Le dimanche, après avoir mangé le poulet, nous débarrassions la table, on faisait la vaisselle, mon père balayait et passait la serpillière, ma mère posait vite fait son rouge à lèvre, ajustait sa montre et tous les cinq, dans l’Ami 8,nous partions faire une visite
Mes oncles et tantes habitaient tous aux alentours, mon père avait décidé à l’avance du lieu choisi
Parfois, il n’y avait personne, alors on essayait une autre maison
Celle là était un peu sinistre
Ma tante Arlette, la sœur de mon père, nous accueillait en bougonnant, ronchonnant, elle pleurait de rage parfois .
Son mari, un agriculteur un peu frustre était souvent parti à la chasse
Il n’y avait qu’une pièce, un évier posé le long du mur, et une grande table avec des bancs
Mon cousin Jean Michel regardait Starsky et Hutch
Il y avait des chiens énervés qui nous sautaient dessus, pas bien propres, ni affectueux .
Accrochés au mur, je fixais des photos de vaches encadrées, des bêtes de concours, une photo de classe jaunie
C’était sombre, aucun jeux, une grande chambre humide pour les cinq enfants, Guylène, la seule fille avait un paravent à côté de son lit
Elle aimait la campagne, les bêtes, les veaux, les cochons
Avec elle, on partait vers la stabulation, ça sentait mauvais, c’était boueux
On rigolait, on passait une partie de notre temps à dénigrer le reste de la famille
Plus tard, Louis la retrouva à la fac
Les deux fils aînés firent des études universitaires, mon oncle commerçant ne les aimait pas, il disait qu’ils étaient révoltés
L’oncle Raymond revenait de la chasse, il marmonnait avec sa Gitane maïs au bout de la lèvre
Les parents buvaient un verre de vin, puis un café, ils ne parlaient pas trop politique, ma mère disait rien ,ou peu.
Les enfants ressemblaient à leur père, ils étaient costauds, les joues très rouges
Tous sauf Jean Michel, il était maigre, palot, toujours en retrait
Il était menuisier , il n’aimait pas l’agriculture .
La tante se plaignait tout le temps, elle détestait sa vie, tout lui était pénible, ils passaient leur temps tous à s’insulter, étaient incapables de se parler sans gueuler, ils se frappaient parfois ,se provoquaient
Mon père disait que c’était spécial , ils parlaient que d’argent .
Je n’aimais pas y aller, c’était sombre, hostile, j’ai toujours cru que jamais le soleil n’était venu jusque là …
Normal, l’été nous allions tous les dimanche à la plage