Un courrier pas ordinaire

En allant chercher Rose à l’école, je m’arrête devant le portail près de la boite aux lettres. A l’intérieur, une grosse pile de journaux, publicités de toute sorte, je fais un rapide tri et j’aperçois une lettre format A4 à mon nom avec une entête de l’Assemblée Nationale.

Mon sang n’a fait qu’un tour, qu’est ce qu’ils me veulent ??

J’imaginais mon frère, lui qui a une phobie du courrier, il serait déjà en réanimation.

Passent dans ma tête tous types de scenarii :

-         Jérôme a une fois de plus été flashé et la contravention ne passe plus par le Trésor Public mais directement par le ministre délégué à la sécurité.

-         Je suis invitée à un cocktail à l’assemblée, oh je suis flattée, qu’est ce que je vais pouvoir me mettre ?

-         C’est un peu le zouc sur les bancs de l’hémicycle et ils me font appel pour remettre un peu d’ordre

-         Je dois monter au perchoir pour une intervention de mon choix

-         J’ai dit quelque chose qu’il ne  fallait pas …

-         J’ai fait quelque chose qu’il  ne fallait pas  ??

 

 

Je suis en sueur, je tremble, j’ouvre la lettre avec un stress grandissant et j’aperçois un petit journal, celui de notre Député fraîchement élu qui expose son action depuis juin.

Ouf quel soulagement !!

En tout cas si ce dépliant avait été glissé parmi les publicités, je pense qu’il serait peut être passé à la trappe.

Comme quoi, l’emballage ça compte, le député qui m’écrit, à moi, mon nom sur l’enveloppe, tout à coup je deviens importante et au final des centaines de citoyens auront à disposition ce document

Il a bien compris que la communication passe par-là. Ça jette.

Bien sûr, j’ai lu le document et j’atteste que son action est efficace, que c’est un homme de terrain, ah je ne suis pas très objective, je souhaite à cet ami que sa route soit longue et fructueuse

Le lendemain, une lettre colis en provenance de l’Australie pour Rose. Hum ! comme elle va être contente, c’est Sarah qui lui expédie un petit trésor du pays des kangourous..

Pourquoi militer ?

Ce jour là, je rejoins un groupe de militants qui autour du candidat se sont regroupés dans un quartier populaire de notre ville. L’opération consiste à aller à la rencontre des habitants en vue de  connaître leurs attentes pour l’avenir et surtout convaincre des bénéfices que nous tirerions d’un changement prochain de municipalité. Je récupère un badge spécialement conçu pour les élections municipales, il est assez joli, sobre et discret, je l’accroche à mon manteau et avec les sympathisants je vais à la rencontre des, ou du rare habitant qui a osé mettre le nez dehors. Il fait un froid de canard, je n’amuse pas le service, je papote un peu, comme toujours partout ou je passe …La nuit tombe déjà, je reçois un appel de Paul et je me rentre au chaud à la maison. Je viens de faire une demi-heure de militantisme …

 

 

Deux jours plus tard, je me rends sur mon lieu de travail, un peu à la bourre, je ne supporte pas l’idée d’arriver en retard. Je suis en évaluation, enfin, j’évalue mon groupe des stagiaires individuellement, un peu comme le jury de la Nouvelle Star.Je me suit habillée un peu mieux que d’ordinaire, je porte un ensemble pantacourt et veste, un pull col roulé noir, mes sublimes bottes que j’adore et le collier africain que j’avais acheté à un marché de Noël quand nous avions fêté par surprise les 40 ans de Lorenzo.Maquillage de circonstance, bref mon costume de pro, je suis bien. Je récupère les sujets quand tout à coup, horreur le bouton de mon pantalon lâche, tombe avec arrogance au sol. Au secours !!

Il est 8h30 pas question de passer la journée comme çà. Je réfléchis : habituellement, j’ai mon sac à main dans lequel j’ai toujours un kit de secours de couture, comme Poule Rousse au cas ou je serais attaquée par un renard ou un Père Noël pervers !

Dans la précipitation, j’ai lassé mon sac à la maison, je n’ai pas d’épingle à nourrice.

J’aperçois mon manteau au dos d’une chaise, je n’ai pas retiré mon badge et je ne dois en aucun cas afficher ma couleur politique sur mon lieu de travail..

Ça ne fait qu’un tour dans ma tête et voilà, vous avez deviné, j’accroche le badge de soutien à notre candidat à mon pantacourt et le tour est joué, je ne perdrais ni la face, ni mon pantalon !!!

 

 

Alors je vous le dis «  ça sert de militer dans toutes les circonstances « 

Tourbillon

Avec Rose, je suis allée chercher un sapin, c’est de saison dirions-nous. J’avais décidé d’acheter un Nordmann , c’est ce que j’ai fait. Rose était pressée de voir tous les animaux à la jardinerie, elle me dit « maman, on pourrait acheter un Perroquet ! »

Ça me fait rire, comme si on n'avait pas assez de bestioles dans notre ménagerie, entre les chats, les lapins, les cochons d’indes, les hamsters …j’adore cette spontanéité. Nous rentrons toutes les deux dans l’espace réservé aux décorations, elle aperçoit  un père Noël, un automate plus haut que moi, bien moche, limite perverse, elle a la trouille, je lui explique que c’est une machine, rien n’y fait, elle veut sortir de là ; Nous choisissons notre sapin et la vendeuse le ligote dans un sac et en voiture !!!

