Mes grands parents maternels étaient chrétiens pratiquant, ils vadrouillaient toute l’année sur les lieux de pèlerinage
Leur disponibilité et l’immense amour qu’ils portaient à Louis et à moi ont construit en partie mon enfance
Ma mère allait à la messe, elle nous obligeait à l’accompagner, tous les dimanches
Je ne rejetais pas cela, pratiquer c’était m’associer à eux, je les aimais, et en rien je ne m’opposais à cette démarche même si plus d’une fois j’aurais préféré trainer au lit
Et puis il y avait ma tante Suzy et elle témoignait de par sa vie, sa douceur une réelle foi
Vers l’âge de quinze ans, le curé de la paroisse me demanda de prendre en charge un groupe de fripounet
J’étais très jeune, mais je me débrouillais pas mal, les enfants venaient au club le mercredi après midi, c’était un lieu où ils aimaient ce retrouver, un autre cadre
Ça me prenait du temps tout de même
A seize ans je partais à Lourdes avec des jeunes du monde entier
Premier voyage sans mes parents, hors champ scolaire
Ce fut un vrai choc, je rencontrais des jeunes heureux, dynamiques, nous passions nos journées en grand groupe, assemblées, petites sphères, grande liberté, adultes disponibles
Je décidais alors de continuer, de participer à des WE de partage, prière, et détente où je rencontrais des adultes intentionnés, des ados de mon âge, d’autres plus âgés dont Myriam étudiante en médecine
L’adolescente intravertie que j’étais devint soudainement quelqu’un d’autre
J’intéressais les autres, je me liais d’amitié facilement, je laissais exploser mon humour contenu depuis des années
Au lycée, je devins une ado populaire, je n’avais aucun mal à m’intégrer dans les bandes, j’étonnais par ma franchise, j’assumais mon appartenance à ces groupes de chrétiens
Pendant mes études je rencontrais par l’intermédiaire de mon ami Félix , Claire Marie
Nous sommes vite devenues amies, c’était une fille extraordinaire, j’ai rarement vécu pareille amitié avec quelqu’un
Elle était engagée dans un mouvement pour enfants et jeunes, avec elle je participais à des mini camps, des week end ….
Ce mouvement me convenait, j’y retrouvais mon regretté Joseph, un ancien camarade de classe de ma tante Suzy … coïncidence.
Après mes études j’acceptais d’être responsable départementale de ce mouvement tout en enseignant en école maternelle
Cela me prenait tout mon mercredi, une partie de mes vacances, de nombreux WE
Je n’étais pas rémunérée, je découvrais aussi le monde associatif avec ses rivalités et prises de pouvoir
Je ne compte pas les fabuleuses rencontres que j’ai faites au sein de ce groupe, les heures de confidences, de rigolades à se faire exploser les mâchoires
J’aimais ça, j’aimais cette vie
Je donnais beaucoup de mon temps et sans le savoir je construisais mon avenir professionnel
J’avais de l’assurance, de la crédibilité, une énergie folle et un regard toujours positif sur la vie
Celle ci me fit un des plus cadeaux, mon Jérôme
Je quittais tout pour lui, sans regrets, presque tout, sauf les amis, mes compagnons qui me restaient fidèles
A partir de cette période je ne pratiquais plus, n’appartenais à aucun groupe
Cela me manquait terriblement, j’en pleurais parfois tant ces communautés m’avaient apporté
L’arrivée des enfants me rendait moins disponible
Dix mois après la naissance de mon ange, j’intégrais mon chœur
Je ne soupçonnais pas que par cette troupe je retrouverais une autre famille , petit à petit , en douceur je poussais la porte , me liant de part et d’autres avec ceux qui constituaient ce grand groupe , les âmes généreuses , philanthropes et joyeuses
J’ignorais que je retrouverais ce qui m’avait tant manqué
Une passion commune, celle du » chanter ensemble », les émotions vibrantes et indescriptibles des voix mêlées
Je me suis engagée de plus en plus, incapable de faire les choses à moitié
Je n’imagine pas consommer le groupe, il existe par ce que chacun peut donner pour le faire vivre
Lorsque je regarde en arrière, je comprends que tout était étrangement lié, j’ai longtemps espéré que ma grand-mère puisse voir cette vie si remplie, certainement grâce à elle
Je suis persuadée que pour se construire les adolescents ont besoin de lieux autres que leurs familles et leurs milieux scolaire
Que chaque groupe sportif, culturel ou religieux est un sas, une bouffée d’oxygène, où chacun respire de par les liens qui se créent
J’ai l’immense persuasion aussi que les blogs répondent à ce besoin, qu’au fil des mois les petites communautés se créent, deviennent à leur tour des lieux d’écoute, de tolérance où les sentiments n’ont rien de virtuel
Que cette appartenance à un groupe nous permet d’être meilleur récepteurs des tracas du quotidien
Dans ma ville il y a quelques jours, sur une pancarte trois lettres liées, m e j, j’ai alors repensé à ces belles années, et je me suis dit qu’il était temps que je vous livre ce pan là de ma vie