notre guide ,  connaissait tous les recoins de la ville , je me souviens de la Place St Pierre quasi déserte  d’un soir , des cappuccino délicieux , des gélati  à tomber …

    saint_louis_franais_400.jpgLe dimanche soir, Léon nous avait conviés à un concert de musique baroque, offert par l’ambassade de France au Vatican à Saint Louis des Français

    Les dames  avaient revêtir leurs plus belles tenues, elles scrutaient les chapeaux des autres, commentant en catimini  jusqu’au moment ou l’artiste fit son entrée 

    Le haute contre Gérard Lesne interprétait des extraits de Vivaldi, de Monteverdi,  sa voix était  bien au dessus de celle d’un ténor, ce qui reste rare donc impressionnant

    Oui, vous avez bien lu, le grand, l’immense Gérard Lesne

    L’homme n’était pas un exemple d’humilité croyez moi,  il avait certes un don inouï pour interpréter les plus beaux morceaux baroques, mais le personnage devint vite ….difficile à regarder

    Mais à écouter ….c’était autre chose surtout quand mes yeux se tournaient sur le tableau  pathétique du Caravage - Martyr de Saint Mathieu (des clairs obscurs fascinants qui restent des modèles pour les plus grand peintres et photographes) 630px-Le_Caravage_-_Martyr_de_St_Mathieu.jpg

    Ce fut pour moi, une grande révélation, la musique baroque allait m’accompagner les cinq années qui suivirent

    Nous étions tout juste équipés d’un lecteur CD et je passais toutes les semaines à la sonothèque de Belfort  emprunter des œuvres

     Les Passions et les Messes de Bach, les  opéras de Purcell, les diverses versions des plus grands chefs baroques des années 80 :William Christie , Philippe Herreweghe et René Jacobs

    Les chœurs me font venir les larmes, c’est puissant, dramatique, j’ai toujours su que je serais absolument incapable de chanter  dans un chœur classique, mais les écouter  en boucle rassasia cette grande découverte

    Je n’aime que le baroque, plaisir extrême, fenêtres grandes ouvertes,  fortissimo,  grande jouissance auditive !

    Les grand WE  découvertes sont toujours  ce qui me convient le plus, intenses, brefs, riches de souvenirs et d’envies  

    Cela fait des années que je n’ai pas revu Léon, il vit toujours  une vie tranquille dans la Manche … c’est  ainsi

    J’ai quand même tapé son nom sur gougle, et après avoir vu défiler des images d’un footballeur  belge qui porte le même nom,  je suis tombée sur sa tête

    Oh my God !!!!!!!

  • Pierre , Walt et Jeanne

     

     

    pierre_tchernia_1.jpgMalgré sa bonhommie et son air bien aimable , Pierre Tchernia  a causé sans le vouloir  un grand traumatisme  dont je ne suis pas encore vraiment remise

    Il présentait  « Monsieur Cinéma «,  jusque là, rien de  mal,  et « l’ami public N 1  « le dimanche soir

    Le principe était simple, diffusant des extraits des dessins animés de Disney, il commentait entre les passages

    C’était …court, trop court, et toujours les mêmes extraits, je rêvais tout simplement de voir un Disney en entier, Blanche Neige ou Cendrillon 

    J’adorais voir Mary Poopins aussi, avec les jouets qui rentraient tout seuls dans les malles

    J’en crevais d’envie de voir ces films

    Mais c’était pour les gens riches

    Pauvre Jeanne !

    Inutile de demander à notre père d’aller au cinéma voir Bernard et Bianca ou les Aristochats

    Je me contentais des images des produits dérivés, et du livre de la Bibliothèque Rose  Cendrillon

    J’aimais tout, les personnages, les souris, les sœurs,  les dessins, la marâtre, la citrouille….