 

Hier je suis allée faire quelques achats dans une grande surface.

En sortant du parking, un homme traverse devant moi, je le laisse passer, il me regarde, se met à m’insulter pendant que j’attends bien sagement au volant …j’ai le cœur qui se met à battre à toute vitesse, je sais que je ne peux rien faire, je redémarre et pars dans mes pensées. Pourquoi cette agressivité si brutale, gratuite, qu’est ce qui pousse un homme à violenter une femme sans raison…je roule sans réponse..

Je continue mes achats, je rapporte un vêtement à échanger dans un magasin, à la caisse, j’attend les formalités, j’observe les clients.

Un homme assez âgé, un peu roux passe en caisse, il vient d’acheter onze petites culottes et strings d’adolescentes blancs. Il a le droit bien sûr, ce n’est pas un délit, je ne vais pas lui faire la leçon, il tremble, je le fixe du regard, il est mal à l’aise mais fait semblant de blaguer avec la caissière ;

Je suis aussi mal à l’aise, je me dis que cet homme est sûrement fétichiste, mais je ne peux pas m’empêcher de penser aux enfants, d’habitude, cette situation me ferait un peu rire, ça tourne encore dans ma tête.

Maggie passe prendre un café, elle attend Salomé qui rentre de San Fransisco le lendemain, elle est ennuyée de travailler les jours ou sa fille sera là, je la comprends, elle aimerait profiter d’elle avant qu’elle ne reparte faire une saison en montagne.

 

Pour me divertir un peu, j’allume la télévision en soirée : le feuilleton Kadhafi continue, c’est trop, trop d’hypocrisie, cet homme sûr de lui, une tête de malfrat has been et l’honneur de la République.Je suis révoltée, j’ai honte, tant de mensonges.j’ai encore plus de regrets.

 

On est mardi, je pars chanter, retrouve ceux qui m’entourent, mes amis Léandre, Elisabeth, Clotilde, Paul, Thierry, Pierre Alain, Eléonore, Théodore.plein de visages heureux, rassurants, je suis bien, je chante sans penser …ma tête retrouve la paix …

 

Je revois ce père Noël de la jardinerie, je ne peux m’empêcher de repenser à l’homme aux petites culottes, je ne parle à personne de tout ça, ça ne se raconte pas …

Noël, fête de la Nativité ou le fils de Dieu est venu. Dieu je veux bien y croire encore, mais l’Homme, je crois que c’est fini.

Tatas, nounous et compagnie...

Beaucoup de parents, un jour se trouvent confrontés à une étape essentielle et incontournable, faire garder leur bébé :

Ils ont parfois le choix entre l’accueil collectif (crèche) ou bien individuel. Dans le cas dernier, ils ont souvent recours à une personne qui exerce à son domicile, ils vont alors l’appeler, la nounou, ou bien Tata..

En vérité cette personne est assistante maternelle, elle reçoit une formation et depuis cette année sa formation est passée à 120 heures avant d’exercer ,avec une évaluation individuelle.

Pour former ces personnes, il fallait trouver  quelqu’un ayant bien sûr une expérience dans le domaine de la petite enfance, à l’aise dans la formation adulte et bien sur dotée d’un baratin contrôlé mais assez subtil.

Alors  j’ai répondu présente, j’avais, je crois ces qualités requises et me voilà devenue la « Super Nanny «  des nounous.

Dans un premier temps, je leur conseille de se valoriser, d’être professionnelles.

Fini le cliché de la nounou un peu ronde, pas toujours futée,qui s’habille chez Décathlon, qui est gentille, qui s’occupe bien des enfants (en même temps qu’est ce qu’elle pourrait bien faire d’autre )et puis elle est chez elle et puis ça lui fait de l’argent de poche, et elle dépanne ………j’en passe.

« Mesdames, bannissez définitivement les mots Nounou et Tata, respectez les parents, faites vous respecter, travaillez votre cohésion éducative. Posez des limites, expliquez pourquoi, respectez l’enfant, ses émotions, ses capacités, son affectif.. »

 

 

Vous serez sans doute surprise de connaître le parcours des futures assistantes maternelles que je forme. J’ai tous les  niveaux, de la maîtrise, licence, DEUG, Bac, niveau 3 eme et parfois moins, pour les femmes d’origines étrangères qui sont en difficulté avec le Français.

Et tout ce cocktail se retrouve pour une quinzaine de jours en formation par groupe de quinze, et c’est extraordinaire : ça marche !!!!

Des liens se créent, des éléments moteurs tirent les plus réservées, au final plein d’échanges se font avec au milieu de ça ,Jeanne qui transmet avec passion ses expériences, avec humour les emmène dans des petites histoires succulentes. Elles écoutent, avalent mes mots, je ne manque pas parfois un peu de mise en scène, c’est encore mieux pour tenir le public. …

Je les aime, je rencontre des femmes dotées d’un bon sens, d’une envie de faire » bien », découvrant les bases de ce qu’on appelle la pédagogie.

J’ai gagné aussi de par mon histoire, cette capacité à intégrer différents mondes, la ruralité entre autre, sans juger, avec disponibilité et tolérance.

