Le mardi soir, on chante !
Nous sommes installés en U, le soprane face aux alti, les ténors et les basses au milieu
Nous répétons environ 4 chansons, y’a aussi le annonces présidentielles et depuis 2013 la séquence nostalgie (on ressort un vieux titre des années passées)
Je rappelle juste que nous préparons un spectacle par an, et que les partitions ne sont pas autorisées sur scène, heureusement
Nous répétons en bonne compagnie, je suis parfois assise à côté de Carla, ou de Méluzine, Bérénice, Clarisse, j’aime bien changer de voisines
Le chef de Chœur est installé au milieu, il bouge beaucoup, le pianistefou est jugé que l’estrade, un peu loin de nous, convenons en.
On papote aussi un peu, faut être lucide, parfois c’est même trop bruyant, épuisant pour Théodore qui doit faire un rappel à l’ordre constant, 160 personnes en moyenne, ça fait du monde
Les portables sont coupés, enfin, pas forcément dans le fond du sac et j’avoue, la tentation est grande d’envoyer un SMS à un choriste qui se trouve dans la même salle
Oh non !!!!!!!!!!!!!
C’est malpoli, je sais, je fais les gros yeux à mes stagiaires quand elles le font, ça ne se fait pas !
J’avoue, ici, mea culpa, je l’ai fait
Faut trouver le bon moment, sortir discrètement le zifon, attendre que le chef tourne le dos, et hop, rédiger rapido quelques mots, envoyé !
« J'en vois des qui s'donnent
Donnent des bijoux dans le cou
C'est beau mais quand même
Ce ne sont que des cailloux… «
Je continue de chanter, surtout ne pas s’arrêter puis, en toute discrétion, distribuer son regard vers le destinataire qui a son zifon planqué sous les partitions
Un signe de la tête, message reçu
« Moi je m'en moque
J'envoie valser
Les trucs en toc
Les cages dorées »
Pierrot Bâton qui est en face de moi a vu, elle fait les gros yeux !
La réponse ne tarde pas, y’en a qui sont rapides et doués pour ça
« J'en vois des qui s'lancent
Des regards et des fleurs
Puis qui s'laissent
Quelque part ou ailleurs
Entre les roses et les choux »
Purée, c’est dur, essayez de chanter ça
Sourire, le message est lu, et je vais m’arrêter là
Signe de la tête …
Et un deux trois quatre !
Oui , de temps en temps , braver l’interdit , comme des gamins , oui , je l’ai fait ,mais rarement
Parce que ceux qui pianotent durant deux heures sans arrêt sur leur téléphone au fond de la salle
Ils m’agacent … ça oui !
Surtout, ne dites rien à Théodore, il n’a rien vu
Pas vu, pas pris !
Il m’enverrait valser …