    Je pensais toujours au  film en couleur sur un grand écran

    Mais nous avions vu les «  fous de stade «  avec les Charlots , payer pour voir un dessin animé , c’était pas envisageable du tout 

    Espérer  …

    Heureusement qu’il y  avait les aventures de Pinocchio de Comencini

    Un jour , sans prévenir , sans rien dire à Pierre Tchernia , j’ai tout jeté en bloc , Walt Disney et moi , terminé , j’en veux plus , je le crache , tout , le logo , les parcs , les jeux , rien , plus rien , je ne veux plus en entendre parler

    J’ai quand même  montré Bambi à Ellen, et elle a pleuré,  bravo monsieur Disney !

    Quand même, j’aurais pu faire l’effort

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    Elle m’en a un peu voulu ma fille , parce qu’elle les adore les contes de  Disney , et  par  vengeance , elle a acheté  tous en VHS  dans les vide grenier , mais c’est moi qui ait payé

    Pourtant, au jour d’aujourd’hui, je n’ai jamais, non jamais vu un Disney en entier,  ni mis les pieds à Marne la Vallée pour aller danser avec le Prince  (est ce qu’il voudra de moi ?)

    Allez, sans rancune, je veux encore bien le chanter


    Clap, clip, clap, petite pluie d'avril
    Tombe du ciel en jolis diamants.
    Clap, clip, clap, petite pluie d'avril
    Ta mélodie est un enchantement,
    Enchantement, enchantement.
    Clip, clap, clip, clap.

     

  • Cape , capi , tulipe ....

     

     

    Comme beaucoup d’enfants des seventies, j’ai appris à lire avec Rémi et Colette

    C’était une méthode de lecture semi globale, assez simple et efficace, les mots étaient découpés en syllabes,   nous commencions  par des mots  tels que «  tulipe, cape, capi, malade …. « 

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    La maitresse  déposait en grand les images du livre sur le tableau , le petite frustration  du moment était quand même  à raconter , nous avions un seul livre pour deux , je devais suivre en classe avec ma voisine ,   et faire la lecture du soir avec le livre  commun  de Louis

    Ma mère avait demandé à ma grand-mère de m’en rapporter un  de Cherbourg, je l’ai gardé longtemps

    J’ai appris à lire très vite, malgré les deux mois  de coqueluche,  j’ai conservé en mémoire des mots  que je ne voyais que dans le livre de lecture

    BECHE, CAMPANULE ET  COINGS

    Des coings ?  Jamais vu de coings,  c’est quoi des coings,  personne n’en avait dans son jardin, des pommes oui, à foison, mais des coings ?

     

    Basile a déposé un panier rempli de coings devant la maison, et je ne savais pas quoi en faire

    Sous les bons conseils de Tatydany et de Jean Michel, et de Pierrot Bâton, je n’ai pas gâché

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    Je les ai fondre dans du beurre, avec de la cassonade et de la cannelle, j’ai rajouté  des pommes, une banane et des framboises

    Hum …. Un régal cette marmelade IMG_0394.JPG

    Je suis raisonnable, je n’ai pas servi de glace à la vanille, ni crème fouettée, ni  salidou

    Un dessert  très light hein ?

    Ça vous en bouche un coin.

  • Fripounet

     

     

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    La même tante aux robes de chambres  avait eu la bonne idée de nous abonner à Fripounet

    Le bonheur, des magazines pour enfants que j’ai lus, relus, gardé  tellement longtemps

    J’aimais  la bande dessinée de Titounet et Titounette, les aventures de Sylvain et Sylvette, Mocky et Poupy et Chouette Mama

    Si seulement j’avais pu être abonnée  plus longtempsentete_moky.jpg

    Je n’ai jamais osé demander, seule  «  la Presse de la Manche «  était autorisée dans la boite aux lettres !