Je n’idéalise pas tout pour autant, je sais que certaines d’entre elles n’ont pas l’énergie et la compétence pour exercer mais ce n’est pas de mon ressort …

Je voudrais juste par cette note, changer le regard de ceux qui les appréhendent, et rendre hommage à toutes celles que j’ai croisé …

 

 

Des miss et des records

Allez c’est reparti pour le Week end le plus niais de l’année.

Euh, j’entends par-là, ce week end de décembre où depuis des années, on nous met en face à face, les bons sentiments et les dindes qui défilent en maillot de bain.

Oui c’est le WE de l’élection de Miss France  et du Téléthon où jolies filles entourées de Jean Pierre Foucault feront concurrences aux enfants en fauteuil roulants d’Olivier Mine .

En même temps pas tant que ça, parce que sur TF1 défile le numéro d’appel aux dons de la chaîne concurrente, quand même, ces soirs là finie la guerre des chaînes et de l’audience et place à la solidarité.

Bien que … je ne devrais pas faire ma pimbêche, parce que c’est pour nous l’occasion de faire un spectacle dans la plus belle salle du département ,un théâtre à l’ancienne, complètement rénové, un petit bijou et une acoustique exceptionnelle. Et comme les deux dates sont toujours complètes, ça fait un gros chèque pour le Téléthon.

 

 

Non je voulais juste vous parler d’un évènement qui aura peut être échappé à l’information quotidienne, voilà pourquoi je me fais écho de ce qui va ses passer aujourd’hui.

Au Supermarché Champion de mon quartier (anciennement STOC, ça c’est pour Gwen pour qu’elle s’y retrouve ) un record du monde va être tenté : la fabrication d’une saucisse Gorronnaise de 1000 mètres, oui vous avez bien lu, 1000 mètres.

Alors là vous êtes sciés, vous ne penseriez pas qu’un tel défi serait réalisable hein ?

Bon j’espère que ce n’est pas la même personne qui va l’acheter ( c’est au profit du Télé thon)parce que ça fait beaucoup et elle risque de mal digérer..

Alors ça vous épate, et chez vous qu’est ce qu’on va tenter comme record ?

les provinciaux, j’attends vos défis,

-         une omelette aux lardons avec 8563 œufs

-         un cake aux olives de 56 mètres de long 

-         un mur en gaufre de 35 mètres de haut avec 294 litres de crème chantilly

-         une choucroute géante avec 659 kg de charcuterie ?

 

 

Et les blogueuses parisiennes, la maison Ladurée va fabriquer un macaron de 26 kilos en forme de pouf et on pourra s’asseoir dessus ??

 

 

Allez j’attends vos commentaires, des records, des records ! ..

Pot de retraite

Je pousse la porte vitrée de l’hôtel de Ville, salue le gardien, monte les marches du grand escalier en pierre qui mène dans la salle de Conseil Municipal, salle des mariages, salle des cérémonies, bref, la Salle.Le tapis rouge est tout taché, c’est classe, prônent le long des murs des portraits désuets des anciens maires. J’ai une pensée pour celui qui je l’espère portera dans 3 mois l’écharpe tricolore, un ami avec qui je mènerais bataille dans les semaines à venir.

Le parquet grince, je retrouve des visages connus, il fait nuit et je suis invitée au pot de départ en retraite de deux anciennes collègues.

Je salue quelques personnes, puis me dirige vers les deux héroïnes du jour, celles qui ont passé plus de 40 ans au service de la Ville, épuisées, usées par leur travail et pourtant très jolies, pour ne pas dire radieuses

 

Je pense rarement à ma retraite, à mon niveau de vie à ce moment là, je m’en fous un peu, j’aurai profité de mon activité à un rythme décent, pris 8 belles années de cette vie pour être auprès de mes enfants …J’ai changé, eu des contrats renouvelés, des temps partiels et au final  je cumulerai quelques malheureux points. Bien sur j’aurai quelque aisance financière avec les cotisations de Jérôme qui s’épuise dans son bureau d’étude pendant que sa femme écrit des futilités sur son blog. Heureusement, je me console en voyant mon mari sourire et même rire quand il surfe sur ce blog, c’est déjà ça..

 

J’imagine ma retraite dans cette même maison, elle sera entièrement restaurée, j’aurai une femme de ménage hebdomadaire, un jardiner pour les travaux pénibles.

Je regarderai l’intégrale d’Urgences sur un très vieux lecteur DVD, mes chats auront définitivement investit mon espace et feront la loi.

Mon frère aura retapé la grange ( enfin fait retapé ) avec son héritage, il aura deux pièces, un immense séjour et une chambre en mezzanine. Il viendra boire un café tous les midis, radotera toujours les mêmes histoires …

Les enfants viendront souvent, ça fera bordel dans la maison durant quelques jours.

Jérôme passera ses journées à retaper des vieilles voitures, il aura acheté un immense hangar pour les stocker et aménager son coin à lui dans le jardin. Il aura conservé son char à voile, son vélo couché, la vieille mobylette de mère, ses œuvres inachevées …

Et moi je continuerai à avoir une vie remplie, bien remplie, pleine de copains, à organiser des fêtes à tout vent, servir du café à tous ceux qui passent et exposer à droite et à gauche toutes mes créations.

 

Sur la table sont disposées des cacahouètes, des curly, des petits fours bas de gamme et du jus de fruit. On me propose un verre, du Martini, pas de bulles pour les retraités …

Un discours est improvisé remerciant les collègues de leurs loyaux services, on sent quelques tensions, y’a quelqu’un qu’a pas du faire ce qui faut dans le protocole !!!

