Peu de temps après ma communion, en 1977, ma grand-mère eu un souci de santé
Elle fut hospitalisée
Nous n’étions pas inquiets, mon grand-père paternel y allait souvent
En rentrant de l’école un soir, mon père pleurait fort, c’était bouleversant , il du nous avouer que notre grand-mère était morte, après cinq jours d’hôpital, d’une embolie
Nous n’avons pas pu la voir, je l’ai quittée un jour, elle allait très bien, et puis fini, le cimetière, des gens qui défilaient, des cousins, les sœurs de ma mère qui faisaient des histoires ..
Mon grand-père fut totalement anéanti, inconsolable .
Il pleurait à longueur de journées, son chagrin était insurmontable, lui rieur, sa vie était finie, rien ne serai comme avant .
Quand nous retournions à Bricqueboscq, le tic tac de l’horloge m’angoissait, j’étais triste, je cherchais vainement dans mes souvenirs, j’explorais les moindres recoins pour la retrouver, j’aurais donné n’importe quoi pour qu’elle revienne,
Ma mère était malheureuse, elle proposa à mon grand-père de venir tous les midis pour déjeuner, il noyait sa peine dans l’alcool
Un jour la décision fut prise, il s’installa chez nous
Louis lui laissa sa chambre et s’installa dans le bas de l’escalier
C’était invivable, Flo était en pleine crise d’adolescence, je détestais ma vie de collégienne, mon grand-père avait plein d’habitudes qui nous pesaient, nous devions passer dans sa chambre pour aller nous coucher
Nous vivions à 6 dans cette toute petite maison, Miquette avait rejoins notre logis
Parfois mon grand-père partait deux jours chez ses filles, mais il disait toujours qu’il était bien content de revenir chez Martha
Sa vue baissa, il ne supportait plus de ne plus lire son journal
Il restait des heures assis au bord la table de la cuisine, pensif, triste
Il voulait rester ici, nous ne pouvions pas cohabiter
Un lundi, mes parents partirent au marché de Bricquebec
A leur retour, ils ne l’ont pas trouvé dans la maison, mon père a cherché, il l’a trouvé dans le hangar à foin
Comment imaginer à cet instant précis ce qu’il a vécu, sa terrible détresse la poussant à lâcher prise, sans au revoir, sans lettre, sans message, il est parti, la retrouver..
Je n’imaginais pas vivre tel traumatisme, telle douleur, j’avais 17 ans, trop jeune pour accepter, assez âgée pour comprendre
La maison de Bricqueboscq fut louée, je n’y suis jamais retournée, je ne veux plus passer devant, j’ai assez d’images dans ma tête
J’ai demandé à garder la poupée habillée en noir, c’est la mienne .
Je me suis souvent dit que ma grand-mère était partie trop tôt, je n’ai pas idée de ce qu’elle serait devenue, son caractère si entier, elle serait peut être devenue insupportable
J’ai eu la chance de vivre ces moments là, la chance d’être entourée de cette manière là, la chance d’avoir tout garder au chaud, précieusement
Mon enfance s’est envolée en 1977, en 1983, j’ai commencé à vivre .