    Quand Ellen était petite,  je lui lisais des magazines pour tout petits, Popi et les belles Histoires du Père Castor,  et commençait à aimer ces lectures  là dès le CP

    Elle lisait des « j’aime Lire «, et Astrapi,  puis un jour tomba dingue des » p'tites sorcières « 

    Alors , toute les deux , on faisait les vide grenier , et je rapportais des sacs entiers de magazines ,  « je lis des  histoires vraies «  ,  Je bouquine «  …

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    Et bien évidemment, je l’abonnais  à un mensuel qu’elle dévorait  à son arrivée

    Les magazines  jonchaient le sol de sa chambre, les tiroirs débordaient, elle lisait tout,  des stocks de Julie, plus tard » Lolie «  et Okapi

    Mark aussi  a beaucoup lu  Astrapi et Okapi

    Les abonnements convenaient aux deux,  et pendant ce temps, Rose attrapa le virus

    Elle  lit partout, tout le temps, en mangeant, dans le  bain, toujours le nez dans ses lectures, « les p’tites  princesses «, « Manon « 

    Dans les  vide grenier , on cherche , on traque les numéros manquants , y’a des magazines  partout , elle les dévore , les garde,  elle  connait des tas de choses , source d’infos inépuisable  et excellent  pour acquérir du vocabulaireDSCN2418.JPG

    Mes  filles sont de grandes lectrices, Ellen  a lu des  tas de romans,   chérit  ses préférences

    Etonnement,  j’ai investi  leurs univers, ainsi   redonnant  ce qui m’avait tant manqué  enfant

    Je suis heureuse de ce qu’elles vivent à travers leurs lectures

    Je n’ai rien imposé, juste accompagné

    Paradoxalement  je ne suis plus abonnée  à un mensuel,  je l’ai  fait longtemps.

    C’était vraiment  bien Fripounet.

     

  • Le jour de congès

     

     Ce matin là, je m’apprêtais  à savourer  ma journée de congés

    Repos mérité, pourtant réveillée très tôt par les cris et les brouhahas des enfants

    J’avais juste décidé de prendre mon temps, rien de plus

    Après une toilette, j’avais séché mes longs cheveux et eu envie de les laisser libres sur mes épaules

    J’avais revêtit un ensemble jupe corsage à large rayures, tinté de mauve et de bleu et rose tyrien

    J’étais heureuse de porter  cette tenue, coquette ce jour là

    Dans la cour du bâtiment  je l’avais croisé

    Mon cœur palpitait trop à chaque fois que je l’approchais, beaucoup trop …

    Il avait frôlé mon épaule, et à demi voix avait murmuré

    « Que tu es belle Jeanne …. »

    Belle, moi, il parlait de moi …..Il s’adressait à moi, et bien sur, je n’avais pas répondu, je m’étais contentée d’une sourire qui était certainement accompagné d’un rougissement de joue made in Normandie

    En même temps, que lui  dire ?

    Que lui aussi il était beau comme un dieu, gracieux, d’une élégance rare

    Les femmes n’osent pas parler aux hommes ça

    Mon cœur avait chaviré

    Je savais que je n’étais pas belle, juste différente, il suffisait de délaisser le tee shirt et le bermuda, libérer la natte pour être une autre à ses yeux , comme une  nageuse en tenue de soirée

    J’aime quand la féminité opère de la sorte

    Je l’avais regardé s’éloigner, respiré l’odeur sauvage  de son eau de toilette

    Nadège était  partie en camp quelques jours avec les ados, à son retour, il s’éloigna d’elle

    Je n’avais pas eu besoin de chapeau de paille

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    Pierre BONNARD "Jeune Femme se chaussant"

     

  • Les couples qui passionnaient les français

     

     

     

    Les roses que Sheila avait fait poser dans ses cheveux pour son mariage me fascinaient

    Elle était belle, j’avais vu la photo en couleur  sur la couverture de télé 7 jours, nous on achetait  télépoche, et ils étaient  beaux Sheila et Ringo  quand ils chantaient les gondoles à Venise

    index.jpgQuoique …en fin de compte, je pensais qu’elle aurait du épouser Cloclo

    Les couples des chanteurs des seventies se formaient, se déformaient, et alimentaient les conversations de nos soirées  familiales