Je cause avec plein de monde, des anciennes collègues que je retrouve d’une autre structure, je ne peux m’empêcher de faire des commentaires caustiques, et de faire rire mon public, c’est comme ça, c’est plus fort que moi. Diane l’une d’elle se ravit car elle vient de recevoir un bon d’achat de 76 euros, elle ira chez But chercher un nouveau fer à repasser. Chacun ses plaisirs …

J’embrasse fort mes collègues, elles sont contentes que je sois venue, je leur offre des bijoux ( je risque d’être invitée souvent pour les pots de retraite )

Je papote un petit moment avec l’homme, le seul présent dans la salle, quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Il a osé une fois de plus affronter la jungle féminine, je me demande s’il a droit à un Ricard.

 

Je redescends sagement l’escalier de l’Hôtel de Ville, il fait froid, je pense à mes deux collègues, à cette nouvelle vie qui s’offre à elle, et espère qu’elles en profiteront le plus longtemps possible …

Et me dis souvent qu’on ferait mieux de prendre sa retraite vers 40 ans, c’est là qu’on est le plus en forme pour voyager, faire la fête, faire ce qui nous plait..

En attendant , moi j’ai mis mon fer à repasser en retraite anticipée .

Le bobo mayennais

Le bobo mayennais n’a rien, absolument rien à voir avec le bobo parisien. Il aimerait bien avoir son train de vie, ses codes, son environnement culturel mais impossible il est provincial !!

Le bobo mayennais est rarement originaire de la Mayenne, il est souvent arrivé là pour le travail, il a des origines nantaises parfois ou d’ailleurs, mais il rarement du cru.

Le bobo va faire ses courses au marché le samedi matin, il aime les petits artisans, le pain bio, régulièrement il va aussi faire ses achats dans les caves coopératives, bio elles aussi. Il va aussi en grande distribution mais pas n’importe où surtout pas dans les hard discount car il est contre l’exploitation des salariés et l’exportation des produits de base.

Il achète sa viande chez les agriculteurs et est en lien avec une association qui livre des paniers bio hebdomadaires.

 

 

Le bobo adore le cinéma art et essai, il est engagé dans le festival Atmosphère, il est obligé de ses taper des films coréens ou tchèques. Le bobo rejette le cinéma populaire, il n’est jamais allé voir « Titanic », ne connaît pas Christian Clavier et Gérard Jugnot

Le bobo écoute France Inter et regarde Arte ( enfin c’est qu’il dit je ne suis pas allée vérifier..) C’est commun à tous les bobos de France. Il ne sait même pas qu’Europe 1 existe encore, dommage Frédéric Taddei a une bonne émission l’après midi. Il ne regarde pas les séries américaines , excepté «  sex & the city «  ou «  desperates housewifes" , quoique un peu « popu « M6

 

 

Côté vestimentaire, le bobo si possible achète quelques fringues en commerce équitable, il peu aussi se trouver une jeune styliste qui lui fait du sur mesure. La femme bobo va à Emmaüs chercher des fringues vintages ;

Côté humour, c’est ardu de faire rire le bobo parfois, mais il trouve son compte au festival de l’humour de Cossé, pas aux Uburlesques , c’est trop populaire. Il ne connaît pas les  humoristes du style Florence Foresti ou Franck Dubosc, il aime bien Stéphane Guillon et ceux qui officient avec Stéphane Bern, c’est pas parce que c’est drôle mais c’est sur France Inter ou Canal +

Je ne vois jamais de bobos aux réunions politiques auxquelles je participe, non le bobo n’est pas gauchiste, il milite  pour l’écologie retrouve ses copains.anti nucl.dans les manifs, des anciens baba cool devenus bobos comme lui, a déposé un autocollant contre l’EPR, sur son véhicule, il n’ose pas rouler en 4X4.

Le bobo va au théâtre, rencontre des bobos au théâtre …il évite si possible la salle polyvalente, trop populaire, il preferre les petites salles intimes de Changé et de tout façon est convaincu que tout se passe à Mayenne et Château Gontier.Il aime les musiques  actuelles, le blues, le jazz manouche …

Le bobo va très rarement à nos spectacles parce  qu’il n’aime pas la chanson populaire, il ferait des kilomètres pour voir Vincent Delerm, Philippe Katerine, Benjamin Bioley ou Juliette.Il ne connaît pas toujours les dernières tendances musicales, il a souvent un train de retard.

Les enfants de bobos font leur scolarité dans le public, pas dans n’importe quel quartier non plus, ils organisent des goûters d'anniversaires et prennent le soin d’inviter aussi un petit malheureux qui n’est pas souvent invité. Le bobo a du cœur, il a le souci de l’intégration (pas trop les parents bobos ne parlent le guinéen couramment.) Les mères bobos allaitent leurs enfants le plus longtemps possible, jusqu’à trois ans parfois, elles militent à la Leach League mais elles ont en général pas plus de deux gosses (faut pas exagérer non plus )Elles font la promotion du nouveau concept des couches lessivable, pour le respect de la planète mais ne les utilisent pas forcement..(y’a des limites ..)

