Les graviers crissent sous mes bottes, bruit familier et lointain, je passe par la petite porte et je salue Michel qui semble avoir du mal à me reconnaître .
Je monte la nef, il fait bon, l’église est vide, dans le chœur trois femmes bavardent, la messe est finie, elles rangent le matériel ; le prêtre les aide .
L’harmonium est déplacé, la crèche de Noël a pris sa place ;
ce soir, c’était une célébration exceptionnelle, la présence d’un âne, un vrai.
Je salue Louisette, elle est surprise :
« -Oh, c’est Jeanne, il y a si longtemps, et c’est ta fille, quel âge elle a ? «
Je lui présente Ellen, elle a 15 ans
Louisette habitait un peu plus bas, c’était une copine de classe de mon père, ils se tutoient, elle était agricultrice, et à la paroisse elle a appris très tard à jouer de l’orgue, pour rendre service .
Après la messe, elle ramenait ma mère en 504 et elles faisaient des potins au bout du chemin, en même temps elle lui donnait son « Clair Foyer «
Puis je vais embrasser Denise, elle ne me reconnaît pas, et semble surprise que je le reconnaisse, les anciens ne changent pas .
Denise, c’est la cousine de ma mère, elle l’agace, toutes les deux sont sacristines, elles préparent tout, chacune leur tour, elle parle sans cesse de sa belle fille, de son unique petit-fils …
Je vais faire une bise à Lucas, c’est le curé de la paroisse, je le l’ai connu dans les années 80, il était jeune séminariste, c’est lui qui nous avait donné une vieille Diane, qui m’avait emmenée au Havre passer un concours
Je l’avais revu cet été lors de l’escale du Queen Mary à Cherbourg, avant de partir à Londres .
Nous parlons encore un peu dans la sacristie, j’ai passé des heures dans cette église, je m’y suis mariée en 1991, les odeurs d’encens sont toujours là ,de cierges brûlés , tout revient à ma mémoire, ce soir du 24, c’est stable, logique, rassurant ..
C’est bon de revoir ces dames, ma mère est heureuse car elle va pouvoir réveillonner en paix, il est 19h30, la messe est finie, nous nous souhaitons un bon réveillon, avant de monter dans la voiture de Louis qui nous ramène à la maison.