    Ma mère faisait ses pronostics «  ouh, ça va pas durer longtemps « 

    Mes parents  aimaient  Stone et Charden,  parce que Stone elle était simple, pas trop crâneuse, souriante,  proche d’eux en fin de compte, ce fut notre premier  33 tours

    Elle avait quand même de la chance d’interpréter toutes ses chansons en play back, parce que …. Dieu qu’elle chantait faux !6760346724.jpg

    Sylvie et Johnny, non, c’était trop ….on n’était pas fan de ce couple blondinet, et puis mon père trouvait qu’il transpirait trop en chantant, ben oui, c’est un critère …

    De toute façon, les couples yéyé ne faisaient pas rêver ma mère, elle s’était Grace et Rainier de Monaco qu’elle aimait, elle achetait point de vue et images des mondes une fois dans le train par an quand on allait en vacances en banlieue

    Claude François avait ramené une américaine, elle rigolait bêtement, elle avait l’art d’agacer mon père, en même temps y’avait peu de chance de les avoir à diner

    Pas comme Giscard qui s’invitait chez les français  à l’improviste

    Régulièrement on y avait le droit

    «  Si  ça se trouve Giscard il va venir ce soir « 

    Le pauvre chien Tarzan  n’avait pas d’avis sur la question, et moi en secret c’était Michel Fugain que j’aimais, mais je n’osais pas le dire, parce que ma mère elle trouvait ridicule les tenues du Big Bazar

    Pas loin de quarante ans ont passé , et voilà que j’ai toujours grand plaisir à revoir ces chanteurs de variétés des seventies , j’adore ça , comme d’autres prennent plaisir à sucer un bonbon de leur enfance , ou à rêver devant un manège ,étrangement mes meilleurs  mes souvenirs sont là , devant les variétés , les show  du samedi soir

    Les couples de téléréalité  et du cinéma  font à présent la une des journaux people, on s’intéresse très peu aux français

    Sauf à elle, et à lui

    Quand même , ça laisse songeur ….

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    Sont y mariés ?

  • La chapeau de Nadège

     

     

    chapeau-de-paille.jpgIls étaient allés faire quelques achats sur le marché de cette petite ville du Sud connue pour ses parfums et ses grillons, des choses nécessaires pour le groupe, et  avaient acheté chacun un chapeau de paille

    Ils avaient l’air joyeux avec leurs beaux chapeaux,  après tout, y’a pas de mal à porter un chapeau l’été, Nadège tournait autour de lui en ricanant, je l’observais gambader, virevolter, c’était presque grotesque  

    Elle ,  blonde , bouclée ,petit gabarit , elle ne m’avait rien fait , rien dit , oui , rien dit puisqu’elle ne m’adressait jamais la parole , même pas un sourire , un geste

    Elle est vaniteuse, la tête grosse comme un giraumon, le chapeau va souffrir, tout ça pour sa gloriole, crâneuse !

    Je m’en fiche, j’ai rien à voir avec cette fille !

    C’est bucolique un chapeau de paille pour aller ramasser noisettes ,  clous de girofle ,  glands , châtaignes ,les godillots crottés , baveux de coquilles de gallinacés gourmands  ,  je déteste ça , ces trucs champêtres qu’on stocke dans un panier et qu’on laisse pourrir tout l’hiver

    C’est pas que j’en voudrais un, je ne porte pas de chapeaux,  elle tourne toujours autour de lui, et lui, il rit, et moi je les regarde et

    Je suis …jalouse

    Oui, jalouse, il faut se rendre à l’évidence

    La jalousie arrive au galop sans prévenir, ça ronge, ça rend haineux, limite agressif  on a beau se raisonner, impossible de s’en défaire

    Mais qu’est ce qu’il lui trouve ?

    Tant pis, je les laisse, j’ai autre chose à faire, faut que j’arrête de les épier comme une vilaine gargouille du haut de toit

    Tiens, il est seul là, si j’en profitais pour lui demander quelque chose ?