Les parents sont souvent engagés dans les conseils d’école et pour organiser les fêtes d’école , alors là je leur dit merci parce que ça ça me gonfle !!!.Pour le choix des prénoms, il faut impérativement éviter le prénom classique( Léa, Camille, Pierre, Théo, ..) le prénom BCBG (Benoît- Clément, Constance Marie) et les prénoms des masses populaires voire cas sociaux (Kelly, Illona, Jennifer, Brandon, Jason …)

Il choisira un prénom retro mais pas encore fréquent : Emile, Félix, Octave, Zoé, Léon, Simone, Louise, Jeanne(oups !)

Le bobo en vacances essaye d’éviter les plages vendéennes, mais ce n’est pas toujours facile car il a souvent une maison de vacances familiales en Bretagne ou en Vendée …il passe souvent une semaine dans un gîte en Ardèche ou dans le Périgord avec ses amis bobos eux aussi. Il s’octroie un voyage de temps en temps, la Syrie, la Tchéquie mais veille à ne pas aller dans un pays pris d’assaut par les Allemands et les Hollandais. Il rêve d’aller au Népal mais il en a pas les moyens. Le bobo mayennais aimerait exercer dans le domaine du design ou de l’art, mais en Mayenne c’est un peu restreint alors il est.prof et doit s’en contenter mais il côtoie des artistes. Par contre ses enfants choisissent option Arts appliqués ou cinéma au lycée et eux ils travailleront dans le design ou le 7 eme art..

Le bobo habite rarement dans un loft, il preferre une vieille bâtisse retapée en campagne même s’il peste quotidiennement en silence à causes des trajets. Il aime l’authentique. Il n’habite jamais dans un lotissement ou un pavillon. Pour décorer son intérieur il se rend à Rennes ou à Nantes(IKEA complètement has been pour le bobo parisien), bon en même temps à Laval le seul magasin de meubles c’est la « pays ou la vie est moins chère «  faut quand même pas exagérer.

 

 

Je connais quelques bouts de bobos, des copains qui ont telle ou telle caractéristique du portrait que vous venez de lire. La seule chose que je pourrais lui reprocher au bobo,c’est qu’il a une vie facile et que malgré tout il ne peut pas s’empêcher de se plaindre …Il reconnaît comme moi, qu’il possède un cadre de vie merveilleux, des liens sociaux sympathiques, un tissus associatif adapté à ses convictions à ses passions..

Alors  je conclurais comme Renaud, je crois que parfois moi aussi «  je fais aussi partie du lot !! »

 

 

 

 

La pensée du jour

Ma pensée du jour ira à..tous ceux qui sont nés au mois de décembre.

Oui « être de fin d’année «  ne présente pas tous les avantages :

D’abord on est souvent le plus jeune de la classe, même si on peut y puiser des intérêts  du style »oui mais il jeune.. »

Ensuite on doit attendre patiemment la date butoir de son anniversaire, c’est le cas de tout le monde certes, mais c’est trop proche de Noël.De janvier en novembre, pas de cadeaux, onze mois de l’année, sans un seul ruban à denouer, pas un seul scotch à retirer, pas un seul papier à déchirer.

Je vais avoir d’abord une pensée pour

-         Lorenzo, qui si ma mémoire est bonne fêtera ses …ans demain ??

-         Louise qui nous a demandé une collaboration, mais ne  nous avons pas précisé la date exacte

-         Eléonore, qui soufflera ses trente bougies mercredi

-         Agathe, a qui nous avons réservé une jolie fête chantante l’an dernier pour ses 40 ans

-         Rose, mon petit ange, qui ne peut plus se contenir depuis quelques semaines et qui fêtera ses 6 ans mardi

-         Elie, le fils de Juliette qui aura 11 ans lundi

-         Léandre qui fêtera ses …ans le 30 décembre, le pauvre, il passe toujours aux oubliettes, mon ami Léandre

-         Mes lecteurs qui sont dans la même situation mais malheureusement je ne le sais pas..

-         Une dernière pensée pour Soum qui va très bientôt donner naissance à un bébé qui aura aussi la chance ou la malchance de grouper anniversaire et Noël

-         Et enfin ceux qui sont nés le 25 décembre …

 

 

A tous je souhaite un » très joyeux anniversaire ! »

gloutons, Pokemon, Petshops et compagnie

« jé perdu une dans »

Rose a saisi un feutre et un morceau de feuille de papier, a couché dessus ces quelques mots, glissé la feuille sous son oreiller avant de s’endormir.

Rose a déjà perdu des dents, elles ont reçu quelques pièces

Rose est en CP , elle commence à apprendre à compter les euros

Rose a ramassé ses pièces dans son porte-monnaie

Rose veut s’acheter des Petshops, elle demande une éventuelle rallonge à la souris car elle craint que ses finances soient un peu justes.

Le lendemain matin, rien sous l’oreiller, la souris, elle veut des preuves, un trou dans la bouche, une dent..

Rose un peu déçue me dit que la souris n’a rien donné.

Je lui ai promis d’aller au supermarché acheter des Petsohps

En arrivant dans le rayon de jouets Rose regarde les boites, elle en veut une grosse, je lui indique des prix, je ne suis pas loin de la syncope : 14 euros la petite boite, les bestioles à l’unité sont déjà toutes parties..

Les Petshops sont des petites figurines animales à collectionner avec des petites accessoires.

Ma pauvre petite Rose n’a que 7 euros, nous regardons encore un peu.

J’étais décidée pourtant mais je ne peux resister devant son chagrin, à lui tendre un billet de 10 euros afin d’assouvir son si grand désir..

Quelques jours plus tard, je me rends dans une grande surface pour faire un cadeau à Rose, je cherche partout les bestioles tant convoitées,je me décide à aller voir un vendeur..

-Ou sont les Petshops s’il vous plait ?

-Il n’y en a plus, rupture Nationale, vous n’en trouverez plus …

Oh la pauvre Rose devra alors attendre des années avant que le fabricant se décide à en refaire, et le Père Noël dans son atelier, il est en retraite, les régimes spéciaux peut être.

Combative, je me décide à aller un peu plus loin, dans un autre magasin de jouets et je trouve en rayon, les figurines tant convoitées..

Il faut avouer que les enfants représentent un excellent business 

Enfant, nous n’avions quasiment rien : je me souviens des gloutons dans les paquets BonuxDes images dans le chocolat, des petites figurines dans la Vache qui rit et…c’est à peu près tout.Comme toutes les mères, j’ai du résister, j’ai très tôt expliqué aux enfants que l’on ne pouvait pas tout avoir : cartes Pokemon, feuilles de Didll …

J’ai passé des heures avec eux dans les vides greniers pour faire des collections, compléter leurs trésors.

Car l’enfant aime collectionner avant tout, c’est rassurant, agréable de collecter des choses connues, les avoir à portée de main. Les fabricants l’ont bien compris, mais à quel prix. Nous avons acheté d’occasions des cartes et figurines Pokemon, une jolie collection, c’est vrai. Oui mais la mode me direz vous, l’appartenance au groupe ??

D’accord  ils avaient souvent un train de retard, tant pis, ils se sont accommodés de ça. 

Dora et Charlotte aux Fraises ont été interdites de séjour un bon moment à quelque exception près. Je ne voudrais pas que les enfants tombent là dedans, ce système d’exploitation exponentiel, de consommation ,de marchandising.

Oh elle est dure la Jeanne ! Elle argumente, elle résiste ( c’est dur )rassurez-vous notre maison est une annexe de la ludothèque, pas vraiment lésés les enfants.

Et surtout mon plus grand bonheur c’est de les voir jouer :

Ils jouent, souvent, très souvent avec tout et n’importe quoi..

C’est sans doute Ellen qui a le plus souffert de cette détermination, mais le jour ou je lui ai demandé si elle aimerait que je lui achète des Converses, elle s’est demandée si je n’étais pas malade. Non, elle méritait par sa patience, à ne jamais réclamer sans cesse le dernier accessoire tendance, un cadeau …elle voue un culte à ses Converses, c’est génial

« Tu as des désirs et des besoins «  , cette phrase de Marcel Ruffo tourne sans cesse dans ma tête,

Besoin de dormir mais pas envie

Envie d’un portable mais pas besoin..

Doser, expliquer, ne pas laisser nos enfants devenir des Toysvictim, dur labeur quotidien..

 

En attendant Rose n’a pas trouvé plus splendide, plus extraordinaire comme compagnon de jeu : Ficelle un chaton de un mois qui fait cinquante culbutes à l’heure. Et la mère des chats, elle n’est pas en rupture nationale !!

Quelques jours plus tard ,Rose un reçu un colis ,elle était si heureuse de pouvoir ouvrir une boite cartonnée .Que pouvait elle contenir ?

Lorenzo avait glissé dedans une figurine ,une semblable à celle de droite ,toute rose comme Rose aime le rose.Il s'est saigné le Lorenzo pour décoter cet objet culte , introuvable en France .Mais ou puise t'il son énergie pour tout ça ?

Lorenzo aime s'amuser ,il rit de presque tout ,il a surtout ce charme de faire des clins d'oeils ,a le sens de la futilité , du "ça sert à rien " et c'est pour ça que je l'aime aussi ...de la part de Rose , je lui dit merci et de ma part je lui dit "c'est excellent !"

Darling 2

« Le film est le portrait d’une paysanne de Haute-Normandie, de l’enfance à l’âge adulte, de ses espoirs de fuite loin de la ferme familiale névrogène aux désillusions d’une vie de couple scandée par les coups tordus d’un mari alcoolique. Matière mélo, sociale, que Carrière traite avec la même distance «poétique» que Teulé, par décalages et évitements dont on ne sait trop s’ils témoignent d’une élégance morale ou d’une pure et simple démission devant la dureté de ce qu’ils se sont donné pour tâche de raconter. Car le destin de Darling n’est pas qu’une lubie romanesque post-Zola, mais la synthèse du récit véridique d’une femme malmenée et sur qui pèse toujours le soupçon de la mythomanie. « Libération

 

 

D’abord l’histoire se déroule dans la Manche en Basse Normandie aux alentours de Carentan, et le terme « paysan » est réservé au lecteur citadin, je ne trouve qu’il ne correspond en rien à l’époque, au contexte …mais je pinaille c’est vrai !!!

 

 

Je suis allée voir Darling hier au cinéma avec Jérôme.