    Pff, si c’est pour me perdre dans un galimatias incontrôlé autant rester muette.Ça va finir par un contre gambit, je n’ai jamais compris les règles aux échecs

    Je n’ose pas, je  ne vais pas  aller roder autour de lui comme la Nadège et son chapeau de paille, je ne peux pas

    Ça va être cruel de passer encore trois semaines comme ça,la chaleur de ce village du Sud va virer au  givre , je risque de finir par le détester lui aussi

    Peut être qu’ils partagent la même chambre ?

    Je ne préfère pas le savoir

    J’ai toujours le chic pour ça, être attirée par l’homme qui ne sera pas pour moi,  c’est pénible ça ….toujours sur une voie de garage, sans issue,

    Pourtant, il m’a semblé que cette nuit, il y avait eu une certaine complicité à la fermeture de la grille

    Je me fais des idées, je gamberge, galipettes cérébrales, faut que  j’arrête de gémir …

    Arnold a l’air d’être heureux avec la Nadège au chapeau de paille

    Je vais les laisser ….pas grave, je suis là pour bosser

     

    Voici ma participation aux plumes de l’été d’Asphodèle , les mots  en G étaient

    GIRAUMON – GAMBADER – GARAGE – GIVRE – GARGOUILLE – GAMBIT – GALOP – GABARIT

     – GLORIOLE – GALIPETTE (S) – GALLINACÉ – GRILLE – GLAND – GROTESQUE – GEMIR – GOURMAND – GODILLOT – GRAVE – GRILLON – GALIMATIAS – GIROFLE

     

    Tableau de Pissaro , le chapeau de paille

  • Ennuyeux étés

     

     

    Mes étés d’adolescence n’avaient rien à envier

    J’ai toujours été loin des récits de vacances au soleil avec les flirts, les soirées au camping ….mes premières vacances, je les aie vécues à l’âge de 22 ans

    L’été, rien ne se passait, ou presque

    Toutes les journées se ressemblaient

    Ce n’était pas désagréable du tout, c’était juste un peu ennuyeux

    Le matin, quelques travaux dans la maison, épluches, foin, et autres, vaisselle …

    En début d’après midi, je regardais drôle de dame ou les « arpents verts «  et je retrouvais dès que je pouvais mon carnet de mots croisés

    J’adorais ça, croiser les mots, j’en aurais fait des grilles entières toute la journée

    Je n’étais guère productive semeuse-larousse_0.jpg

    Coincés en pleine campagne, on ne profitait guère de la mer en semaine

    Tous les jours se ressemblaient, il n’y avait pas beaucoup de visites

    Je n’avais pas d’amies, une copine très réservée Hélène, mais on ne se voyait pas

    Les mois d’été passaient ainsi

    Heureusement, j’avais mon copain Larousse, inséparables, c’est quand même dingue de passer deux mois avec un dictionnaire

    Je croisais les mots

    A 15 ans, avec Louis, on a eu envie de voir le monde

    Alors, tôt le matin, nous montions dans le train, et on rentrait le soir

    On allait n’importe ou, dans le turbotrain orange dans lequel il  y’avait encore des wagons fumeurs

    On aimait ça train.jpg

    Vadrouiller, tous seuls ou en compagnie

    J’aimais bien prendre le train et aller ailleurs, dans les villes

    J’ai repensé fort à ça quand je suis allée à Paris toute seule la semaine dernière

    J’ai acquis cette indépendance là très jeune

    En fait, très tôt, dans ces étés ennuyeux, il se passait des choses ……

  • A saute mouton

     

     

    sabot.jpg« Maman, c’est vrai qu’il n’y avait pas de WII quand tu étais petite ?

    Oui, bien sur …

    Mais tu jouais à quoi ?