Je ne reviens par sur le sujet, je ne suis pas sortie emballée par le film. J’ai trouvé ça trop « light » non pas par les scènes de violences trop suggérées mais par l’absence d’authenticité dans les décors, les personnages auraient pu être plus bruts, Marina Fois, excellente interprète est parfois trop jolie, Guillaume Canet trop gentil, pas assez « gros con » …

Cela fait partie de ses films qui laissent peu de souvenirs

Je crois que l’adaptation aurait été meilleure avec des acteurs peu connus. J’ai retrouvé la lettre de Jean Teulé ; je la conserve dans mon livre que je ne relirais jamais sans doute, trop dur..

Au cinéma, par hasard nous avons retrouvé Peter et Maggie.C’était sympathique, nous ne nous étions pas vus depuis un moment. Nous avons prolongé la soirée autour d’une raclette à la maison. Maggie m’a donné le lien du blog de Salomé qui vit le grand amour en Californie.

Grâce aux photos, j’ai pu découvrir l’élu de son cœur, oh  ! ils ont l’air de bien aller ensemble les deux tourtereaux, un look à la Johnny Deep, pas mal, je ne voyais pas du tout Salomé avec un BCBG ou un informaticien ( c’est pas incompatible )

 

 

Puisqu’on est dans les couples , je viens d’apprendre que Jean Teulé avait pour compagne Miou miou :ils vont bien ensemble ….

15 Novembre

Ce jour là je recevrai un émail de mon frère, je lui en enverrai aussi.

Il trouvera dans sa boite à lettre, une carte (c’est moi qui lui ai envoyée ), peut être  deux une de ma tante.

J’ai également envoyé une carte à ma tante, elle aura sans doute pris le soin de m’en envoyer une aussi.

Elle aura prévu aussi une carte pour mon frère.

Sinon en soirée, elle me téléphonera, après avoir appelé mon frère.

Ma mère va sans doute aussi m’appeler, ainsi que ma tante ( sa sœur ) et mon frère.

Ma tante n’est pas internaute, elle n’aura  pas d’Email.

Vous suivez ???

Et bien il y a que : nous sommes tous les trois nés le même  jour !!!!

 

 

 

Homards 3

Deux mois se sont écoulés depuis l’anniversaire de mon père. Mon frère est revenu, il a profité de quelques jours de vacances. Il vient régulièrement, reste deux jours, nous passons du temps à papoter, prolongeons les apéritifs et quelquefois quelques amis passent. Hier il a rencontré mon ami Jeremy  pour la première fois. Ce matin, j’ai glissé un hamster dans une boite en carton et il a emporté la petite bête pour l’offrir à Victor qui avait soigneusement préparé sa cage( j’attends des nouvelles dans ce blog)

Jérôme a ramassé les feuilles mortes, il les a déposées sur le tas d’ordures, elles recouvrent le reste des carcasses de homards , l’hiver va venir …Je n’ai pas revu mes parents depuis ce week end de septembre, c’est rare, je ne les reverrai qu’à Noël.

Eugénie est restée mystérieuse, elle n’a jamais remis de commentaires, continue t’elle à lire mon blog ?

Depuis ce temps l’écriture me procure un bonheur quotidien, a ceux et celles qui me disent « comment trouve tu le temps ? «  Je réponds, je le prends parce que j’adore ça !!

Rideau rouge

Le gros rideau se ferme sous des applaudissements, il se dégage de la salle un climat que je ne peux décrire. Je vois en coulisse notre chef Théodore qui appuie sur un bouton, coupant le son de la  scène. Le public ne bouge pas, reste debout tandis que notre pianiste relance la chanson d’Aznavour « nous nous reverrons un jour ou l’autre ».

Dans le regard de Théodore, je lis qu’on ne peut pas partir comme ça, il appuie à nouveau et remet le son ( comme dirait le chanteur qui me sort le plus par les yeux Philippe Katerine)

Dans la salle il y a des proches, ce n’est pas souvent : Jérôme et les enfants, la femme de Jeremy et ses filles, Marie Camille et son mari, les copines d’Ellen et peut être d’autres  .

De la scène je ne les vois pas, ils me voient d’autant plus ce soir que je ferai un léger déplacement dans le public pour aller chercher un homme au hasard.

Nous chantons encore et encore, saluons, le rideau se ferme et s’ouvre ; la salle est éclairée.

Après plus de deux heures de spectacle nous sommes épuisés d’autant plus que la veille nous avons donné le même spectacle.

Nous quittons la scène heureux de ce grand moment de complicité entre nous, cette disponibilité à improviser des petits moments de complicité, des regards échangés, des sourires, des rires …avec Patricia, Anna, Carla, Eléonore, Clotilde et les autres. Je retrouve difficilement Jérôme et j’aperçois Rose endormie sur un fauteuil rouge, elle était si heureuse de venir au spectacle mais la fatigue a eu le dessus.

Je retrouve Mark joyeux et bien fier d’avoir tenu le coup, Ellen et se copines, tous se sont gavés de chewing gum, je leur avais préparé un sac à dos bien fourni ;

Ils quittent la salle, rentrent à la maison.j’échange quelques mots avec d’autres, des blagues en veut tu en voilà comme d’habitude ;

Vers minuit je rejoins la loge, échange encore quelques commentaires avec des soprane ( terme qui désigne dans un chœur celles qui chantent haut)Je quitte ma tenue, je pose tout en vrac dans le sac à dos, prend mes vêtements et descend retrouver les fous chantants.