    A saute mouton ? »

    Ah non, je n’ai jamais supporté de jouer à ce jeu de sportif de grand niveau »

    Il me fallait prendre  mon élan, et arrivée devant le pauvre gamin-mouton à moitié tordu, je stoppais net

    Et quand  un autre s’approchait de moi, j’avais tout simplement peur qu’il m’écrase ou qu’il m’arrache la tête

    « Maman, tu écrivais à l’encre, avec des encriers ? »

    Oui, en primaire, j’adorais ça, le buvard tout neuf, les majuscules si élégamment dessinées, comme j’aimais l’encre ….

     

    Ma Rose imagine sa mère, dans les années 60 un peu comme dans les livres

    Il faut dire qu’elle étudie à l’école les Contes du chat perché, elle adore les aventures de Delphine et Marinette delphine et marinette.jpg

    Elle me représente sans doute avec des grandes chaussettes et des sabots en train de parler aux poules et aux chats

    Les sabots suédois des seventies, j’en ai rêvé mais j’en ai jamais eu, encore un bel apprentissage à la frustration, je me demande si c’était si confortable mais porté avec u sous pull et un pull tube, c’était vraiment la tendance du moment

    Parler aux animaux, j’ai fait, je fais encore

    Parfois Ellen  ironise

    « Franchement, maman, tu crois que la louloutte va te répondre « 

    Ma mère parle aux bêtes, Louis aussi, et moi aussi, c’est comme ça, plus fort que nous

    J’aperçois  un chat dans le jardin, le mien ou un inconnu, je l’interpelle

    Difficile quand on est enfant d’imaginer ses parents enfants eux aussi, quand les lieux sont restés les mêmes, c’est certainement plus aisé, mais quand il reste peu de traces, c’est l’imagination qui fait son travail, aidé par quelques photos jaunies et des récits attrapés de ça et là

    Mes enfants vivent l’instant présent, beaucoup plus préoccupés par leur avenir proche que par leur propre histoire, la mienne

    On en parle de temps à autre, mais je ne veux pas les abreuver avec des «  de mon temps « 

     J’aime parler avec mon ange …ses phrases naïves et spontanées sont un enchantement pour mes oreilles

    Bon , parfois elle braille , et je ne parle pas l’âne …

  • 19 Juin 1986

     

     

     

    Ce n’était pas une journée tout à fait ordinaire

    Une journée de juin qui sentait la fin. le-havre.jpg

    Nous étions allées au bord de la mer, du côté d’Etretat il me semble, le vent était frais, les galets de la plage craquaient sous nos semelles trop fines

    C’était une journée de filles, je n’ai pas jamais été trop friande de sorties « filles «  mais là, aucun homme n’était convié

    En fin d’après midi, nous devions retourner  voir nos résultats à l’institut

    Comme les autres, j’étais confiante, je pensais bien l’avoir haut la main ce diplôme

    Et puis la nouvelle était tombée à la radio

    Il est mort, tué à cause d’un accident de moto, quel choc, lui, ben non, ce n’est pas possible là, déjà la mort de Balavoine en début d’année, pourquoi ils partent comme ça …

    Ce départ là donnait un drôle d’amertume

    J’avais un peu le cafard, pas de quitter cette ville un peu grise, ni de quitter les copains de la Cité U, c’était la vie.un peu quand même

    Peut être parce que je savais que ma vie allait changer, trouver un travail, toute jeune diplômée, tout juste vingt ans, vivre quelque part, mais où ?

    Nous avons toute eue notre diplôme d’Etat, c’était plus important que le Bac, j’avais eu de très bonnes notes à mon mémoire de psycho-péda et à la soutenance, j’étais tellement fière de ça

    Je ne sais plus ce que nous avons fait dans la soirée, peut être que nous avons prolongé à Caen, et passer un moment dans une boite ringarde avec autour de nous des danseurs adultères

    Vingt cinq ans, déjà …

    Je les quittais tous, à peine nostalgique

    Peut être qu’au fond de moi, je sentais que j’allais quelques jours plus tard  faire une des plus belle rencontre  de ma vie …