Nous prolongerons tard dans la nuit cette fête, trouvant je ne sais ou la force de chanter, brailler aussi en savourant de délicieux cakes. Nous échangerons des grosses blagues et aussi de beaux moments d’intimité, 2008 sera une année heureuse.

J’ai une pensée pour Agathe qui nous manque.elle reviendra bien vite.

Je trouve mon sommeil avec difficulté, la tête pleine de musique et de chansons avec une seule envie de remonter sur scène avec cette centaine de fous chantants …

Cantine

Rose mange à la cantine deux à trois fois par semaine, depuis le début de l’année aux dires des professionnelles qui l’accompagne, elle ne mange presque rien, se contente d’un morceau de pain et parfois d’un dessert. La dernière fois, elle a beaucoup pleuré elle était incontrôlable et elle m’a dit’ « je voulais toi.. »

Ca me fend le cœur de la voir réagir ainsi, certes à la maison, elle mange bien, à l’extérieur très mal, se méfie, à peut être peur de ne pas aimer, ou de ne pas savoir ce qu’elle mange.

Au sujet du goût chez les jeunes enfants, je ne sais pas tout, mais je sais une chose : les goûts changent, évoluent en grandissant. Rose aime les crustacés, le homard, les crevettes, le pâté ; le fromage, les pâtes, les fruits, les glaces, les gateaux. Elle n’aime pas les œufs et les pommes de terre.

J’écoutais une émission à la radio avec comme invité un défenseur du goût et de la bonne cuisine, très médiatique, et qui porte de ridicules lunettes..

Les auditeurs appellent en dénonçant tel ou telle société de restauration collective, tel ou tel restaurant scolaire, ils s’autogratulent en disant qu’ils font leur marché avec leurs enfants, qu’ils les ont toujours emmenés au restaurant, qu’ils ne leur ont jamais donné de petits plats cuisinés …Ça m’énerve, je ne supporte pas ces donneurs de leçons ( en général bien lotis ) qui se mettent en avant. Chacun fait comme il peut, et pardon je constate que quand même les enfants aiment tous: le steak, les frites, les escalopes et les spaghettis. Mes enfants adorent le sabre mais au prix que c’est je ne vais pas leur en faire toutes les semaines. Et puis cuisiner prend du temps, il faut des produits frais, beaucoup d’ingrédients, les contraintes de la vie quotidienne obligent bien des familles à user de génie pour gagner du temps …

Chez nous, on mangeait bien, la tradition normande avec des excellents produits ( surtout le rôti de porc qui garde un goût exceptionnel) Ma mère cuisinait basiquement mais c’était bon, on se régalait car on connaissait le goût. Ellen adore la poule à la crème de sa grand-mère, Mark adore le gigot d’agneau de grand-père et le riz au lait de sa mamie …Les goûts sont liés aussi à de doux instants, les saveurs qui rassurent, qui durent dans le temps.

Je transmets ça à mes enfants, Ellen va à la piscine le lundi soir, quand elle rentre fatiguée, elle a faim, un plat de spaghettis bolognaise l’attend, rien de bien compliqué, elle rentre dans sa maison, retrouve ses proches, l’odeur accompagne cette transition.

Je n’aimais pas aller à la cantine, c’était trop bruyant, trop hostile, bousculades, cris …

Un jour, en faisant la visite du self du collège des enfants m’est réapparue cette odeur si particulière, une odeur de lait, de produits ménagers, de friture …J’avais les larmes aux yeux, je me suis retenue de ne pas pleurer, revenaient en moi des moments difficiles de séparations, je n’avais jamais mangé à la cantine avant l’âge de 11 ans …

Charcuterie

Rose a changé d’école. Je suis allée plusieurs fois par jour depuis 10 ans chercher les enfants dans une école populaire où petit à petit des problèmes sont  apparus. Nous avons choisi de lui  proposer un autre établissement scolaire, j’ai donc changé d’habitudes. Je ne retourne jamais de l’autre côté du boulevard, seulement occasionnellement pour aller à la poste.

Tous les jours je passe devant une charcuterie réputée mais au charme un peu désuet.

Paul vient de racheter cette charcuterie, il a lâché un travail très prenant pour lui. avec plein de contraintes …

Paul est un ami de chœur, c’est un homme drôle, plein d’humour, il adore la table, la fête ; la chanson. Je l’estime, je l’adore …

J’aime beaucoup sa compagne aussi Eléonore, elle est fraîche, discrète mais tellement chaleureuse. Ils se sont rencontré dans notre troupe chantante, et leur histoire nous a beaucoup touchés…Ils viennent d’acheter une maison en pleine campagne le long du halage, une belle restauration qui leur va bien.

Dans quelques semaines, Paul va prendre possession des lieux, aménager son « affaire » avec passion, communiquer son métier, transmettre à son équipe son savoir. Je suis contente pour lui, Jeremy aussi va changer de travail, il a été très préoccupé pendant les mois d’été de son nouveau statut.

Bientôt avec Rose, nous nous arrêterons à la charcuterie acheter du pâté, elle adore ça, je dirais à la vendeuse que Madame T est passée, si le patron est là, il viendra me faire un gros bisou, nous rirons un moment, je le laisserai vite retourner à sa tâche, je parlerai de lui comme une révolution culinaire pour le quartier et les parents bobos ( oui on a changé de population en changeant de quartier) iront passer commande au plus grand traiteur de la ville, mon ami Paul.